Publié : mer. avr. 04, 2007 3:51 pm
Mises à pied au Parti québécois
Denis Lessard
La Presse
L'heure des décisions difficiles arrive au Parti québécois. La perte du statut d'opposition officielle force la mise à pied de plusieurs employés de la permanence, payés jusqu'ici à même la masse salariale de l'Assemblée nationale.
Une demi-douzaine d'agents de liaison - les yeux et les oreilles d'un parti sur le terrain - ont été licenciés lors d'une réunion à la permanence du PQ lundi, conséquence de la réduction des fonds publics versés pour les employés politiques. Le PQ doit quitter le bureau de la Place Ville-Marie, qui appartiendra au chef de l'opposition, Mario Dumont.
Plusieurs des recherchistes à l'Assemblée nationale sont aussi en danger. La masse salariale du chef de l'opposition tournait autour de 1,7 million de dollars - on n'en conservera que la moitié, évalue-t-on. Les finances du PQ sont en crise et la prochaine campagne de financement ne pourra être lancée de sitôt.
Hier, l'ancien chef péquiste Bernard Landry y est allé d'une série d'entrevues où il a soutenu que le Parti québécois avait bien d'autres choses à faire que de se lancer dans une course à la direction. Il estime justifiée «la décision d'André Boisclair, élu au premier tour d'un congrès démocratique, de rester en poste». «Sans compter que, pour l'instant, son parti a beaucoup d'autres choses à faire que de changer de chef», écrit-il dans un texte transmis hier à La Presse.
Il a aussi pris ses distances avec la proposition de l'ancien mandarin péquiste Louis Bernard pour qui le Parti québécois doit devenir le parti d'une seule cause, la souveraineté. M. Landry rappelle qu'en 2003, il estimait devoir avoir «l'assurance morale» de l'emporter avant de se lancer dans un référendum. «C'est pour cela aussi que j'ai fait mettre les mots, le plus rapidement possible» dans le dernier programme, ce qui a permis à André Boisclair de dire fort judicieusement qu'il ne serait pas un kamikaze», a ajouté l'ancien premier ministre.
Les raisons de la défaite
Plus tard, dans une entrevue à la radio de Radio-Canada, M. Landry a renchéri : M. Boisclair «a fait le bon choix de rester. Il a fait une campagne plus que convenable» et ni André Boisclair ni la souveraineté ne sont à la source de la dégelée électorale. Selon Bernard Landry, les gens en colère ont sanctionné d'abord le gouvernement, en particulier sur la question des défusions, par exemple dans Marie-Victorin et Chambly. Il a estimé que ce débat a été central dans 20 ou 25 circonscrïptions.
Le ton a clairement monté quand l'animateur a souligné qu'on ne pouvait imputer à Jean Charest le fait que le Parti québécois ait perdu son statut d'opposition officielle.
«Vous ne me direz pas que je ne peux pas vous donner l'explication que j'allais vous donner!» à répliqué impatient l'ancien premier ministre.
«Dans les autres circonscrïptions, il y a eu les accommodements raisonnables. C'est un sujet ultrasensible dans tous les pays d'immigration. Mario Dumont a capitalisé rapidement là-dessus, il a été plus carré, plus vite que Boisclair. Ce dernier a réagi après, de façon plus nuancée, mais Dumont a vite fédéré les mécontents sur cette question identitaire.»
«Enragée», la population n'était pas ouverte à des propositions «engagées». «C'est facile pour des conservateurs d'y aller de façon raide, carrée», a expliqué M. Landry, soutenant que la réalité méritait davantage de nuances.
La proposition de Louis Bernard, qui voudrait que le PQ s'occupe uniquement de souveraineté avant de se faire élire, laisse de glace l'ancien chef. M. Bernard a soutenu dans une lettre publiée hier que le PQ devrait se replier sur son option pour proposer avant tout la souveraineté aux prochaines élections.
Louis Bernard «se trompe»
Selon M. Landry, l'ancien conseiller de René Lévesque et de Jacques Parizeau «se trompe sur les sources» du mouvement souverainiste : «René Lévesque avait dit : on va donner un bon gouvernement et voici le programme, et en plus on a fait un référendum.»
«En tout respect pour Louis, sa proposition n'est pas réaliste. Imaginez-vous, a-t-il conclu, une campagne électorale de 30 jours où un chef ne parle que d'une chose, il n'a pas d'autre élément de programme?»
Denis Lessard
La Presse
L'heure des décisions difficiles arrive au Parti québécois. La perte du statut d'opposition officielle force la mise à pied de plusieurs employés de la permanence, payés jusqu'ici à même la masse salariale de l'Assemblée nationale.
Une demi-douzaine d'agents de liaison - les yeux et les oreilles d'un parti sur le terrain - ont été licenciés lors d'une réunion à la permanence du PQ lundi, conséquence de la réduction des fonds publics versés pour les employés politiques. Le PQ doit quitter le bureau de la Place Ville-Marie, qui appartiendra au chef de l'opposition, Mario Dumont.
Plusieurs des recherchistes à l'Assemblée nationale sont aussi en danger. La masse salariale du chef de l'opposition tournait autour de 1,7 million de dollars - on n'en conservera que la moitié, évalue-t-on. Les finances du PQ sont en crise et la prochaine campagne de financement ne pourra être lancée de sitôt.
Hier, l'ancien chef péquiste Bernard Landry y est allé d'une série d'entrevues où il a soutenu que le Parti québécois avait bien d'autres choses à faire que de se lancer dans une course à la direction. Il estime justifiée «la décision d'André Boisclair, élu au premier tour d'un congrès démocratique, de rester en poste». «Sans compter que, pour l'instant, son parti a beaucoup d'autres choses à faire que de changer de chef», écrit-il dans un texte transmis hier à La Presse.
Il a aussi pris ses distances avec la proposition de l'ancien mandarin péquiste Louis Bernard pour qui le Parti québécois doit devenir le parti d'une seule cause, la souveraineté. M. Landry rappelle qu'en 2003, il estimait devoir avoir «l'assurance morale» de l'emporter avant de se lancer dans un référendum. «C'est pour cela aussi que j'ai fait mettre les mots, le plus rapidement possible» dans le dernier programme, ce qui a permis à André Boisclair de dire fort judicieusement qu'il ne serait pas un kamikaze», a ajouté l'ancien premier ministre.
Les raisons de la défaite
Plus tard, dans une entrevue à la radio de Radio-Canada, M. Landry a renchéri : M. Boisclair «a fait le bon choix de rester. Il a fait une campagne plus que convenable» et ni André Boisclair ni la souveraineté ne sont à la source de la dégelée électorale. Selon Bernard Landry, les gens en colère ont sanctionné d'abord le gouvernement, en particulier sur la question des défusions, par exemple dans Marie-Victorin et Chambly. Il a estimé que ce débat a été central dans 20 ou 25 circonscrïptions.
Le ton a clairement monté quand l'animateur a souligné qu'on ne pouvait imputer à Jean Charest le fait que le Parti québécois ait perdu son statut d'opposition officielle.
«Vous ne me direz pas que je ne peux pas vous donner l'explication que j'allais vous donner!» à répliqué impatient l'ancien premier ministre.
«Dans les autres circonscrïptions, il y a eu les accommodements raisonnables. C'est un sujet ultrasensible dans tous les pays d'immigration. Mario Dumont a capitalisé rapidement là-dessus, il a été plus carré, plus vite que Boisclair. Ce dernier a réagi après, de façon plus nuancée, mais Dumont a vite fédéré les mécontents sur cette question identitaire.»
«Enragée», la population n'était pas ouverte à des propositions «engagées». «C'est facile pour des conservateurs d'y aller de façon raide, carrée», a expliqué M. Landry, soutenant que la réalité méritait davantage de nuances.
La proposition de Louis Bernard, qui voudrait que le PQ s'occupe uniquement de souveraineté avant de se faire élire, laisse de glace l'ancien chef. M. Bernard a soutenu dans une lettre publiée hier que le PQ devrait se replier sur son option pour proposer avant tout la souveraineté aux prochaines élections.
Louis Bernard «se trompe»
Selon M. Landry, l'ancien conseiller de René Lévesque et de Jacques Parizeau «se trompe sur les sources» du mouvement souverainiste : «René Lévesque avait dit : on va donner un bon gouvernement et voici le programme, et en plus on a fait un référendum.»
«En tout respect pour Louis, sa proposition n'est pas réaliste. Imaginez-vous, a-t-il conclu, une campagne électorale de 30 jours où un chef ne parle que d'une chose, il n'a pas d'autre élément de programme?»