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Nathalie Elgrably (page 10 Où est le gros bon sens? )
Publié : jeu. avr. 26, 2007 4:02 am
par .anthurium.
À la caisse!
Le Journal de Montréal, p. 29 / Nathalie Elgrably, 26 avril 2007
Beaucoup de Québécois consacreront cette dernière fin de semaine d'avril à remplir leur déclaration de revenus… et les coffres de l'État. Il faut dire que nous sommes particulièrement généreux dans la Belle Province.
En 2005, une famille québécoise a payé en moyenne 5 732 $ en impôts et taxes de plus qu'une famille ontarienne. De plus, non seulement près de 50% de notre temps de travail sert à assouvir l'appétit fiscal de nos gouvernements, mais nous détenons également le triste record des contribuables les plus taxés en Amérique du Nord!
De plus, le fardeau fiscal ne se limite pas aux sommes que nous payons. Il faut y ajouter les millions d'heures que les individus et les entreprises doivent sacrifier pour se conformer au régime fiscal. Or, chaque heure passée à remplir des formulaires et à essayer de comprendre des lois fiscales toujours plus hermétiques, est une heure pendant laquelle nous ne produisons rien ni ne créons de la richesse.
Ce constat est d'autant plus regrettable qu'il est impératif que nous travaillions davantage pour rattraper notre écart de richesse avec le reste du Canada. Notre régime fiscal ne devrait-il pas être simplifié afin de libérer du temps que nous pourrions employer de manière plus efficace?
Un mal nécessaire
On nous dit que la fiscalité est un mal nécessaire, qu'on ne peut faire autrement pour redistribuer de la richesse et créer une société équitable. Pourtant, notre taux de chômage est toujours plus élevé que celui de la moyenne canadienne, notre productivité est faible et nous sommes l'une des régions les plus pauvres en Amérique du Nord. On pourrait certainement faire mieux!
Imaginons quelques instants que notre régime fiscal soit si simple qu'il ne faille que 10 à 15 minutes pour remplir notre déclaration d'impôt. Imaginons également qu'il soit si attrayant que des entreprises comme Microsoft, Colgate, 3M, Bristol-Myers Squibb et Johnson & Johnson se bousculent pour s'installer au Québec. Poussons le rêve un peu plus loin et imaginons aussi que nous puissions attirer de nombreux investisseurs étrangers, réduire les taux d'imposition tout en augmentant les revenus de l'État, améliorer la productivité, réduire le chômage et s'enrichir collectivement.
Miracle en Estonie
Ce scénario peut paraître irréaliste. Pourtant, il décrit précisément celui qu'a connu récemment l'Estonie. Cette ancienne République soviétique a accompli un véritable miracle économique et connaît aujourd'hui une croissance de 11% grâce à un régime fiscal très simple et un taux d'imposition unique suffisamment bas pour attirer les investissements et motiver les gens à travailler.
Le cas de l'Estonie n'est pas isolé. Nos voisins du sud ont bénéficié d'une série de réductions d'impôts en 2001 et 2003. Résultats? Les recettes fiscales ont explosé et le déficit est en voie d'être résorbé en dépit du traumatisme causé par les attentats du 11 septembre et par les dépenses liées à la guerre en Irak.
Les gouvernements qui ont vu leurs recettes fiscales augmenter et leur économie prospérer après des baisses d'impôts sont nombreux et constituent des exemples dont nous devrions tirer des enseignements.
Le nouveau gouvernement libéral a promis de réduire les impôts, mais nous devons également faire notre part en cessant de voir dans une fiscalité gourmande le symbole de notre solidarité. Nous devons accepter d'ouvrir le débat sur la fiscalité, remettre en question l'opinion dominante, et avoir le courage de penser autrement. Finalement, il ne faut surtout pas craindre de s'inspirer des expériences d'autres pays qui obtiennent des résultats concluants avec des solutions de marché. Ce n'est pas de l'idéologie que de regarder dans leur direction, c'est du gros bon sens!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec. --Message edité par .anthurium. le 2008-11-20 15:21:59--
Publié : jeu. mai 03, 2007 4:13 am
par .anthurium.
Une explication dont personne ne parle
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 03 mai 2007
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
La récente hausse du prix de l’essence n’a pas manqué d’éveiller à nouveau les passions et d’attiser la colère des automobilistes.
Officiellement, le prix à la pompe est en hausse parce que la demande d’essence augmente plus rapidement que l’offre, ce qui crée un phénomène de rareté. Cette explication est logique, mais incomplète. Pourquoi l’offre ne suit-elle pas la demande?
En pratique, le problème ne provient pas des réserves qui seraient insuffisantes. Elles ne cessent d’ailleurs d’augmenter depuis 1970. Il est plutôt causé par la difficulté qu’ont les raffineries à répondre à la demande et à constituer des stocks. Elles fonctionnent à pleine capacité et le moindre imprévu réduit l’approvisionnement des détaillants. C’est une chose que d’extraire du pétrole brut, c’en est une autre que de le transformer en essence.
Pourquoi les pétrolières n’augmentent-elles pas leurs capacités de raffinage? Comment expliquer que des entreprises privées guidées par le profit ne tentent pas de répondre à la demande de leurs clients? Pourtant, quand la demande de véhicules augmente, les constructeurs automobiles s’adaptent pour satisfaire leur clientèle. De même, le nombre de stations d’essence et de garages se multiplient à mesure que la quantité de véhicules en circulation croît.
Si les pétrolières n’ajustent pas leur production en fonction de la demande des consommateurs, ce n’est pas pour créer de la rareté. En Amérique du Nord uniquement, elles sont nombreuses à avoir proposé des projets de constructions de raffineries. En dépit de toutes ces tentatives, aucune nouvelle raffinerie n’a vu le jour depuis plus de trente ans et ce, malgré la croissance de la consommation mondiale. Il n’est donc pas étonnant que le prix de l’essence augmente!
Cette situation aberrante, nous la devons à toutes les âmes bien-pensantes qui ont formé des groupes de pression suffisamment puissants pour convaincre, entre autres, le gouvernement américain d’interdire pendant trois décennies la construction de raffineries, de pipelines et de ports.
Les vrais coupables
Et comme ces mêmes lobbies ont également réussi à paralyser le développement de l’énergie nucléaire au nom de leurs nobles causes, la hausse du prix de l’essence devenait inévitable. Nous ne sommes donc pas les victimes innocentes des pétrolières cupides, nous sommes plutôt les otages des lobbies nombrilistes qui réussissent à nous imposer leurs choix et à scléroser l’industrie du raffinage.
Évidemment, pour occulter les conséquences perverses de leurs actions, ils s’indignent bruyamment du sort des familles démunies qui ont peine à assumer la hausse du coût de l’énergie. Certains réclament alors que l’État intervienne en contrôlant le prix de l’essence ou en nationalisant l’industrie pétrolière. Des bien-pensants contribuent à créer un phénomène de rareté et ont ensuite l’arrogance de demander une intervention étatique pour régler les conséquences d’un problème qu’ils ont eux-mêmes fait naître!
Pour défendre leur position, ils dénoncent violemment les profits des pétrolières et font croire qu’elles entretiennent un vaste complot pour exploiter les consommateurs. Il est vrai qu’elles engrangent des profits si faramineux qu’il est tentant de les haïr. Exxon Mobil est d’ailleurs l’entreprise la plus rentable de la planète avec des profits de 39,5 milliards de dollars US. Ce chiffre semble impressionnant, mais il correspond à une marge bénéficiaire de 11,5% uniquement. À titre comparatif, la marge de Johnson & Johnson est de 20%, celle de Microsoft est de 28,6%, tandis que celle de Pfizer atteint 36,8%!
Si notre plein nous coûte plus cher aujourd’hui, c’est en partie à cause de plusieurs lobbies, dont les groupes environnementaux. Mais personne n’ose les pointer du doigt. Pourtant, il est nécessaire d’identifier les véritables coupables pour apporter de solutions efficaces!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
Publié : jeu. mai 10, 2007 11:01 am
par .anthurium.
Un chausson avec ça?
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 10 mai 2007
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
Les chaînes de restauration rapide sont décidément parmi les mal-aimées de notre société. Elles faisaient encore la manchette cette semaine parce qu'elles s'installent souvent à proximité des écoles.
Il n'en a pas fallu davantage pour que des diététistes et des représentants de divers organismes, telle la Coalition québécoise sur la problématique du poids, déclarent qu'il faut contrôler l'environnement des écoles en révisant les règlements de zonage pour interdire aux fast-foods de côtoyer les établissements scolaires. Quelle idée géniale!
Mais pourquoi se limiter à contrôler la présence de restaurants? Ne faudrait-il pas également interdire les pâtisseries? Après tout, un morceau de gâteau au fromage contient autant de calories qu'un Big Mac. On pourrait également interdire aux dépanneurs de vendre des barres de chocolat et des chips aux mineurs. Idéalement, on construirait les écoles au sommet des montagnes afin d'éviter aux étudiants de succomber aux tentations. Et pour vraiment gagner la guerre contre l'obésité, nous pourrions interdire aux familles avec enfants de posséder téléviseurs, Playstations,... Et pourquoi ne pas également forcer les enfants à marcher en leur interdisant l'accès aux autobus s'ils résident à moins de 3 km de leur école?
Et la responsabilité individuelle?
Ces propositions vous semblent ridicules? Vous avez raison! Ce ne sont pas les aliments qui posent problème, ce sont les habitudes alimentaires! Tous les aliments, même l'eau, peuvent devenir toxiques s'ils sont consommés en grande quantité. Va-t-on se mettre à tout contrôler? Souhaitons-nous vraiment qu'un petit groupe de bien-pensants nous impose ses choix alimentaires et que l'État se mêle du contenu de notre assiette?
Ce qui est totalement évacué du débat actuel est la notion de responsabilité individuelle et parentale. On crée un monde de victimes, on déresponsabilise l'individu et on l'infantilise. À écouter la milice anti-malbouffe, on pourrait croire que les fast-foods nous gavent contre notre volonté. Or, nul n'est obligé d'entrer dans une chaîne de restauration rapide, de commander et de manger. Et puis, n'y a t-il pas également des salades au menu de McDonald's?
Nous avons le contrôle sur ce que nous ingérons et nous disposons de tant d'information qu'il faudrait habiter dans une grotte pour ignorer les choix santé. Quant aux parents, ils sont également responsables du tour de taille de leur progéniture. Après tout, qui donne aux ados l'argent nécessaire pour qu'ils achètent leurs frites?
S'il y a des jeunes qui fréquentent quotidiennement les fast-foods, c'est que leurs parents approuvent leurs choix. Cessons donc de diaboliser les commerces, car aucun restaurateur sensé n'irait s'installer à côté d'une école si les jeunes apportaient leurs lunchs ou si leurs parents ne leur laissaient d'autre choix que d'opter pour le plat santé offert à la cafétéria.
Pas un problème de société
La surcharge pondérale n'est pas un problème de société, c'est un problème individuel et il faut le traiter comme tel. Si nous admettons que nous pouvons choisir de changer nos habitudes alimentaires et de faire de l'exercice, il faut également accepter que certains puissent choisir délibérément de manger une grande portion de frites.
Il faut aussi accepter que la vaste majorité des gens consomment de la malbouffe avec modération. Or, si on modifie le zonage, c'est toute la population d'une région qui est touchée. Est-il donc raisonnable de restreindre les choix alimentaires d'individus responsables sous prétexte que certains se livrent à des abus? Finalement, enseigner aux jeunes à être responsables de ce qu'ils mangent, cela fait aussi partie de l'éducation!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
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Publié : ven. mai 25, 2007 11:27 am
par .anthurium.
Une histoire qui se répète
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably, 24 mai 2007
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La contrebande de cigarettes est actuellement en plein essor, si bien que les autorités déploient des efforts importants pour la contenir.
Pourtant, ce phénomène n'est pas nouveau. La GRC s'était déjà attaquée au problème en 1951 et au début des années 1990. Aujourd'hui, un autre rapport révèle que 25 % des cigarettes achetées proviendraient de la contrebande. Ce qui n'a rien de surprenant quand on sait qu'une cartouche de contrebande coûte 50 $ de moins qu'une cartouche vendue légalement.
Dans l'espoir de contrer le problème, la GRC s'attaque aux têtes dirigeantes des réseaux de contrebande, tandis que certaines organisations, comme l'Association pour les droits des non-fumeurs, demandent au gouvernement d'être plus sévère. Tous ces gens sont certainement bien intentionnés, mais n'ont-ils donc tiré aucune leçon du passé?
L'histoire ne leur a-t-elle donc pas appris que quel que soit le nombre de perquisitions qu'elle effectue, la GRC ne réussira pas à enrayer le marché noir? Au mieux, elle incitera les contrebandiers à être plus vigilants et à redoubler d'imagination pour déjouer les autorités.
Identifier la cause
Pour faire disparaître efficacement le marché noir, il faut en identifier la cause. Qu'il s'agisse de la contrebande de 1951, de 1993 ou de celle d'aujourd'hui, ce sont les taxes élevées qui permettent aux contrebandiers de réaliser des gains substantiels. Tant que les taxes sont élevées, le marché noir est lucratif et les efforts de la GRC restent vains.
D'ailleurs, en 1952, c'est grâce à une réduction des taxes sur le tabac qu'Ottawa a réussi à maîtriser la contrebande. Même scénario en 1994 alors que les contrebandiers sont «mis en faillite» après une réduction des taxes sur le tabac faisant passer la cartouche de 47 $ à 23 $.
L'histoire se répète
Aujourd'hui, l'histoire se répète. Évidemment, la contrebande préoccupe le trésor public car elle entraîne une baisse des recettes fiscales.
Mais elle confirme un concept vieux de deux siècles et que l'économiste américain Arthur Laffer a rendu populaire dans les années 1970, à savoir que trop d'impôt tue l'impôt. Ainsi, quand les taxes deviennent excessives, l'État récolte moins de recettes, car les gens effectuent leurs transactions à l'abri du regard du fisc. Le cas des cigarettes est éloquent et la leçon à en tirer est claire.
Toutefois, ce phénomène ne se limite pas aux produits du tabac. Il s'étend également à l'impôt sur le revenu. Revenu Québec évalue d'ailleurs à près de 3 milliards les revenus perdus en raison du travail au noir, une pratique que les travailleurs choisissent généralement pour éviter de partager le fruit de leur labeur avec le fisc lorsque ce dernier devient trop gourmand.
Aujourd'hui, journée du dépôt du budget, plusieurs voix s'élèvent pour que Madame Jérôme-Forget ne réduise pas les impôts. Or, nous sommes les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord et nous vivons dans l'une des régions les plus pauvres du continent.
De toute évidence, notre approche est déficiente et il est temps de penser autrement. Tout comme la réduction des taxes sur le tabac a permis l'augmentation des recettes fiscales, la réduction des impôts permettra de stimuler l'activité économique, de réduire l'évasion fiscale et de regarnir les coffres de l'État.
Les baisses d'impôts entreprises par le gouvernement américain en 2001 et 2003 ont eu pour effet d'augmenter considérablement les recettes fiscales et de réduire de moitié le déficit. Pourquoi ne pas tenter la même expérience? Nous n'avons rien à perdre!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
Publié : ven. mai 25, 2007 11:57 am
par ornitho-max
J'ai une question
Pourquoi on est les plus taxés de l'amérique
Quelle servive a t'on de plus que les autres provinces ?
je sais qu'on a la santé gratuite et l'éducation gratuite, contrairement au américain.
Mais avec les autres provinces ?
Publié : ven. mai 25, 2007 6:51 pm
par Fabine
ornitho-max a écritJ'ai une question
Pourquoi on est les plus taxés de l'amérique
Quelle servive a t'on de plus que les autres provinces ?
je sais qu'on a la santé gratuite et l'éducation gratuite, contrairement au américain.
Mais avec les autres provinces ?
Ce n'est qu'une opinion mais je dirais que c'est parce que nous sommes pauvres mais voulons des services de riches, que nous avons le complexe du petit gagne pain et qu'à chaque fois que les salaires de ceux qui sont en haut de 20$ de l'heure est médiatisé nous en sommes offusqués et qu'ils devraient avoir des baisses parce que nous en gagnons moins. Pourtant étant donné que ce sont les travailleurs à bon salaire qui payent le plus d'impôt, nous devrions plutôt travailler à obtenir mieux au lieu de niveller par le bas.
C'est mathématique, plus il y a de faible salarié à subventionner et offrir des services moins il y en a pour payer la portion de tarte, cafaque ça coûte plus cher à moins de gens pour donner le minimum à plus.....+2-1=1 et +1-2=-1.
Publié : ven. mai 25, 2007 6:53 pm
par Fabine
En passant étant donné que je suis dans le topic.
Moi la Nathalie elle me tombe sur le gros nerf. Ça me fait du bien de le dire
Publié : ven. mai 25, 2007 7:40 pm
par sleepy-girl
Publié : dim. mai 27, 2007 2:17 pm
par .anthurium.
Fabine a écritEn passant étant donné que je suis dans le topic.
Moi la Nathalie elle me tombe sur le gros nerf. Ça me fait du bien de le dire
Pour moi cette femme est ma révélation de cette année.
Elle viens souvent contredire des facons de faire que l'on crois logique. Moi elle me brasse et j'aime ça.
Publié : lun. mai 28, 2007 8:15 am
par .anthurium.
J'ajouterais qu'elle explique tellement bien l'économie. Moi je suis assez nulle pour comprendre des textes compliqués et des chiffres et avec elle tout deviens logique. Elle est libre cette femme elle critique autant les mesures des libéraux et des adéquistes. Et j'aime me faire brasser dans des choses que je voyait comme allant de soi.
Publié : ven. juin 01, 2007 3:11 am
par .anthurium.
Une crise surréaliste
Le Journal de Montréal, p. 20 / Nathalie Elgrably, 31 mai 2007
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
L'ADQ comme le PQ tentent de nous convaincre de renoncer aux " abominables " réductions d'impôt promises par le PLQ. À les écouter, les sommes transférées par Ottawa il y a tout juste deux mois sont maintenant absolument indispensables au trésor public pour rétablir l'équilibre budgétaire et assurer le bien-être de nos enfants.
Qu'il soit nécessaire d'équilibrer le budget et de revoir les pratiques comptables est un fait indiscutable! Mais la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, peu atteindre ces objectifs même sans les 950M$ envoyés par Ottawa. Il suffit d'avoir le courage de faire les gestes appropriés. Alors pourquoi devrions-nous sacrifier nos baisses d'impôt quand nous sommes les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord? Voler à la rescousse d'un gouvernement inapte à gérer ses finances ne l'incitera certainement pas à adopter une gestion responsable.
Pourtant, renoncer aux baisses d'impôt issues d'un transfert fédéral revient à cautionner une hausse des impôts que nous versons à Québec. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons?
Le PQ et le modèle québécois
Que le PQ souhaite s'approprier le fruit de notre travail est tout à fait dans la logique du parti, puisqu'il a toujours été fortement attaché au «modèle québécois» et au concept de l'État-nounou.
Que 70% des répondants au récent sondage Léger Marketing aient déclaré s'opposer à la réduction du fardeau fiscal peut s'expliquer.
D'une part, 40% des contribuables ne paient aucun impôt et 20% en paient très peu, alors que 40% des contribuables paient 92% de tous les impôts. Ainsi, quand 60% des Québécois profitent d'un système sans y contribuer ou presque, on peut comprendre qu'ils soient nombreux à vouloir continuer à se faire entretenir par la minorité qui paie des impôts.
Question tendancieuse
D'autre part, la question posée dans le sondage était outrageusement tendancieuse. On demande aux répondants s'ils sont d'accord avec la baisse d'impôt ou s'ils auraient souhaité que le gouvernement utilise cet argent pour améliorer les services en éducation ou en santé.
Or, on ne leur précise pas que l'État alloue déjà 69% de son budget à la santé et à l'éducation, et que le budget de Mme Jérôme-Forget prévoit une hausse généreuse de 6% à la santé et de 5% à l'éducation. On reste muet sur le fait que le système de santé n'a connu aucune amélioration notable malgré une augmentation de l'enveloppe budgétaire de 15 à 21 milliards au cours des 6 dernières années. Les résultats du sondage auraient-ils été différents si les répondants avaient été correctement informés? Évidemment!
La volte-face de Dumont
Quant à la position de l'ADQ, elle est en contradiction flagrante avec le discours qu'a tenu son chef pendant plusieurs années lorsqu'il affirmait vouloir alléger le fardeau fiscal de la classe moyenne. Ce sont d'ailleurs de tels propos qui ont permis à Mario Dumont de réaliser une performance spectaculaire lors des élections du 26 mars. Mais, à en juger par sa volte-face, il faut croire que les discours qu'il nous a servis pendant longtemps n'étaient que des mots vides de conviction. Il disait vouloir rompre avec le «modèle québécois». Pourtant, en s'opposant aux baisses d'impôt, il contribue à sa survie.
Sans doute croit-il qu'en faisant tomber le gouvernement, il réussira à gagner les prochaines élections. Or, il y a deux mois, le peuple n'a pas voté pour un chef, il a voté pour des idées. Si Mario Dumont renie les principes qui l'ont rendu populaire, les électeurs le bouderont. Il devrait méditer là-dessus avant de s'opposer au budget de Mme Jérôme-Forget!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
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Publié : ven. juin 01, 2007 10:45 am
par Beppo
.anthurium. a écritUne crise surréaliste
Le Journal de Montréal, p. 20 / Nathalie Elgrably, 31 mai 2007
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
L'ADQ comme le PQ tentent de nous convaincre de renoncer aux " abominables " réductions d'impôt promises par le PLQ. À les écouter, les sommes transférées par Ottawa il y a tout juste deux mois sont maintenant absolument indispensables au trésor public pour rétablir l'équilibre budgétaire et assurer le bien-être de nos enfants.
Qu'il soit nécessaire d'équilibrer le budget et de revoir les pratiques comptables est un fait indiscutable! Mais la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, peu atteindre ces objectifs même sans les 950M$ envoyés par Ottawa. Il suffit d'avoir le courage de faire les gestes appropriés. Alors pourquoi devrions-nous sacrifier nos baisses d'impôt quand nous sommes les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord? Voler à la rescousse d'un gouvernement inapte à gérer ses finances ne l'incitera certainement pas à adopter une gestion responsable.
Pourtant, renoncer aux baisses d'impôt issues d'un transfert fédéral revient à cautionner une hausse des impôts que nous versons à Québec. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons?
Le PQ et le modèle québécois
Que le PQ souhaite s'approprier le fruit de notre travail est tout à fait dans la logique du parti, puisqu'il a toujours été fortement attaché au «modèle québécois» et au concept de l'État-nounou.
Que 70% des répondants au récent sondage Léger Marketing aient déclaré s'opposer à la réduction du fardeau fiscal peut s'expliquer.
D'une part, 40% des contribuables ne paient aucun impôt et 20% en paient très peu, alors que 40% des contribuables paient 92% de tous les impôts. Ainsi, quand 60% des Québécois profitent d'un système sans y contribuer ou presque, on peut comprendre qu'ils soient nombreux à vouloir continuer à se faire entretenir par la minorité qui paie des impôts.
Question tendancieuse
D'autre part, la question posée dans le sondage était outrageusement tendancieuse. On demande aux répondants s'ils sont d'accord avec la baisse d'impôt ou s'ils auraient souhaité que le gouvernement utilise cet argent pour améliorer les services en éducation ou en santé.
Or, on ne leur précise pas que l'État alloue déjà 69% de son budget à la santé et à l'éducation, et que le budget de Mme Jérôme-Forget prévoit une hausse généreuse de 6% à la santé et de 5% à l'éducation. On reste muet sur le fait que le système de santé n'a connu aucune amélioration notable malgré une augmentation de l'enveloppe budgétaire de 15 à 21 milliards au cours des 6 dernières années. Les résultats du sondage auraient-ils été différents si les répondants avaient été correctement informés? Évidemment!
La volte-face de Dumont
Quant à la position de l'ADQ, elle est en contradiction flagrante avec le discours qu'a tenu son chef pendant plusieurs années lorsqu'il affirmait vouloir alléger le fardeau fiscal de la classe moyenne. Ce sont d'ailleurs de tels propos qui ont permis à Mario Dumont de réaliser une performance spectaculaire lors des élections du 26 mars. Mais, à en juger par sa volte-face, il faut croire que les discours qu'il nous a servis pendant longtemps n'étaient que des mots vides de conviction. Il disait vouloir rompre avec le «modèle québécois». Pourtant, en s'opposant aux baisses d'impôt, il contribue à sa survie.
Sans doute croit-il qu'en faisant tomber le gouvernement, il réussira à gagner les prochaines élections. Or, il y a deux mois, le peuple n'a pas voté pour un chef, il a voté pour des idées. Si Mario Dumont renie les principes qui l'ont rendu populaire, les électeurs le bouderont. Il devrait méditer là-dessus avant de s'opposer au budget de Mme Jérôme-Forget!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
© 2007 IEDM |
Et vlan dans les dents! Il est quand même étonnant de constater ce fait.
Publié : ven. juin 01, 2007 3:54 pm
par .anthurium.
Beppo a écrit
Et vlan dans les dents! Il est quand même étonnant de constater ce fait.
Wow! c'est toi qui dit ca. Ben tu m'étonnes.
Publié : jeu. juin 07, 2007 3:07 pm
par .anthurium.
Une fraude intellectuelle
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 07 juin 2007
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Quand Bev Oda a annoncé qu'il lui est impossible de distribuer avant l'automne les 30 millions que Ottawa a promis pour venir en aide aux festivals, les appuis à la Coalition des festivals n'ont pas tardé à se manifester.
Le Bloc Québécois, le NPD, la Fédération canadienne des municipalités, la Ville de Montréal et le ministre provincial du Développement économique et du Tourisme, Raymond Bachand, ont tous signalé à Ottawa la nécessité de débloquer rapidement les fonds promis en raison de l'importance des retombées économiques que génèrent les festivals.
Le calcul des retombées économiques est souvent présenté comme étant la preuve «scientifique» irréfutable de la légitimité d'une action. Le responsable de la culture à la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, déclarait d'ailleurs que les festivals génèrent 200 millions en retombées économiques et créent 12 000 emplois. Mieux encore, il affirmait que chaque dollar «investit» par Ottawa rapporte neuf dollars en recettes fiscales. C'est à se demander pourquoi la Coalition des festivals a besoin d'un lobbyiste pour faire avancer sa cause auprès d'Ottawa.
Si ces calculs reflètent la réalité, pourquoi nous limiter à une centaine de festivals par année? Imaginez donc l'ampleur des retombées économiques si nous en organisions davantage! Et si les recettes fiscales sont effectivement neuf fois plus importantes que la dépense initiale, ne venons-nous pas de découvrir la méthode miracle pour ne plus jamais encourir de déficit budgétaire? Avec un rendement de neuf pour un, les ministres des Finances aux niveaux provincial et fédéral devraient se bousculer pour financer les festivals!
Un mode de divertissement parmi d'autres
Malheureusement, l'argument des retombées économiques est une fraude intellectuelle. Il laisse sous-entendre que l'activité économique prévue dépend exclusivement de la tenue des festivals, car ils font travailler des gens, attirent des spectateurs et profitent ainsi à une multitude de commerces, du fournisseur de «hot-dogs» au fabricant de casquettes, en passant par le producteur de crème solaire. Cette argumentation suggère implicitement que l'absence de festivals privera l'économie locale d'un spectaculaire feu d'artifice économique et que nous serons responsables de notre misère.
Or, un festival n'est qu'un mode de divertissement parmi d'autres. En l'absence de ce genre d'événement, les gens se divertiraient autrement. Ils iraient peut-être davantage au cinéma ou au restaurant. Ainsi, une dépense de 20 $ génère autant de retombées économiques, qu'elle permette de participer à un festival, de voir un film ou de s'offrir un repas. La nature de la dépense détermine quelles industries sont avantagées, mais elle n'affecte en rien l'ampleur de l'activité économique générée.
Déplacement de retombées
Un bémol peut être approprié dans le cas d'événements qui attirent des touristes, car il y a effectivement injection de nouveaux fonds et certaines retombées sont à considérer. Mais sur la centaine de festivals qui animent le Québec, il n'y en a que trois ou quatre qui peuvent réellement prétendre attirer des visiteurs étrangers. Les autres ne font que déplacer des retombées qu'on aurait observées dans un autre secteur.
Quand l'État subventionne les festivals, il prend l'argent des contribuables et permet à une poignée de fonctionnaires de décider à notre place du genre de loisir à encourager. Et comme si tout ceci était insuffisant, nos élus défendent leurs choix en élevant les retombées économiques au rang de faits incontestables alors que ce sont des calculs absurdes fondés sur un concept canularesque. Quelle tristesse!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
Publié : jeu. juin 14, 2007 7:45 am
par .anthurium.
État d'urgence - première partie
Le Journal de Montréal, p. 27 / Nathalie Elgrably, 14 juin 2007
Vous voulez réagir à cet article? Vous voulez poser une question à son auteur?
Après la publication du deuxième palmarès des urgences, nos politiciens feignent d'être accablés par la nouvelle. Pourtant, l'engorgement des urgences n'est pas un phénomène récent.
Déjà en 1985, les médias rapportaient qu'un patient pouvait attendre plus de vingt heures dans une salle d'urgence. Depuis, les gouvernements qui se sont succédé ont pris une série d'engagements pour résoudre le problème. Plus de 20 ans plus tard, et malgré les sommes colossales allouées à la santé, rien n'a changé. Les délais observés dans certains hôpitaux ont même augmenté.
Il est donc temps d'affronter la réalité et d'accepter une fois pour toutes que l'injection de fonds supplémentaires dans le réseau de la santé n'accroît pas son efficacité. Continuer à prétendre que tout n'est qu'une question d'argent, c'est faire l'autruche et retarder dangereusement toute réforme efficace qui pourrait sauver des vies. Avec un budget de près de 24 milliards, soit 44 % des dépenses totales du gouvernement québécois, peut-on vraiment prétendre que le réseau manque d'argent? Et combien faudrait-il pour que notre médecine soviétisée fonctionne correctement?
Inefficacité
Si le réseau de la santé est inefficace, c'est essentiellement parce que les hôpitaux opèrent sur la base de budgets qui leur sont octroyés par l'État en fonction des besoins identifiés. Si un hôpital réussit à gérer ses ressources de manière efficace, nos bureaucrates jugeront bon de limiter les budgets qui lui sont alloués. En revanche, celui qui est totalement inefficace, qui laisse des patients souffrir sur des civières dans des corridors bondés et qui ferme son urgence aux ambulances, est certain d'obtenir davantage de fonds des «tsars» de la santé. Le système actuel punit donc les établissements performants et récompense les autres. On pourrait difficilement imaginer un système qui encouragerait davantage à l'inefficacité!
Listes d'attente
L'octroi de budgets de fonctionnement est également responsable des listes d'attente toujours plus longues. En effet, si le budget mensuel alloué aux salles d'opération est épuisé le 20 du mois, l'hôpital est contraint de fermer tout simplement ses salles jusqu'au mois suivant. Ainsi, pendant que certains voient leur santé se détériorer au fil des jours au point de risquer de perdre la vie, de précieuses ressources restent sous-utilisées. Il ne s'agit pas ici de prôner l'augmentation des budgets, mais plutôt de remettre en question le fait qu'ils constituent la principale source de financement des hôpitaux.
Finalement, la pénurie de médecins n'a rien d'étonnant. Les bureaucrates de la santé ont cru bon de soumettre la rémunération des médecins à des plafonds semestriels ou trimestriels. Les médecins peuvent évidemment travailler davantage s'ils le souhaitent, mais ils perdent 75 % de leurs honoraires pour des consultations supplémentaires. Résultat? Certains refusent de nouveaux patients ou ferment carrément leur clinique une semaine sur huit, ce qui contribue à engorger les urgences.
Problèmes de fond
Clairement, le système actuel n'offre pas les incitations nécessaires pour favoriser l'efficacité. Il est donc urgent d'identifier les problèmes de fonds et d'avoir l'humilité de reconnaître que les bonnes intentions qui ont inspiré notre modèle se traduisent en pratique par des résultats médiocres. Apporter de petits changements au système actuel serait peine perdue. Il faut des solutions radicales. Mais surtout il faut ignorer les objections des adeptes du statu quo, car leurs arguments relèvent de l'idéologie aveugle pour un système utopique et non du souci d'améliorer les soins offerts. Notre santé est trop précieuse pour les laisser nous imposer leur idéologie!
La suite, la semaine prochaine!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre
Publié : jeu. juin 14, 2007 9:58 am
par tuberale
.anthurium. a écritUne fraude intellectuelle
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 07 juin 2007
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Quand Bev Oda a annoncé qu'il lui est impossible de distribuer avant l'automne les 30 millions que Ottawa a promis pour venir en aide aux festivals, les appuis à la Coalition des festivals n'ont pas tardé à se manifester.
Le Bloc Québécois, le NPD, la Fédération canadienne des municipalités, la Ville de Montréal et le ministre provincial du Développement économique et du Tourisme, Raymond Bachand, ont tous signalé à Ottawa la nécessité de débloquer rapidement les fonds promis en raison de l'importance des retombées économiques que génèrent les festivals.
Le calcul des retombées économiques est souvent présenté comme étant la preuve «scientifique» irréfutable de la légitimité d'une action. Le responsable de la culture à la Ville de Montréal et maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, déclarait d'ailleurs que les festivals génèrent 200 millions en retombées économiques et créent 12 000 emplois. Mieux encore, il affirmait que chaque dollar «investit» par Ottawa rapporte neuf dollars en recettes fiscales. C'est à se demander pourquoi la Coalition des festivals a besoin d'un lobbyiste pour faire avancer sa cause auprès d'Ottawa.
Si ces calculs reflètent la réalité, pourquoi nous limiter à une centaine de festivals par année? Imaginez donc l'ampleur des retombées économiques si nous en organisions davantage! Et si les recettes fiscales sont effectivement neuf fois plus importantes que la dépense initiale, ne venons-nous pas de découvrir la méthode miracle pour ne plus jamais encourir de déficit budgétaire? Avec un rendement de neuf pour un, les ministres des Finances aux niveaux provincial et fédéral devraient se bousculer pour financer les festivals!
Un mode de divertissement parmi d'autres
Malheureusement, l'argument des retombées économiques est une fraude intellectuelle. Il laisse sous-entendre que l'activité économique prévue dépend exclusivement de la tenue des festivals, car ils font travailler des gens, attirent des spectateurs et profitent ainsi à une multitude de commerces, du fournisseur de «hot-dogs» au fabricant de casquettes, en passant par le producteur de crème solaire. Cette argumentation suggère implicitement que l'absence de festivals privera l'économie locale d'un spectaculaire feu d'artifice économique et que nous serons responsables de notre misère.
Or, un festival n'est qu'un mode de divertissement parmi d'autres. En l'absence de ce genre d'événement, les gens se divertiraient autrement. Ils iraient peut-être davantage au cinéma ou au restaurant. Ainsi, une dépense de 20 $ génère autant de retombées économiques, qu'elle permette de participer à un festival, de voir un film ou de s'offrir un repas. La nature de la dépense détermine quelles industries sont avantagées, mais elle n'affecte en rien l'ampleur de l'activité économique générée.
Déplacement de retombées
Un bémol peut être approprié dans le cas d'événements qui attirent des touristes, car il y a effectivement injection de nouveaux fonds et certaines retombées sont à considérer. Mais sur la centaine de festivals qui animent le Québec, il n'y en a que trois ou quatre qui peuvent réellement prétendre attirer des visiteurs étrangers. Les autres ne font que déplacer des retombées qu'on aurait observées dans un autre secteur.
Quand l'État subventionne les festivals, il prend l'argent des contribuables et permet à une poignée de fonctionnaires de décider à notre place du genre de loisir à encourager. Et comme si tout ceci était insuffisant, nos élus défendent leurs choix en élevant les retombées économiques au rang de faits incontestables alors que ce sont des calculs absurdes fondés sur un concept canularesque. Quelle tristesse!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
je ne suis pas tout à fait d,acord avec son argumentation pour l,entrée de nouvel argent.....si effectivement il n,y a que 3-4 gros évènements qui pourraient faire venir des gens de l'étranger..il n,en reste pas moins que les touristes québécois eux font circuler l,argent en région lorsqu'ils vont visiter ces plus petits festivals un peu partout au Qc.....et là ça devient vital pour l,industrie touristique de cette région.......d,accord que globalement, pour tout le Qc le total des dépenses ne changera pas.....les gens vont dépenser autrement le même 20$..mais pour plusieurs régions c,est la tenue de ces petits festivals un peu partout qui aide véritablement l,industrie touristique du coin avec l,argent des visiteurs .
Publié : jeu. juin 21, 2007 4:05 am
par .anthurium.
État d’urgence: deuxième partie
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 21 juin 2007
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Il n'y a pas si longtemps, il était tabou de critiquer la performance du système de santé québécois, et ceux qui osaient le remettre en question étaient presque brûlés sur le bûcher. Aujourd'hui, tous sont unanimes à dénoncer les ratés du réseau et à insister sur l'urgence de le rendre plus efficace. On progresse!
En dépit de cela, les gardiens du statu quo jugent blasphématoire toute révision en profondeur du système. Ils ne jurent que par des injections de fonds et ne tolèrent que des ajustements mineurs pour préserver l'intégrité du système qui, selon eux, symbolise la justice sociale et la solidarité.
Personne ne possède le monopole de la bonté et de l'altruisme et, que nous soyons «lucides» ou «solidaires», nous souhaitons tous que les Québécois puissent avoir accès à des soins, indépendamment de leurs moyens financiers. Cet objectif est tout à fait louable, et il est hors de question d'y renoncer.
Mais, pour garantir l'accès universel aux soins de santé faut-il nécessairement que l'État détienne le monopole de la fourniture des soins?
Préserver l'esprit du système
Actuellement, tous les hôpitaux appartiennent exclusivement à l'État. Alors qu'il serait inconcevable de concéder le monopole de l'essence à Esso ou celui de l'alimentation à IGA, certains vénèrent le monopole de la santé.
Or, tous les monopoles, qu'ils soient privés ou publics, portent en eux les conditions nécessaires à la dégénérescence du système. Et, à en juger par l'état de notre réseau de la santé, le monopole québécois ne fait pas exception.
On peut remettre en question le monopole de la santé tout en préservant l'esprit du système actuel. Il suffit de séparer l'objectif du moyen employé pour y parvenir. L'universalité est l'objectif visé, tandis que le monopole d'État ne constitue qu'un moyen.
Malheureusement, les inconditionnels du statu quo font un amalgame entre les deux, ce qui explique l'immobilisme qu'ils nous imposent alors qu'il est pourtant possible de conserver l'universalité tout en se libérant des problèmes inhérents au monopole d'État.
Les bénéfices de la concurrence
Faisons un parallèle. En cas d'incendie, notre compagnie d'assurance assume le coût de reconstruction de notre maison, mais n'effectue pas elle-même les travaux. Elle les confie plutôt à des entrepreneurs privés qui se font concurrence pour décrocher le contrat. La concurrence est bénéfique aux consommateurs, car chaque vendeur doit se surpasser de crainte de perdre des clients.
Avec un monopole d'État, les hôpitaux n'ont aucune incitation à exceller, et certains patients le paient de leur vie. Pour préserver l'universalité, l'État pourrait continuer à jouer son rôle d'assureur, mais abdiquer celui de fournisseur de soins.
À l'instar de toutes les compagnies d'assurance, l'État paierait la facture, mais ferait exécuter le travail par des établissements privés que la concurrence forcerait à offrir des soins toujours meilleurs.
Il est possible de bénéficier des vertus de la concurrence tout en s'assurant qu'aucun Québécois ne soit privé de soins de santé faute de moyens. Mais pour y parvenir, il faut se libérer de la mentalité de défaitiste qui fait dire à certains qu'il n'existe pas de solution. Il faut surtout se libérer des militants pour une médecine soviétisée qui commettent la grossière erreur de confondre le moyen et l'objectif.
Leur aveuglement les conduit à défendre un système médiocre au lieu de chercher un moyen d'offrir à tous une médecine avant-gardiste.
Pourtant, être solidaire et être efficace ne sont pas des concepts mutuellement exclusifs. Il suffit d'un peu d'ouverture d'esprit!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques
Publié : jeu. juin 28, 2007 7:35 am
par .anthurium.
Le mythe de l'éthanol
Le Journal de Montréal, p. 26 / Nathalie Elgrably, 28 juin 2007
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C'est fait! Le Québec a maintenant son usine d'éthanol. Elle a été inaugurée la semaine dernière à Varennes sous le regard attendri de Chuck Strahl, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada et ministre de la Commission canadienne du blé.
Au Canada comme aux États-unis, l'éthanol bénéficie des bonnes grâces des politiciens, car il est présenté comme un carburant vert et la solution aux changements climatiques en plus de faire office de substitut éventuel au pétrole. Ottawa a d'ailleurs adopté une réglementation qui impose une concentration de 5% d'éthanol dans l'essence.
Développer des sources alternatives d'énergie et offrir davantage de choix aux consommateurs ne peuvent qu'avantager notre société. Mais encore faut-il éviter de créer une industrie sur la base de mythes savamment entretenus!
On nous dit que l'éthanol va contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, la production de maïs, comme celle d'éthanol, est largement tributaire du pétrole. Il en faut pour fabriquer les fertilisants, conduire les tracteurs, construire les silos, transporter le maïs dans une usine de transformation et opérer cette usine.
Et comme il est impossible d'acheminer l'éthanol par pipeline, il faut ajouter à ce qui précède la consommation de pétrole et la pollution occasionnées par les camions chargés de son transport.
Autant de GES que l'essence
De nombreuses études ont montré que l'éthanol produit autant de gaz à effet de serre que l'essence lorsque l'on considère l'ensemble du cycle de vie de chacun de ces produits. Pire encore, une étude réalisée par un chercheur d'Environnement Canada, Greg Rideout, conclut qu'il n'existe aucune différence entre les émissions de GES produites lorsqu'on utilise un carburant contenant 10% d'éthanol par rapport au carburant ordinaire.
Comme la production d'éthanol coûte cher, la nouvelle usine de Varennes bénéficie d'une aide gouvernementale de 180 millions sur 10 ans. On dépenserait donc des sommes colossales sans pour autant réduire les émissions de GES! Nos politiciens ne voient-ils pas que l'éthanol n'est pas la panacée, mais bien une source de gaspillage? D'ailleurs est-il raisonnable d'octroyer une subvention de 180 millions à une usine qui n'a coûté que 100 millions à construire?!
Les partisans de l'éthanol oublient également d'envisager les effets de leurs bonnes intentions sur notre facture d'épicerie. La hausse de la demande d'éthanol fera très probablement grimper le prix du maïs. Comme le maïs est largement utilisé dans l'alimentation du bétail, le prix de la viande augmentera à son tour, à l'instar de tous les produits à base de maïs.
La facture aux consommateurs
En choisissant arbitrairement de favoriser la production d'éthanol, nos bureaucrates avantagent substantiellement les producteurs de maïs et refilent la facture aux contribuables et aux consommateurs. La production d'éthanol est une manne pour les agriculteurs, car elle arrive à une époque où les règlements de l'OMC relativement aux subventions agricoles se durcissent. D'ailleurs, les subventions à l'éthanol ne seraient-elles pas un moyen détourné d'aider les agriculteurs, et donc de gagner des votes, sans enfreindre les règlements de l'OMC? La question mérite d'être posée!
Il est légitime de chercher des substituts au pétrole, tout comme il est souhaitable de développer une énergie propre. Mais il est inadmissible de passer sous silence certaines informations fondamentales. Dans le but de se constituer un capital politique, nos élus offrent un merveilleux cadeau aux agriculteurs, mais tentent de nous faire croire qu'ils agissent dans notre intérêt et dans celui de l'environnement. Il y a quand même des limites!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
© 2007 IEDM |
Publié : jeu. juil. 05, 2007 6:45 am
par .anthurium.
Sicko ou Wacko?
Le Journal de Montréal, p. 24 / Nathalie Elgrably, 05 juillet 2007
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Le nouveau film de Michael Moore, Sicko, a provoqué une véritable frénésie médiatique. La plupart des commentateurs s'entendent pour dire que Moore emprunte sans scrupules des raccourcis malhonnêtes et manipule la réalité. Néanmoins, comme des perroquets savants, ces mêmes commentateurs répètent aveuglément les demi-vérités et les amalgames démagogiques que leur présente le pamphlétaire.
Le documentaire laisse sous entendre que les soins de santé sont dispensés exclusivement par le secteur privé. Or, si les hôpitaux privés sont majoritaires, les Etats-Unis disposent néanmoins d'un système public d'assurance maladie: il existe le Medicare (pour les personnes âgées), le Medicaid (pour les pauvres), des hôpitaux publics pour les non assurés et des programmes pour les anciens combattants et les fonctionnaires. Au total, le pays de l'Oncle Sam dépense aujourd'hui autant en santé (environ 9% du PIB) que le Canada, la Grande-Bretagne ou la France. Admettons que ce n'est pas si mal pour un pays «dominé» par le secteur privé!
Évidemment, Moore souligne que 45 millions d'Américains, soit 15% de la population, n'ont pas d'assurance. Bien des gens se plaisent à invoquer cette statistique comme symbole ultime de l'échec américain. De toute évidence, ils ignorent que:
1) parmi ces gens, plus du quart sont sans assurance pour une période inférieure à un an;
2) 15 millions de personnes sont éligibles au Medicaid ou au Medicare, mais n'en font pas la demande;
3) quelque 17% des non assurés ont un revenu familial de 75 000 $US ou plus;
4) une grande proportion des non-assurés sont des jeunes qui ont les moyens de se payer une assurance privée, mais qui choisissent de s'en passer. Les non-assurés sont donc clairement surestimés, mais il ne faut pas compter sur un cinéaste à sensation pour nous dire la vérité!
Marché réglementé
Sicko attribue les ratés du système de santé aux compagnies d'assurance sans foi ni loi qui font régner un «capitalisme sauvage». Or, le marché américain de la santé est très réglementé. Les États, tout comme le gouvernement fédéral, ont établi une multitude de normes dans le domaine de l'assurance, ce qui limite la concurrence par les prix. Des réglementations précisent notamment les procédures médicales qu'une police doit couvrir, ainsi que la gestion et le financement des établissements de santé. Le marché des assurances médicales n'est donc pas libre, et il faut peut-être se demander si ce ne sont pas toutes les contraintes qu'on impose aux compagnies qui les incitent à adopter des comportements aussi aberrants que répréhensibles.
Le cinéaste manipulateur redouble d'efforts pour présenter les cauchemars que certaines compagnies d'assurance imposent à leurs clients. Mais il oublie délibérément de relater les histoires d'horreur que les systèmes publics comme le nôtre imposent aux patients. Approuverait-il que des malades meurent sur des listes d'attente ou dans le stationnement d'un hôpital?
Que les compagnies d'assurance américaines se rendent coupables de gestes condamnables doit faire réfléchir aux moyens qui les inciteraient à améliorer leurs comportements. Mais ce n'est certainement pas un motif pour faire la promotion de systèmes publics meurtriers. Le système de santé américain exige d'être rénové, certes, mais en quoi un pamphlet mensonger peut-il alimenter un débat sain et constructif?
S'il souhaitait sincèrement améliorer le système de santé américain, Moore s'efforcerait de dresser un bilan fidèle de la réalité. Mais l'honnêteté intellectuelle importe peu à celui qui encaisse des millions en faisant la promotion de la gratuité!
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
Nathalie Elgrably est économiste à l'Institut économique de Montréal et auteure du livre La face cachée des politiques publiques.
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Publié : jeu. juil. 05, 2007 9:59 am
par Beppo
J'aimerais que la dame analyse mon cas. J'ai une vieille tante qui habitait la Floride et qui, dû à son âge avancé, a été placé dans un centre d'hébergement de soins longue durée. Pour les six mois de son séjour, ça lui a coûté 55 000 $US. Lors de son décès, ma tante, n'ayant plus un sou, ses deux soeurs ont dû payer pour la faire enterrer. Elles ont dû débourser chacune un montant de 1 500$ US. Le tout s'est déroulé le 23 août 2003.
Ici, au Canada, vit sa soeur qui est revenu au pays depuis 1991 après avoir passé 60 ans aux USA. Cette tante qui a conservé sa double nationalité jouit de tous les privilèges dévolus aux Canadiens sans y avoir contribué le moindrement. Elle bénéficie même de la pension de vieillesse canadienne en plus évidemment de la pension américaine. Inutile de vous souligner qu'elle profite des soins de santé gratuits comme tout bon québécois. Elle est actuellement dans un centre d'hébergement de soins longue durée pour la modique somme de 1303,80$/mois que j'acquitte pour elle le premier du mois.
Au mois de mai, son fils adoptif ( un citoyen américain vivant en Caroline du Nord ) est venu la visiter pour la première fois depuis son retour au Canada. Il a été agréablement surpris des soins que sa mère « adoptive » recevait et de la mensualité que nous devions verser pour tous ces bons soins. Il me faisait part que sa belle-mère résidait aussi dans un centre d'hébergement de soins longue durée aux USA et que le coût était de 2 000$ US/semaine.
J'en étais estomaqué mais j'ai compris pourquoi mon autre tante a dû payer 55 000$ pour des soins qui se sont prolongés de janvier à août 2003.
Je ne sais pas si Moore est si dans le champ que ça... --Message edité par Beppo le 2007-07-05 16:00:12--