Publié : jeu. nov. 16, 2006 5:12 am
UNE ÉPOQUE «DÉBOUSSOLANTE»
Les hommes font face à un choc des valeurs important
Thomas Gervais
La Presse
Comment ça va les hommes? Une batterie de spécialistes d'ici et d'ailleurs se sont mobilisés hier pour débattre de la question à la journée conférences organisée par La Presse et Radio-Canada. Mais c'est la réaction de l'auditoire qui en a dit le plus long sur ce sujet qui soulève de plus en plus les passions.
Le débat s'est ouvert sur un constat de moins en moins surprenant. Quatre fois plus de suicides masculins que féminins. Décrochage marqué chez les garçons. Délaissement graduel des bancs universitaires. Difficultés à concilier travail et vie de famille, etc. L'homme assiste, impuissant, à la transformation de son rôle social à une vitesse vertigineuse.
«Il y a un siècle, 75% des hommes gagnaient leur vie avec leur corps. Aujourd'hui, 75% des activités professionnelles sont associées à la tête», explique Charles-Henri Amherdt, professeur de psychologie à l'Université de Sherbrooke. Selon ce conférencier, les valeurs qui faisaient le succès du père de famille d'antan, telles que la force physique et l'austérité, ont perdu leur importance face à la finesse et l'expression juste des émotions. L'homme en devient déboussolé.
Codes de masculinité
William Pollack, psychiatre au Harvard Medical School et invité d'honneur, abonde dans son sens. Selon lui, plusieurs hommes modernes souffrent en silence parce qu'ils doivent se conformer aux codes de masculinité désuets de leurs pères (les grands garçons ne pleurent pas, fais un homme de toi, etc..) «Lorsqu'un candidat à la présidence a versé une larme à la télé dans un contexte émouvant, j'ai eu une dizaine d'appels d'électeurs me demandant si c'était normal», a dit en riant l'auteur du best-seller américain: De vrais gars: sauvons nos fils des mythes de la masculinité.
Dans une société qui se dit égalitaire, il faut tout de même reconnaître que les hommes n'expriment pas leurs émotions de la même façon que les femmes, explique Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Bien souvent, pour une même émotion ressentie, là où les larmes jailliraient chez elle, c'est la colère qui prend le dessus chez lui. «Il faut arrêter d'étouffer l'agressivité chez les petits garçons, dit-elle. Il y a une importante distinction à faire entre l'agressivité et la violence.»
Et c'est précisément par la colère et l'indignation que l'auditoire, composé surtout d'hommes d'âge mûr, a exprimé sa contrariété face aux propos de certains spécialistes. Le passage de la féministe Ariane Émond a poussé l'indignation à son paroxysme quand elle a soutenu que «le machisme tue chaque jour, alors que le féminisme n'a jamais tué personne».
Abus de langage
Plusieurs spectateurs en ont profité pour rappeler avec véhémence ce qu'ils décrivaient comme un abus de langage des féministes. «Tout ce qu'on réclame, c'est l'équité entre les mouvements d'hommes et de femmes», explique Jean-Pierre Gagnon, membre de l'ONG Après-rupture, dont les propos ont été recueillis dans la salle. Aucun représentant d'organismes de soutien aux hommes n'avait d'ailleurs été invité à prendre la parole à l'événement.
Malgré les tensions symptomatiques d'un malaise social grandissant, la conférence s'est déroulée dans le respect des différences. Pour Daniel Laforest, président de Fathers-4-Justice, organisme reconnu pour ses coups d'éclat, il est grand temps que les difficultés et la souffrance des hommes soient discutées publiquement. «Les hommes ont le droit de créer leur propre opinion sur leur condition au lieu de suivre celle des féministes, dit-il. Cette conférence est une excellente façon d'amorcer le débat.»
Les hommes font face à un choc des valeurs important
Thomas Gervais
La Presse
Comment ça va les hommes? Une batterie de spécialistes d'ici et d'ailleurs se sont mobilisés hier pour débattre de la question à la journée conférences organisée par La Presse et Radio-Canada. Mais c'est la réaction de l'auditoire qui en a dit le plus long sur ce sujet qui soulève de plus en plus les passions.
Le débat s'est ouvert sur un constat de moins en moins surprenant. Quatre fois plus de suicides masculins que féminins. Décrochage marqué chez les garçons. Délaissement graduel des bancs universitaires. Difficultés à concilier travail et vie de famille, etc. L'homme assiste, impuissant, à la transformation de son rôle social à une vitesse vertigineuse.
«Il y a un siècle, 75% des hommes gagnaient leur vie avec leur corps. Aujourd'hui, 75% des activités professionnelles sont associées à la tête», explique Charles-Henri Amherdt, professeur de psychologie à l'Université de Sherbrooke. Selon ce conférencier, les valeurs qui faisaient le succès du père de famille d'antan, telles que la force physique et l'austérité, ont perdu leur importance face à la finesse et l'expression juste des émotions. L'homme en devient déboussolé.
Codes de masculinité
William Pollack, psychiatre au Harvard Medical School et invité d'honneur, abonde dans son sens. Selon lui, plusieurs hommes modernes souffrent en silence parce qu'ils doivent se conformer aux codes de masculinité désuets de leurs pères (les grands garçons ne pleurent pas, fais un homme de toi, etc..) «Lorsqu'un candidat à la présidence a versé une larme à la télé dans un contexte émouvant, j'ai eu une dizaine d'appels d'électeurs me demandant si c'était normal», a dit en riant l'auteur du best-seller américain: De vrais gars: sauvons nos fils des mythes de la masculinité.
Dans une société qui se dit égalitaire, il faut tout de même reconnaître que les hommes n'expriment pas leurs émotions de la même façon que les femmes, explique Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Bien souvent, pour une même émotion ressentie, là où les larmes jailliraient chez elle, c'est la colère qui prend le dessus chez lui. «Il faut arrêter d'étouffer l'agressivité chez les petits garçons, dit-elle. Il y a une importante distinction à faire entre l'agressivité et la violence.»
Et c'est précisément par la colère et l'indignation que l'auditoire, composé surtout d'hommes d'âge mûr, a exprimé sa contrariété face aux propos de certains spécialistes. Le passage de la féministe Ariane Émond a poussé l'indignation à son paroxysme quand elle a soutenu que «le machisme tue chaque jour, alors que le féminisme n'a jamais tué personne».
Abus de langage
Plusieurs spectateurs en ont profité pour rappeler avec véhémence ce qu'ils décrivaient comme un abus de langage des féministes. «Tout ce qu'on réclame, c'est l'équité entre les mouvements d'hommes et de femmes», explique Jean-Pierre Gagnon, membre de l'ONG Après-rupture, dont les propos ont été recueillis dans la salle. Aucun représentant d'organismes de soutien aux hommes n'avait d'ailleurs été invité à prendre la parole à l'événement.
Malgré les tensions symptomatiques d'un malaise social grandissant, la conférence s'est déroulée dans le respect des différences. Pour Daniel Laforest, président de Fathers-4-Justice, organisme reconnu pour ses coups d'éclat, il est grand temps que les difficultés et la souffrance des hommes soient discutées publiquement. «Les hommes ont le droit de créer leur propre opinion sur leur condition au lieu de suivre celle des féministes, dit-il. Cette conférence est une excellente façon d'amorcer le débat.»