Publié : ven. août 03, 2007 9:18 am
L'opposition des Québécois à la mission afghane irrite les soldats du 22e
Le 3 août 2007 - 12:48 | Presse Canadienne
L'opposition massive des Québécois à l'engagement militaire du Canada en Afghanistan blesse autant qu'elle exaspère les soldats d'infanterie francophones débarqués au cours des dernières semaines dans le pays.
"Tu viens ici parce que tu y crois, tu veux apporter de la sécurité et aider des gens à s'en sortir et là, chez vous, les gens ne sont pas réceptifs. Ils disent que tu t'en vas tuer du monde", a déploré vendredi à la Presse Canadienne le caporal-chef David Martel, membre de l'équipe de combats du Royal 22e Régiment, chargée de patrouiller le district de Shawali Kot, un des points chauds du sud-est afghan.
La participation du Canada à la mission de reconstruction de l'Afghanistan ne jouit pas d'un fort appui populaire au Canada, mais c'est au Québec que l'opposition à l'engagement militaire canadien trouve son expression la plus forte. Sondage après sondage, les Québécois expriment une désapprobation manifeste envers toute intervention des Forces armées canadiennes à l'étranger, à moins que le rôle des soldats ne soit limité à celui du "maintien de la paix".
"Moi je me suis fait dire, par quelqu'un d'instruit, bardé de diplômes, qu'il n'y aurait pas de guerre dans le monde s'il n'y avait pas des gens comme moi. Ça m'a vraiment choqué d'entendre ça d'une personne qui devrait en savoir plus", raconte le soldat Francis Archambault.
Selon lui, les opposants à la présence canadienne font fausse route lorsqu'ils accusent le gouvernement de Stephen Harper de vouloir s'aligner pas à pas à la politique étrangère américaine afin de demeurer dans les bonnes grâces de l'administration Bush.
"Cela n'a rien à voir. Le Canada ne retire pas grand-chose de sa présence ici. Ça coûte des vies, ça coûte de l'argent, mais on essaie de donner une chance de s'en sortir à des peuples qui ont besoin d'aide. C'est probablement la plus grande chose que je vais faire dans ma vie", a argué le soldat Archambault, âgé de 23 ans.
Peu avant le grand déploiement des militaires de la base de Valcartier _ ils seront plus de 2000 dans quelques jours dans la province de Kandahar _, les Forces armées canadiennes ont mené une campagne de charme au Québec pour tenter de gagner la population à la cause défendue en Afghanistan. Un groupe de soldats avait notamment été délégué à l'Assemblée nationale où une motion devait être adoptée pour souligner leur sens du devoir. Or, certains députés ont refusé de se lever lorsque les militaires ont été présentés en Chambre.
"Les gens ont droit à leur opinion", insiste pour sa part le sergent Steve Dufour, qui préfère ne pas s'engager sur le terrain politique. Néanmoins, il estime que la mission canadienne, qui se tient sous l'égide de l'OTAN, est mal comprise et souvent mal interprétée.
"J'ai parlé à une étudiante qui était contre la mission. Je lui ai dit: `toi au Canada, est-ce que quelqu'un t'empêche d'aller à l'école, de t'instruire?' C'est comme ça ici (en Afghanistan)", a-t-il illustré, convaincu que ce sont les enfants afghans qui pourront un jour reprendre le contrôle de leur pays, à condition de pouvoir recevoir une éducation digne de ce nom.
Mais pour l'heure, les quelque 500 fantassins du Royal 22e tentent de "limiter le mouvement des insurgés" dans le sud-est du pays à partir de la base de patrouille Wilson, à environ 65 kilomètres au nord-ouest de Kandahar.
Pour une première fois vendredi, des soldats de la compagnie B du troisième bataillon du Royal 22e, fraîchement arrivés au pays, ont patrouillé à pied un hameau du district de Shawali Kot, en collaboration avec la police nationale afghane (PNA). L'expérience n'a cependant guère été concluante.
Armés de fusils d'assaut C-7, les soldats ont marché prudemment dans les rues quasi désertes du village, restant à l'affût de tout mouvement suspect. Soudainement, un policier afghan a tiré, par erreur apparemment, une décharge de fusil mitrailleur AK-47, ce qui a fait croire pendant un court moment aux Canadiens qu'ils étaient attaqués. Il n'y a pas eu d'autres coups de feu tirés et personne n'a été blessé.
Outre cette bourde, les policiers afghans avaient aussi cru bon d'inciter les villageois à demeurer terrés dans leur demeure pendant la visite des Canadiens, ce qui a mis en furie le capitaine des troupes, Stéphane Girard.
"Nous, on voulait prendre contact, jaser avec les gens. Mais ils sont arrivés avant nous et leur ont fait peur", a-t-il dénoncé.
Manquant de formation, d'entraînement, d'équipement et gangrenée par la corruption, la nouvelle police nationale afghane inspire peu confiance. Consciente du fait qu'il n'y aura jamais de paix en Afghanistan sans le support d'une force policière professionnelle, respectée dans les communautés, la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), dont fait partie le Canada, a convenu d'accroître ses efforts dans les prochains mois pour améliorer la formation des policiers.
Le 3 août 2007 - 12:48 | Presse Canadienne
L'opposition massive des Québécois à l'engagement militaire du Canada en Afghanistan blesse autant qu'elle exaspère les soldats d'infanterie francophones débarqués au cours des dernières semaines dans le pays.
"Tu viens ici parce que tu y crois, tu veux apporter de la sécurité et aider des gens à s'en sortir et là, chez vous, les gens ne sont pas réceptifs. Ils disent que tu t'en vas tuer du monde", a déploré vendredi à la Presse Canadienne le caporal-chef David Martel, membre de l'équipe de combats du Royal 22e Régiment, chargée de patrouiller le district de Shawali Kot, un des points chauds du sud-est afghan.
La participation du Canada à la mission de reconstruction de l'Afghanistan ne jouit pas d'un fort appui populaire au Canada, mais c'est au Québec que l'opposition à l'engagement militaire canadien trouve son expression la plus forte. Sondage après sondage, les Québécois expriment une désapprobation manifeste envers toute intervention des Forces armées canadiennes à l'étranger, à moins que le rôle des soldats ne soit limité à celui du "maintien de la paix".
"Moi je me suis fait dire, par quelqu'un d'instruit, bardé de diplômes, qu'il n'y aurait pas de guerre dans le monde s'il n'y avait pas des gens comme moi. Ça m'a vraiment choqué d'entendre ça d'une personne qui devrait en savoir plus", raconte le soldat Francis Archambault.
Selon lui, les opposants à la présence canadienne font fausse route lorsqu'ils accusent le gouvernement de Stephen Harper de vouloir s'aligner pas à pas à la politique étrangère américaine afin de demeurer dans les bonnes grâces de l'administration Bush.
"Cela n'a rien à voir. Le Canada ne retire pas grand-chose de sa présence ici. Ça coûte des vies, ça coûte de l'argent, mais on essaie de donner une chance de s'en sortir à des peuples qui ont besoin d'aide. C'est probablement la plus grande chose que je vais faire dans ma vie", a argué le soldat Archambault, âgé de 23 ans.
Peu avant le grand déploiement des militaires de la base de Valcartier _ ils seront plus de 2000 dans quelques jours dans la province de Kandahar _, les Forces armées canadiennes ont mené une campagne de charme au Québec pour tenter de gagner la population à la cause défendue en Afghanistan. Un groupe de soldats avait notamment été délégué à l'Assemblée nationale où une motion devait être adoptée pour souligner leur sens du devoir. Or, certains députés ont refusé de se lever lorsque les militaires ont été présentés en Chambre.
"Les gens ont droit à leur opinion", insiste pour sa part le sergent Steve Dufour, qui préfère ne pas s'engager sur le terrain politique. Néanmoins, il estime que la mission canadienne, qui se tient sous l'égide de l'OTAN, est mal comprise et souvent mal interprétée.
"J'ai parlé à une étudiante qui était contre la mission. Je lui ai dit: `toi au Canada, est-ce que quelqu'un t'empêche d'aller à l'école, de t'instruire?' C'est comme ça ici (en Afghanistan)", a-t-il illustré, convaincu que ce sont les enfants afghans qui pourront un jour reprendre le contrôle de leur pays, à condition de pouvoir recevoir une éducation digne de ce nom.
Mais pour l'heure, les quelque 500 fantassins du Royal 22e tentent de "limiter le mouvement des insurgés" dans le sud-est du pays à partir de la base de patrouille Wilson, à environ 65 kilomètres au nord-ouest de Kandahar.
Pour une première fois vendredi, des soldats de la compagnie B du troisième bataillon du Royal 22e, fraîchement arrivés au pays, ont patrouillé à pied un hameau du district de Shawali Kot, en collaboration avec la police nationale afghane (PNA). L'expérience n'a cependant guère été concluante.
Armés de fusils d'assaut C-7, les soldats ont marché prudemment dans les rues quasi désertes du village, restant à l'affût de tout mouvement suspect. Soudainement, un policier afghan a tiré, par erreur apparemment, une décharge de fusil mitrailleur AK-47, ce qui a fait croire pendant un court moment aux Canadiens qu'ils étaient attaqués. Il n'y a pas eu d'autres coups de feu tirés et personne n'a été blessé.
Outre cette bourde, les policiers afghans avaient aussi cru bon d'inciter les villageois à demeurer terrés dans leur demeure pendant la visite des Canadiens, ce qui a mis en furie le capitaine des troupes, Stéphane Girard.
"Nous, on voulait prendre contact, jaser avec les gens. Mais ils sont arrivés avant nous et leur ont fait peur", a-t-il dénoncé.
Manquant de formation, d'entraînement, d'équipement et gangrenée par la corruption, la nouvelle police nationale afghane inspire peu confiance. Consciente du fait qu'il n'y aura jamais de paix en Afghanistan sans le support d'une force policière professionnelle, respectée dans les communautés, la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), dont fait partie le Canada, a convenu d'accroître ses efforts dans les prochains mois pour améliorer la formation des policiers.