Publié : jeu. mars 06, 2008 5:29 am
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Ariane Lacoursière
La Presse
Pour éviter d’opérer leur patientes la nuit, les gynécologues de l’hôpital Charles-LeMoyne, à Longueuil, effectuent des césariennes en soirée de façon préventive, alors que la chirurgie aurait pu être évitée.
La raison : la pénurie d’infirmières qui sévit au Québec touche durement l’hôpital. La nuit, seulement trois infirmières sont affectées au bloc opératoire. Cette équipe réduite ne peut superviser qu’une chirurgie à la fois.
«Vers 18 h, quand on est avec une patiente dont l’accouchement se déroule pas très bien, on a peur. On a peur de devoir faire une césarienne la nuit. Pour éviter ça, on les opère avant le temps», affirme le Dr Nabil Mansour, chef du département de gynécologie de l’hôpital Charles-LeMoyne.
Jusqu’à récemment, deux équipes d’infirmières étaient sur appel la nuit au bloc opératoire de l’hôpital Charles-LeMoyne. Mais faute de personnel, il n’y a plus qu’une seule équipe. Puisque l’établissement est un centre de traumatologie, tous les accidentés de la route de la Rive-Sud y sont référés. Il n’est donc pas rare que l’équipe d’infirmières du bloc opératoire soit monopolisée.
«Si l’on veut faire une césarienne la nuit et que les infirmières sont déjà occupées, on doit éplucher la liste des autres infirmières et tenter d’en convaincre de venir nous aider. Ça peut être long avant de trouver assez de filles qui veulent», déplore le Dr Mansour.
Sur le forum de discussions Futures mamans, où les Québécoises sont invitées à partager leurs expériences de grossesse, certaines internautes rapportent avoir vécu certains problèmes à l’hôpital Charles-LeMoyne. « En cas de complications majeures en dehors de ces heures (8 h-17 h), attendez-vous à attendre en mautadine pour votre césarienne d’urgence », affirme une maman qui porte le surnom BietWilly.
Le directeur des services professionnels et hospitaliers de l’hôpital Charles-LeMoyne, Dr Gilles Bastien, confirme qu’il n’y a pas de deuxième équipe d’infirmières au bloc opératoire, « que ce soit pour opérer une césarienne ou tout autre chose ». « On est en contexte de pénurie de personnel infirmier et c’est difficile de trouver des infirmières. Nous ne sommes pas le seul établissement à qui ça arrive. »
Le Dr Bastien promet qu’une deuxième équipe d’infirmières sur appel sera ajoutée au bloc opératoire de Charles-LeMoyne d’ici trois semaines. « Ça va régler l’insécurité », dit-il. Mais en attendant, les gynécologues préfèrent opérer leurs patientes de façon préventive pour « prendre moins de risques. »
Même en prenant cette précaution, les gynécologues doivent tout de même effectuer certaines césariennes d’urgence la nuit. Parfois, le temps presse tellement que le recrutement d’une deuxième équipe d’infirmières n’a pas le temps d’être fait. « On va en salle d’opération quand même. Mais on n’aime pas ça, confie le Dr Nabil. On demande aux infirmières du bloc de faire la navette entre deux opérations. » Le gynécologue se rappelle d’ailleurs avec effroi d’une nuit où les infirmières ont dû superviser à la fois une opération à crâne ouvert et une césarienne.
C’est donc pour éviter de vivre pareilles situations que les gynécologues de Charles-LeMoyne préfèrent opérer leurs patientes préventivement. Cela n’est pas sans conséquence. Certains patientes subissent une césarienne alors que la chirurgie aurait pu être évitée. Le taux de césariennes de l’hôpital Charles-LeMoyne est d’ailleurs élevé : 26 % des 1630 accouchements annuels se font par césarienne.
D’autres hôpitaux de la région de Montréal présentent un taux de césariennes aussi élevé. Mais leur volume de naissances est plus grand. Par exemple, l’hôpital St. Mary, dans le quartier Côte-des-Neiges, présente un taux de césarienne de 26 %, mais il accouche plus de 4000 mères annuellement. Le CHUM a quant à lui un taux de césarienne de 23 % pour plus de 2700 naissances.
Le Dr Mansour reconnaît que 26 % de césariennes, « c’est élevé ». Mais il se réjouit de voir que le taux de mortalité périnatal est faible à Charles-LeMoyne, soit deux pour mille naissances alors qu’il est de six et demi pour 1000 naissances en Montérégie. « Même si on doit opérer certaines mères plus vite qu’on ne le devrait, au moins on le fait bien », dit-il.
Ariane Lacoursière
La Presse
Pour éviter d’opérer leur patientes la nuit, les gynécologues de l’hôpital Charles-LeMoyne, à Longueuil, effectuent des césariennes en soirée de façon préventive, alors que la chirurgie aurait pu être évitée.
La raison : la pénurie d’infirmières qui sévit au Québec touche durement l’hôpital. La nuit, seulement trois infirmières sont affectées au bloc opératoire. Cette équipe réduite ne peut superviser qu’une chirurgie à la fois.
«Vers 18 h, quand on est avec une patiente dont l’accouchement se déroule pas très bien, on a peur. On a peur de devoir faire une césarienne la nuit. Pour éviter ça, on les opère avant le temps», affirme le Dr Nabil Mansour, chef du département de gynécologie de l’hôpital Charles-LeMoyne.
Jusqu’à récemment, deux équipes d’infirmières étaient sur appel la nuit au bloc opératoire de l’hôpital Charles-LeMoyne. Mais faute de personnel, il n’y a plus qu’une seule équipe. Puisque l’établissement est un centre de traumatologie, tous les accidentés de la route de la Rive-Sud y sont référés. Il n’est donc pas rare que l’équipe d’infirmières du bloc opératoire soit monopolisée.
«Si l’on veut faire une césarienne la nuit et que les infirmières sont déjà occupées, on doit éplucher la liste des autres infirmières et tenter d’en convaincre de venir nous aider. Ça peut être long avant de trouver assez de filles qui veulent», déplore le Dr Mansour.
Sur le forum de discussions Futures mamans, où les Québécoises sont invitées à partager leurs expériences de grossesse, certaines internautes rapportent avoir vécu certains problèmes à l’hôpital Charles-LeMoyne. « En cas de complications majeures en dehors de ces heures (8 h-17 h), attendez-vous à attendre en mautadine pour votre césarienne d’urgence », affirme une maman qui porte le surnom BietWilly.
Le directeur des services professionnels et hospitaliers de l’hôpital Charles-LeMoyne, Dr Gilles Bastien, confirme qu’il n’y a pas de deuxième équipe d’infirmières au bloc opératoire, « que ce soit pour opérer une césarienne ou tout autre chose ». « On est en contexte de pénurie de personnel infirmier et c’est difficile de trouver des infirmières. Nous ne sommes pas le seul établissement à qui ça arrive. »
Le Dr Bastien promet qu’une deuxième équipe d’infirmières sur appel sera ajoutée au bloc opératoire de Charles-LeMoyne d’ici trois semaines. « Ça va régler l’insécurité », dit-il. Mais en attendant, les gynécologues préfèrent opérer leurs patientes de façon préventive pour « prendre moins de risques. »
Même en prenant cette précaution, les gynécologues doivent tout de même effectuer certaines césariennes d’urgence la nuit. Parfois, le temps presse tellement que le recrutement d’une deuxième équipe d’infirmières n’a pas le temps d’être fait. « On va en salle d’opération quand même. Mais on n’aime pas ça, confie le Dr Nabil. On demande aux infirmières du bloc de faire la navette entre deux opérations. » Le gynécologue se rappelle d’ailleurs avec effroi d’une nuit où les infirmières ont dû superviser à la fois une opération à crâne ouvert et une césarienne.
C’est donc pour éviter de vivre pareilles situations que les gynécologues de Charles-LeMoyne préfèrent opérer leurs patientes préventivement. Cela n’est pas sans conséquence. Certains patientes subissent une césarienne alors que la chirurgie aurait pu être évitée. Le taux de césariennes de l’hôpital Charles-LeMoyne est d’ailleurs élevé : 26 % des 1630 accouchements annuels se font par césarienne.
D’autres hôpitaux de la région de Montréal présentent un taux de césariennes aussi élevé. Mais leur volume de naissances est plus grand. Par exemple, l’hôpital St. Mary, dans le quartier Côte-des-Neiges, présente un taux de césarienne de 26 %, mais il accouche plus de 4000 mères annuellement. Le CHUM a quant à lui un taux de césarienne de 23 % pour plus de 2700 naissances.
Le Dr Mansour reconnaît que 26 % de césariennes, « c’est élevé ». Mais il se réjouit de voir que le taux de mortalité périnatal est faible à Charles-LeMoyne, soit deux pour mille naissances alors qu’il est de six et demi pour 1000 naissances en Montérégie. « Même si on doit opérer certaines mères plus vite qu’on ne le devrait, au moins on le fait bien », dit-il.