Publié : mer. févr. 21, 2007 8:41 am
Le Quotidien
Nouvelles générales, mercredi, 24 janvier 2007, p. 11
Chronique
L'être humain se déteste, il en redemande!
Brassard, Jacques
Très révélatrice de l'anti-humanisme florissant chez nos élites intello-artistiques, que cette anecdote racontée par Christian Rioux, dans Le Devoir du 12 janvier... Ça se passe lors d'une soirée de soutien de la Ligue des droits et libertés. Karen Young, chanteuse de jazz, en profite, avant de chanter, pour y aller d'une petite ritournelle sur la Pauvre Terre en péril. "C'est une jolie planète, s'écrie-t-elle, avant qu'elle soit frappée d'humanité." Stupéfiant! Tout le monde est là pour célébrer les droits de l'être humain et ce qu'on y proclame sur la scène, c'est que l'Humanité est un fléau, une épidémie, une disgrâce de la nature, une espèce abjecte et monstrueuse. Le plus affligeant, c'est que Christian Rioux nous apprend que la phrase citée par la chanteuse est de...Gilles Vigneault! Le poète et le chantre de la beauté et de la grandeur des humains considérerait-il désormais l'Humanité comme une horrible maladie de la Terre?
Cette détestation de l'Humanité est devenue l'un des fondements de l'idéologie écolo-gauchiste qui contamine toutes les colonies artistiques et tous les cénacles intellectuels d'Occident. Leur mot d'ordre est rabâché jusqu'à plus soif: il faut sauver la planète! Mêmes les enfants des écoles primaires sont convaincus que l'Humanité est une espèce malfaisante qui inflige de gros bobos à Mère nature. Car, voilà bien le coeur et l'essence de cette nouvelle religion: la nature vierge est une entité divinisée qui doit être vénérée et adorée.
Interdiction
Et toute atteinte à Mère nature, sous quelque forme que ce soit, se doit d'être dénoncée et empêchée. Barrage sur la Rupert, petits et moyens barrages sur n'importe quelle rivière au Québec, port méthanier sur les rives du fleuve, pompage de gaz et de pétrole dans le golfe Saint-Laurent, récolte d'épinettes noires en forêt boréale, condos au pied d'une montagne, projets industriels de toute nature (mêmes très propres et non-polluants)... Toutes ces interventions humaines sont des méfaits et des forfaits tellement ignobles que l'Humanité, en tant qu'auteur de ces calamités, ne mérite que l'anéantissement comme châtiment.
De toutes les espèces vivantes, l'homo sapiens est vraiment la seule chez qui la haine de soi est un sentiment largement répandu. Toutes les autres, de l'éléphant à la sauterelle, obéissent à leurs penchants spécifiques et prélèvent ce qui est leur est nécessaire dans leur environnement. Seule l'Humanité commet un crime en puisant dans la nature les ressources requises pour sa survie et son développement. La légion des Sauveurs de la planète de s'empresser de réprouver ce sacrilège lèse-nature et de souhaiter, comme punition, l'extinction de cette espèce maudite.
Il faut toutefois noter que cette exécration de l'Humanité - cette haine de soi, en somme - n'existe que dans la civilisation occidentale. C'est en Occident seulement, qu'à tous les dix ans, on prédit l'épuisement des ressource (ce qui n'arrive jamais) et un surcroît de pollution (alors qu'en réalité la qualité de l'air et des eaux ne cesse de s'améliorer).
Évangélisme écolo
Récemment, deux évangélistes écolos nous proposaient deux livres à méditer. Lise Payette, d'abord, qui encensait un pamphlet dont le titre est tout un programme: "L'Humanité disparaîtra, bon débarras!".
"En consommant, nous prévient Yves Paccalet, le prophète maître à penser de Mme Payette, les humains vont s'auto-détruire, et plus vite qu'on ne le croit." Alors, que faire? "La décroissance! Le peu! Le partage!" Repentez-vous et jeûnez, bandes de goinfres! Et, surtout, nous conseille-t-il, arrêtons de proliférer. Nous sommes ignobles avec notre "tsunami d'enfants braillards!". Stimulant, ne trouvez-vous pas?
L'autre bouquin nous est proposé par le prédicateur du Devoir, Louis-Gilles Francoeur. Pondu par Hervé Kempf, il nous prêche aussi la fin prochaine de l'humanité. La recette pour l'éviter? "Consommer moins, répartir mieux".
Autrefois, dans les "retraites fermées", le curé insistait beaucoup sur le feu de l'Enfer qui nous consumerait si nous ne cessions de nous complaire dans le péché. Aujourd'hui, on nous prophétise la mort de la Terre et notre extinction en prime, si nous n'optons pas pour la décroissance économique et un retour à la frugalité des temps de pénurie.
Je vous le dis tout net, cette nouvelle religion toute suintante de haine de l'Humanité et tous ces Sauveurs de la planète qui pullulent dans les Beaux quartiers m'exaspèrent au plus haut point. P'us capab'e!
Et je m'enfonce avec délectation dans les bienfaits de la société de consommation! Au volant de mon 4X4, il va sans dire!
Nouvelles générales, mercredi, 24 janvier 2007, p. 11
Chronique
L'être humain se déteste, il en redemande!
Brassard, Jacques
Très révélatrice de l'anti-humanisme florissant chez nos élites intello-artistiques, que cette anecdote racontée par Christian Rioux, dans Le Devoir du 12 janvier... Ça se passe lors d'une soirée de soutien de la Ligue des droits et libertés. Karen Young, chanteuse de jazz, en profite, avant de chanter, pour y aller d'une petite ritournelle sur la Pauvre Terre en péril. "C'est une jolie planète, s'écrie-t-elle, avant qu'elle soit frappée d'humanité." Stupéfiant! Tout le monde est là pour célébrer les droits de l'être humain et ce qu'on y proclame sur la scène, c'est que l'Humanité est un fléau, une épidémie, une disgrâce de la nature, une espèce abjecte et monstrueuse. Le plus affligeant, c'est que Christian Rioux nous apprend que la phrase citée par la chanteuse est de...Gilles Vigneault! Le poète et le chantre de la beauté et de la grandeur des humains considérerait-il désormais l'Humanité comme une horrible maladie de la Terre?
Cette détestation de l'Humanité est devenue l'un des fondements de l'idéologie écolo-gauchiste qui contamine toutes les colonies artistiques et tous les cénacles intellectuels d'Occident. Leur mot d'ordre est rabâché jusqu'à plus soif: il faut sauver la planète! Mêmes les enfants des écoles primaires sont convaincus que l'Humanité est une espèce malfaisante qui inflige de gros bobos à Mère nature. Car, voilà bien le coeur et l'essence de cette nouvelle religion: la nature vierge est une entité divinisée qui doit être vénérée et adorée.
Interdiction
Et toute atteinte à Mère nature, sous quelque forme que ce soit, se doit d'être dénoncée et empêchée. Barrage sur la Rupert, petits et moyens barrages sur n'importe quelle rivière au Québec, port méthanier sur les rives du fleuve, pompage de gaz et de pétrole dans le golfe Saint-Laurent, récolte d'épinettes noires en forêt boréale, condos au pied d'une montagne, projets industriels de toute nature (mêmes très propres et non-polluants)... Toutes ces interventions humaines sont des méfaits et des forfaits tellement ignobles que l'Humanité, en tant qu'auteur de ces calamités, ne mérite que l'anéantissement comme châtiment.
De toutes les espèces vivantes, l'homo sapiens est vraiment la seule chez qui la haine de soi est un sentiment largement répandu. Toutes les autres, de l'éléphant à la sauterelle, obéissent à leurs penchants spécifiques et prélèvent ce qui est leur est nécessaire dans leur environnement. Seule l'Humanité commet un crime en puisant dans la nature les ressources requises pour sa survie et son développement. La légion des Sauveurs de la planète de s'empresser de réprouver ce sacrilège lèse-nature et de souhaiter, comme punition, l'extinction de cette espèce maudite.
Il faut toutefois noter que cette exécration de l'Humanité - cette haine de soi, en somme - n'existe que dans la civilisation occidentale. C'est en Occident seulement, qu'à tous les dix ans, on prédit l'épuisement des ressource (ce qui n'arrive jamais) et un surcroît de pollution (alors qu'en réalité la qualité de l'air et des eaux ne cesse de s'améliorer).
Évangélisme écolo
Récemment, deux évangélistes écolos nous proposaient deux livres à méditer. Lise Payette, d'abord, qui encensait un pamphlet dont le titre est tout un programme: "L'Humanité disparaîtra, bon débarras!".
"En consommant, nous prévient Yves Paccalet, le prophète maître à penser de Mme Payette, les humains vont s'auto-détruire, et plus vite qu'on ne le croit." Alors, que faire? "La décroissance! Le peu! Le partage!" Repentez-vous et jeûnez, bandes de goinfres! Et, surtout, nous conseille-t-il, arrêtons de proliférer. Nous sommes ignobles avec notre "tsunami d'enfants braillards!". Stimulant, ne trouvez-vous pas?
L'autre bouquin nous est proposé par le prédicateur du Devoir, Louis-Gilles Francoeur. Pondu par Hervé Kempf, il nous prêche aussi la fin prochaine de l'humanité. La recette pour l'éviter? "Consommer moins, répartir mieux".
Autrefois, dans les "retraites fermées", le curé insistait beaucoup sur le feu de l'Enfer qui nous consumerait si nous ne cessions de nous complaire dans le péché. Aujourd'hui, on nous prophétise la mort de la Terre et notre extinction en prime, si nous n'optons pas pour la décroissance économique et un retour à la frugalité des temps de pénurie.
Je vous le dis tout net, cette nouvelle religion toute suintante de haine de l'Humanité et tous ces Sauveurs de la planète qui pullulent dans les Beaux quartiers m'exaspèrent au plus haut point. P'us capab'e!
Et je m'enfonce avec délectation dans les bienfaits de la société de consommation! Au volant de mon 4X4, il va sans dire!