Publié : jeu. mai 15, 2008 2:38 am
Le NPD dans les platebandes du Bloc
Joël-Denis Bellavance
La Presse
Ottawa
Le NPD fourbit ses armes sur un terrain acquis au Bloc québécois depuis des années et courtise sans gêne les grands syndicats du Québec comme la FTQ et la CSN. La première confrontation a eu lieu mardi soir à Montréal alors que chef du NPD, Jack Layton, et son lieutenant-politique au Québec, le député d’Outremont Thomas Mulcair, ont assisté au 25e anniversaire de la création du Fonds de solidarité de la FTQ, à Montréal.
L’objectif de cette visite des deux ténors du NPD visait à souligner l’anniversaire, mais aussi à rappeler aux dirigeants de ce syndicat que le NPD est un parti qui défend les intérêts des travailleurs syndiqués à Ottawa.
Plusieurs invités de marque étaient présents à cet événement, dont le premier ministre Jean Charest, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, le chef de l’ADQ, Mario Dumont, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
Plus tôt en journée, M. Layton avait préparé le terrain en évoquant à la Chambre des communes la bataille juridique que mènent la CSN et la FTQ jusqu’en Cour suprême du Canada sur l’utilisation des surplus de la caisse de l’assurance emploi. Les deux syndicats, qui plaidaient leur cause devant le plus haut tribunal du pays mardi, soutiennent que le gouvernement fédéral a détourné plus de 50 milliards de cette caisse au cours des 10 dernières années pour financer d’autres projets au lieu d’augmenter l’aide aux chômeurs du pays.
Durant la période de questions, M. Layton a pressé le gouvernement Harper de remettre cette somme colossale aux travailleurs qui ont perdu leur emploi.
Pour sa part, le chef bloquiste Gilles Duceppe a interrogé le gouvernement sur les fréquentations passées du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier.
Le Bloc québécois a toutefois posé une question sur la bataille juridique de la CSN et la FTQ sur la caisse de l’assurance emploi. Mais celle-ci, lancé par le député bloquiste Yves Lessard, est venue après celle du NPD et a été posée après que M. Duceppe, et les députés bloquistes Serge Ménard et Paul Crête eurent interrogé le gouvernement Harper sur d’autres sujets.
Platebandes
De toute évidence, le NPD souhaite jouer dans les platebandes du Bloc québécois au Québec. Au cours des 20 dernières années, le NPD a tenté d’obtenir l’appui des grands syndicats, mais il s’est toujours heurté au Bloc québécois, dirigé par Gilles Duceppe, ancien syndicaliste de la CSN, depuis 1997. Les stratèges du NPD croient que le vent est sur le point de tourner en leur faveur, grâce en bonne partie au travail de Jack Layton, et à l’arrivée de Thomas Mulcair.
Leur optimisme n’est pas sans fondement. Selon une étude menée l’an dernier par le sondeur Nick Nanos, l’un des mieux cotés au pays, près de 70 % des Québécois qui appuient le Bloc québécois auraient comme deuxième choix le NPD.
«Je suis allé chercher 67 % du vote du Bloc québécois aux élections partielles dans Outremont en septembre dernier. C’est presque exactement le score que disait Nick Nanos», a affirmé hier le député Thomas Mulcair.
Accueil chaleureux
M. Mulcair a affirmé que son chef et lui ont reçu un accueil chaleureux de la part des dirigeants de la FTQ. «Michel Arseneault, le nouveau président de la FTQ, tenait absolument à se faire photographier avec Jack et moi. On nous a dit que plusieurs membres étaient avec nous dans le passé, mais ils étaient las de perdre leurs élections. Mais maintenant les choses changent», a affirmé M. Mulcair.
Le député néo-démocrate a ajouté que le chef bloquiste Gilles Duceppe ne semblait pas très heureux de voir des néo-démocrates débarquer ainsi à Montréal.
Mais le Bloc québécois conteste cette version des faits. Karyne Duplessis-Piché, porte-parole du Bloc qui accompagnait M. Duceppe durant cette soirée, a affirmé que MM. Layton et Mulcair sont arrivés en retard à la soirée et sont repartis après 45 minutes.
«Ils n’étaient pas au cocktail des invités d’honneur. Ils sont arrivés très en retard. Donc, ils ont fait une entrée très discrète. Ils se tenaient plus près du chauffeur de M. Duceppe et de moi-même que des dignitaires. Ils sont partis rapidement après. Il y avait 400 ou 500 invités», a dit Mme Duplessis-Piché.
Elle a soutenu que ce serait «tirer par les cheveux» que de dire que la visite des deux hommes forts du NPD change la relation privilégiée qui existe entre le Bloc et les puissants syndicats du Québec.
En hausse
Chose certaine, depuis les dernières élections fédérales de janvier 2006, le NPD a vu ses appuis doubler au Québec. Au dernier scrutin, les troupes de Jack Layton ont obtenu 8,5% des voix au Québec. Selon le dernier sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse en avril, le NPD récolte maintenant 17 % des intentions de vote, à trois points des libéraux de Stéphane Dion, qui obtiennent 20 % des appuis.
Mieux encore, le NPD dépasse le Parti libéral dans les intentions de vote chez les francophones, facteur crucial dans l’analyse des sondages. En effet, le NPD obtient 18% des appuis des francophones tandis que le Parti libéral doit se contenter de seulement 13%. Enfin, Jack Layton a une cote d’affection indéniable auprès des Québécois lorsqu’on les interroge pour savoir qui ferait le meilleur premier ministre du Canada. Stephen Harper arrive bon premier dans cette catégorie avec 31% des personnes interrogées qui croient qu’il est le meilleur pour diriger le pays. Jack Layton arrive deuxième avec un score de 23% tandis que Stéphane Dion obtient un maigre score de 15%.
Le sondage en question a été réalisé du 17 au 27 avril auprès de 1000 personnes. La marge d’erreur du sondage est de 3 points de pourcentage, 19 fois sur 20.
Joël-Denis Bellavance
La Presse
Ottawa
Le NPD fourbit ses armes sur un terrain acquis au Bloc québécois depuis des années et courtise sans gêne les grands syndicats du Québec comme la FTQ et la CSN. La première confrontation a eu lieu mardi soir à Montréal alors que chef du NPD, Jack Layton, et son lieutenant-politique au Québec, le député d’Outremont Thomas Mulcair, ont assisté au 25e anniversaire de la création du Fonds de solidarité de la FTQ, à Montréal.
L’objectif de cette visite des deux ténors du NPD visait à souligner l’anniversaire, mais aussi à rappeler aux dirigeants de ce syndicat que le NPD est un parti qui défend les intérêts des travailleurs syndiqués à Ottawa.
Plusieurs invités de marque étaient présents à cet événement, dont le premier ministre Jean Charest, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, le chef de l’ADQ, Mario Dumont, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
Plus tôt en journée, M. Layton avait préparé le terrain en évoquant à la Chambre des communes la bataille juridique que mènent la CSN et la FTQ jusqu’en Cour suprême du Canada sur l’utilisation des surplus de la caisse de l’assurance emploi. Les deux syndicats, qui plaidaient leur cause devant le plus haut tribunal du pays mardi, soutiennent que le gouvernement fédéral a détourné plus de 50 milliards de cette caisse au cours des 10 dernières années pour financer d’autres projets au lieu d’augmenter l’aide aux chômeurs du pays.
Durant la période de questions, M. Layton a pressé le gouvernement Harper de remettre cette somme colossale aux travailleurs qui ont perdu leur emploi.
Pour sa part, le chef bloquiste Gilles Duceppe a interrogé le gouvernement sur les fréquentations passées du ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier.
Le Bloc québécois a toutefois posé une question sur la bataille juridique de la CSN et la FTQ sur la caisse de l’assurance emploi. Mais celle-ci, lancé par le député bloquiste Yves Lessard, est venue après celle du NPD et a été posée après que M. Duceppe, et les députés bloquistes Serge Ménard et Paul Crête eurent interrogé le gouvernement Harper sur d’autres sujets.
Platebandes
De toute évidence, le NPD souhaite jouer dans les platebandes du Bloc québécois au Québec. Au cours des 20 dernières années, le NPD a tenté d’obtenir l’appui des grands syndicats, mais il s’est toujours heurté au Bloc québécois, dirigé par Gilles Duceppe, ancien syndicaliste de la CSN, depuis 1997. Les stratèges du NPD croient que le vent est sur le point de tourner en leur faveur, grâce en bonne partie au travail de Jack Layton, et à l’arrivée de Thomas Mulcair.
Leur optimisme n’est pas sans fondement. Selon une étude menée l’an dernier par le sondeur Nick Nanos, l’un des mieux cotés au pays, près de 70 % des Québécois qui appuient le Bloc québécois auraient comme deuxième choix le NPD.
«Je suis allé chercher 67 % du vote du Bloc québécois aux élections partielles dans Outremont en septembre dernier. C’est presque exactement le score que disait Nick Nanos», a affirmé hier le député Thomas Mulcair.
Accueil chaleureux
M. Mulcair a affirmé que son chef et lui ont reçu un accueil chaleureux de la part des dirigeants de la FTQ. «Michel Arseneault, le nouveau président de la FTQ, tenait absolument à se faire photographier avec Jack et moi. On nous a dit que plusieurs membres étaient avec nous dans le passé, mais ils étaient las de perdre leurs élections. Mais maintenant les choses changent», a affirmé M. Mulcair.
Le député néo-démocrate a ajouté que le chef bloquiste Gilles Duceppe ne semblait pas très heureux de voir des néo-démocrates débarquer ainsi à Montréal.
Mais le Bloc québécois conteste cette version des faits. Karyne Duplessis-Piché, porte-parole du Bloc qui accompagnait M. Duceppe durant cette soirée, a affirmé que MM. Layton et Mulcair sont arrivés en retard à la soirée et sont repartis après 45 minutes.
«Ils n’étaient pas au cocktail des invités d’honneur. Ils sont arrivés très en retard. Donc, ils ont fait une entrée très discrète. Ils se tenaient plus près du chauffeur de M. Duceppe et de moi-même que des dignitaires. Ils sont partis rapidement après. Il y avait 400 ou 500 invités», a dit Mme Duplessis-Piché.
Elle a soutenu que ce serait «tirer par les cheveux» que de dire que la visite des deux hommes forts du NPD change la relation privilégiée qui existe entre le Bloc et les puissants syndicats du Québec.
En hausse
Chose certaine, depuis les dernières élections fédérales de janvier 2006, le NPD a vu ses appuis doubler au Québec. Au dernier scrutin, les troupes de Jack Layton ont obtenu 8,5% des voix au Québec. Selon le dernier sondage CROP réalisé pour le compte de La Presse en avril, le NPD récolte maintenant 17 % des intentions de vote, à trois points des libéraux de Stéphane Dion, qui obtiennent 20 % des appuis.
Mieux encore, le NPD dépasse le Parti libéral dans les intentions de vote chez les francophones, facteur crucial dans l’analyse des sondages. En effet, le NPD obtient 18% des appuis des francophones tandis que le Parti libéral doit se contenter de seulement 13%. Enfin, Jack Layton a une cote d’affection indéniable auprès des Québécois lorsqu’on les interroge pour savoir qui ferait le meilleur premier ministre du Canada. Stephen Harper arrive bon premier dans cette catégorie avec 31% des personnes interrogées qui croient qu’il est le meilleur pour diriger le pays. Jack Layton arrive deuxième avec un score de 23% tandis que Stéphane Dion obtient un maigre score de 15%.
Le sondage en question a été réalisé du 17 au 27 avril auprès de 1000 personnes. La marge d’erreur du sondage est de 3 points de pourcentage, 19 fois sur 20.