Publié : mer. mai 21, 2008 8:17 am
La faute aux guichets Opinion dans Cyberpresse du 21 mai
Cette photo du présumé assassin de Nancy Michaud a été prise par la caméra de surveillance de la caisse populaire de Rivière-Ouelle, dans la nuit de jeudi à vendredi, la semaine dernière. Les institutions bancaires, estime Serge L. Coulombe, ont mis en place un système qui permet aux banques de faire des sous 24 heures sur 24, mais qui met en péril la sécurité des épargnants.
Photo PC
Serge L. Coulombe
L'auteur est un avocat montréalais.
L'affaire Nancy Michaud est le fait d'un petit délinquant en manque d'argent. C'est l'histoire de tous les braquages à domicile. Rien de nouveau. Que peut-on faire pour changer cela et redonner à nos domiciles la sécurité ultime à laquelle ils ont droit?
Simple, très simple: forcer les banques à fermer leurs guichets automatiques dans tout le pays entre 21h et 9h, à moins qu'il s'y trouve un gardien. Pas de guichet automatique ouvert la nuit sauf avec surveillance physique sur place. Pas d'argent disponible la nuit. Ainsi, nous dormirons tous au lieu de passer la nuit dans la fenêtre à surveiller qui nous espionne pour nous braquer!
Avec les dépôts des épargnes des contribuables dans les banques, les vols à domicile ont perdu beaucoup d'intérêt il y 50 ans. Les banques offraient une sécurité de placement, une sécurité de garde des avoirs et un revenu d'intérêt en plus. Le voleur devait se contenter des bijoux, d'une chaîne stéréo et d'un peu de liquide. Depuis une décennie, les banques ont versé de l'autre côté. Avec les cartes de crédit/débit est arrivé le kidnapping express la nuit et l'insécurité perpétuelle.
Aujourd'hui, grâce aux merveilles de l'accès permanent à nos fonds institué par les institutions bancaires, le voleur s'introduit la nuit dans les domiciles et contraint ses victimes à l'aide d'une arme de poing à l'accompagner à un guichet automatique isolé pour effectuer des retraits. Il se cache de la caméra et encaisse les sous. Si la victime par malheur le reconnaît, elle se met en sérieux danger.
Dans ce scénario, qui est le même partout sur la planète, le service au guichet de nuit reste la clé indispensable au voleur. Il a besoin de passer inaperçu et de procéder sans témoin et sans bruit. De ce fait, les institutions bancaires ont mis en place un système qui permet aux banques de faire des sous 24 heures sur 24, mais qui met en péril notre sécurité. Le détenteur d'une carte n'est plus protégé par sa banque. Personne pour lui dire «Bonjour Monsieur X. Que puis-je faire pour vous?» tout en repérant le délinquant. Aucun gardien au coin! Comment peut-il protéger un NIP si la vie de sa famille est en danger? Tout le bla-bla des banques sur la sécurité ne sert à rien. Durant le temps où la victime est kidnappée et que le voleur se sert, le banquier dort du sommeil du juste.
Qui a besoin d'argent la nuit?
À qui servent les guichets automatiques de nuit? Qui a besoin d'argent la nuit? Qui a besoin d'un litre de lait de toute urgence? Personne sauf quelques rares exceptions. Le drogué, oui. Celui qui veut des services sexuels, oui. Celui qui en a besoin pour le jeu, le casino ou pour rembourser son pusher qui presse à sa porte, oui. Et certes notre braqueur de domicile!
Ce faisant, les banques ne remplissent plus leur devoir de gardien des fonds de leurs clients. Ils les ont mis à la rue, là où c'est bon marché d'offrir le service qui rapporte jour et nuit. Indirectement, les banques se font les complices des voleurs en mettant l'argent de leurs clients à leur disposition dans un tel contexte. Même si les banques remboursent ces victimes de leurs pertes avec un grain de compassion, ce remboursement des sommes volées ne fera jamais disparaître le stress vécu, l'angoisse, les traumatismes psychologiques, la peur ou la mort des victimes.
Étrangement, personne ne veut voir le prix de nos gadgets modernes qui nous tuent sans merci. Le commun des mortels ne veut voir que l'aspect agréable d'avoir un accès permanent à son argent même quand il dort (à quoi ça lui sert?). Mais cet accès a un prix énorme, celui de notre sécurité en tant que collectivité, sacrifiée à l'autel de l'utilisation abusive d'un outil bancaire dont seules les banques bénéficient.
Cette photo du présumé assassin de Nancy Michaud a été prise par la caméra de surveillance de la caisse populaire de Rivière-Ouelle, dans la nuit de jeudi à vendredi, la semaine dernière. Les institutions bancaires, estime Serge L. Coulombe, ont mis en place un système qui permet aux banques de faire des sous 24 heures sur 24, mais qui met en péril la sécurité des épargnants.
Photo PC
Serge L. Coulombe
L'auteur est un avocat montréalais.
L'affaire Nancy Michaud est le fait d'un petit délinquant en manque d'argent. C'est l'histoire de tous les braquages à domicile. Rien de nouveau. Que peut-on faire pour changer cela et redonner à nos domiciles la sécurité ultime à laquelle ils ont droit?
Simple, très simple: forcer les banques à fermer leurs guichets automatiques dans tout le pays entre 21h et 9h, à moins qu'il s'y trouve un gardien. Pas de guichet automatique ouvert la nuit sauf avec surveillance physique sur place. Pas d'argent disponible la nuit. Ainsi, nous dormirons tous au lieu de passer la nuit dans la fenêtre à surveiller qui nous espionne pour nous braquer!
Avec les dépôts des épargnes des contribuables dans les banques, les vols à domicile ont perdu beaucoup d'intérêt il y 50 ans. Les banques offraient une sécurité de placement, une sécurité de garde des avoirs et un revenu d'intérêt en plus. Le voleur devait se contenter des bijoux, d'une chaîne stéréo et d'un peu de liquide. Depuis une décennie, les banques ont versé de l'autre côté. Avec les cartes de crédit/débit est arrivé le kidnapping express la nuit et l'insécurité perpétuelle.
Aujourd'hui, grâce aux merveilles de l'accès permanent à nos fonds institué par les institutions bancaires, le voleur s'introduit la nuit dans les domiciles et contraint ses victimes à l'aide d'une arme de poing à l'accompagner à un guichet automatique isolé pour effectuer des retraits. Il se cache de la caméra et encaisse les sous. Si la victime par malheur le reconnaît, elle se met en sérieux danger.
Dans ce scénario, qui est le même partout sur la planète, le service au guichet de nuit reste la clé indispensable au voleur. Il a besoin de passer inaperçu et de procéder sans témoin et sans bruit. De ce fait, les institutions bancaires ont mis en place un système qui permet aux banques de faire des sous 24 heures sur 24, mais qui met en péril notre sécurité. Le détenteur d'une carte n'est plus protégé par sa banque. Personne pour lui dire «Bonjour Monsieur X. Que puis-je faire pour vous?» tout en repérant le délinquant. Aucun gardien au coin! Comment peut-il protéger un NIP si la vie de sa famille est en danger? Tout le bla-bla des banques sur la sécurité ne sert à rien. Durant le temps où la victime est kidnappée et que le voleur se sert, le banquier dort du sommeil du juste.
Qui a besoin d'argent la nuit?
À qui servent les guichets automatiques de nuit? Qui a besoin d'argent la nuit? Qui a besoin d'un litre de lait de toute urgence? Personne sauf quelques rares exceptions. Le drogué, oui. Celui qui veut des services sexuels, oui. Celui qui en a besoin pour le jeu, le casino ou pour rembourser son pusher qui presse à sa porte, oui. Et certes notre braqueur de domicile!
Ce faisant, les banques ne remplissent plus leur devoir de gardien des fonds de leurs clients. Ils les ont mis à la rue, là où c'est bon marché d'offrir le service qui rapporte jour et nuit. Indirectement, les banques se font les complices des voleurs en mettant l'argent de leurs clients à leur disposition dans un tel contexte. Même si les banques remboursent ces victimes de leurs pertes avec un grain de compassion, ce remboursement des sommes volées ne fera jamais disparaître le stress vécu, l'angoisse, les traumatismes psychologiques, la peur ou la mort des victimes.
Étrangement, personne ne veut voir le prix de nos gadgets modernes qui nous tuent sans merci. Le commun des mortels ne veut voir que l'aspect agréable d'avoir un accès permanent à son argent même quand il dort (à quoi ça lui sert?). Mais cet accès a un prix énorme, celui de notre sécurité en tant que collectivité, sacrifiée à l'autel de l'utilisation abusive d'un outil bancaire dont seules les banques bénéficient.