Publié : dim. mars 18, 2007 4:34 am
Ouvrir, encore, la boîte de Pandore
Il fut un temps où André Boisclair jouait à l’analyste politique et aimait à répéter que Jean Charest n’avait jamais rien fait d’autre que de «fédérer les oppositions» pour prendre le pouvoir. Au lieu de proposer un programme positif, une vision de l’avenir, le chef libéral avait tout simplement proposé de défaire les politiques impopulaires du gouvernement précédent, disait M. Boisclair.
Il y avait pas mal de vrai dans cette affirmation. Le meilleur exemple de cela était la question des défusions municipales. Un des rares exemples où un gouvernement élu a choisi de revenir en arrière et de revenir au statu quo ante.
À l’époque, Mario Dumont était contre les défusions. Mais sur cette question, il avait eu un parcours que ses adversaires qualifieront de bigarré et dont ses amis diront qu’il était créatif.
Au début, il était contre les fusions forcées, mais pas partout : il approuvait celles qui auraient lieu sur l’Ile de Montréal – il est vrai que M. Dumont n’avait pas vraiment d’appuis dans la communauté anglophone et qu’il allait bientôt recruter le père de l’idée des fusions, Pierre Bourque, comme son candidat-vedette à Montréal.
On passera les louvoiements de M. Dumont sur l’organisation municipale au cours des quatre dernières années pour en arriver à la situation actuelle : le chef de l’ADQ veut maintenant abolir les Conseils d’agglomération, contraires, dit-il, au principe de «no taxation without representation».
Au plan formel, il y a du vrai dans ce que dit M. Dumont : les conseils d’agglomération ont été créés pour dissuader les citoyens de voter pour la défusion de leurs villes en leur disant que s’ils quittaient la grande ville, ils n’auraient plus de véritable mot à dire sur un grand nombre des dépenses de nature municipale.
Le seul ennui, c’est que M. Dumont était aussi d’accord avec l’idée même des fusions – au moins sur l’Ile de Montréal – parce que ces fusions étaient nécessaires pour des raisons d’équité fiscale. Il y avait un problème de services que les citoyens de la ville-centre étaient seuls à assumer, alors qu’ils profitaient aussi aux résidants de la banlieue.
Comme ce problème était important et d’une inéquité criante, on a procédé aux fusions. Et même quand les libéraux ont accepté l’idée des défusions, ils ont voulu maintenir l’équité entre la ville-centre et les banlieues au moyen des Conseils d’agglomération.
Tout le monde savait sur quoi il votait : la défusion était possible seulement au prix des Conseils d’agglomération.
Aujourd’hui, parce que ceux-ci suscitent du mécontentement, M. Dumont veut les abolir purement et simplement en oubliant le principe de l’équité auquel il souscrivait jadis.
Pour les remplacer, M. Dumont suggère deux options, soit la reconstitution des Communautés urbaines et des pouvoirs de taxation accrus pour les villes.
C’est oublier que, dans le temps, les villes de banlieue dénonçaient les Communautés urbaines comme des institutions anti-démocratiques avec les mêmes mots bien sentis qu’ils réservent aujourd’hui pour les Conseils d’agglomération.
C’est oublier aussi que donner, par exemple, une part de la taxe de vente à toutes les municipalités ne règlera pas le problème d’inéquité fiscale entre les citoyens de la ville-centre et ceux des banlieues.
Bref, M. Dumont est prêt à renier les principes qu’il a autrefois défendus pour un avantage à court terme dans une couple de comtés de la région de Montréal. Mais le problème de l’équité entre les villes-centre et les banlieues restera entier et qu’il le veuille ou non, si jamais M. Dumont devait prendre le pouvoir, il devra tôt ou tard s’en occuper.
Tout ce qui risque de lui arriver, alors, c’est de créer encore plus de mécontentement. Exactement comme Jean Charest l’avait fait avant lui en ouvrant la boîte de Pandore des défusions.
Il fut un temps où André Boisclair jouait à l’analyste politique et aimait à répéter que Jean Charest n’avait jamais rien fait d’autre que de «fédérer les oppositions» pour prendre le pouvoir. Au lieu de proposer un programme positif, une vision de l’avenir, le chef libéral avait tout simplement proposé de défaire les politiques impopulaires du gouvernement précédent, disait M. Boisclair.
Il y avait pas mal de vrai dans cette affirmation. Le meilleur exemple de cela était la question des défusions municipales. Un des rares exemples où un gouvernement élu a choisi de revenir en arrière et de revenir au statu quo ante.
À l’époque, Mario Dumont était contre les défusions. Mais sur cette question, il avait eu un parcours que ses adversaires qualifieront de bigarré et dont ses amis diront qu’il était créatif.
Au début, il était contre les fusions forcées, mais pas partout : il approuvait celles qui auraient lieu sur l’Ile de Montréal – il est vrai que M. Dumont n’avait pas vraiment d’appuis dans la communauté anglophone et qu’il allait bientôt recruter le père de l’idée des fusions, Pierre Bourque, comme son candidat-vedette à Montréal.
On passera les louvoiements de M. Dumont sur l’organisation municipale au cours des quatre dernières années pour en arriver à la situation actuelle : le chef de l’ADQ veut maintenant abolir les Conseils d’agglomération, contraires, dit-il, au principe de «no taxation without representation».
Au plan formel, il y a du vrai dans ce que dit M. Dumont : les conseils d’agglomération ont été créés pour dissuader les citoyens de voter pour la défusion de leurs villes en leur disant que s’ils quittaient la grande ville, ils n’auraient plus de véritable mot à dire sur un grand nombre des dépenses de nature municipale.
Le seul ennui, c’est que M. Dumont était aussi d’accord avec l’idée même des fusions – au moins sur l’Ile de Montréal – parce que ces fusions étaient nécessaires pour des raisons d’équité fiscale. Il y avait un problème de services que les citoyens de la ville-centre étaient seuls à assumer, alors qu’ils profitaient aussi aux résidants de la banlieue.
Comme ce problème était important et d’une inéquité criante, on a procédé aux fusions. Et même quand les libéraux ont accepté l’idée des défusions, ils ont voulu maintenir l’équité entre la ville-centre et les banlieues au moyen des Conseils d’agglomération.
Tout le monde savait sur quoi il votait : la défusion était possible seulement au prix des Conseils d’agglomération.
Aujourd’hui, parce que ceux-ci suscitent du mécontentement, M. Dumont veut les abolir purement et simplement en oubliant le principe de l’équité auquel il souscrivait jadis.
Pour les remplacer, M. Dumont suggère deux options, soit la reconstitution des Communautés urbaines et des pouvoirs de taxation accrus pour les villes.
C’est oublier que, dans le temps, les villes de banlieue dénonçaient les Communautés urbaines comme des institutions anti-démocratiques avec les mêmes mots bien sentis qu’ils réservent aujourd’hui pour les Conseils d’agglomération.
C’est oublier aussi que donner, par exemple, une part de la taxe de vente à toutes les municipalités ne règlera pas le problème d’inéquité fiscale entre les citoyens de la ville-centre et ceux des banlieues.
Bref, M. Dumont est prêt à renier les principes qu’il a autrefois défendus pour un avantage à court terme dans une couple de comtés de la région de Montréal. Mais le problème de l’équité entre les villes-centre et les banlieues restera entier et qu’il le veuille ou non, si jamais M. Dumont devait prendre le pouvoir, il devra tôt ou tard s’en occuper.
Tout ce qui risque de lui arriver, alors, c’est de créer encore plus de mécontentement. Exactement comme Jean Charest l’avait fait avant lui en ouvrant la boîte de Pandore des défusions.