Publié : ven. déc. 01, 2006 4:29 am
La hausse du niveau des mers,le plus grand défi de l'humanité
François Cardinal
La Presse
Après 430 jours en mer, le chef de la mission Antarctique du Sedna IV, Jean Lemire, revient avec des preuves : les changements climatiques sont non seulement en cours, ils s’accélèrent.
«Le plus grand défi de l’humanité sera sans doute la lutte contre l’élévation du niveau de la mer», a lancé hier M. Lemire, à l’occasion d’une de ses premières sorties publiques depuis son retour sur la terre ferme.
«C’est certainement ce qui nous attend, en raison évidemment de la fonte des glaciers, mais surtout à cause de l’augmentation de la température des océans, a ajouté le biologiste. Le British Antarctic Survey a prouvé que dans le secteur où nous étions, la température de la mer a grimpé d’un degré. C’est énorme!»
Pour illustrer à quel point la situation est grave, M. Lemire a rappelé que deux forces majeures influencent le climat de la Terre : les grands vents atmosphériques et les courants des océans.
«Or, tous les grands courants sont influencés par l’Antarctique», a-t-il précisé.
Amarré pour son hivernage dans une petite baie de la péninsule antarctique (fraîchement baptisée baie Sedna), l’équipage de marins, de cinéastes et de scientifiques a ainsi pu observer de visu la fonte accélérée des glaciers.
Pas surprenant : le Sedna IV était à une centaine de kilomètres de la station Palmer, le lieu où a été observée la plus forte hausse des températures sur la planète depuis 50 ans : 6 degrés Celsius. «Les pôles sont aux avant-postes et nous disent que la planète entière va être affectée», a lancé M. Lemire.
Rappelons que le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), organisme scientifique lié à l’ONU qui est devenu la référence en la matière, prédit une hausse moyenne du niveau des océans de 0,09 à 0,88 mètre d’ici 2100, ce qui risque d’avoir de graves conséquences pour les pays côtiers.
Conviction politique
Fort de ses observations empiriques, le capitaine du Sedna IV n’a pu que se désoler du changement de la position environnementale du Canada depuis son départ des Îles-de-la-Madeleine, le 19 septembre 2005. Il promet d’ailleurs de talonner de près les élus des deux ordres de gouvernement, à l’avenir, afin qu’ils se réveillent à l’urgence de la situation.
«J’ai suivi ça de loin avec une certaine tristesse, a-t-il dit. Le Canada a reculé sur la scène internationale de façon honteuse. Je ne peux comprendre qu’un pays dont une partie se trouve en Antarctique ne joue pas son rôle sur la scène internationale.»
Tout comme l’a fait la ministre française de l’Écologie au Kenya, il y a quelques jours, M. Lemire a prédit la défaite du gouvernement Harper aux prochaines élections à cause de sa position sur le protocole de Kyoto.
«Il s’agit d’un suicide politique», a indiqué Jean Lemire.
Fraîchement débarqué au pays, Jean Lemire s’attellera maintenant au montage de toutes les images captées afin d’en faire une série de reportages et de documentaires. Radio-Canada présentera ainsi dès 2008 une série de 13 émissions de 30 minutes sur les coulisses de l’expédition. L’émission Découverte présentera pour sa part trois émissions d’une heure sur les observations scientifiques de la mission. Et enfin, un long métrage sera diffusé sur l’Antarctique, le dernier continent vierge de la planète.
http://www.cyberpresse.ca/article/20061 ... ACTUALITES
François Cardinal
La Presse
Après 430 jours en mer, le chef de la mission Antarctique du Sedna IV, Jean Lemire, revient avec des preuves : les changements climatiques sont non seulement en cours, ils s’accélèrent.
«Le plus grand défi de l’humanité sera sans doute la lutte contre l’élévation du niveau de la mer», a lancé hier M. Lemire, à l’occasion d’une de ses premières sorties publiques depuis son retour sur la terre ferme.
«C’est certainement ce qui nous attend, en raison évidemment de la fonte des glaciers, mais surtout à cause de l’augmentation de la température des océans, a ajouté le biologiste. Le British Antarctic Survey a prouvé que dans le secteur où nous étions, la température de la mer a grimpé d’un degré. C’est énorme!»
Pour illustrer à quel point la situation est grave, M. Lemire a rappelé que deux forces majeures influencent le climat de la Terre : les grands vents atmosphériques et les courants des océans.
«Or, tous les grands courants sont influencés par l’Antarctique», a-t-il précisé.
Amarré pour son hivernage dans une petite baie de la péninsule antarctique (fraîchement baptisée baie Sedna), l’équipage de marins, de cinéastes et de scientifiques a ainsi pu observer de visu la fonte accélérée des glaciers.
Pas surprenant : le Sedna IV était à une centaine de kilomètres de la station Palmer, le lieu où a été observée la plus forte hausse des températures sur la planète depuis 50 ans : 6 degrés Celsius. «Les pôles sont aux avant-postes et nous disent que la planète entière va être affectée», a lancé M. Lemire.
Rappelons que le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), organisme scientifique lié à l’ONU qui est devenu la référence en la matière, prédit une hausse moyenne du niveau des océans de 0,09 à 0,88 mètre d’ici 2100, ce qui risque d’avoir de graves conséquences pour les pays côtiers.
Conviction politique
Fort de ses observations empiriques, le capitaine du Sedna IV n’a pu que se désoler du changement de la position environnementale du Canada depuis son départ des Îles-de-la-Madeleine, le 19 septembre 2005. Il promet d’ailleurs de talonner de près les élus des deux ordres de gouvernement, à l’avenir, afin qu’ils se réveillent à l’urgence de la situation.
«J’ai suivi ça de loin avec une certaine tristesse, a-t-il dit. Le Canada a reculé sur la scène internationale de façon honteuse. Je ne peux comprendre qu’un pays dont une partie se trouve en Antarctique ne joue pas son rôle sur la scène internationale.»
Tout comme l’a fait la ministre française de l’Écologie au Kenya, il y a quelques jours, M. Lemire a prédit la défaite du gouvernement Harper aux prochaines élections à cause de sa position sur le protocole de Kyoto.
«Il s’agit d’un suicide politique», a indiqué Jean Lemire.
Fraîchement débarqué au pays, Jean Lemire s’attellera maintenant au montage de toutes les images captées afin d’en faire une série de reportages et de documentaires. Radio-Canada présentera ainsi dès 2008 une série de 13 émissions de 30 minutes sur les coulisses de l’expédition. L’émission Découverte présentera pour sa part trois émissions d’une heure sur les observations scientifiques de la mission. Et enfin, un long métrage sera diffusé sur l’Antarctique, le dernier continent vierge de la planète.
http://www.cyberpresse.ca/article/20061 ... ACTUALITES