Publié : mer. sept. 19, 2007 2:10 am
Le retrait des troupes causerait un «bain de sang»
Pour la première fois de son règne, le premier ministre de l'Afghanistan. Hamid Karzai, a accepté de rencontrer un groupe de journalistes canadiens. La rencontre s'est déroulée au palais présidentiel de Kaboul.
Hugo Meunier
La Presse
Kaboul
«Mon message au Québec: ceux qui servent l'Afghanistan accomplissent une mission très importante, pas juste pour notre pays, mais aussi pour le Canada. Ce n'est pas simple, mais quitter l'Afghanistan va ramener tout le mal.»
Pour la première fois de son règne, le président de l'Afghanistan, d'ordinaire méfiant à l'égard des médias, a accepté de rencontrer un groupe de journalistes canadiens, hier soir, au palais présidentiel de Kaboul. Et il les a avertis qu'un retrait prématuré des troupes canadiennes plongerait son pays dans un bain de sang.
«L'Afghanistan retournera à l'anarchie, et avec l'anarchie il y aura de nouveaux refuges pour les terroristes, et les terroristes vous frapperont, au Canada et aux États-Unis. C'est aussi simple que cela», a-t-il prédit.
Bien au fait des tensions politiques à Ottawa entourant la présence canadienne dans son pays, Hamid Karzaï a martelé l'importance d'y demeurer au-delà de 2009. Selon lui, un retrait des troupes dans 18 mois risque de replonger à nouveau l'Afghanistan vers le chaos et l'anarchie, comme au début des années 90 alors que le pays était en proie à la guerre civile. Le président afghan estime que le Canada doit rester tant que son pays n'est pas retombé sur ses pieds. Et pour lui, il est clair que ça sera au-delà de 2009.
Ces déclarations surviennent à quelques semaines de la reprise de la session parlementaire au Canada, où le débat sur le sujet divise la Chambre des communes.
Durant 30 minutes, Hamid Karzaï a répondu aux questions sur divers sujets. L'entrevue était organisée par l'ambassade canadienne à Kaboul. Elle a été menée après que les journalistes soient passés à travers de multiples contrôles de sécurité pour, finalement, arriver au palais de Gulkhana, une véritable forteresse en pierre gardée par des dizaines de soldats lourdement armés.
Étape suivante, l'attente dans un salon du palais, après avoir franchi d'imposantes portes ceinturées de colonnes de marbre. Prière oblige, le président n'était pas encore prêt à nous recevoir. En attendant, les journalistes se sont fait servir le thé dans une pièce voisine aux murs de bois sculptés et aux rideaux finement brodés.
Finalement, la garde rapprochée du président a amené les journalistes dans la salle réservée aux rencontres entre dignitaires internationaux. Quatre fauteuils en demi-lune y étaient installés, voisins de celui d'Hamid Karzaï. Après de longues minutes, le président a fait son entrée d'un pas rapide, un large sourire au visage. Il s'est d'entrée de jeu dit reconnaissant «qu'un pays si éloigné vienne aider l'Afghanistan à se reconstruire, se défendre et préparer un meilleur avenir.»
Hamid Karzaï s'est aussi avoué touché de la contribution du Canada, prêt à sacrifier les vies de jeunes hommes et femmes en Afghanistan. «Lors de ma visite au Canada (l'an dernier), j'ai rencontré les parents de soldats tués en Afghanistan. Je ne trouvais pas les mots pour les consoler de leur deuil, apaiser leurs souffrances et leur expliquer que leurs enfants n'étaient pas morts en vain. À ma grande surprise, ce sont eux qui m'ont réconforté. C'est la chose la plus remarquable que j'ai vue au Canada», a raconté M. Karzaï.
Le président afghan a abordé les problèmes de corruption qui minent la crédibilité du pays et même de son propre gouvernement. «On est tous concernés par le problème, mais il découle de trois décennies de désespoir et de destruction, surtout provoqués par le manque de ressources humaines et d'infrastructures», a-t-il expliqué.
Il a insisté sur l'importance de combattre le terrorisme, tant pour son pays que pour le reste du monde. «Il faut commencer ici, sinon ça deviendra à nouveau une base», a résumé le président.
Avant de quitter la salle, Hamid Karzaï a accepté de se faire photographier avec les journalistes canadiens. Ceux qui s'approchaient trop près du président étaient aussitôt tirés vers l'arrière par la sécurité.
Pour la première fois de son règne, le premier ministre de l'Afghanistan. Hamid Karzai, a accepté de rencontrer un groupe de journalistes canadiens. La rencontre s'est déroulée au palais présidentiel de Kaboul.
Hugo Meunier
La Presse
Kaboul
«Mon message au Québec: ceux qui servent l'Afghanistan accomplissent une mission très importante, pas juste pour notre pays, mais aussi pour le Canada. Ce n'est pas simple, mais quitter l'Afghanistan va ramener tout le mal.»
Pour la première fois de son règne, le président de l'Afghanistan, d'ordinaire méfiant à l'égard des médias, a accepté de rencontrer un groupe de journalistes canadiens, hier soir, au palais présidentiel de Kaboul. Et il les a avertis qu'un retrait prématuré des troupes canadiennes plongerait son pays dans un bain de sang.
«L'Afghanistan retournera à l'anarchie, et avec l'anarchie il y aura de nouveaux refuges pour les terroristes, et les terroristes vous frapperont, au Canada et aux États-Unis. C'est aussi simple que cela», a-t-il prédit.
Bien au fait des tensions politiques à Ottawa entourant la présence canadienne dans son pays, Hamid Karzaï a martelé l'importance d'y demeurer au-delà de 2009. Selon lui, un retrait des troupes dans 18 mois risque de replonger à nouveau l'Afghanistan vers le chaos et l'anarchie, comme au début des années 90 alors que le pays était en proie à la guerre civile. Le président afghan estime que le Canada doit rester tant que son pays n'est pas retombé sur ses pieds. Et pour lui, il est clair que ça sera au-delà de 2009.
Ces déclarations surviennent à quelques semaines de la reprise de la session parlementaire au Canada, où le débat sur le sujet divise la Chambre des communes.
Durant 30 minutes, Hamid Karzaï a répondu aux questions sur divers sujets. L'entrevue était organisée par l'ambassade canadienne à Kaboul. Elle a été menée après que les journalistes soient passés à travers de multiples contrôles de sécurité pour, finalement, arriver au palais de Gulkhana, une véritable forteresse en pierre gardée par des dizaines de soldats lourdement armés.
Étape suivante, l'attente dans un salon du palais, après avoir franchi d'imposantes portes ceinturées de colonnes de marbre. Prière oblige, le président n'était pas encore prêt à nous recevoir. En attendant, les journalistes se sont fait servir le thé dans une pièce voisine aux murs de bois sculptés et aux rideaux finement brodés.
Finalement, la garde rapprochée du président a amené les journalistes dans la salle réservée aux rencontres entre dignitaires internationaux. Quatre fauteuils en demi-lune y étaient installés, voisins de celui d'Hamid Karzaï. Après de longues minutes, le président a fait son entrée d'un pas rapide, un large sourire au visage. Il s'est d'entrée de jeu dit reconnaissant «qu'un pays si éloigné vienne aider l'Afghanistan à se reconstruire, se défendre et préparer un meilleur avenir.»
Hamid Karzaï s'est aussi avoué touché de la contribution du Canada, prêt à sacrifier les vies de jeunes hommes et femmes en Afghanistan. «Lors de ma visite au Canada (l'an dernier), j'ai rencontré les parents de soldats tués en Afghanistan. Je ne trouvais pas les mots pour les consoler de leur deuil, apaiser leurs souffrances et leur expliquer que leurs enfants n'étaient pas morts en vain. À ma grande surprise, ce sont eux qui m'ont réconforté. C'est la chose la plus remarquable que j'ai vue au Canada», a raconté M. Karzaï.
Le président afghan a abordé les problèmes de corruption qui minent la crédibilité du pays et même de son propre gouvernement. «On est tous concernés par le problème, mais il découle de trois décennies de désespoir et de destruction, surtout provoqués par le manque de ressources humaines et d'infrastructures», a-t-il expliqué.
Il a insisté sur l'importance de combattre le terrorisme, tant pour son pays que pour le reste du monde. «Il faut commencer ici, sinon ça deviendra à nouveau une base», a résumé le président.
Avant de quitter la salle, Hamid Karzaï a accepté de se faire photographier avec les journalistes canadiens. Ceux qui s'approchaient trop près du président étaient aussitôt tirés vers l'arrière par la sécurité.