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Publié : mer. févr. 14, 2007 6:26 am
par tuberale
Vedettes et politique: un mélange instable

Denis Lessard

La Presse


Gérer les attentes, gérer les ego. Le choix des candidats pour des élections a l'air simple, mais c'est une science qui n'a rien à envier à la chirurgie. Cela prend du doigté... beaucoup de doigté. Les stratèges de chaque parti doivent déployer des trésors d'habileté pour faire atterrir, sans trop de casse, 125 personnes dans autant de circonscrïptions.

Au cours des dernières heures, avec l'inquiétude de ceux qui désamorcent les bombes, les dirigeants du PLQ devaient prendre un café avec Bill Cusano. Cet élu, indélogeable depuis 1981 dans Viau, revenait à peine de Floride. On prévoyait déjà que ce ne serait pas une mince affaire de faire comprendre à ce fier Italien qu'il avait eu une excellente idée quand il avait confié à ses collègues députés qu'il ne serait peut-être pas des prochaines élections.

Ce n'est qu'après ce passage, délicat, qu'on présentera au comité exécutif de Viau le candidat d'origine haïtienne que le PLQ compte désormais faire élire dans cette circonscrïption.







Tout est affaire de doigté dans ces négociations. Éric Bédard, principal dépisteur, d'André Boisclair vient de l'apprendre à la dure. Il a courtisé, fin janvier, Claude Duceppe, frère du chef bloquiste qui, depuis deux semaines, laissait circuler son nom comme candidat péquiste dans Joliette. Personne ne lui avait fait signe chez M. Boisclair.

Deux semaines de réflexion, deux rencontres positives avec le comité exécutif, l'affaire semblait entendue pour M. Duceppe.

Me Bédard a eu beau lui demander de se tasser pour faire place à une «vedette», sans mentionner son nom, André Boisclair a eu beau faire une colère, voyant déjà le grand frère bloquiste mettre le nez dans son caucus; Claude Duceppe ne s'est pas «tassé». Et la «vedette», Bernard Drainville en l'occurrence, devra atterrir dans Marie-Victorin, une circonscrïption sûre - une exigence habituelle de ces candidats connus.

Dans chaque association de circonscrïption, quel que soit le parti, on retrouve de ces militants, qui toujours en silence, se préparent au grand jour où ils dévoileront leurs ambitions. Le PQ voulait faire atterrir Jean-François Bertrand, le fils de l'avocat Guy Bertrand, dans Vanier... C'était sans compter sur la détermination d'un militant, Sylvain Lévesque, qui prépare la circonscrïption depuis longtemps. André Boisclair voulait une vedette, Françoise Mercure, ancienne présidente de chambre de commerce, dans le comté de Louis-Hébert; l'avocat André Joli-Coeur y a pris une telle avance que l'orbite de Mme Mercure atteint désormais Montmorency, à l'autre bout de la ville.

Dans Mirabel, ce sont les libéraux qui ont échappé le ballon. Imposé par les dirigeants, le choix de Ritha Cossette, conjointe du maire Hubert Meilleur, a fait basculer une partie du comité exécutif libéral à l'ADQ, selon l'ex-président de l'association libérale, l'agriculteur Réal Proulx.

Parfois, les «vedettes» se font tirer l'oreille. La journaliste de Radio-Canada, Christine St-Pierre, avait déjà été courtisée déjà en 2003. Les libéraux étaient revenus à la charge, avec beaucoup plus d'insistance à l'élection complémentaire d'Outremont, fin 2005. Mais les sondages étaient moins rassurants qu'aujourd'hui pour le PLQ.

Elle a dit oui cette fois, et l'a annoncé par fax à ses patrons hier. Elle atterrira dans L'Acadie, que laisse vacante Yvan Bordeleau. Ironiquement, ce dernier était l'archétype de l'antivedette. Président de l'association libérale lorsque Thérèse Lavoie-Roux avait tiré sa révérence, il avait tenu bon quand les émissaires de Robert Bourassa, en 1989, cherchaient une bonne circonscrïption pour l'universitaire Claude Corbo. Le PLQ avait alors bien d'autres captures : la passionaria Liza Frulla, le leader syndical Norman Cherry.

Le choix des candidats est aussi une gestion des attentes. Quand il a promis une équipe de rêve, et des candidats qui rappelleraient ceux venus avec René Lévesque en 1976, André Boisclair a commis une grave erreur. Bien sûr, les Pierre Curzi, Lisette Lapointe et Bernard Drainville sont avantageusement connus. Ils s'ajoutent à d'anciennes vedettes, les François Legault et Richard Legendre... En panne dans les sondages en 1989, les péquistes de Jacques Parizeau avaient dévoilé leur vedette : François Beaulne, dans Marguerite D'Youville. Jamais ministre, ce dernier s'occupe aujourd'hui de l'Assemblée nationale... du Cambodge.

Décidant de ne pas trop hausser la barre, Jean Charest, lui, a l'air d'avoir fait les prises les plus surprenantes. Et il a ajouté hier Pierre Arcand, président de Corus, à son équipe. L'appât était tentant, Mont-Royal, où on vote libéral à 80 %.

Mais ce n'est pas tant la contribution personnelle de ces vedettes que cherchent les stratèges. C'est bien davantage l'impression que le parti est capable d'aller chercher des candidats de prestige.

Tous les organisateurs le diront, le jour du scrutin, le candidat pèse pour moins de 5 % dans les résultats. Ce qui compte en tout début de campagne, c'est d'être perçu comme la formation qui a le vent dans les voiles. Même cette règle a ses limites. En 2003, avec Pierre Bourque, Diane Bellemare, Guy Laforêt et Bernard Généreux, Mario Dumont avait récolté, pour l'ADQ, la brochette la plus étonnante. Cela ne l'a pas empêché de décevoir aux élections.

Qu'apportent les vedettes? En 2003, Jean Charest avait joué gros en alignant, les Yves Séguin, Michel Audet, Marc Bellemare, Philippe Couillard, Sam Hamad et Pierre Reid sur la ligne de départ. Plusieurs sont partis, claquant même la porte comme MM. Séguin et Bellemare. D'autres, comme Michel Audet, ont compris qu'ils n'étaient plus désirés. D'autres enfin furent relégués aux banquettes arrière.

De cette «équipe de rêve» d'il y a trois ans, seul M. Couillard est encore membre du gouvernement.



http://www.cyberpresse.ca/article/20070 ... ACTUALITES

Publié : mer. févr. 14, 2007 6:28 am
par mellymel
On fait des vedettes instantanées à tour de bras avec les téléréalité cest qu'une question de temps quils se mettent à gérer...ca va etre beau