Publié : mer. mars 21, 2007 11:56 pm
Le Devoir
C'est dans la nuit du 9 au 10 février 1956, dans une cellule de la prison de Bordeaux, que le vide s'est fait sous les pieds de Wilbert Coffin. Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive pour le décès de trois chasseurs américains, Coffin a clamé son innocence jusqu'à son dernier souffle. Sans le savoir, le Gaspésien allait devenir plus indésirable mort que vivant puisque l'affaire Coffin n'a pas tardé à s'inscrire dans les causes les plus célèbres et les plus controversées de notre histoire judiciaire.
Le 6 juin 1953, Eugene Lindsay quitte la Pennsylvanie en compagnie de son fils et d'un ami de la famille pour chasser l'ours. Le 9, ils se trouvent en pleine forêt, à 60 kilomètres de Gaspé. C'est à ce moment qu'entre en scène Coffin. Wilbert Coffin est un prospecteur minier âgé de 40 ans. Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, loyaliste d'origine et de foi protestante, il se rend régulièrement à Montréal pour y voir Marion Pétrie, sa maîtresse, avec qui il a eu un fils. Dans un Québec gouverné par Duplessis et où la religion catholique se fait envahissante, Coffin deviendra le coupable idéal.
Le 10 juin au matin, Coffin se rend prospecter dans la forêt gaspésienne. Il rencontre trois Américains dans l'embarras, la cause étant la panne soudaine de leur véhicule. Coffin propose d'emmener le jeune Lindsay à Gaspé pour qu'il se procure une pompe à essence. C'est la dernière fois que des gens de Gaspé voient un des chasseurs américains en vie.
Sans nouvelles depuis leur départ, les proches des chasseurs alertent la police. Le 10 juillet, la camionnette est repérée. Le corps d'Eugene Lindsay est retrouvé peu après dans un état lamentable. Décidément, la partie de chasse a mal tourné. Entre-temps, soit le 13 juin, Coffin a pris la direction de Montréal pour ne revenir que le 19 juillet.
De retour à Gaspé, la police l'interroge, sachant qu'il a été vu en compagnie du jeune Lindsay. Coffin livre sa version des faits, puis se joint aux chercheurs afin de retrouver la trace des autres disparus, qui seront découverts dans un état semblable le 23 juillet. Attaque en règle de bêtes sauvages ou assassinat? L'enquête du coroner Lionel Rioux conclut que des trous ont été percés par un projectile d'arme à feu. Appelé à témoigner, Coffin répète ce qu'on sait déjà. Au mois d'août, faute d'avoir d'autres suspects, Coffin est arrêté.
...
Coupable ou non coupable ?
L'édition du quotidien Le Soleil du 2 août 2004 révèle que le coroner Lionel Rioux, aujourd'hui âgé de 88 ans, se range du côté des modérés. Il croit que Coffin a été témoin de la mort des chasseurs américains mais qu'il n'a pas pu abattre seul trois hommes bien armés. Lors de sa visite des lieux, qui remonte à plus de 50 ans, Rioux a conclu que les chasseurs américains ont été tués à la suite d'une «chicane de gars chauds» qui s'est mal terminée. «Dans le campement de Lindsay, j'ai vu des traces de grosses batailles [...]», mentionnera-t-il au Soleil.
Selon Rioux, qui en passant n'a jamais été appelé à la barre lors du procès, le principal suspect dans cette affaire est William Baker, un ami proche de Coffin. Fait inusité, Baker est mort 17 jours après l'exécution de Coffin. On diagnostique une crise cardiaque, mais Rioux, absent du pays, n'y croit pas: «Je suis persuadé que cet homme s'est empoisonné, qu'il s'est suicidé parce qu'il ne pouvait vivre avec les remords liés au décès de Coffin.» On a refusé d'exhumer le corps et de pratiquer une autopsie.
Cinquante ans après l'exécution de Coffin, le doute persiste. Quant aux proches de Coffin, ils souligneront les 50 ans de son départ à la petite église de York Center, tout près de Gaspé, où est inhumé le corps du prospecteur.
L'article complet :
http://www.ledevoir.com/2006/02/10/101667.html
A noter :
L'équipe d'Enjeux (Radio Canada) présentera un reportage ce mercredi 28 mars sur cette affaire. --Message edité par infomanII le 2007-03-22 05:58:06--
C'est dans la nuit du 9 au 10 février 1956, dans une cellule de la prison de Bordeaux, que le vide s'est fait sous les pieds de Wilbert Coffin. Pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive pour le décès de trois chasseurs américains, Coffin a clamé son innocence jusqu'à son dernier souffle. Sans le savoir, le Gaspésien allait devenir plus indésirable mort que vivant puisque l'affaire Coffin n'a pas tardé à s'inscrire dans les causes les plus célèbres et les plus controversées de notre histoire judiciaire.
Le 6 juin 1953, Eugene Lindsay quitte la Pennsylvanie en compagnie de son fils et d'un ami de la famille pour chasser l'ours. Le 9, ils se trouvent en pleine forêt, à 60 kilomètres de Gaspé. C'est à ce moment qu'entre en scène Coffin. Wilbert Coffin est un prospecteur minier âgé de 40 ans. Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, loyaliste d'origine et de foi protestante, il se rend régulièrement à Montréal pour y voir Marion Pétrie, sa maîtresse, avec qui il a eu un fils. Dans un Québec gouverné par Duplessis et où la religion catholique se fait envahissante, Coffin deviendra le coupable idéal.
Le 10 juin au matin, Coffin se rend prospecter dans la forêt gaspésienne. Il rencontre trois Américains dans l'embarras, la cause étant la panne soudaine de leur véhicule. Coffin propose d'emmener le jeune Lindsay à Gaspé pour qu'il se procure une pompe à essence. C'est la dernière fois que des gens de Gaspé voient un des chasseurs américains en vie.
Sans nouvelles depuis leur départ, les proches des chasseurs alertent la police. Le 10 juillet, la camionnette est repérée. Le corps d'Eugene Lindsay est retrouvé peu après dans un état lamentable. Décidément, la partie de chasse a mal tourné. Entre-temps, soit le 13 juin, Coffin a pris la direction de Montréal pour ne revenir que le 19 juillet.
De retour à Gaspé, la police l'interroge, sachant qu'il a été vu en compagnie du jeune Lindsay. Coffin livre sa version des faits, puis se joint aux chercheurs afin de retrouver la trace des autres disparus, qui seront découverts dans un état semblable le 23 juillet. Attaque en règle de bêtes sauvages ou assassinat? L'enquête du coroner Lionel Rioux conclut que des trous ont été percés par un projectile d'arme à feu. Appelé à témoigner, Coffin répète ce qu'on sait déjà. Au mois d'août, faute d'avoir d'autres suspects, Coffin est arrêté.
...
Coupable ou non coupable ?
L'édition du quotidien Le Soleil du 2 août 2004 révèle que le coroner Lionel Rioux, aujourd'hui âgé de 88 ans, se range du côté des modérés. Il croit que Coffin a été témoin de la mort des chasseurs américains mais qu'il n'a pas pu abattre seul trois hommes bien armés. Lors de sa visite des lieux, qui remonte à plus de 50 ans, Rioux a conclu que les chasseurs américains ont été tués à la suite d'une «chicane de gars chauds» qui s'est mal terminée. «Dans le campement de Lindsay, j'ai vu des traces de grosses batailles [...]», mentionnera-t-il au Soleil.
Selon Rioux, qui en passant n'a jamais été appelé à la barre lors du procès, le principal suspect dans cette affaire est William Baker, un ami proche de Coffin. Fait inusité, Baker est mort 17 jours après l'exécution de Coffin. On diagnostique une crise cardiaque, mais Rioux, absent du pays, n'y croit pas: «Je suis persuadé que cet homme s'est empoisonné, qu'il s'est suicidé parce qu'il ne pouvait vivre avec les remords liés au décès de Coffin.» On a refusé d'exhumer le corps et de pratiquer une autopsie.
Cinquante ans après l'exécution de Coffin, le doute persiste. Quant aux proches de Coffin, ils souligneront les 50 ans de son départ à la petite église de York Center, tout près de Gaspé, où est inhumé le corps du prospecteur.
L'article complet :
http://www.ledevoir.com/2006/02/10/101667.html
A noter :
L'équipe d'Enjeux (Radio Canada) présentera un reportage ce mercredi 28 mars sur cette affaire. --Message edité par infomanII le 2007-03-22 05:58:06--