Publié : mer. juil. 04, 2007 2:48 am
Oui, nos jeunes sont heureux
Silvia Galipeau
La Presse
Non, les jeunes ne sont pas tous paumés. Ni délinquants, sans espoir et sans avenir. Mesdames et messieurs, en primeur, nous vous livrons ici les résultats surprenants d'une enquête exclusive, réalisée dans le cadre du congrès de l'ISAPP (International Society for Adolescent Psychiatry and Psychology), qui se déroule cette semaine à Montréal. Tenez-vous bien: la grande majorité des jeunes se porte finalement très bien.
Neuf jeunes sur 10 se disent heureux. Non seulement ils ont eu une enfance heureuse (85%), mais les trois quarts disent même avoir eu une adolescence heureuse.
Il est vrai que les bonnes nouvelles font rarement les manchettes. Mais celles-ci, de l'avis de tous les experts interrogés, sont si bonnes qu'elles méritent d'être soulignées.
On a tendance à ne parler que des jeunes qui vont mal, très mal. Suicide, décrochage, toxicomanie, les (tristes) sujets ne manquent pas. Or voilà qu'on apprend, chiffres à l'appui, que ces jeunes malheureux ne représentent finalement qu'une infime minorité: seuls 2% se disent «très malheureux».
C'est du moins ce qui ressort d'un sondage réalisé par Léger Marketing auprès de 919 jeunes de 16 à 20 ans, pour le compte du Congrès de l'ISAPP (International Society for Adolescent Psychiatry and Psychology), que La Presse a obtenu. Le congrès, qui s'inscrit dans la série d'activités commémorant le centenaire du CHU Sainte-Justine, se déroule cette semaine à Montréal. Il est organisé conjointement par le CHU Sainte-Justine, l'Ordre des psychologues du Québec, et l'Institut Philippe Pinel. Son thème: le passage de l'adolescence à l'âge adulte (d'où l'âge des jeunes ici sondés, 16 à 20 ans).
«Nous travaillons avec une clientèle très ciblée: la clientèle qui va mal. Dans les médias, on ne parle que de ceux qui vont mal, et c'est très important. Mais on oublie tous ceux qui vont bien, note Patricia Garel, chef du département de psychiatrie à Sainte-Justine et présidente du congrès. Les jeunes, dans la majorité des cas, vont très bien. Et c'est rassurant!» dit-elle.
Les plus heureux? Les francophones (92%) et les étudiants (92%).
Inversement, alors que l'on a tendance à surtout parler du malaise des garçons, ce sont les filles qui affirment, à 31%, avoir eu une adolescence malheureuse. Peut-être parle-t-on tant des garçons parce qu'ils font du bruit, avance Étienne Gaudet, psychoéducateur et intervenant en toxicomanie au centre Le Tremplin, dans Lanaudière. Malheureux, ils sont plus nombreux à être agressifs ou délinquants. «Les filles sont moins dérangeantes», dit-il.
Les jeunes qui ne sont pas aux études, ou, paradoxalement, ceux qui sont désormais à l'université, ont aussi plus tendance à avoir eu une adolescence malheureuse. Peut-être est-ce parce qu'ils sont tellement heureux dans leur état actuel, que leur adolescence leur semble avoir été moins confortable, avance Christian Bourque, vice-président recherche chez Léger Marketing.
Confiants en l'avenir
Ces jeunes heureux font aussi preuve d'une belle confiance en l'avenir: près de huit jeunes sur 10 se disent confiants, tout particulièrement les étudiants.
Interrogés à savoir s'ils se considèrent adultes ou non, les jeunes se montrent divisés: 52% croient que non (surtout les plus jeunes, avec une moindre scolarité, et un revenu familial supérieur), et 48% trouvent que oui (les plus vieux, plus scolarisés, mais aussi plus pauvres).
Contrairement à la croyance populaire voulant que les jeunes refusent de grandir, les deux tiers (67%) affirment au contraire avoir déjà eu hâte d'atteindre l'âge adulte. «Pour les bonnes raisons», se félicite d'ailleurs Patricia Garel. À savoir: pour la liberté et l'autonomie. Inversement, ceux qui ne tiennent pas à grandir apprécient la simplicité de leur vie, l'absence de tracas et de responsabilités.
À qui aimeraient-ils ressembler plus tard? Ambitions professionnelles et personnelles jouent ici du coude. Au premier plan, les jeunes répondent: une personne qui dirige sa propre entreprise. Vient ensuite: quelqu'un qui se consacre à temps plein... à sa famille.
La famille a d'ailleurs pour eux une place de choix: les deux tiers des jeunes sondés vivent avec leurs deux parents, et ils sont tout aussi nombreux à souhaiter un jour se marier (ou vivre en couple), et avoir des enfants.
Ils sont toutefois nettement moins nombreux à croire que cela se réalisera un jour: seuls 43% croient qu'ils vivront en couple avec des enfants, 47% en couple, mais sans enfants.
Lucides, les jeunes d'aujourd'hui? «Je ne sais pas, répond Patricia Garel en riant. Incertains, en tout cas.»
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... ACTUALITES
Silvia Galipeau
La Presse
Non, les jeunes ne sont pas tous paumés. Ni délinquants, sans espoir et sans avenir. Mesdames et messieurs, en primeur, nous vous livrons ici les résultats surprenants d'une enquête exclusive, réalisée dans le cadre du congrès de l'ISAPP (International Society for Adolescent Psychiatry and Psychology), qui se déroule cette semaine à Montréal. Tenez-vous bien: la grande majorité des jeunes se porte finalement très bien.
Neuf jeunes sur 10 se disent heureux. Non seulement ils ont eu une enfance heureuse (85%), mais les trois quarts disent même avoir eu une adolescence heureuse.
Il est vrai que les bonnes nouvelles font rarement les manchettes. Mais celles-ci, de l'avis de tous les experts interrogés, sont si bonnes qu'elles méritent d'être soulignées.
On a tendance à ne parler que des jeunes qui vont mal, très mal. Suicide, décrochage, toxicomanie, les (tristes) sujets ne manquent pas. Or voilà qu'on apprend, chiffres à l'appui, que ces jeunes malheureux ne représentent finalement qu'une infime minorité: seuls 2% se disent «très malheureux».
C'est du moins ce qui ressort d'un sondage réalisé par Léger Marketing auprès de 919 jeunes de 16 à 20 ans, pour le compte du Congrès de l'ISAPP (International Society for Adolescent Psychiatry and Psychology), que La Presse a obtenu. Le congrès, qui s'inscrit dans la série d'activités commémorant le centenaire du CHU Sainte-Justine, se déroule cette semaine à Montréal. Il est organisé conjointement par le CHU Sainte-Justine, l'Ordre des psychologues du Québec, et l'Institut Philippe Pinel. Son thème: le passage de l'adolescence à l'âge adulte (d'où l'âge des jeunes ici sondés, 16 à 20 ans).
«Nous travaillons avec une clientèle très ciblée: la clientèle qui va mal. Dans les médias, on ne parle que de ceux qui vont mal, et c'est très important. Mais on oublie tous ceux qui vont bien, note Patricia Garel, chef du département de psychiatrie à Sainte-Justine et présidente du congrès. Les jeunes, dans la majorité des cas, vont très bien. Et c'est rassurant!» dit-elle.
Les plus heureux? Les francophones (92%) et les étudiants (92%).
Inversement, alors que l'on a tendance à surtout parler du malaise des garçons, ce sont les filles qui affirment, à 31%, avoir eu une adolescence malheureuse. Peut-être parle-t-on tant des garçons parce qu'ils font du bruit, avance Étienne Gaudet, psychoéducateur et intervenant en toxicomanie au centre Le Tremplin, dans Lanaudière. Malheureux, ils sont plus nombreux à être agressifs ou délinquants. «Les filles sont moins dérangeantes», dit-il.
Les jeunes qui ne sont pas aux études, ou, paradoxalement, ceux qui sont désormais à l'université, ont aussi plus tendance à avoir eu une adolescence malheureuse. Peut-être est-ce parce qu'ils sont tellement heureux dans leur état actuel, que leur adolescence leur semble avoir été moins confortable, avance Christian Bourque, vice-président recherche chez Léger Marketing.
Confiants en l'avenir
Ces jeunes heureux font aussi preuve d'une belle confiance en l'avenir: près de huit jeunes sur 10 se disent confiants, tout particulièrement les étudiants.
Interrogés à savoir s'ils se considèrent adultes ou non, les jeunes se montrent divisés: 52% croient que non (surtout les plus jeunes, avec une moindre scolarité, et un revenu familial supérieur), et 48% trouvent que oui (les plus vieux, plus scolarisés, mais aussi plus pauvres).
Contrairement à la croyance populaire voulant que les jeunes refusent de grandir, les deux tiers (67%) affirment au contraire avoir déjà eu hâte d'atteindre l'âge adulte. «Pour les bonnes raisons», se félicite d'ailleurs Patricia Garel. À savoir: pour la liberté et l'autonomie. Inversement, ceux qui ne tiennent pas à grandir apprécient la simplicité de leur vie, l'absence de tracas et de responsabilités.
À qui aimeraient-ils ressembler plus tard? Ambitions professionnelles et personnelles jouent ici du coude. Au premier plan, les jeunes répondent: une personne qui dirige sa propre entreprise. Vient ensuite: quelqu'un qui se consacre à temps plein... à sa famille.
La famille a d'ailleurs pour eux une place de choix: les deux tiers des jeunes sondés vivent avec leurs deux parents, et ils sont tout aussi nombreux à souhaiter un jour se marier (ou vivre en couple), et avoir des enfants.
Ils sont toutefois nettement moins nombreux à croire que cela se réalisera un jour: seuls 43% croient qu'ils vivront en couple avec des enfants, 47% en couple, mais sans enfants.
Lucides, les jeunes d'aujourd'hui? «Je ne sais pas, répond Patricia Garel en riant. Incertains, en tout cas.»
http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... ACTUALITES