Publié : mer. févr. 07, 2007 3:28 am
Difficile de passer ça sous silence
6 Février 2007
17:11 pm, Richard Martineau / Franc-parler, 617 mots
L'hypocrite
J’ai beau y travailler, je trouve le milieu des médias vraiment bizarre, parfois.
Il y a des gens qui deviennent des « porte-parole officiels » comme ça, du jour au lendemain, sans qu’on sache trop pourquoi, par simple effet d’entraînement ou de mimétisme. Chaque fois qu’il est question d’un sujet X, on les appelle et on leur demande ce qu’ils pensent.
C’est ce qui est arrivé avec l’imam Saïd Jaziri.
Vous voulez savoir ce que la communauté musulmane pense des accommodements raisonnables? Appelez Saïd Jaziri. Vous voulez savoir ce que la communauté musulmane pense du Super Bowl ou des poêles à combustion lente? Appelez Saïd Jaziri.
C’est comme ça que de fil en aiguille, l’imam de la mosquée al-Qods (qui, rappelons-le, a « oublié » de dire aux autorités canadiennes qu’il avait un casier judiciaire en France) est devenu une sorte de « porte-parole officiel » des musulmans de Montréal.
Même si la plupart d’entre eux ne portent ni barbe ni djellabah.
Cachez cette image
Ces temps-ci, l’imam Jaziri est en beau fusil.
Selon lui, les discussions sur les accommodements raisonnables font du mal aux relations entre les communautés culturelles.
«Ce n’est pas un dialogue, c’est une répression, a-t-il dit aux journalistes. Le débat a dérapé. Pourquoi le dialogue de respect ne continue-t-il pas? Les gens de ma communauté ont peur d’être méprisés. Ce n’est pas aux gens de Hérouxville de changer la charte. »
Saïd Jaziri déteste que l’on méprise les minorités. J’en sais quelque chose.
Il y a deux ans, dans le cadre de l’émission Les Francs-Tireurs, que je co-anime sur les ondes de Télé-Québec, j’ai interviewé l’imam dans le cadre d’un reportage sur les différentes religions.
Monsieur Jaziri a accepté de nous accorder une entrevue, mais à une condition : il a demandé à notre réalisateur, André Saint-Pierre, de censurer notre ouverture.
L’ouverture d’une émission, ce sont les images qui accompagnent le thème musical, et qui forment en quelque sorte la signature visuelle de l’émission.
À l’époque, l’ouverture des Francs-Tireurs montrait toutes sortes de scènes provocantes se déroulant la nuit : une vieille dame qui étreint un jeune homme, un couple qui baise dans une toilette, deux gars qui s’embrassent à pleine bouche, etc.
Eh bien, l’imam Jaziri voulait qu’on enlève les images montrant les deux gars qui s’embrassent sous prétexte que cette scène choquerait sa communauté.
« Absolument pas », a répondu notre réalisateur.
« Il y a beaucoup de Musulmans au Québec, vous risquez de choquer plusieurs spectateurs », a dit Saïd Jaziri.
« J’ai des nouvelles pour vous, a rétorqué notre réalisateur : il y a plus d’homosexuels que de Musulmans. On garde notre ouverture… »
Un cas unique
On a interviewé plusieurs personnes au cours des neuf dernières années, aux Francs-Tireurs : des juifs hassidiques, des curés, des cathos anti-avortement, des rabbins, Raël… Mais personne ne nous a demandé de censurer notre émission.
Personne, sauf l’imam Jaziri.
Et après ça, monsieur parle de respect, d’ouverture, de tolérance, d’acceptation des différences.
Mon œil!
Il en fait, quoi, lui, de la différence? Il voulait qu’un télédiffuseur public censure une de ses émissions afin de ne pas offusquer sa communauté!
Et ça nous fait la leçon! Et ça brandit la charte! Et ça part en guerre contre le mépris et la répression!
N’importe quoi…
6 Février 2007
17:11 pm, Richard Martineau / Franc-parler, 617 mots
L'hypocrite
J’ai beau y travailler, je trouve le milieu des médias vraiment bizarre, parfois.
Il y a des gens qui deviennent des « porte-parole officiels » comme ça, du jour au lendemain, sans qu’on sache trop pourquoi, par simple effet d’entraînement ou de mimétisme. Chaque fois qu’il est question d’un sujet X, on les appelle et on leur demande ce qu’ils pensent.
C’est ce qui est arrivé avec l’imam Saïd Jaziri.
Vous voulez savoir ce que la communauté musulmane pense des accommodements raisonnables? Appelez Saïd Jaziri. Vous voulez savoir ce que la communauté musulmane pense du Super Bowl ou des poêles à combustion lente? Appelez Saïd Jaziri.
C’est comme ça que de fil en aiguille, l’imam de la mosquée al-Qods (qui, rappelons-le, a « oublié » de dire aux autorités canadiennes qu’il avait un casier judiciaire en France) est devenu une sorte de « porte-parole officiel » des musulmans de Montréal.
Même si la plupart d’entre eux ne portent ni barbe ni djellabah.
Cachez cette image
Ces temps-ci, l’imam Jaziri est en beau fusil.
Selon lui, les discussions sur les accommodements raisonnables font du mal aux relations entre les communautés culturelles.
«Ce n’est pas un dialogue, c’est une répression, a-t-il dit aux journalistes. Le débat a dérapé. Pourquoi le dialogue de respect ne continue-t-il pas? Les gens de ma communauté ont peur d’être méprisés. Ce n’est pas aux gens de Hérouxville de changer la charte. »
Saïd Jaziri déteste que l’on méprise les minorités. J’en sais quelque chose.
Il y a deux ans, dans le cadre de l’émission Les Francs-Tireurs, que je co-anime sur les ondes de Télé-Québec, j’ai interviewé l’imam dans le cadre d’un reportage sur les différentes religions.
Monsieur Jaziri a accepté de nous accorder une entrevue, mais à une condition : il a demandé à notre réalisateur, André Saint-Pierre, de censurer notre ouverture.
L’ouverture d’une émission, ce sont les images qui accompagnent le thème musical, et qui forment en quelque sorte la signature visuelle de l’émission.
À l’époque, l’ouverture des Francs-Tireurs montrait toutes sortes de scènes provocantes se déroulant la nuit : une vieille dame qui étreint un jeune homme, un couple qui baise dans une toilette, deux gars qui s’embrassent à pleine bouche, etc.
Eh bien, l’imam Jaziri voulait qu’on enlève les images montrant les deux gars qui s’embrassent sous prétexte que cette scène choquerait sa communauté.
« Absolument pas », a répondu notre réalisateur.
« Il y a beaucoup de Musulmans au Québec, vous risquez de choquer plusieurs spectateurs », a dit Saïd Jaziri.
« J’ai des nouvelles pour vous, a rétorqué notre réalisateur : il y a plus d’homosexuels que de Musulmans. On garde notre ouverture… »
Un cas unique
On a interviewé plusieurs personnes au cours des neuf dernières années, aux Francs-Tireurs : des juifs hassidiques, des curés, des cathos anti-avortement, des rabbins, Raël… Mais personne ne nous a demandé de censurer notre émission.
Personne, sauf l’imam Jaziri.
Et après ça, monsieur parle de respect, d’ouverture, de tolérance, d’acceptation des différences.
Mon œil!
Il en fait, quoi, lui, de la différence? Il voulait qu’un télédiffuseur public censure une de ses émissions afin de ne pas offusquer sa communauté!
Et ça nous fait la leçon! Et ça brandit la charte! Et ça part en guerre contre le mépris et la répression!
N’importe quoi…