Publié : sam. avr. 21, 2007 9:42 am
Citation :Pour la première fois en France, une femme est en mesure d'accéder à la magistrature suprême lors de l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai. Le sexe dit «faible» pourrait-il voter majoritairement par empathie pour Ségolène Royal, plutôt que pour ses trois principaux concurrents masculins, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen?
«Même si son discours sur la démocratie participative, sur l'écoute des gens est plutôt bien accueilli par les femmes, cela ne suffit pas pour faire passer de la droite vers la gauche toutes les femmes âgées, plutôt catholiques pratiquantes, qui souvent ne travaillent pas. Ces femmes âgées constituent un potentiel de droite important», indique à l'Associated Press Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences-Po.
«Il est intéressant de constater que les femmes forment 52 pour cent du corps électoral (en âge de voter, NDLR), mais quand on a dit "femmes", on n'a pas dit grand-chose. L'âge et le milieu sociologique comptent beaucoup», note Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l'IFOP.
«On constate un "survote" en faveur de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal chez les femmes. Si le survote féminin en faveur de Royal se constate dans les tranches d'âges les plus jeunes, les moins de 50 ans et plus spécifiquement les 35-50 ans. Pour Sarkozy, il s'agit d'un vote de vieilles femmes en sa faveur», ajoute-t-il à l'AP. «Sarkozy fait ses scores maximaux dans les catégories d'âges les plus élevées, les seniors, les plus de 65 ans. Or, dans ces tranches d'âges, les femmes sont très représentées étant donné leur espérance de vie plus élevée que les hommes», note M. Fourquet.
Dans une France qui a donné le droit de vote aux femmes seulement en 1944 et où à peine plus de 12 pour cent des députés ne sont pas des hommes, où Edith Cresson première femme désignée Premier ministre en 1991 a connu le mandat le plus court de la Ve République (dix mois), où il a fallu ensuite attendre 2002 pour voir une femme obtenir un ministère régalien, celui de la Défense, la route semble encore semée d'embûches pour les prétendantes aux plus hautes fonctions.
Les coups bas sexistes et machistes dont Ségolène Royal a été victime avant et pendant la campagne, la transformant par exemple en «Bécassine», témoignent de ces difficultés. Pourraient-ils au final inciter les femmes à se déterminer plus en fonction du sexe que des traditionnels clivages politiques?
«Les phrases qui ont accueilli sa candidature au sein du PS et venant de son propre camp comme "qui va garder les enfants?", "la présidentielle n'est pas une affaire de mensurations" ou encore "la présidentielle n'est pas un concours de beauté" ont pu conforter les femmes âgées dans l'idée que la présidence de la République, ce n'est pas pour une femme», pense Janine Mossuz-Lavau.
«Le sexisme a ensuite continué sous une autre forme, avec le procès d'incompétence, toujours fait aux femmes. Quand il a été question d'augmenter le nombre d'élus en raison de la loi sur la parité, les réflexions ont toujours été: 'mais il faut qu'elles se forment, il faut les former'. Comme s'il y avait un gène de la politique que les hommes avaient en naissant alors que les femmes devraient l'apprendre», déplore-t-elle.
Active, «pacsée», mère de quatre enfants, Ségolène Royal est le prototype de la femme moderne vantée par les magazines féminins. «La femme est un animal politique comme un homme», avait-elle lancé le 7 mars à Dijon à la veille de la Journée de la femme.
Dimanche dernier, jugeant que «le temps des femmes est venu», Ségolène Royal a encore sollicité leur vote. «On me dit que pour certaines femmes, c'est trop révolutionnaire que de voir l'Etat et la nation incarnés par une femme. Mais je leur dis que là aussi, il est temps de mettre fin à des siècles d'injustice. Il est temps de mettre fin à ces préjugés qui n'ont pas de sens».
Mais le vote des femmes ne fera pas tout, même si elles sont traditionnellement moins nombreuses que les hommes à voter pour le Front national et qu'un «sous-vote» féminin concernant François Bayrou a été constaté, prévient Jérôme Fourquet. Autre inconnue de taille, rappelle Janine Mossuz-Lavau, «les 30 pour cent d'indécis et les trois millions de nouveaux électeurs qui n'ont jamais voté et dont on ne sait pas ce qu'ils vont faire».
«Même si son discours sur la démocratie participative, sur l'écoute des gens est plutôt bien accueilli par les femmes, cela ne suffit pas pour faire passer de la droite vers la gauche toutes les femmes âgées, plutôt catholiques pratiquantes, qui souvent ne travaillent pas. Ces femmes âgées constituent un potentiel de droite important», indique à l'Associated Press Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche CNRS au CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences-Po.
«Il est intéressant de constater que les femmes forment 52 pour cent du corps électoral (en âge de voter, NDLR), mais quand on a dit "femmes", on n'a pas dit grand-chose. L'âge et le milieu sociologique comptent beaucoup», note Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l'IFOP.
«On constate un "survote" en faveur de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal chez les femmes. Si le survote féminin en faveur de Royal se constate dans les tranches d'âges les plus jeunes, les moins de 50 ans et plus spécifiquement les 35-50 ans. Pour Sarkozy, il s'agit d'un vote de vieilles femmes en sa faveur», ajoute-t-il à l'AP. «Sarkozy fait ses scores maximaux dans les catégories d'âges les plus élevées, les seniors, les plus de 65 ans. Or, dans ces tranches d'âges, les femmes sont très représentées étant donné leur espérance de vie plus élevée que les hommes», note M. Fourquet.
Dans une France qui a donné le droit de vote aux femmes seulement en 1944 et où à peine plus de 12 pour cent des députés ne sont pas des hommes, où Edith Cresson première femme désignée Premier ministre en 1991 a connu le mandat le plus court de la Ve République (dix mois), où il a fallu ensuite attendre 2002 pour voir une femme obtenir un ministère régalien, celui de la Défense, la route semble encore semée d'embûches pour les prétendantes aux plus hautes fonctions.
Les coups bas sexistes et machistes dont Ségolène Royal a été victime avant et pendant la campagne, la transformant par exemple en «Bécassine», témoignent de ces difficultés. Pourraient-ils au final inciter les femmes à se déterminer plus en fonction du sexe que des traditionnels clivages politiques?
«Les phrases qui ont accueilli sa candidature au sein du PS et venant de son propre camp comme "qui va garder les enfants?", "la présidentielle n'est pas une affaire de mensurations" ou encore "la présidentielle n'est pas un concours de beauté" ont pu conforter les femmes âgées dans l'idée que la présidence de la République, ce n'est pas pour une femme», pense Janine Mossuz-Lavau.
«Le sexisme a ensuite continué sous une autre forme, avec le procès d'incompétence, toujours fait aux femmes. Quand il a été question d'augmenter le nombre d'élus en raison de la loi sur la parité, les réflexions ont toujours été: 'mais il faut qu'elles se forment, il faut les former'. Comme s'il y avait un gène de la politique que les hommes avaient en naissant alors que les femmes devraient l'apprendre», déplore-t-elle.
Active, «pacsée», mère de quatre enfants, Ségolène Royal est le prototype de la femme moderne vantée par les magazines féminins. «La femme est un animal politique comme un homme», avait-elle lancé le 7 mars à Dijon à la veille de la Journée de la femme.
Dimanche dernier, jugeant que «le temps des femmes est venu», Ségolène Royal a encore sollicité leur vote. «On me dit que pour certaines femmes, c'est trop révolutionnaire que de voir l'Etat et la nation incarnés par une femme. Mais je leur dis que là aussi, il est temps de mettre fin à des siècles d'injustice. Il est temps de mettre fin à ces préjugés qui n'ont pas de sens».
Mais le vote des femmes ne fera pas tout, même si elles sont traditionnellement moins nombreuses que les hommes à voter pour le Front national et qu'un «sous-vote» féminin concernant François Bayrou a été constaté, prévient Jérôme Fourquet. Autre inconnue de taille, rappelle Janine Mossuz-Lavau, «les 30 pour cent d'indécis et les trois millions de nouveaux électeurs qui n'ont jamais voté et dont on ne sait pas ce qu'ils vont faire».