Publié : sam. févr. 17, 2007 10:14 am
François Cardinal
La Vie en Vert (Téléquébec)
Alors que nos ressources en eau potable sont parmi les plus importantes au monde, nous achetons chaque année des millions de bouteilles d’eau… qui finissent presque toutes au dépotoir. On connaît bien les dégâts que cela cause à l’environnement. On se doute parfois moins de l’impact de cette surconsommation sur les pouvoirs publics. Et si cet achat anodin ouvrait la porte à la privatisation de l’eau?
La vente d’eau embouteillée a connu un boom extraordinaire ces dernières années. Dans le monde, les ventes de bouteilles d’eau ont été multipliées par 18 depuis les années 90. En 2003 seulement, 138 milliards de bouteilles d’eau ont été vendue.
Cela s’explique notamment par des événements malheureux, mais néanmoins isolés, comme la contamination du réseau de la municipalité de Walkerton, en Ontario. Aidés par le marketing agressif des multinationales, les consommateurs perçoivent l’eau embouteillée comme plus pure, plus saine, plus sécuritaire… à tort.
L’eau embouteillée est en effet soumise à des normes parfois moins sévères que celles des réseaux publics. C’est pourquoi 25% de l’eau embouteillée (Dasani de Coca-Cola et Aquafina de Pepsi) provient directement du robinet… et est revendue 1000 fois plus chère.
Ainsi, chaque année au Québec, des millions de bouteilles vides s’empilent dans les sites d’enfouissement, car seulement 6 % de ces bouteilles sont recyclées. Cela pose un énorme problème environnemental puisqu’une bouteille de plastique peut prendre 1000 ans à se décomposer. Également, l’emballage et le transport de ces bouteilles sont la source d’une importante consommation d’hydrocarbures. Et c’est sans parler de l’extraction croissante des sources d’eau, ce qui fait fondre leurs débits et leurs réserves.
Mais là n’est pas le pire problème engendré par cette surconsommation. L’achat de si grandes quantités d’eau embouteillée à des multinationales transforme cette ressource universelle en banale marchandise soumise aux lois de l’offre et de la demande. Il s’agit d’une appropriation massive, par le privé, des ressources souterraines qui appartiennent à tous. Pour reprendre l’expression de Riccardo Petrella, économiste et altermondialiste italien, nous sommes face à la «cocacolisation» de l’eau.
En d’autres mots, on lance aux pouvoirs publics un message très clair : vous pouvez vous désengager de ce service puisque le marché a pris votre place. Un témoin frappant de cette situation est l’absence de fontaine d’eau dans bien des nouveaux parcs municipaux. Les centres de loisirs, les établissements municipaux et même certaines pistes cyclables se voient graduellement dépouiller de leurs fontaines d’eau suite à la signature de contrats d’exclusivité avec les géants de la boisson.
L’époque où vous pouviez vous désaltérer sans dépenser un sou tire donc à sa fin. Et l’achat massif d’eau embouteillée en est un des principaux responsables.
Liens Utiles :
Regard sur l’industrie de l’eau embouteillée en Amérique du Nord, Développement et Paix
http://www.devp.org/testF/campagne/ACT2 ... t_devp.pdf
Coalition Eau Secours!
http://www.eausecours.org/grand%20publi ... public.htm
Campagne L’eau : la vie avant le profit!, KAIROS
http://www.kairoscanada.org/f/agissons/index.asp --Message edité par infomanII le 2007-02-17 15:16:21--
La Vie en Vert (Téléquébec)
Alors que nos ressources en eau potable sont parmi les plus importantes au monde, nous achetons chaque année des millions de bouteilles d’eau… qui finissent presque toutes au dépotoir. On connaît bien les dégâts que cela cause à l’environnement. On se doute parfois moins de l’impact de cette surconsommation sur les pouvoirs publics. Et si cet achat anodin ouvrait la porte à la privatisation de l’eau?
La vente d’eau embouteillée a connu un boom extraordinaire ces dernières années. Dans le monde, les ventes de bouteilles d’eau ont été multipliées par 18 depuis les années 90. En 2003 seulement, 138 milliards de bouteilles d’eau ont été vendue.
Cela s’explique notamment par des événements malheureux, mais néanmoins isolés, comme la contamination du réseau de la municipalité de Walkerton, en Ontario. Aidés par le marketing agressif des multinationales, les consommateurs perçoivent l’eau embouteillée comme plus pure, plus saine, plus sécuritaire… à tort.
L’eau embouteillée est en effet soumise à des normes parfois moins sévères que celles des réseaux publics. C’est pourquoi 25% de l’eau embouteillée (Dasani de Coca-Cola et Aquafina de Pepsi) provient directement du robinet… et est revendue 1000 fois plus chère.
Ainsi, chaque année au Québec, des millions de bouteilles vides s’empilent dans les sites d’enfouissement, car seulement 6 % de ces bouteilles sont recyclées. Cela pose un énorme problème environnemental puisqu’une bouteille de plastique peut prendre 1000 ans à se décomposer. Également, l’emballage et le transport de ces bouteilles sont la source d’une importante consommation d’hydrocarbures. Et c’est sans parler de l’extraction croissante des sources d’eau, ce qui fait fondre leurs débits et leurs réserves.
Mais là n’est pas le pire problème engendré par cette surconsommation. L’achat de si grandes quantités d’eau embouteillée à des multinationales transforme cette ressource universelle en banale marchandise soumise aux lois de l’offre et de la demande. Il s’agit d’une appropriation massive, par le privé, des ressources souterraines qui appartiennent à tous. Pour reprendre l’expression de Riccardo Petrella, économiste et altermondialiste italien, nous sommes face à la «cocacolisation» de l’eau.
En d’autres mots, on lance aux pouvoirs publics un message très clair : vous pouvez vous désengager de ce service puisque le marché a pris votre place. Un témoin frappant de cette situation est l’absence de fontaine d’eau dans bien des nouveaux parcs municipaux. Les centres de loisirs, les établissements municipaux et même certaines pistes cyclables se voient graduellement dépouiller de leurs fontaines d’eau suite à la signature de contrats d’exclusivité avec les géants de la boisson.
L’époque où vous pouviez vous désaltérer sans dépenser un sou tire donc à sa fin. Et l’achat massif d’eau embouteillée en est un des principaux responsables.
Liens Utiles :
Regard sur l’industrie de l’eau embouteillée en Amérique du Nord, Développement et Paix
http://www.devp.org/testF/campagne/ACT2 ... t_devp.pdf
Coalition Eau Secours!
http://www.eausecours.org/grand%20publi ... public.htm
Campagne L’eau : la vie avant le profit!, KAIROS
http://www.kairoscanada.org/f/agissons/index.asp --Message edité par infomanII le 2007-02-17 15:16:21--