Publié : lun. nov. 17, 2008 5:24 am
Publié le 17 novembre 2008 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Un chercheur propose d'abolir les centres d'accueil pour délinquants Selon une nouvelle étude, un adolescent placé dans un établissement pour délinquants présente un risque 38 fois plus élevé de se retrouver plus tard avec un casier judiciaire.
Photothèque Le Soleil
Guy Benjamin
Le Soleil
(Québec) Abolissons les centres d'accueil pour jeunes délinquants, suggère un chercheur. La société ne rend pas service aux jeunes, dit-il, et elle ne se rend pas service en regroupant des jeunes dans un contexte d'entraînement à la déviance.
La position de Frank Vitaro ne fera certainement pas l'unanimité. Le professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, et membre du groupe de recherche sur l'inadaptation chez l'enfant, vient de publier avec deux collègues une étude selon laquelle plus un jeune est sanctionné sévèrement par le Tribunal de la jeunesse, plus il risque de se retrouver avec un casier judiciaire chez les adultes.La recherche porte sur 779 jeunes Québécois francophones fréquentant une garderie en 1984, jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de 25 ans. De ces 779 jeunes, 113 avaient eu affaire à la justice entre 12 et 17 ans.
Pour obtenir un haut taux de possibilités de comportement déviant, les jeunes participant à l'étude ont été sélectionnés dans 53 écoles des quartiers défavorisés de Montréal.
L'adolescent placé dans un établissement pour délinquants présente un risque 38 fois plus élevé de se retrouver plus tard avec un casier judiciaire. Par contre, chez un jeune qui reçoit une peine plus légère, comme des travaux communautaires, le risque se situe à 2,3 fois comparé à celui qui a évité les mesures judiciaires.
Le professeur constate que le Québec est la province où la judiciarisation des crimes chez les jeunes est la moins élevée. Il propose d'aller encore plus loin en ce sens.
Effet d'entraînement
Le chercheur ne veut surtout pas s'en prendre aux éducateurs qui oeuvrent dans les centres d'accueil «et qui ont les meilleures intentions du monde». Mais dans un centre pour jeunes délinquants, l'entraînement à la déviance va de loin être supérieur à tout ce que les éducateurs peuvent faire comme action de rééducation ou thérapeutique, de dire M. Vitaro.
Quand quelqu'un te place en centre d'accueil, c'est qu'il pense que tu es très mauvais, de dire le professeur. «Tu finis toi-même par penser que tu es très mauvais, ça crée une image très négative de toi-même, et ça te décourage pour ta réhabilitation.»
Plutôt des familles d'accueil
La solution passe par les familles d'accueil, selon le chercheur. Sa stratégie est de placer un jeune délinquant dans une famille comptant d'autres enfants qui vont être des sources de socialisation positive.
Denrées rares, les familles d'accueil, reconnaît le professeur. Sauf si les familles sont bien rémunérées et soutenues en y transférant l'argent consacré aux centres d'accueil.
L'idée du professeur est d'exposer les jeunes délinquants à des sources de socialisation positive provenant d'autres jeunes. Pas des adultes.
Parce que les adultes, aux yeux d'un jeune délinquant, ce sont des ennemis, en commençant par les parents, les enseignants, les policiers et le juge, analyse le professeur.
D'autres jeunes, voilà la source d'influence la plus positive. Pourquoi ne pas payer des jeunes, ou des groupes de jeunes, pour qu'ils intègrent un délinquant dans leur équipe sportive ou dans leur groupe de musique? suggère M. Vitaro.
Mais encore mieux serait d'accentuer les programmes de prévention par le dépistage précoce des jeunes ayant des prédispositions à la délinquance. Selon le professeur, des programmes de prévention peuvent réduire de moitié la criminalité chez les jeunes.
Un chercheur propose d'abolir les centres d'accueil pour délinquants Selon une nouvelle étude, un adolescent placé dans un établissement pour délinquants présente un risque 38 fois plus élevé de se retrouver plus tard avec un casier judiciaire.
Photothèque Le Soleil
Guy Benjamin
Le Soleil
(Québec) Abolissons les centres d'accueil pour jeunes délinquants, suggère un chercheur. La société ne rend pas service aux jeunes, dit-il, et elle ne se rend pas service en regroupant des jeunes dans un contexte d'entraînement à la déviance.
La position de Frank Vitaro ne fera certainement pas l'unanimité. Le professeur à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal, et membre du groupe de recherche sur l'inadaptation chez l'enfant, vient de publier avec deux collègues une étude selon laquelle plus un jeune est sanctionné sévèrement par le Tribunal de la jeunesse, plus il risque de se retrouver avec un casier judiciaire chez les adultes.La recherche porte sur 779 jeunes Québécois francophones fréquentant une garderie en 1984, jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de 25 ans. De ces 779 jeunes, 113 avaient eu affaire à la justice entre 12 et 17 ans.
Pour obtenir un haut taux de possibilités de comportement déviant, les jeunes participant à l'étude ont été sélectionnés dans 53 écoles des quartiers défavorisés de Montréal.
L'adolescent placé dans un établissement pour délinquants présente un risque 38 fois plus élevé de se retrouver plus tard avec un casier judiciaire. Par contre, chez un jeune qui reçoit une peine plus légère, comme des travaux communautaires, le risque se situe à 2,3 fois comparé à celui qui a évité les mesures judiciaires.
Le professeur constate que le Québec est la province où la judiciarisation des crimes chez les jeunes est la moins élevée. Il propose d'aller encore plus loin en ce sens.
Effet d'entraînement
Le chercheur ne veut surtout pas s'en prendre aux éducateurs qui oeuvrent dans les centres d'accueil «et qui ont les meilleures intentions du monde». Mais dans un centre pour jeunes délinquants, l'entraînement à la déviance va de loin être supérieur à tout ce que les éducateurs peuvent faire comme action de rééducation ou thérapeutique, de dire M. Vitaro.
Quand quelqu'un te place en centre d'accueil, c'est qu'il pense que tu es très mauvais, de dire le professeur. «Tu finis toi-même par penser que tu es très mauvais, ça crée une image très négative de toi-même, et ça te décourage pour ta réhabilitation.»
Plutôt des familles d'accueil
La solution passe par les familles d'accueil, selon le chercheur. Sa stratégie est de placer un jeune délinquant dans une famille comptant d'autres enfants qui vont être des sources de socialisation positive.
Denrées rares, les familles d'accueil, reconnaît le professeur. Sauf si les familles sont bien rémunérées et soutenues en y transférant l'argent consacré aux centres d'accueil.
L'idée du professeur est d'exposer les jeunes délinquants à des sources de socialisation positive provenant d'autres jeunes. Pas des adultes.
Parce que les adultes, aux yeux d'un jeune délinquant, ce sont des ennemis, en commençant par les parents, les enseignants, les policiers et le juge, analyse le professeur.
D'autres jeunes, voilà la source d'influence la plus positive. Pourquoi ne pas payer des jeunes, ou des groupes de jeunes, pour qu'ils intègrent un délinquant dans leur équipe sportive ou dans leur groupe de musique? suggère M. Vitaro.
Mais encore mieux serait d'accentuer les programmes de prévention par le dépistage précoce des jeunes ayant des prédispositions à la délinquance. Selon le professeur, des programmes de prévention peuvent réduire de moitié la criminalité chez les jeunes.