Publié : lun. juin 02, 2008 5:07 am
Le samedi 31 mai 2008
GILBERT LAVOIE: L'instantané et les nouvelles jetables
Le Soleil
Québec
Jamais, la transmission de l’information n’aura été aussi rapide qu’elle ne l’est actuellement. Nous vivons dans le monde de l’information instantanée, mais également de la nouvelle jetable. Nous avons accès à ce qui se passe partout sur la planète dans un délai qui se compte en minutes, parfois même en secondes. En théorie, nous sommes mieux informés. En pratique, la multiplicité des médias fait que nous surconsommons l’information à un tel rythme que nous n’avons plus le temps d’en faire une véritable analyse. Il y a moins d’un mois, c’est le congédiement de Bruno Fortier de la délégation du Québec à New York qui faisait les manchettes. Vous avez déjà oublié? C’est normal. Ce qui nous passionne aujourd’hui tombera dans l’oubli le plus complet demain ou après-demain.
La semaine dernière, c’est le rapport de la commission Bouchard-Taylor qui faisait parler. Pas tellement en raison de son contenu, mais à cause du biais que lui avait donné The Gazette qui y voyait surtout un appel à plus de bilinguisme et d’ouverture de la part de la majorité francophone au Québec. La durée de vie du rapport, dévoilé le jeudi, n’a été que de deux jours ou trois jours. Le décès tragique de Nancy Michaud et la démission Maxime Bernier ont rapidement pris la relève. Cette semaine, pendant que Mario Dumont et Pauline Marois tentaient de coincer Jean Charest avec des questions sur l’interculturalisme et le multiculturalisme, c’est la déroute de la relation amoureuse de l’ancien ministre Bernier avec Julie Couillard qui passionnait les gens. Est-ce la faute des médias? Peut-être, mais c’est également le fait de la société qui nous fait vivre, et qui carbure à 150 km/h autant dans le monde du travail que dans les sports, la culture et les loisirs.
La politique a peine à trouver son chemin dans un tel univers. Il faut dire que les politiciens n’aident pas leur cause. Dans le cas de Bouchard-Taylor, par exemple, les médias ont rapidement fait une indigestion des débats sur l’interculturalisme, la laïcité et la constitution que nous ont proposés l’ADQ et le PQ cette semaine. À cet égard, Françoise David de Québec solidaire a lancé un message fort à propos lundi matin. «Nous demandons aux partis politiques d’opposition présents à l’Assemblée nationale, de se concentrer sur les recommandations du rapport et d’exiger de M. Charest qu’il les mette en œuvre le plus vite possible, plutôt qu’encore une fois, déchirer leurs chemises sur les questions identitaires». Mme David a fait valoir qu’il est beaucoup plus urgent de travailler sur les propositions concrètes de ce rapport afin de renforcer nos capacités d’accueil et d’intégration des immigrants à la société québécoise.
Elle a raison. Un débat sur la rédaction d’une nouvelle Constitution au Québec pourrait durer deux ans et plus. Or, pendant qu’on se querelle sur les questions identitaires, les immigrants continuent d’arriver chez nous au rythme de 45 000 et bientôt 55 000 par année. C’est tout de suite qu’il faut agir pour aider ces gens à apprendre le français, et à se trouver un emploi. On a beau dire, par exemple, que la Ville de Québec devrait accueillir une plus grande part de l’immigration, encore faut-il trouver des emplois à ces gens, sans quoi ils reprendront vite la route vers Montréal, Toronto ou Calgary.
Françoise David a démontré, lundi, que si Québec solidaire n’a pas sa place à l’Assemblée nationale, le parti a sa place dans le débat public.
Dans un monde qui roule aussi rapidement, nos politiciens auraient intérêt à ne pas s’égarer dans des débats théoriques et à se concentrer sur des questions concrètes. Ils trouveraient peut-être une oreille plus attentive le moment venu de discuter de grands enjeux ou de soumettre leur vision d’avenir.
Le fond du baril
À 14 % dans les sondages d’opinion, Mario Dumont et l’ADQ ont vraiment atteint le fond du baril. S’il devait obtenir un tel résultat aux prochaines élections, M. Dumont serait chanceux de conserver son siège et se retrouverait à nouveau seul à l’Assemblée nationale, comme «dans le bon vieux temps». Un tel scénario amènerait sans doute le chef de l’ADQ à quitter la politique, ce qui annoncerait la disparition de son parti. Mais attention aux conclusions hâtives! La politique est un sport extrême trop imprévisible pour prédire un tel dénouement. D’une part, il ne peut y avoir d’élections avant l’automne. D’autre part, il est toujours risqué de déclencher des élections en position de tête dans les sondages, pour voir ensuite son appui prendre une pente descendante pendant la campagne. Et finalement, à la vitesse à laquelle l’actualité change d’humeur de nos jours, même les astrologues ne se hasarderaient pas à prédire l’avenir. Le CROP de cette semaine ne constitue donc qu’un avertissement de plus à l’endroit de Mario Dumont. Un avertissement sévère.
GILBERT LAVOIE: L'instantané et les nouvelles jetables
Le Soleil
Québec
Jamais, la transmission de l’information n’aura été aussi rapide qu’elle ne l’est actuellement. Nous vivons dans le monde de l’information instantanée, mais également de la nouvelle jetable. Nous avons accès à ce qui se passe partout sur la planète dans un délai qui se compte en minutes, parfois même en secondes. En théorie, nous sommes mieux informés. En pratique, la multiplicité des médias fait que nous surconsommons l’information à un tel rythme que nous n’avons plus le temps d’en faire une véritable analyse. Il y a moins d’un mois, c’est le congédiement de Bruno Fortier de la délégation du Québec à New York qui faisait les manchettes. Vous avez déjà oublié? C’est normal. Ce qui nous passionne aujourd’hui tombera dans l’oubli le plus complet demain ou après-demain.
La semaine dernière, c’est le rapport de la commission Bouchard-Taylor qui faisait parler. Pas tellement en raison de son contenu, mais à cause du biais que lui avait donné The Gazette qui y voyait surtout un appel à plus de bilinguisme et d’ouverture de la part de la majorité francophone au Québec. La durée de vie du rapport, dévoilé le jeudi, n’a été que de deux jours ou trois jours. Le décès tragique de Nancy Michaud et la démission Maxime Bernier ont rapidement pris la relève. Cette semaine, pendant que Mario Dumont et Pauline Marois tentaient de coincer Jean Charest avec des questions sur l’interculturalisme et le multiculturalisme, c’est la déroute de la relation amoureuse de l’ancien ministre Bernier avec Julie Couillard qui passionnait les gens. Est-ce la faute des médias? Peut-être, mais c’est également le fait de la société qui nous fait vivre, et qui carbure à 150 km/h autant dans le monde du travail que dans les sports, la culture et les loisirs.
La politique a peine à trouver son chemin dans un tel univers. Il faut dire que les politiciens n’aident pas leur cause. Dans le cas de Bouchard-Taylor, par exemple, les médias ont rapidement fait une indigestion des débats sur l’interculturalisme, la laïcité et la constitution que nous ont proposés l’ADQ et le PQ cette semaine. À cet égard, Françoise David de Québec solidaire a lancé un message fort à propos lundi matin. «Nous demandons aux partis politiques d’opposition présents à l’Assemblée nationale, de se concentrer sur les recommandations du rapport et d’exiger de M. Charest qu’il les mette en œuvre le plus vite possible, plutôt qu’encore une fois, déchirer leurs chemises sur les questions identitaires». Mme David a fait valoir qu’il est beaucoup plus urgent de travailler sur les propositions concrètes de ce rapport afin de renforcer nos capacités d’accueil et d’intégration des immigrants à la société québécoise.
Elle a raison. Un débat sur la rédaction d’une nouvelle Constitution au Québec pourrait durer deux ans et plus. Or, pendant qu’on se querelle sur les questions identitaires, les immigrants continuent d’arriver chez nous au rythme de 45 000 et bientôt 55 000 par année. C’est tout de suite qu’il faut agir pour aider ces gens à apprendre le français, et à se trouver un emploi. On a beau dire, par exemple, que la Ville de Québec devrait accueillir une plus grande part de l’immigration, encore faut-il trouver des emplois à ces gens, sans quoi ils reprendront vite la route vers Montréal, Toronto ou Calgary.
Françoise David a démontré, lundi, que si Québec solidaire n’a pas sa place à l’Assemblée nationale, le parti a sa place dans le débat public.
Dans un monde qui roule aussi rapidement, nos politiciens auraient intérêt à ne pas s’égarer dans des débats théoriques et à se concentrer sur des questions concrètes. Ils trouveraient peut-être une oreille plus attentive le moment venu de discuter de grands enjeux ou de soumettre leur vision d’avenir.
Le fond du baril
À 14 % dans les sondages d’opinion, Mario Dumont et l’ADQ ont vraiment atteint le fond du baril. S’il devait obtenir un tel résultat aux prochaines élections, M. Dumont serait chanceux de conserver son siège et se retrouverait à nouveau seul à l’Assemblée nationale, comme «dans le bon vieux temps». Un tel scénario amènerait sans doute le chef de l’ADQ à quitter la politique, ce qui annoncerait la disparition de son parti. Mais attention aux conclusions hâtives! La politique est un sport extrême trop imprévisible pour prédire un tel dénouement. D’une part, il ne peut y avoir d’élections avant l’automne. D’autre part, il est toujours risqué de déclencher des élections en position de tête dans les sondages, pour voir ensuite son appui prendre une pente descendante pendant la campagne. Et finalement, à la vitesse à laquelle l’actualité change d’humeur de nos jours, même les astrologues ne se hasarderaient pas à prédire l’avenir. Le CROP de cette semaine ne constitue donc qu’un avertissement de plus à l’endroit de Mario Dumont. Un avertissement sévère.