Publié : jeu. mai 10, 2007 3:55 am
Charest s'inspire de l'ADQ
Tommy Chouinard
La Presse
Québec
Bulletin scolaire chiffré dès l'automne, encore plus de place au privé en santé, consultation publique sur les aînés, imposition d'une limite aux accommodements raisonnables... Le premier ministre Jean Charest s'est inspiré du programme électoral de l'Action démocratique de Mario Dumont pour écrire le discours d'ouverture qu'il a prononcé à l'Assemblée nationale hier.
Le chef libéral a accepté de faire des concessions à l'opposition officielle pour améliorer les chances de survie de son gouvernement minoritaire. Conscient que sa formation a une durée de vie limitée, Jean Charest s'est contenté de présenter un plan comprenant «huit gestes principaux» à faire d'ici la fin de l'année.
Le premier ministre a confirmé que son gouvernement offrira des baisses d'impôts aux contribuables. Mais M. Charest ne les a pas chiffrées. Il s'est bien gardé de préciser s'il honorera son engagement d'alléger le fardeau fiscal des Québécois de 950 millions de dollars cette année, notamment en utilisant les 700 millions d'argent frais provenant d'Ottawa.
Jean Charest a envoyé un message au chef adéquiste Mario Dumont, qui s'est déjà prononcé contre l'idée d'utiliser l'argent du fédéral pour baisser les impôts. «Je demande à l'opposition de faire comme nous, de prendre le parti de la classe moyenne et de permettre des baisses d'impôts», a-t-il affirmé.
Avec ce geste, Jean Charest veut «travailler à la prospérité du Québec». «Je veux d'abord protéger votre niveau de vie. Vous travaillez fort, vous méritez d'en garder davantage pour vous», a dit M. Charest qui, bousculant les règles parlementaires, s'est adressé directement aux Québécois. Le gouvernement Charest déposera son budget, marqué par la «rigueur» et la «transparence», d'ici la fin du mois.
Jean Charest a fait siennes quelques-unes des idées lancées par l'ADQ en campagne électorale. Et le premier ministre n'a pas dit un mot concernant plusieurs engagements électoraux de son parti.
«Pour que vous, les parents, sachiez comment progressent vos enfants, nous ferons en sorte qu'un bulletin chiffré soit en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire», a-t-il affirmé, reprenant un engagement électoral de Mario Dumont auquel le PLQ était pourtant opposé. Même des libéraux proches du dossier n'avaient pas vu venir cette annonce, ce «lapin sorti du chapeau», qui exige des modifications à la Loi sur l'instruction publique.
Comblés, les adéquistes ont chaudement applaudi Jean Charest, geste inusité de la part de l'opposition officielle. «Ils ont failli se lever», a lancé à la blague M. Charest au président de l'Assemblée nationale, Michel Bissonnet. L'éducation sera d'ailleurs une «priorité» du gouvernement. Des efforts seront déployés pour «renforcer» l'apprentissage du français à l'école.
Inspiré par une autre promesse adéquiste, Jean Charest a annoncé que le gouvernement mettra sur pied une consultation publique sur les conditions de vie des aînés. Mario Dumont et son lieutenant, Gilles Taillon, avaient le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
Le premier ministre entend également «ouvrir plus grande la porte à une participation du privé» dans le système de santé, un discours martelé par Mario Dumont en campagne électorale. Le gouvernement ouvrira rapidement des cliniques privées affiliées au réseau public.
Mais Jean Charest a fait une mise en garde. «Il n'y aura pas de marchandisation des soins, pas de commerce de la souffrance au Québec.»
Le premier ministre a promis de «régler les problèmes» qui minent le fonctionnement des conseils d'agglomération, une structure à laquelle s'est attaquée Mario Dumont en campagne électorale. Mais le premier ministre n'est pas allé jusqu'à annoncer leur abolition, ce que réclame l'ADQ.
Dans un autre clin d'oeil à Mario Dumont, Jean Charest a insisté longuement, en début de discours, sur la controverse entourant les accommodements consentis aux minorités culturelles. «Il y a une limite, une ligne qui doit être tracée» concernant ces accommodements, a-t-il indiqué.
En attendant les conclusions de la commission Bouchard-Taylor, «nous allons renforcer le message livré à chaque immigrant selon lequel nos valeurs fondamentales ne sont pas négociables. Ce message, nous allons le rendre public pour que tous les Québécois sachent ce qu'on attend de ceux qui sont invités à venir partager notre avenir».
Pendant tout le discours, les références aux priorités de l'ADQ ont été multiples. Jean Charest a indiqué que son gouvernement «sera à l'écoute de la famille» afin de «mieux répondre aux besoins des jeunes couples».
Par ailleurs, le premier ministre compte dégeler, comme promis, les droits de scolarité «en bonifiant de manière correspondante le programme des prêts et bourses». Il présentera également un plan d'élimination de la malbouffe dans les écoles.
Respectant sa promesse électorale, le gouvernement libéral déposera un projet de loi pour resserrer le contrôle des armes à feu semi-automatiques, le seul à l'agenda pour l'instant. Ce sera la «loi Anastasia», en souvenir de la jeune Anastasia De Sousa assassinée par Kimveer Gill au collège Dawson en septembre dernier.
Jean Charest réclame l'appui des partis de l'opposition pour conclure avec Ottawa une entente pour «limiter le pouvoir fédéral de dépenser et assurer le respect des compétences du Québec». Jean Charest souhaite que «le renforcement de l'économie soit la cause commune des partis représentés à l'Assemblée nationale.
Les huit travaux du gouvernement
- Baisser les impôts
- Ouvrir des cliniques privées affiliées au réseau public
- Dégeler les droits de scolarité et bonifier les prêts et bourses
- Déposer un plan d'élimination de la malbouffe à l'école
- Créer un bulletin chiffré dans toutes les écoles pour l'automne
- Imposer aux pétrolières la fameuse taxe verte de 200 millions de dollars
- Régler les problèmes de fonctionnement des conseils d'agglomération
- Déposer une loi sur le contrôle des armes à feu semi-automatiques
Tommy Chouinard
La Presse
Québec
Bulletin scolaire chiffré dès l'automne, encore plus de place au privé en santé, consultation publique sur les aînés, imposition d'une limite aux accommodements raisonnables... Le premier ministre Jean Charest s'est inspiré du programme électoral de l'Action démocratique de Mario Dumont pour écrire le discours d'ouverture qu'il a prononcé à l'Assemblée nationale hier.
Le chef libéral a accepté de faire des concessions à l'opposition officielle pour améliorer les chances de survie de son gouvernement minoritaire. Conscient que sa formation a une durée de vie limitée, Jean Charest s'est contenté de présenter un plan comprenant «huit gestes principaux» à faire d'ici la fin de l'année.
Le premier ministre a confirmé que son gouvernement offrira des baisses d'impôts aux contribuables. Mais M. Charest ne les a pas chiffrées. Il s'est bien gardé de préciser s'il honorera son engagement d'alléger le fardeau fiscal des Québécois de 950 millions de dollars cette année, notamment en utilisant les 700 millions d'argent frais provenant d'Ottawa.
Jean Charest a envoyé un message au chef adéquiste Mario Dumont, qui s'est déjà prononcé contre l'idée d'utiliser l'argent du fédéral pour baisser les impôts. «Je demande à l'opposition de faire comme nous, de prendre le parti de la classe moyenne et de permettre des baisses d'impôts», a-t-il affirmé.
Avec ce geste, Jean Charest veut «travailler à la prospérité du Québec». «Je veux d'abord protéger votre niveau de vie. Vous travaillez fort, vous méritez d'en garder davantage pour vous», a dit M. Charest qui, bousculant les règles parlementaires, s'est adressé directement aux Québécois. Le gouvernement Charest déposera son budget, marqué par la «rigueur» et la «transparence», d'ici la fin du mois.
Jean Charest a fait siennes quelques-unes des idées lancées par l'ADQ en campagne électorale. Et le premier ministre n'a pas dit un mot concernant plusieurs engagements électoraux de son parti.
«Pour que vous, les parents, sachiez comment progressent vos enfants, nous ferons en sorte qu'un bulletin chiffré soit en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire», a-t-il affirmé, reprenant un engagement électoral de Mario Dumont auquel le PLQ était pourtant opposé. Même des libéraux proches du dossier n'avaient pas vu venir cette annonce, ce «lapin sorti du chapeau», qui exige des modifications à la Loi sur l'instruction publique.
Comblés, les adéquistes ont chaudement applaudi Jean Charest, geste inusité de la part de l'opposition officielle. «Ils ont failli se lever», a lancé à la blague M. Charest au président de l'Assemblée nationale, Michel Bissonnet. L'éducation sera d'ailleurs une «priorité» du gouvernement. Des efforts seront déployés pour «renforcer» l'apprentissage du français à l'école.
Inspiré par une autre promesse adéquiste, Jean Charest a annoncé que le gouvernement mettra sur pied une consultation publique sur les conditions de vie des aînés. Mario Dumont et son lieutenant, Gilles Taillon, avaient le sourire fendu jusqu'aux oreilles.
Le premier ministre entend également «ouvrir plus grande la porte à une participation du privé» dans le système de santé, un discours martelé par Mario Dumont en campagne électorale. Le gouvernement ouvrira rapidement des cliniques privées affiliées au réseau public.
Mais Jean Charest a fait une mise en garde. «Il n'y aura pas de marchandisation des soins, pas de commerce de la souffrance au Québec.»
Le premier ministre a promis de «régler les problèmes» qui minent le fonctionnement des conseils d'agglomération, une structure à laquelle s'est attaquée Mario Dumont en campagne électorale. Mais le premier ministre n'est pas allé jusqu'à annoncer leur abolition, ce que réclame l'ADQ.
Dans un autre clin d'oeil à Mario Dumont, Jean Charest a insisté longuement, en début de discours, sur la controverse entourant les accommodements consentis aux minorités culturelles. «Il y a une limite, une ligne qui doit être tracée» concernant ces accommodements, a-t-il indiqué.
En attendant les conclusions de la commission Bouchard-Taylor, «nous allons renforcer le message livré à chaque immigrant selon lequel nos valeurs fondamentales ne sont pas négociables. Ce message, nous allons le rendre public pour que tous les Québécois sachent ce qu'on attend de ceux qui sont invités à venir partager notre avenir».
Pendant tout le discours, les références aux priorités de l'ADQ ont été multiples. Jean Charest a indiqué que son gouvernement «sera à l'écoute de la famille» afin de «mieux répondre aux besoins des jeunes couples».
Par ailleurs, le premier ministre compte dégeler, comme promis, les droits de scolarité «en bonifiant de manière correspondante le programme des prêts et bourses». Il présentera également un plan d'élimination de la malbouffe dans les écoles.
Respectant sa promesse électorale, le gouvernement libéral déposera un projet de loi pour resserrer le contrôle des armes à feu semi-automatiques, le seul à l'agenda pour l'instant. Ce sera la «loi Anastasia», en souvenir de la jeune Anastasia De Sousa assassinée par Kimveer Gill au collège Dawson en septembre dernier.
Jean Charest réclame l'appui des partis de l'opposition pour conclure avec Ottawa une entente pour «limiter le pouvoir fédéral de dépenser et assurer le respect des compétences du Québec». Jean Charest souhaite que «le renforcement de l'économie soit la cause commune des partis représentés à l'Assemblée nationale.
Les huit travaux du gouvernement
- Baisser les impôts
- Ouvrir des cliniques privées affiliées au réseau public
- Dégeler les droits de scolarité et bonifier les prêts et bourses
- Déposer un plan d'élimination de la malbouffe à l'école
- Créer un bulletin chiffré dans toutes les écoles pour l'automne
- Imposer aux pétrolières la fameuse taxe verte de 200 millions de dollars
- Régler les problèmes de fonctionnement des conseils d'agglomération
- Déposer une loi sur le contrôle des armes à feu semi-automatiques