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Publié : ven. sept. 14, 2007 8:04 am
par .anthurium.
Une consultante en communication accuse la formation de Jean Charest de lui avoir emprunté son concept

Après avoir été présentée aux électeurs lors de la campagne électorale de 2003, l'idée de «réinventer le Québec» du Parti libéral du Québec (PLQ) se retrouve désormais... devant les tribunaux. En effet, une consultante en communication de Montréal accuse la formation politique de Jean Charest de lui avoir emprunté ce concept, ainsi que d'autres éléments de ses travaux personnels «sur la prospérité authentique», pour la construction du plan d'action du parti à l'époque. Et ce, sans son consentement. Du coup, elle réclame près de 200 000 $.

L'affaire, qui doit rebondir une fois de plus ce matin devant la Cour supérieure à Montréal, oppose la firme de communication Mentor international stratégies d'intelligence (MISI) et sa propriétaire, Marcelle Felteau, au PLQ.

Dans les grandes lignes, Mme Felteau, qui a été consultante en communication et en image publique pour Robert Bourassa en 1983 et 1984, allègue dans sa requête que les libéraux ont, entre 2001 et 2002, puisé dans un de ses manuscrits, intitulé Éloge d'une prospérité authentique, ainsi que dans le contenu de rencontres informelles avec «d'influents membres du Parti libéral du Québec» pour la rédaction de la stratégie électorale du parti, baptisée «Ensemble, réinventons le Québec».

«L'architecture stratégique» développée par la consultante, son concept de «réinventer le Québec» ainsi que sa «prémisse de gouvernement au service des citoyens», entre autres, s'y retrouvent, indiquent les documents déposés en cour en avril 2006. Or, en juin 2001, le PLQ a refusé une offre de service de Mme Felteau qui «prévoyait l'acquisition d'un droit d'utilisation» de son «modèle d'intégration» sur la «prospérité authentique» et «qui devait servir à la formulation du thème central de la campagne électorale québécoise ainsi qu'à verbaliser l'assise stratégique de la plate-forme électorale [du PLQ]», peut-on lire.

Cette offre d'un montant de 450 000 $ a été formulée au terme de plusieurs rencontres avec Pierre Saulnier, un ancien conseiller de Jean Charest, aujourd'hui sous-ministre adjoint au ministère des Finances, ainsi qu'avec Jean David, ex-président de la commission politique du PLQ, et Mario Lavoie, un proche collaborateur du premier ministre, qui se seraient montrés «fort intéressés» par les recherches de Mme Felteau portant sur la «prospérité et le leadership», selon la requête.

Une de ces rencontres a d'ailleurs eu lieu le 5 juin 2001 dans les bureaux de la compagnie Clarica, où M. Saulnier était alors directeur des affaires publiques. La consultante y a exposé en 90 minutes ses réflexions pour surmonter «l'apathie des citoyens et leur désintéressement face au domaine politique» en «formant un gouvernement au service des citoyens», poursuit le document. Il aurait aussi été question de sa «théorie sur les aspects de la prospérité», une sorte de «vision qu'elle proposait pour une prospérité véritable [et qui] permettrait de réinventer le Québec».

Accusations réfutées

Lors d'un entretien téléphonique avec Le Devoir hier, Jean David, désormais consultant en créativité et en marketing événementiel, a confirmé avoir participé à cette rencontre dans les locaux de Clarica avec cette «dame» qu'il présente comme étant «sérieuse». Mais M. David, qui a participé à l'écriture du plan d'action du PLQ de 2003, réfute toutefois les accusations de vol d'idées, jugeant qu'à l'époque, «beaucoup d'idées convergentes étaient dans l'air du temps».

«À ce moment, des centaines de personnes réfléchissaient un peu partout, a-t-il dit. Nous avons rencontré des gens, mais il y avait aussi des commissions permanentes sur différents sujets. Et il n'y avait aucune notion de propriété. Tout le monde faisait ça de manière bénévole.»

M. David a d'ailleurs qualifié de «farce» l'offre de service présentée par Mme Felteau. «On ne fait pas ça dans un parti politique, a-t-il ajouté. On ne vend pas des services professionnels de cette nature pour développer des idées. Il y a des limites. À quoi ça sert, un parti politique, les membres, les congrès?»

La propriétaire de MISI ne semble toutefois pas voir les choses du même oeil. Le 7 avril 2003, soit sept jours avant la fin de la campagne électorale, Marcelle Felteau a en effet envoyé une facture de 166 000 $ au PLQ «pour ses différentes activités professionnelles et les droits d'utilisation du document [portant sur la «prospérité authentique»] apparaissant à son offre de services», indique la requête. Cette facture est restée lettre morte, ce qui a incité la consultante à se tourner vers les tribunaux en avril 2006.

Du côté du PLQ, on s'est refusé à tout commentaire hier, prétextant que «la cause est entre les mains des procureurs du parti», a indiqué Isabelle Melançon, directrice des communications de la formation politique. Les procédures suivent toujours leur cours. Mme Felteau a changé d'avocat à plusieurs reprises. En plus des 166 000 $, elle réclame par ailleurs la somme de 35 000 $ «à titre de dommages et intérêts pour stress, angoisse et troubles de santé» et reconnaît dans sa poursuite avoir été plongée, à la suite de ces événements, dans «une profonde dépression». Il n'a pas été possible de lui parler au cours des derniers jours. Quand à son avocat, il n'a pas rappelé Le Devoir.

Une saison des idées

Les efforts de renouvellement du discours politique du PLQ à l'époque rappellent la réflexion stratégique lancée cet été par Jean Charest. Tirant des leçons de la dernière campagne électorale, qui a réduit son gouvernement à un statut minoritaire, le chef libéral a annoncé en juillet la création de trois groupes de travail sur «des enjeux clés pour l'avenir du Québec»: développement économique et régional, développement durable ainsi que relations Québec-Ottawa et identité québécoise.

Un rapport d'étape de ces travaux sera soumis aux militants libéraux réunis en conseil général en fin de semaine à Montréal. Cette étape franchie, des consultations à travers tout le Québec seront enclenchées. L'exercice vise à nourrir l'adoption du programme du PLQ lors du congrès prévu en mars 2008.

Tous les partis politiques font ce genre d'exercice plus ou moins régulièrement afin d'incarner les valeurs de la population. Les militants sont mis à contribution, de même que des experts, des intellectuels et des spécialistes dans des domaines précis. Le Parti québécois avait ainsi lancé sa «saison des idées», ce qui avait mené à une certaine radicalisation du programme. La nouvelle chef Pauline Marois a quant à elle dit vouloir se mettre à l'écoute des Québécois. Le Bloc québécois entreprendra une tournée régionale dans deux semaines pour enrichir sa réflexion.

«Il faut être sur le terrain, être présent. Il faut toujours faire un effort d'ouverture, aller vers les Québécois. Il faut se rappeler constamment, et ça, c'est une nouvelle façon de le faire», avait expliqué Jean Charest, dont le parti est en perte de popularité auprès de l'électorat francophone.

***

Avec la collaboration de Kathleen Lévesque

Publié : ven. sept. 14, 2007 8:09 am
par Matthyboy
ca n'aidera pas le PLQ qui perd des poils depuis quelques semaines...

Publié : ven. sept. 14, 2007 8:22 am
par Mirianne
Ben bon!  

Publié : ven. sept. 14, 2007 11:18 pm
par sleepy-girl
ben oui,j,aie lue ça en survol