Publié : mar. mai 01, 2007 9:43 am
Le choc démographique (les affaires.com)
Après la revanche des berceaux, le Québec doit maintenant gérer la revanche des têtes grises.
Le pouvoir gris est à nos portes. Comme toutes les sociétés occidentales (sauf les États-Unis), le Québec vieillit à la vitesse grand V. En 2006, les personnes âgés de 65 ans et plus représentaient déjà 15 % de la population; elles seront 20 % en 2021, et 27 % en 2031. Sur le marché du travail, l'impact sera énorme.
En 2005, on comptait encore 5 travailleurs pour 1 retraité. La proportion chutera à 2 pour 1 en 2030.
Pas besoin d'aligner d'autres statistiques pour comprendre que l'industrie de la chaise berçante va connaître de belles années... si elle trouve assez de personnel pour en fabriquer.
« Le phénomène du vieillis-sement au Québec est une copie conforme de ce que l'on trouve en Europe », dit Jacques Légaré, professeur émérite de démographie à l'Université de Montréal. « Nous avons eu le baby-boom le plus fort au monde, nous vivons maintenant un des baby-bust les plus prononcés. Le problème, c'est qu'on ne connaît pas une population en décroissance qui soit dynamique. »
De pénibles changements
En d'autres mots, le terme choc démographique préfigure des changements qui pourraient être pénibles pour de larges pans de la société. De quoi faire grisonner les tempes. « En 2011, les personnes âgées entre 45 et 64 ans représenteront 41 % de la force de travail au Canada, comparativement à 29 % en 1991 », peut-on lire dans une éloquente synthèse préparée par Patrice Vachon, associé chez Heenan Blaikie.
Un avocat qui suit de près l'évolution des populations ? « Pensez seulement aux questions de relève à la tête des entre-prises et à tous les casse-tête qui vont en découler », répond-il, en rappelant que les premiers baby-boomers auront 65 ans en 2011, ce qui laisse présager des départs massifs à la retraite. Parallèlement, notre société est en phase de dénatalité, avec un indice de fécondité qui atteint tout juste 1,5 enfant par femme, au Québec, donc sous le seuil de renouvellement (2,1).
Patrice Vachon déplore qu'on n'en mesure pas toutes les conséquences. Par exemple, le rapport de forces du Québec au sein du Canada risque d'en pâtir. En 2006, on dénombrait 7,5 millions de Québécois au sein des 33 millions de Canadiens. En 2041, on pense que le Québec en sera encore au même point, tandis que le Canada, lui, comptera globalement 40,5 millions de citoyens. Aujourd'hui, nous représentons 22,7 % de la population, mais nous ne serons plus que 18,5 % dans 35 ans ! Pourquoi cette stagnation alors que le pays, lui, va continuer à se peupler ?
La question de l'immigration
« La grande différence avec le reste du Canada, c'est que nous avons de la difficulté à garder nos immigrants, dit Jacques Légaré. À cet égard, le bilan a été presque toujours négatif depuis le Régime français. » Mais n'a-t-on pas fait état d'un solde positif au Québec pour la période 2001-2006 ? « Une hirondelle ne fait pas le printemps, indique-t-il. Notre bilan migratoire est constamment négatif.
Plus de gens partent qu'il n'en arrive. Avec notre basse fécondité, vous avez là la recette d'une population en stagnation. »
René Vézina
Après la revanche des berceaux, le Québec doit maintenant gérer la revanche des têtes grises.
Le pouvoir gris est à nos portes. Comme toutes les sociétés occidentales (sauf les États-Unis), le Québec vieillit à la vitesse grand V. En 2006, les personnes âgés de 65 ans et plus représentaient déjà 15 % de la population; elles seront 20 % en 2021, et 27 % en 2031. Sur le marché du travail, l'impact sera énorme.
En 2005, on comptait encore 5 travailleurs pour 1 retraité. La proportion chutera à 2 pour 1 en 2030.
Pas besoin d'aligner d'autres statistiques pour comprendre que l'industrie de la chaise berçante va connaître de belles années... si elle trouve assez de personnel pour en fabriquer.
« Le phénomène du vieillis-sement au Québec est une copie conforme de ce que l'on trouve en Europe », dit Jacques Légaré, professeur émérite de démographie à l'Université de Montréal. « Nous avons eu le baby-boom le plus fort au monde, nous vivons maintenant un des baby-bust les plus prononcés. Le problème, c'est qu'on ne connaît pas une population en décroissance qui soit dynamique. »
De pénibles changements
En d'autres mots, le terme choc démographique préfigure des changements qui pourraient être pénibles pour de larges pans de la société. De quoi faire grisonner les tempes. « En 2011, les personnes âgées entre 45 et 64 ans représenteront 41 % de la force de travail au Canada, comparativement à 29 % en 1991 », peut-on lire dans une éloquente synthèse préparée par Patrice Vachon, associé chez Heenan Blaikie.
Un avocat qui suit de près l'évolution des populations ? « Pensez seulement aux questions de relève à la tête des entre-prises et à tous les casse-tête qui vont en découler », répond-il, en rappelant que les premiers baby-boomers auront 65 ans en 2011, ce qui laisse présager des départs massifs à la retraite. Parallèlement, notre société est en phase de dénatalité, avec un indice de fécondité qui atteint tout juste 1,5 enfant par femme, au Québec, donc sous le seuil de renouvellement (2,1).
Patrice Vachon déplore qu'on n'en mesure pas toutes les conséquences. Par exemple, le rapport de forces du Québec au sein du Canada risque d'en pâtir. En 2006, on dénombrait 7,5 millions de Québécois au sein des 33 millions de Canadiens. En 2041, on pense que le Québec en sera encore au même point, tandis que le Canada, lui, comptera globalement 40,5 millions de citoyens. Aujourd'hui, nous représentons 22,7 % de la population, mais nous ne serons plus que 18,5 % dans 35 ans ! Pourquoi cette stagnation alors que le pays, lui, va continuer à se peupler ?
La question de l'immigration
« La grande différence avec le reste du Canada, c'est que nous avons de la difficulté à garder nos immigrants, dit Jacques Légaré. À cet égard, le bilan a été presque toujours négatif depuis le Régime français. » Mais n'a-t-on pas fait état d'un solde positif au Québec pour la période 2001-2006 ? « Une hirondelle ne fait pas le printemps, indique-t-il. Notre bilan migratoire est constamment négatif.
Plus de gens partent qu'il n'en arrive. Avec notre basse fécondité, vous avez là la recette d'une population en stagnation. »
René Vézina