Publié le 21 février 2013 à 09h08 | Mis à jour à 09h08 | Commentaires (6)
Théories incestueuses sur Unité 9
Hugo Dumas
La Presse
Plantée devant le miroir de la salle de bain du bungalow, la détenue Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay) a prononcé une courte phrase à la fois énigmatique et révélatrice à la fin du dernier épisode d'Unité 9, diffusémardi soir: «On n'aurait jamais dû se taire, maman. On n'aurait jamais dû».
Le téléspectateur a donc déduit que Marie et sa mère (morte du cancer) ont partagé un lourd secret et que leur silence, volontaire ou imposé, a eu de fâcheuses conséquences. Depuis le tout début, j'ai une théorie sur les malheurs de cette famille, qui semble vouloir se confirmer au fil des semaines.
Si vous avez peur d'apprendre des informations pouvant gâcher votre écoute de ce populaire téléroman de Radio-Canada, vous pouvez arrêter de lire ici. C'est beau, maintenant?
J'insiste: je suis rendu au même point que vous dans les intrigues d'Unité 9, je n'ai pas vu d'autres épisodes ni extirpé d'informations privilégiées aux trois auteures. Il ne s'agit que de déductions et d'observations.
Alors, se pourrait-il que Lucie (Émilie Bibeau) soit en fait la fille que Marie aurait eue avec son propre père (Pierre Collin), qui l'aurait agressée dans sa jeunesse? C'est tordu, mais pas impossible. Pensez-y. La différence d'âge entre les deux soeurs Marie et Lucie est importante. Comme si Marie avait accouché de Lucie pendant son adolescence.
Si l'on se fie à la petite médaille que le patriarche avait sous le pied dans le tout premier épisode d'Unité 9, les Lamontagne sont des gens très croyants. L'avortement de Marie Lamontagne aurait été hors de question. Solution? Dérober Marie aux regards et la faire accoucher en cachette. Une fille-mère était rarement bien vue dans un clan hyper-catholique.
Le fameux secret pourrait donc être celui-ci: la maman de Marie a fermé les yeux sur cet acte incestueux et a élevé Lucie comme s'il agissait de sa propre fille, alors qu'il s'agissait, dans les faits, de sa petite-fille. Marie a aussi tenu sa promesse de ne rien révéler à Lucie. Voilà d'où proviendrait le silence unissant Marie à sa mère. Un silence complice à l'origine de la phrase murmurée par Marie: «on n'aurait jamais dû se taire, maman».
Poursuivons l'exploration de cette théorie.
Léa (Frédérique Dufort), la fille adolescente de Marie, est elle aussi tombée entre les griffes du bourreau. Quand Marie l'a appris, elle a pété les plombs et tenté de tuer son père, un geste qui l'a conduite en prison. Cet enchaînement serait logique. C'était impensable pour Marie que sa Léa revive exactement le même cauchemar qu'elle. Il fallait qu'elle stoppe le cycle d'agression.
Maintenant, pourquoi Lucie (Émilie Bibeau) aurait-elle été la seule à ne pas subir les assauts du vieux bonhomme (pardonnez le langage)? Bonne question.
Et comment Lucie n'a-t-elle jamais pu détecter rien d'anormal au sein de sa propre famille? Autre question pertinente à laquelle, malheureusement, je n'ai pas de réponse.
Le cas de monsieur Musique (Jean Marchand) est tout aussi intrigant. Quel est son problème à lui? Est-il un brin désaxé ou tout simplement très seul dans la vie?
S'il y a une chose que l'on a apprise avec Unité 9, c'est que la majorité des personnages ne sont jamais ni noirs ni blancs. L'autoritaire Normand Despins (François Papineau) garde sa tendresse pour sa fille handicapée. Jeanne la méchante est une écorchée vive, qui rugit pour ne pas être attaquée.
Ce qui me fait douter du bon vieux Georges Ste-Marie (Paul Doucet), l'aumônier presque parfait de Lietteville. A-t-il des défauts? Connaîtra-t-on sa zone grise? J'espère que non. Mais on dirait que ça pourrait nous exploser au visage bientôt.