arie-Eve Lafontaine
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
Quelques bénévoles de la première heure ne participent plus aux recherches menées par la famille pour retrouver Cédrika Provencher. Martin et Henri Provencher leur ont demandé de mettre fin à leur collaboration. Même si les deux parties soutiennent ne pas chercher la polémique ni la bagarre, les ponts sont coupés et la belle amitié d'hier n'est plus.
Taille du texte
Imprimer
Envoyer
À consulter aussi
Lisez d'autres articles sur ces sujets :
Michel Massouty (100%)
Cédrika Provencher (100%)
À consulter aussi
Partager
facebook
digg
del.icio.us
Google
Henri Provencher, le grand-père de Cédrika, tient d'ailleurs à se dissocier du groupe Recherche et sauvetage canin du Québec (RSCQ), formé par des bénévoles qui ont tenté avec la famille de retrouver Cédrika dès les premiers jours de sa disparition. RSCQ a été fondé notamment par Michel Massouty qu'on a vu régulièrement au cours de la dernière année dans les médias aux côtés de Martin Provencher alors qu'ils cherchaient la fillette aux quatre coins du Québec ainsi qu'au Nouveau-Brunswick.
Précisant qu'il parle en son nom personnel, Henri Provencher accuse le groupe de se faire du «capital politique sur le dos de Cédrika».
«Ce qu'on s'est aperçu au fil du temps, c'est que ces gens-là se partaient une business en se servant de Cédrika. On a donc décidé de ne plus faire affaire avec eux parce qu'on trouve ça inconcevable.»
Selon lui, ce groupe garde du matériel qui avait été donné à la famille pour la recherche de la fillette. Des propos niés par M. Massouty (voir plus bas).
«Il y a des choses qui ont été données pour la recherche de Cédrika, des commandites qu'on a eues, des appareils qu'on a achetés à bon prix parce que c'était pour la recherche et qui revenaient à la famille, qui sont retenus par ce groupe-là parce qu'on a décidé de ne plus faire affaire avec lui», soutient M. Provencher.
Il parle, par exemple, de GPS et de cartes. De plus, des dossiers et des données GPS n'auraient pas été remis à la famille. M. Provencher croit également que le groupe de recherche sollicite des commandites en évoquant le nom de la fillette enlevée.
«Je n'accepterai jamais qu'on se fasse du crédit politique ou quelque crédit que ce soit sur le dos de Cédrika. Je ne peux pas les empêcher de chercher Cédrika, mais qu'ils n'aillent pas chercher des commandites en son nom pour promouvoir leur club, parce que ça n'a rien à voir.»
N'empêche que ce groupe est bénévole, ces membres ne peuvent donc pas engranger des revenus quand bien même ils invoqueraient leur expérience passée à chercher Cédrika.
«C'est du bénévolat jusqu'à un certain point, répond M. Provencher. Au moment où il est entré de l'argent (au fonds de COMSEP), on nous a présenté une facture de 11 000 $ (...). Ce sont des dépenses d'auto, des dépenses de toutes sortes, alors on ne peut pas appeler ça du bénévolat. C'est comme si tous ceux qui nous aident à travers la province, tous ceux qui sont descendus ici à maintes et maintes reprises pour faire de la recherche, décidaient de nous envoyer une facture pour leurs dépenses. Ça n'a pas d'allure.»
M. Provencher a également étpris au printemps d'apprendre que le chien utilisé pour les recherches n'était pas formé pour découvrir des cadavres.
À l'approche du premier anniversaire de la disparition de sa petite-fille, M. Provencher tient donc à faire une mise au point à la population.
«À partir de maintenant, les sollicitations qui vont se faire pour la recherche de Cédrika, ce sera Martin (Provencher) et moi qui les ferons, et s'il y a une personne qui se présente quelque part, elle aura une lettre officielle de Martin ou moi.»
La goutte...
La goutte qui a fait déborder le vase est vraisemblablement le projet de recherches sur le Saint-Maurice d’Alexandre Neault, un autre membre du groupe Recherche et sauvetage canin du Québec (RSCQ). M. Neault est également un ancien bénévole de la famille Provencher.
Une dame a fait un don à la famille, mais en apprenant que M. Neault souhaitait faire des recherches sur le Saint-Maurice, elle a changé d’idée et décidé de donner cet argent à RSCQ pour qu’il puisse se procurer l’équipement nécessaire. Un geste que n’a pas apprécié Henri Provencher puisqu’il ne voyait pas l’utilité de fouiller toute la
rivière, une procédure fastidieuse qui, selon lui, a très peu de chances de donner des résultats.
Il voit cette initiative plutôt comme une opération de relations publiques de RSCQ. «Ils veulent se faire voir sous prétexte qu’ils recherchent Cédrika.»
Il croit que l’équipement aurait dû revenir à la future fondation baptisée au nom de sa petite-fille enlevée, plutôt que d’être la propriété de RSCQ.
«C’est vraiment se faire du capital politique sur le dos de Cédrika, et ça, je m’excuse du mot, mais ça m’écoeure.»
M. Neault a toujours affirmé que ses intentions étaient nobles et qu’il voulait s’assurer une fois pour toutes que la fillette n’est pas dans la rivière. Il comprend mal pourquoi la famille ne veut pas vérifier cette possibilité. Quant à Michel Massouty, il dit qu’il n’était même pas au courant de toute cette histoire au départ.
«Je n’étais même pas au courant et on vient me faire un procès», regrette-t-il.
À la suite de ce conflit, soit au début du mois, Martin Provencher lui a fait parvenir une lettre au ton comminatoire, notamment pour lui intimer l’ordre de ne plus se mêler des recherches menées par la famille.
Massouty nie tout
Michel Massouty nie en bloc toutes les allégations formulées par Henri Provencher concernant le groupe Recherche et sauvetage canin du Québec (RSCQ) qu’il a fondé l’automne dernier avec deux autres bénévoles et qui compte maintenant 11 membres.
Visiblement abasourdi et dépité par cette sortie de M. Provencher, il regrette qu’on s’attaque ainsi à son groupe dont l’unique but est de servir la population, affirme-t-il.
«RSCQ est un organisme à but non lucratif qui n’est pas là pour polémiquer avec des gens qui traversent des moments difficiles. On est là pour aider les gens.»
Tout d’abord, il nie formellement posséder du matériel qui appartient à la famille. Il affirme que tout l’équipement qu’il utilisait pour les recherches a été remis aux commerçants.
«RSCQ est un organisme à but non lucratif. On a rendu tout le matériel qui nous avait été confié par des commerçants et nous avons les documents le prouvant.»
Des propos confirmés par Patrick Vézina, un autre fondateur de RSCQ. M. Vézina n’est plus également associé à la famille depuis qu’elle lui a fait parvenir une lettre l’informant que son implication n’était plus requise il y a plusiers semaines. M. Vézina est pourtant ami depuis une vingtaine d’années avec Martin Provencher et il est même le parrain de Cédrika.
«J’ai passé huit mois de temps là, sept jours sur sept. (...) Mais j’ai été remercié des recherches et il y a d’autres bénévoles qui étaient avec moi depuis le début qui ont été remerciés de la même manière.»
Pour ce qui est des appuis financiers et matériels que RSCQ tenteraient de trouver en invoquant Cédrika, M. Massouty soutient que RSCQ ne s’est même pas encore mis à la recherche de commandites.
«J’ai le droit d’aller chercher des commandites pour mon club quand même, mais je n’ai pas encore commencé.»
Le seul commanditaire dont il bénéficie, est une entreprise de nourriture pour chiens qui sait très bien que cette nourriture sert au groupe de recherche et non pas à la famille, selon M. Massouty.
«Si je me suis fait du capital politique qu’il le prouve», dit-il, en parlant de Henri Provencher.
Pour ce qui est des données GPS que le groupe refuserait de rendre à la famille, M. Massouty explique qu’elles se trouvent sur son portable personnel et que la famille n’a pas le logiciel nécessaire pour qu’il puisse les lui transférer.
De toute façon, au fil des recherches, il dit avoir fait des rapports contenant toutes les informations pertinentes. Des rapports qui ont été remis à la famille et à la Sûreté du Québec.
Et en ce qui concerne la facture de 11 000 $, M. Massouty affirme qu’il s’agit d’une indemnité kilométrique et que c’est la famille qui lui a proposé de l’indemniser. Il soutient qu’il a parcouru 28 800 kilomètres avec son camion pour les recherches, dont le tiers l’ont été en traînant une remorque. Bien que son essence lui ait été payée, il estime qu’il devrait être remboursé pour l’usure de son véhicule qui nécessite des réparations importantes. Il croit qu’une indemnité de 39 cents le kilomètre est un montant raisonnable.
«Ils amassent de l’argent pour les recherches. Ce sont eux qui ont proposé de m’indemniser.» La famille lui a plutôt offert 560,74 $.
Quant à son chien qui n’est pas formé pour retrouver des cadavres, M. Massouty est surpris que M. Provencher s’en offusque. «Ça fait 10 mois qu’on m’explique qu’on cherche une vivante.»
M. Massouty estime avoir fait plus de 2300 heures de bénévolat pour la famille. Ce propriétaire d’un motel dit avoir aidé du mieux qu’il pouvait notamment en offrant gratuitement un total de 102 nuitées que ce soit à Henri Provencher, à des bénévoles ou à des voyants qui débarquaient parfois à Trois-Rivières en plein milieu de la nuit. Il ne regrette pas son implication, mais il déplore grandement la tournure des événements.
«Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Je l’ai fait avec le coeur», conclut M. Massouty.•
http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... OUVELLISTE