Publié : jeu. nov. 09, 2006 4:28 am
LES BARS
Prêts pour un hiver fumant
Violaine Ballivy
La Presse
Les fumoirs en plastique, qui ressemblent aux abris d'auto, comme celui du bar Le Lofs (notre photo), boulevard Saint-Laurent, pourraient bien se multiplier.
Photo André Pichette, La Presse
Même s'ils sont bannis des bars, les fumeurs ne seront pas condamnés à grelotter sur les trottoirs pour en griller une cet hiver. Les tenanciers de bars ont décidé de les bichonner pour s'assurer leur fidélité. Faites place aux «fumoirs extérieurs». Chauffés s'il vous plaît.
En ce début novembre, la Régie des alcools et des jeux remarque ainsi que les terrasses gagnent en popularité alors que le mercure continue de plonger. «On ne croule pas sous les demandes de permis, mais elles ont tout de même augmenté de 10 à 12% depuis l'application de la loi antitabac», remarque Réjean Thériault, porte-parole de l'organisme.
Et signe que les temps ont bien changé, plusieurs bars ont décidé de maintenir leur terrasse ouverte tout l'hiver. Les ventes d'appareils de chauffage d'appoint ont crû «énormément», dit Scott Derby, détaillant de Montréal. Puis, le bar Le Loft, boulevard Saint-Laurent, a fait de sa terrasse chauffée l'un de ses principaux arguments pour attirer les clients, dans sa nouvelle campagne de publicité publiée dans les journaux étudiants. Le remplissage des bonbonnes de propane coûtera environ 40$ par semaine. « Un investissement qui en vaut la peine si on veut garder nos clients «, dit le gérant de l'établissement, Patrice Deschamps.
Il n'est pas le seul à prévoir ainsi la saison froide, la première depuis l'entrée en vigueur de la loi antitabac. Renaud Poulin, président de la corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec (CPBBTQ) suggère à tous ses membres de se doter d'une terrasse ou d'un abri chauffé. «La loi antitabac nous a fait plus mal que prévu, dit-il. Les établissements qui ont le moins souffert sont ceux qui étaient préparés. Maintenant, les autres doivent suivre cet exemple parce qu'il est clair que le gouvernement ne fléchira pas.»
La terrasse du Loft sera couverte d'un auvent pour la saison froide. En vertu de la loi, il sera donc impossible d'y vendre de l'alcool et même d'y diffuser de la musique. Tout comme dans les abris fumeurs. «Mais de toute façon, on ne veut pas que les lieux soient trop confortables. On veut permettre aux clients d'en griller une. Mais on ne veut pas que le party se déplace dehors», explique Patrice Deschamps.
Fumoirs en plastique
Qu'il soit doux ou froid, chose certaine, l'hiver risque donc d'être pénible pour ceux que la simple vue d'un abri tempo irrite. La vente de fumoirs extérieurs en plastique - à peu de chose près inexistante avant l'entrée en vigueur de la loi antitabac en mai dernier - connaît des débuts fulgurants. L'entreprise Plastique Rotec en vend un par jour depuis le début de l'automne, généralement assorti d'au moins un appareil de chauffage d'appoint. Coût: respectivement 2000$ et 375$. «On peut dire merci à la loi. Si elle n'existait pas, on n'en vendrait pas un seul», dit Dominic Larin, vice-président de l'entreprise. Même optimisme pour Benoît Perreault, de chez Ingetex, dont les modèles coûtent jusqu'à 10 000$. «On ne peut pas comparer avec l'an dernier, mais disons que nos affaires vont plus que bien.»
« Si nous n'offrons pas ce service, les gens vont aller fumer au chaud dans leur voiture... Et ça, c'est dangereux. Une fois dans l'auto, ils risquent de repartir chez eux «, ajoute M. Poulin.
Imagé, Dominic Larin compare quant à lui ce nouveau phénomène à l'arrivée des chaînes de fast-food. «C'est le concept McDonald's», dit-il. On offre aux clients un endroit - pas nécessairement agréable - où ils peuvent assouvir rapidement un besoin.
Campagne contre la loi
Contrairement à la CPBBTQ, l'Union des tenanciers de bars du Québec (UTBQ) continue de faire campagne contre l'application de la loi antitabac. Représenté par l'avocat Julius Grey, le regroupement a déposé l'été dernier une demande d'injonction qui sera entendue lundi et mardi à Montréal. En conférence de presse hier, l'UTBQ a indiqué que 10 bars québécois avaient été contraints de fermer leurs portes à cause d'une baisse de fréquentation qu'ils associent à la nouvelle loi. Loto-Québec confirme de son côté une baisse de 17% des revenus de ses appareils vidéo de juillet à septembre, alors que Statistique Canada révélait la semaine dernière une baisse de 8 à 10% des ventes d'alcool dans les bars. Une manifestation des membres de l'UTBQ est prévue le 13 novembre, devant le palais de justice de Montréal.
http://www.cyberpresse.ca/article/20061 ... ACTUALITES
Prêts pour un hiver fumant
Violaine Ballivy
La Presse
Les fumoirs en plastique, qui ressemblent aux abris d'auto, comme celui du bar Le Lofs (notre photo), boulevard Saint-Laurent, pourraient bien se multiplier.
Photo André Pichette, La Presse
Même s'ils sont bannis des bars, les fumeurs ne seront pas condamnés à grelotter sur les trottoirs pour en griller une cet hiver. Les tenanciers de bars ont décidé de les bichonner pour s'assurer leur fidélité. Faites place aux «fumoirs extérieurs». Chauffés s'il vous plaît.
En ce début novembre, la Régie des alcools et des jeux remarque ainsi que les terrasses gagnent en popularité alors que le mercure continue de plonger. «On ne croule pas sous les demandes de permis, mais elles ont tout de même augmenté de 10 à 12% depuis l'application de la loi antitabac», remarque Réjean Thériault, porte-parole de l'organisme.
Et signe que les temps ont bien changé, plusieurs bars ont décidé de maintenir leur terrasse ouverte tout l'hiver. Les ventes d'appareils de chauffage d'appoint ont crû «énormément», dit Scott Derby, détaillant de Montréal. Puis, le bar Le Loft, boulevard Saint-Laurent, a fait de sa terrasse chauffée l'un de ses principaux arguments pour attirer les clients, dans sa nouvelle campagne de publicité publiée dans les journaux étudiants. Le remplissage des bonbonnes de propane coûtera environ 40$ par semaine. « Un investissement qui en vaut la peine si on veut garder nos clients «, dit le gérant de l'établissement, Patrice Deschamps.
Il n'est pas le seul à prévoir ainsi la saison froide, la première depuis l'entrée en vigueur de la loi antitabac. Renaud Poulin, président de la corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec (CPBBTQ) suggère à tous ses membres de se doter d'une terrasse ou d'un abri chauffé. «La loi antitabac nous a fait plus mal que prévu, dit-il. Les établissements qui ont le moins souffert sont ceux qui étaient préparés. Maintenant, les autres doivent suivre cet exemple parce qu'il est clair que le gouvernement ne fléchira pas.»
La terrasse du Loft sera couverte d'un auvent pour la saison froide. En vertu de la loi, il sera donc impossible d'y vendre de l'alcool et même d'y diffuser de la musique. Tout comme dans les abris fumeurs. «Mais de toute façon, on ne veut pas que les lieux soient trop confortables. On veut permettre aux clients d'en griller une. Mais on ne veut pas que le party se déplace dehors», explique Patrice Deschamps.
Fumoirs en plastique
Qu'il soit doux ou froid, chose certaine, l'hiver risque donc d'être pénible pour ceux que la simple vue d'un abri tempo irrite. La vente de fumoirs extérieurs en plastique - à peu de chose près inexistante avant l'entrée en vigueur de la loi antitabac en mai dernier - connaît des débuts fulgurants. L'entreprise Plastique Rotec en vend un par jour depuis le début de l'automne, généralement assorti d'au moins un appareil de chauffage d'appoint. Coût: respectivement 2000$ et 375$. «On peut dire merci à la loi. Si elle n'existait pas, on n'en vendrait pas un seul», dit Dominic Larin, vice-président de l'entreprise. Même optimisme pour Benoît Perreault, de chez Ingetex, dont les modèles coûtent jusqu'à 10 000$. «On ne peut pas comparer avec l'an dernier, mais disons que nos affaires vont plus que bien.»
« Si nous n'offrons pas ce service, les gens vont aller fumer au chaud dans leur voiture... Et ça, c'est dangereux. Une fois dans l'auto, ils risquent de repartir chez eux «, ajoute M. Poulin.
Imagé, Dominic Larin compare quant à lui ce nouveau phénomène à l'arrivée des chaînes de fast-food. «C'est le concept McDonald's», dit-il. On offre aux clients un endroit - pas nécessairement agréable - où ils peuvent assouvir rapidement un besoin.
Campagne contre la loi
Contrairement à la CPBBTQ, l'Union des tenanciers de bars du Québec (UTBQ) continue de faire campagne contre l'application de la loi antitabac. Représenté par l'avocat Julius Grey, le regroupement a déposé l'été dernier une demande d'injonction qui sera entendue lundi et mardi à Montréal. En conférence de presse hier, l'UTBQ a indiqué que 10 bars québécois avaient été contraints de fermer leurs portes à cause d'une baisse de fréquentation qu'ils associent à la nouvelle loi. Loto-Québec confirme de son côté une baisse de 17% des revenus de ses appareils vidéo de juillet à septembre, alors que Statistique Canada révélait la semaine dernière une baisse de 8 à 10% des ventes d'alcool dans les bars. Une manifestation des membres de l'UTBQ est prévue le 13 novembre, devant le palais de justice de Montréal.
http://www.cyberpresse.ca/article/20061 ... ACTUALITES