Publié : sam. sept. 27, 2008 12:49 am
Bolduc affronte Madame implication (le devoir)
Le PLQ est favori pour remporter le comté de Jean-Talon
Québec -- C'est lundi qu'on saura si le Dr Yves Bolduc réussira à se faire élire député de la circonscrïption de Jean-Talon et ainsi rester titulaire du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le ministre affronte la péquiste Françoise Mercure, la femme de bien des causes à Québec, «la meilleure candidate à se présenter dans la région de Québec depuis 1994», selon Agnès Maltais. Quant à l'Action démocratique du Québec, le parti présente un candidat qui rehausserait la qualité moyenne de la députation adéquiste si d'aventure il était élu, Martin Briand, un jeune chercheur en médecine qui est actuellement conseiller du parti en matière de santé.
Yves Bolduc respire la confiance. «Je trouve que ça va très, très bien», confie au Devoir le ministre qui a remplacé Philippe Couillard à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux le 25 juin dernier. On se rappellera qu'en 2007, Yves Bolduc s'est présenté dans Lac-Saint-Jean sous la bannière libérale pour perdre de façon nette, par 5500 voix.
Yves Bolduc a tout de même fait campagne assez intensivement et de façon classique, en faisant du porte-à-porte et en se pointant dans les centres commerciaux et les restaurants sans oublier de nombreuses visites dans les foyers de personnes âgées.
Jean-Talon est une circonscrïption huppée de Québec qui englobe Sillery, une partie de Sainte-Foy et l'Université Laval ainsi que le quartier bourgeois de Montcalm. Le revenu médian de sa population dépasse largement la moyenne au Québec (31 200 $ contre
24 400 $) et près de 20 % de ses habitants gagnent
60 000 $ et plus par année, contre 11,4 % pour le Québec.
Non sans une certaine délectation, Yves Bolduc souligne le grand nombre de personnes âgées qui habitent
Voir page A 12: Bolduc
Jean-Talon, soit 23 % de sa population selon le recensement 2006, contre 13,5 % pour l'ensemble du Québec. Les personnes âgées ont tendance à voter libéral et ils se rendent voter en grand nombre, même lors des élections partielles.
Depuis que la circonscrïption a sa configuration actuelle, soit les années 60, Jean-Talon a toujours été libéral. À deux reprises toutefois, en 1994 et en 1998, le PQ est passé à un cheveu de remporter la victoire. En 2007, Philippe Couillard a été élu avec 42 % des votes tandis que le PQ en récoltait 30 %, et l'ADQ, près de 19 %. On le voit: c'est un comté qui s'est montré imperméable à la vague adéquiste qui a déferlé sur la région de Québec.
Françoise Mercure représente la candidate idéale au PQ. «Madame implication» l'appelle-t-on à Québec. Avocate de 51 ans, Mme Mercure est devenue en 2001 la première femme à occuper la présidence de la Chambre de commerce de Québec. De 2005 à mai 2008, elle présidait l'Office du tourisme du Québec. Elle a multiplié les présences à divers conseils d'administration (Parc technologique du Québec métropolitain, YMCA, Maison Michel-Sarrazin, etc). En janvier dernier, le maire de Québec, Régis Labeaume, a fait appel à elle pour présider le groupe de travail sur la gouvernance municipale qui a conduit à la diminution du nombre de conseillers municipaux.
La fausse modestie, ce n'est pas dans la manière de Françoise Mercure. «J'ai montré beaucoup de leadership. C'est ma force dans la région», affirme-t-elle au Devoir. Elle se fait forte d'avoir mis sur pied le Groupe pour l'amélioration des liaisons aériennes à Québec. «On a maintenant des vols Paris-Québec à l'année longue. C'est beaucoup grâce à moi.»
Le slogan de sa campagne est laconique: «Ici», lit-on sur ses pancartes. Elle croit que si Yves Bolduc, comme le parachuté qu'il est, s'était présenté candidat dans Jean-Talon sans être ministre, il n'aurait pas fait le poids. Ses réalisations dans la région ne se comparent en rien aux siennes, soutient la protagoniste.
La stratégie du PQ consiste à s'appuyer sur un bloc d'irréductibles d'environ 30 % de l'électorat et de les inciter à se présenter aux urnes en grand nombre lundi. Mais le défi est de taille: les libéraux jouissent aussi d'une excellente organisation. De même, un sondage interne du PQ, réalisé la semaine dernière, montre qu'Yves Bolduc recueille près de 50 % des intentions de vote, contre 30 % pour Mme Mercure et 20 % pour le candidat adéquiste, Martin Briand.
Martin Briand est un parangon de partisan adéquiste. Âgé de 36 ans, ce père de quatre jeunes enfants termine son doctorat en médecine expérimentale tout en étant conseiller de l'opposition officielle depuis 2007. Il est voté adéquiste pour la première fois en 1998, galvanisé par le discours de Mario Dumont sur le lourd héritage que le Québec laissera aux générations futures. Il s'est engagé activement dans le parti en 2004 avec Sylvain Légaré, le député de Vanier. Martin Briand ne se fait guère d'illusions sur l'issue du vote de lundi. «Si ce n'est pas cette fois-ci, ce sera une autre fois», prédit-il. Novice, le candidat montre de belles aptitudes pour la politique à laquelle il entend se consacrer. Martin Briand peut être cinglant, surtout quand il est question de Mme Mercure, qui semble sa cible favorite. «Le lien Québec-Paris, allez dire que c'est important à quelqu'un qui est dans un lit à l'urgence. Ce n'est pas ça, la politique.»
Comme dans toutes élections partielles, les enjeux locaux ou régionaux ont monopolisé la campagne. Si Yves Bolduc a parlé de santé, c'est pour promettre aux personnes âgées des soins à domicile. Françoise Mercure n'a guère pérorer sur l'enjeu de la souveraineté. De fait, tous les candidats cernent les mêmes enjeux locaux, à quelques nuances près, qui sont ceux d'une circonscrïption bien nantie. On veut des infrastructures sportives, comme le PEPS de l'Université Laval, qui a déjà été annoncé à trois reprises, comme l'anneau de glace Gaétan-Boucher, qu'on souhaite voir doté d'un toit, ou encore un gazon synthétique pour le collège Garneau. On envisage de faire un parc linéaire à Sillery avec les terrains qui appartiennent aux communautés religieuses, sans toutefois compromettre le développement immobilier. Inaugurée pour le 400e anniversaire de la fondation de Québec, la promenade Samuel-de-Champlain pourrait être prolongée vers l'ouest pour rejoindre la plage Jacques-Cartier à Sainte-Foy. Les candidats ont aussi parlé d'économie du savoir, un «branding» dont Québec s'affuble.
Le PLQ est favori pour remporter le comté de Jean-Talon
Québec -- C'est lundi qu'on saura si le Dr Yves Bolduc réussira à se faire élire député de la circonscrïption de Jean-Talon et ainsi rester titulaire du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le ministre affronte la péquiste Françoise Mercure, la femme de bien des causes à Québec, «la meilleure candidate à se présenter dans la région de Québec depuis 1994», selon Agnès Maltais. Quant à l'Action démocratique du Québec, le parti présente un candidat qui rehausserait la qualité moyenne de la députation adéquiste si d'aventure il était élu, Martin Briand, un jeune chercheur en médecine qui est actuellement conseiller du parti en matière de santé.
Yves Bolduc respire la confiance. «Je trouve que ça va très, très bien», confie au Devoir le ministre qui a remplacé Philippe Couillard à la tête du ministère de la Santé et des Services sociaux le 25 juin dernier. On se rappellera qu'en 2007, Yves Bolduc s'est présenté dans Lac-Saint-Jean sous la bannière libérale pour perdre de façon nette, par 5500 voix.
Yves Bolduc a tout de même fait campagne assez intensivement et de façon classique, en faisant du porte-à-porte et en se pointant dans les centres commerciaux et les restaurants sans oublier de nombreuses visites dans les foyers de personnes âgées.
Jean-Talon est une circonscrïption huppée de Québec qui englobe Sillery, une partie de Sainte-Foy et l'Université Laval ainsi que le quartier bourgeois de Montcalm. Le revenu médian de sa population dépasse largement la moyenne au Québec (31 200 $ contre
24 400 $) et près de 20 % de ses habitants gagnent
60 000 $ et plus par année, contre 11,4 % pour le Québec.
Non sans une certaine délectation, Yves Bolduc souligne le grand nombre de personnes âgées qui habitent
Voir page A 12: Bolduc
Jean-Talon, soit 23 % de sa population selon le recensement 2006, contre 13,5 % pour l'ensemble du Québec. Les personnes âgées ont tendance à voter libéral et ils se rendent voter en grand nombre, même lors des élections partielles.
Depuis que la circonscrïption a sa configuration actuelle, soit les années 60, Jean-Talon a toujours été libéral. À deux reprises toutefois, en 1994 et en 1998, le PQ est passé à un cheveu de remporter la victoire. En 2007, Philippe Couillard a été élu avec 42 % des votes tandis que le PQ en récoltait 30 %, et l'ADQ, près de 19 %. On le voit: c'est un comté qui s'est montré imperméable à la vague adéquiste qui a déferlé sur la région de Québec.
Françoise Mercure représente la candidate idéale au PQ. «Madame implication» l'appelle-t-on à Québec. Avocate de 51 ans, Mme Mercure est devenue en 2001 la première femme à occuper la présidence de la Chambre de commerce de Québec. De 2005 à mai 2008, elle présidait l'Office du tourisme du Québec. Elle a multiplié les présences à divers conseils d'administration (Parc technologique du Québec métropolitain, YMCA, Maison Michel-Sarrazin, etc). En janvier dernier, le maire de Québec, Régis Labeaume, a fait appel à elle pour présider le groupe de travail sur la gouvernance municipale qui a conduit à la diminution du nombre de conseillers municipaux.
La fausse modestie, ce n'est pas dans la manière de Françoise Mercure. «J'ai montré beaucoup de leadership. C'est ma force dans la région», affirme-t-elle au Devoir. Elle se fait forte d'avoir mis sur pied le Groupe pour l'amélioration des liaisons aériennes à Québec. «On a maintenant des vols Paris-Québec à l'année longue. C'est beaucoup grâce à moi.»
Le slogan de sa campagne est laconique: «Ici», lit-on sur ses pancartes. Elle croit que si Yves Bolduc, comme le parachuté qu'il est, s'était présenté candidat dans Jean-Talon sans être ministre, il n'aurait pas fait le poids. Ses réalisations dans la région ne se comparent en rien aux siennes, soutient la protagoniste.
La stratégie du PQ consiste à s'appuyer sur un bloc d'irréductibles d'environ 30 % de l'électorat et de les inciter à se présenter aux urnes en grand nombre lundi. Mais le défi est de taille: les libéraux jouissent aussi d'une excellente organisation. De même, un sondage interne du PQ, réalisé la semaine dernière, montre qu'Yves Bolduc recueille près de 50 % des intentions de vote, contre 30 % pour Mme Mercure et 20 % pour le candidat adéquiste, Martin Briand.
Martin Briand est un parangon de partisan adéquiste. Âgé de 36 ans, ce père de quatre jeunes enfants termine son doctorat en médecine expérimentale tout en étant conseiller de l'opposition officielle depuis 2007. Il est voté adéquiste pour la première fois en 1998, galvanisé par le discours de Mario Dumont sur le lourd héritage que le Québec laissera aux générations futures. Il s'est engagé activement dans le parti en 2004 avec Sylvain Légaré, le député de Vanier. Martin Briand ne se fait guère d'illusions sur l'issue du vote de lundi. «Si ce n'est pas cette fois-ci, ce sera une autre fois», prédit-il. Novice, le candidat montre de belles aptitudes pour la politique à laquelle il entend se consacrer. Martin Briand peut être cinglant, surtout quand il est question de Mme Mercure, qui semble sa cible favorite. «Le lien Québec-Paris, allez dire que c'est important à quelqu'un qui est dans un lit à l'urgence. Ce n'est pas ça, la politique.»
Comme dans toutes élections partielles, les enjeux locaux ou régionaux ont monopolisé la campagne. Si Yves Bolduc a parlé de santé, c'est pour promettre aux personnes âgées des soins à domicile. Françoise Mercure n'a guère pérorer sur l'enjeu de la souveraineté. De fait, tous les candidats cernent les mêmes enjeux locaux, à quelques nuances près, qui sont ceux d'une circonscrïption bien nantie. On veut des infrastructures sportives, comme le PEPS de l'Université Laval, qui a déjà été annoncé à trois reprises, comme l'anneau de glace Gaétan-Boucher, qu'on souhaite voir doté d'un toit, ou encore un gazon synthétique pour le collège Garneau. On envisage de faire un parc linéaire à Sillery avec les terrains qui appartiennent aux communautés religieuses, sans toutefois compromettre le développement immobilier. Inaugurée pour le 400e anniversaire de la fondation de Québec, la promenade Samuel-de-Champlain pourrait être prolongée vers l'ouest pour rejoindre la plage Jacques-Cartier à Sainte-Foy. Les candidats ont aussi parlé d'économie du savoir, un «branding» dont Québec s'affuble.