Publié : dim. mars 23, 2008 6:00 am
Source: http://www.hebdos.net/vst/edition132008 ... _id=203304
À 15 ans, Kim Mongeau donne naissance à Nathan alors qu’elle ignorait sa grossesse !
Daniel Lequin
C’est le soir de l’Halloween. Durant toute la journée, Kim a ressenti des douleurs au dos. Elle avait également traversé une mauvaise nuit. Elle n’a pourtant pas l’habitude de se plaindre. De plus, quand elle pratique un sport, elle est dure pour son corps. Les maux s’intensifient. Ses parents commencent à s’inquiéter.
Pourtant, quelques jours auparavant, elle avait insisté auprès de ses coéquipières chez les Polypus juvéniles A au basket-ball afin de prévoir une séance d’entraînement ce même soir. C’était l’Halloween et personne n’avait la tête au basket. Or, durant la séance, Kim était absente et les joueuses ne comprenaient pas. Elles apprendront le lendemain qu’elle avait dû se rendre à l’hôpital…pour accoucher !
Le choc
Au souper, le père de Kim, Carl accompagne son jeune fils de 10 ans pour la tournée de l’Halloween. Kim était demeurée à la maison avec sa mère qui est infirmière de métier. Puis, vers 18h, voyant les maux qui augmentaient, Kim se rend à l’hôpital avec sa mère. Elle doit patienter 4 heures et demie avant de rencontrer le médecin de l’urgence pour un examen.
Pendant l’attente, elle avait dû prendre un calmant, tellement les douleurs devenaient insupportables. Le médecin ne voit rien d’anormal. Il lui offre même la possibilité de retourner à la maison avec des calmants ou de passer une radiographie. La mère opte pour la 2e option… heureusement ! «Tu aurais dû voir la figure des infirmières lorsqu’elles ont réalisé que Kim était enceinte ! J’étais sous le choc. Nous l’ignorions totalement. Jamais nous aurions pu imaginer un tel scénario», de dire Mme Mongeau. L’inquiétude était maintenant de savoir depuis combien de temps elle portait ce bébé ?
Le poupon était engagé dans le passage. Bien sûr, tous les malaises ressentis auparavant étaient des contractions. Les médecins ont songé l’envoyer à Sainte-Justine mais cette démarche comportait un risque. L’accouchement a eu lieu vers 1h05 dans la nuit. Un beau petit garçon de 6lb et trois quarts, en pleine santé que l’on a prénommé Nathan.
Tout pour le perdre
Ce qu’il faut savoir dans cette histoire, c’est que Kim avait joué au soccer avec l’Alliance dans l’inter-cités durant tout l’été. «J’avais remarqué qu’elle avait pris du poids. Mais, dans notre famille, nous possédons tous un surplus à ce niveau. Je l’avais d’ailleurs chicanée. Je lui disais que j’avais perdu 100lb avec mon régime et que je trouvais inacceptable qu’elle engraisse. Elle avait ralenti sur le jeu vers la fin de la saison et j’avais dû la muter à un autre poste», raconte son père, encore stupéfait.
Quelque temps après l’accouchement, Carl a rencontré André Lemire qui s’occupait du soccer inter-cités l’an dernier et lui a confié que son équipe avait été illégale durant tout le calendrier en jouant avec 12 joueurs au lieu de 11 !
Imaginez ! Durant l’été, Kim avait même fait des balades en pneumatique sur l’eau, sur le ventre par surcroit et ce, à maintes reprises. Elle avait essayé plusieurs manèges lors d’une visite à La Ronde en plus de son début de saison au basket-ball. Kim et ses parents ignoraient la situation qu’ils auraient à vivre.
Ce soir-là, Carl est rentré à la maison après la tournée de l’Halloween avec fiston. «Je ne savais rien de ce qui se passait. Ma femme m’avait donné des nouvelles plus tôt, mais elle ne connaissait rien du verdict. J’étais couché quand le téléphone a sonné vers minuit. Mon épouse était en panique. Elle m’a dit de venir la rejoindre, sans plus. J’étais affolé. Des idées noires me sont alors passées par la tête. J’ai eu peur. Je savais que c’était grave. J’ai alors pensé qu’elle était peut-être en danger de mort».
D’une épreuve à un événement
Carl revoit encore la scène. «Lorsque j’ai réalisé que j’étais à l’étage des naissances, j’ai compris. Je suis un émotif. J’ai pleuré. J’ai encore cette image en mémoire que je conserverai toute ma vie. Lorsque je me suis avancé vers la chambre d’accouchement et que j’ai vu Kim en train de donner naissance à un enfant, j’ai été chamboulé.»
De son côté, Kim faisait face à l’inconnu. Celle qui venait de célébrer son 15e anniversaire de naissance deux mois auparavant, ne connaissait rien d’un accouchement. Pas de préparation ni de cours prénataux pour l’orienter. «On se doit de remercier les médecins, les infirmières et tout le personnel qui ont été compréhensifs et d’un grand appui envers nous. Nous sommes finalement passés d’une épreuve à un événement», poursuit le père.
Les préjugés
Il fallait maintenant affronter la vie. Comment les gens de leur entourage allaient interpréter cette nouvelle ? «Tu ne vois cela qu’à la télé. Moi-même je ne comprenais pas les personnes qui pouvaient accoucher sans savoir précédemment qu’elles étaient enceintes. Comment, nous les parents, n’avons jamais remarqué cela ? On nous a alors confié que ce genre d’événement survenait parfois et de ne pas se sentir coupable », explique Carl.
Heureusement, cette naissance est survenue dans une famille solide. Dans les circonstances, Kim doit poursuivre ses études en secondaire IV à la maison. Alors, il fallait bien qu’elle aille chercher ses livres à la polyvalente. C’était trois jours après l’accouchement. Elle s’y est rendue sur l’heure du diner…où il y a le plus de monde dans les couloirs. «Je marchais derrière elle et il me semblait que tous les jeunes nous regardaient avec de gros yeux. J’étais plus mal à l’aise que Kim».
Or, les parents s’inquiétaient pour rien car dans l’ensemble, ils n’ont pas eu trop à souffrir de cette situation. «J’ai dû expliquer vraiment ce qui s’était passé aux filles de mon équipe de soccer intérieur. Je les ai réunies dans le gymnase et nous avons pleuré ensemble. Je leur ai dit de faire attention avec la pilule, que ce n’était pas nécessairement une garantie», de dire Carl.
Kim prend de la maturité
Bien sûr, les parents de Kim étaient passés à autre chose dans leur vie de tous les jours. Il a donc fallu un ajustement. Par contre, aux dires des parents, Kim a pris énormément de maturité. «Nous avons dû demander de l’aide car cela a chambardé notre vie. Kim s’est sentie coupable à un certain moment. Elle fut bouleversée mais heureusement, il y a de l’amour dans cette maison. Ça nous a même rapprochés», rajoute Carl.
L’important est de trouver le juste milieu. Les parents font le maximum pour que la vie de leur fille reste normale sans perdre de vue que Kim demeure la mère de l’enfant. Il faut parler de la solidarité dans la population. Les Mongeau ont dû refuser des choses tellement les gens voulaient les aider. Ils ont reçu des appels de personnes qu’ils ne connaissaient même pas.
«Après l’accouchement, j’ai dit à ma mère que nous venions de vivre un rêve et qu’à notre réveil le lendemain matin, nous nous retrouverions dans notre lit à la maison. Mais, quand je me suis réveillée, j’ai vraiment compris que je ne venais pas de vivre un rêve mais bien la réalité», explique Kim, sereinement.
Le plus beau et le plus gros bonbon
Le père de Nathan, Alain Junior Desmarais a été informé le lendemain. Lui aussi a dû prendre quelques jours pour se remettre de ses émotions. On l’a prénommé Nathan et inutile de dire que l’on a agacé Kim avec ce choix. Certains faisaient des jeux de mots comme : On n’attendait pas ce bébé là ou ce bébé était inattendu !
La famille aimerait remercier tous les gens pour leur grande solidarité dans les circonstances, en particulier le docteur Malette qui a réalisé l’accouchement, Mme Dominique Dusseault de la polyvalente Fernand-Lefebvre qui a fait beaucoup de recherches pour dénicher des enseignants disponibles à se rendre à la maison afin que Kim puisse poursuivre ses études.
Kim aura donc été enceinte durant une heure et quart. Une histoire inédite qui démontre que la vie peut nous surprendre à tout moment. «En ce soir de l’Halloween, j’ai reçu le plus gros et le plus beau bonbon qui soit. Aujourd’hui, je suis très heureuse car j’adore mon fils», de conclure Kim. Dix jours après l’accouchement, elle avait déjà recommencé sa saison de basket-ball !
À 15 ans, Kim Mongeau donne naissance à Nathan alors qu’elle ignorait sa grossesse !
Daniel Lequin
C’est le soir de l’Halloween. Durant toute la journée, Kim a ressenti des douleurs au dos. Elle avait également traversé une mauvaise nuit. Elle n’a pourtant pas l’habitude de se plaindre. De plus, quand elle pratique un sport, elle est dure pour son corps. Les maux s’intensifient. Ses parents commencent à s’inquiéter.
Pourtant, quelques jours auparavant, elle avait insisté auprès de ses coéquipières chez les Polypus juvéniles A au basket-ball afin de prévoir une séance d’entraînement ce même soir. C’était l’Halloween et personne n’avait la tête au basket. Or, durant la séance, Kim était absente et les joueuses ne comprenaient pas. Elles apprendront le lendemain qu’elle avait dû se rendre à l’hôpital…pour accoucher !
Le choc
Au souper, le père de Kim, Carl accompagne son jeune fils de 10 ans pour la tournée de l’Halloween. Kim était demeurée à la maison avec sa mère qui est infirmière de métier. Puis, vers 18h, voyant les maux qui augmentaient, Kim se rend à l’hôpital avec sa mère. Elle doit patienter 4 heures et demie avant de rencontrer le médecin de l’urgence pour un examen.
Pendant l’attente, elle avait dû prendre un calmant, tellement les douleurs devenaient insupportables. Le médecin ne voit rien d’anormal. Il lui offre même la possibilité de retourner à la maison avec des calmants ou de passer une radiographie. La mère opte pour la 2e option… heureusement ! «Tu aurais dû voir la figure des infirmières lorsqu’elles ont réalisé que Kim était enceinte ! J’étais sous le choc. Nous l’ignorions totalement. Jamais nous aurions pu imaginer un tel scénario», de dire Mme Mongeau. L’inquiétude était maintenant de savoir depuis combien de temps elle portait ce bébé ?
Le poupon était engagé dans le passage. Bien sûr, tous les malaises ressentis auparavant étaient des contractions. Les médecins ont songé l’envoyer à Sainte-Justine mais cette démarche comportait un risque. L’accouchement a eu lieu vers 1h05 dans la nuit. Un beau petit garçon de 6lb et trois quarts, en pleine santé que l’on a prénommé Nathan.
Tout pour le perdre
Ce qu’il faut savoir dans cette histoire, c’est que Kim avait joué au soccer avec l’Alliance dans l’inter-cités durant tout l’été. «J’avais remarqué qu’elle avait pris du poids. Mais, dans notre famille, nous possédons tous un surplus à ce niveau. Je l’avais d’ailleurs chicanée. Je lui disais que j’avais perdu 100lb avec mon régime et que je trouvais inacceptable qu’elle engraisse. Elle avait ralenti sur le jeu vers la fin de la saison et j’avais dû la muter à un autre poste», raconte son père, encore stupéfait.
Quelque temps après l’accouchement, Carl a rencontré André Lemire qui s’occupait du soccer inter-cités l’an dernier et lui a confié que son équipe avait été illégale durant tout le calendrier en jouant avec 12 joueurs au lieu de 11 !
Imaginez ! Durant l’été, Kim avait même fait des balades en pneumatique sur l’eau, sur le ventre par surcroit et ce, à maintes reprises. Elle avait essayé plusieurs manèges lors d’une visite à La Ronde en plus de son début de saison au basket-ball. Kim et ses parents ignoraient la situation qu’ils auraient à vivre.
Ce soir-là, Carl est rentré à la maison après la tournée de l’Halloween avec fiston. «Je ne savais rien de ce qui se passait. Ma femme m’avait donné des nouvelles plus tôt, mais elle ne connaissait rien du verdict. J’étais couché quand le téléphone a sonné vers minuit. Mon épouse était en panique. Elle m’a dit de venir la rejoindre, sans plus. J’étais affolé. Des idées noires me sont alors passées par la tête. J’ai eu peur. Je savais que c’était grave. J’ai alors pensé qu’elle était peut-être en danger de mort».
D’une épreuve à un événement
Carl revoit encore la scène. «Lorsque j’ai réalisé que j’étais à l’étage des naissances, j’ai compris. Je suis un émotif. J’ai pleuré. J’ai encore cette image en mémoire que je conserverai toute ma vie. Lorsque je me suis avancé vers la chambre d’accouchement et que j’ai vu Kim en train de donner naissance à un enfant, j’ai été chamboulé.»
De son côté, Kim faisait face à l’inconnu. Celle qui venait de célébrer son 15e anniversaire de naissance deux mois auparavant, ne connaissait rien d’un accouchement. Pas de préparation ni de cours prénataux pour l’orienter. «On se doit de remercier les médecins, les infirmières et tout le personnel qui ont été compréhensifs et d’un grand appui envers nous. Nous sommes finalement passés d’une épreuve à un événement», poursuit le père.
Les préjugés
Il fallait maintenant affronter la vie. Comment les gens de leur entourage allaient interpréter cette nouvelle ? «Tu ne vois cela qu’à la télé. Moi-même je ne comprenais pas les personnes qui pouvaient accoucher sans savoir précédemment qu’elles étaient enceintes. Comment, nous les parents, n’avons jamais remarqué cela ? On nous a alors confié que ce genre d’événement survenait parfois et de ne pas se sentir coupable », explique Carl.
Heureusement, cette naissance est survenue dans une famille solide. Dans les circonstances, Kim doit poursuivre ses études en secondaire IV à la maison. Alors, il fallait bien qu’elle aille chercher ses livres à la polyvalente. C’était trois jours après l’accouchement. Elle s’y est rendue sur l’heure du diner…où il y a le plus de monde dans les couloirs. «Je marchais derrière elle et il me semblait que tous les jeunes nous regardaient avec de gros yeux. J’étais plus mal à l’aise que Kim».
Or, les parents s’inquiétaient pour rien car dans l’ensemble, ils n’ont pas eu trop à souffrir de cette situation. «J’ai dû expliquer vraiment ce qui s’était passé aux filles de mon équipe de soccer intérieur. Je les ai réunies dans le gymnase et nous avons pleuré ensemble. Je leur ai dit de faire attention avec la pilule, que ce n’était pas nécessairement une garantie», de dire Carl.
Kim prend de la maturité
Bien sûr, les parents de Kim étaient passés à autre chose dans leur vie de tous les jours. Il a donc fallu un ajustement. Par contre, aux dires des parents, Kim a pris énormément de maturité. «Nous avons dû demander de l’aide car cela a chambardé notre vie. Kim s’est sentie coupable à un certain moment. Elle fut bouleversée mais heureusement, il y a de l’amour dans cette maison. Ça nous a même rapprochés», rajoute Carl.
L’important est de trouver le juste milieu. Les parents font le maximum pour que la vie de leur fille reste normale sans perdre de vue que Kim demeure la mère de l’enfant. Il faut parler de la solidarité dans la population. Les Mongeau ont dû refuser des choses tellement les gens voulaient les aider. Ils ont reçu des appels de personnes qu’ils ne connaissaient même pas.
«Après l’accouchement, j’ai dit à ma mère que nous venions de vivre un rêve et qu’à notre réveil le lendemain matin, nous nous retrouverions dans notre lit à la maison. Mais, quand je me suis réveillée, j’ai vraiment compris que je ne venais pas de vivre un rêve mais bien la réalité», explique Kim, sereinement.
Le plus beau et le plus gros bonbon
Le père de Nathan, Alain Junior Desmarais a été informé le lendemain. Lui aussi a dû prendre quelques jours pour se remettre de ses émotions. On l’a prénommé Nathan et inutile de dire que l’on a agacé Kim avec ce choix. Certains faisaient des jeux de mots comme : On n’attendait pas ce bébé là ou ce bébé était inattendu !
La famille aimerait remercier tous les gens pour leur grande solidarité dans les circonstances, en particulier le docteur Malette qui a réalisé l’accouchement, Mme Dominique Dusseault de la polyvalente Fernand-Lefebvre qui a fait beaucoup de recherches pour dénicher des enseignants disponibles à se rendre à la maison afin que Kim puisse poursuivre ses études.
Kim aura donc été enceinte durant une heure et quart. Une histoire inédite qui démontre que la vie peut nous surprendre à tout moment. «En ce soir de l’Halloween, j’ai reçu le plus gros et le plus beau bonbon qui soit. Aujourd’hui, je suis très heureuse car j’adore mon fils», de conclure Kim. Dix jours après l’accouchement, elle avait déjà recommencé sa saison de basket-ball !