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Publié : jeu. sept. 28, 2006 3:35 am
par tuberale


Josée Boileau

Édition du jeudi 28 septembre 2006



L'enfant négligé se définit par l'absence: absence d'encadrement, d'affection, de liens avec autrui, de soins, de nourriture, de sommeil... Une absence qui confine à l'oubli puisque ce sont d'abord ceux qui sont battus ou victimes de sévices sexuels qui viennent à l'esprit quand on pense aux enfants en détresse.

La négligence est pourtant le premier motif de signalement à la Direction de la protection de la jeunesse, et celui-ci va croissant depuis quelques années. La DPJ de Montréal l'a rappelé cette semaine dans un bilan qui met en évidence les liens étroits entre la négligence et la toxicomanie des parents (présente dans 60 % des cas).

Comme aucun revirement n'est en vue au chapitre de la consommation de stupéfiants -- bien au contraire ! --, il y aurait normalement là une urgence certaine à agir. Les parents qui s'intoxiquent avec des drogues ou de l'alcool ne rejettent pas en soi leur progéniture mais ont fortement besoin d'aide, et vite.

Le problème, c'est qu'on «soupçonne» un manque sérieux de ressources à cet égard au Québec. Le verbe «soupçonner» est employé sciemment : il n'existe aucun portrait global des services disponibles ici pour les toxicomanes, et les gens qui oeuvrent dans le secteur sont les premiers à s'en désoler. Comme ils le disent, un toxicomane, ça ne se met pas sur une liste d'attente; quand, enfin !, il accepte de se soigner, il faut sauter sur l'occasion. Sinon, le risque est grand qu'il ne revienne pas. Méconnaître les ressources est donc un obstacle de taille.

Mais les problèmes sociaux ne sont qu'une goutte d'eau dans la vaste marmite que chapeaute le ministère de la Santé, et comme, en plus, ils touchent principalement des pauvres et des marginaux, on comprendra qu'il n'y a pas grand capital politique à tirer du fait de vraiment s'en occuper. Là où il faudrait un plan d'ensemble (pour la seule DPJ, on parle de centaines de parents toxicomanes au Québec), on y va donc à la pièce, et le manque de places fait souvent sombrer encore plus loin dans la dépendance ou mène carrément en prison.

S'il est par ailleurs nécessaire que l'État ouvre les yeux et mesure à quel point la santé sociale de la population a un impact direct sur sa santé physique (s'en apercevra-t-on un jour ?), il y a aussi des parents à brasser. Les négligents ne peuvent pas tous invoquer des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale, tandis que la négligence sans impacts graves, fréquente, n'est pas retenue par la DPJ, qui en a déjà plein les bras.

Comment ne pas frémir quand, comme on l'a vu la semaine dernière, un jeune ado d'à peine 15 ans, accusé de menaces de mort, se retrouve seul en cour, ses parents n'ayant pas jugé bon de l'y accompagner ! On comprend que des parents se sentent dépassés par leur adolescent, mais le fait de ne pas même lui offrir une présence quand les choses tournent mal en dit plus que toutes les analyses psychosociales.

Et on ne parle même pas de ces cas si légers, mais si lourds d'impacts, d'enfants qui se retrouvent toujours seuls à la maison pour manger ou dont les parents sont d'une indifférence totale quant à leur fréquentation scolaire ou leurs allées et venues.

Il n'y a pas d'école pour les parents, mais certains auraient bien besoin de leçons. Pourquoi ne pas collectivement y penser : cela aussi fait partie de la santé sociale d'une population !

***

jboileau@ledevoir.ca

Publié : jeu. sept. 28, 2006 4:11 am
par Débidé
Ouch! Ça m'avait tellement fessé quand j'avais vu une émission là-dessus à Télé-Québec y a deux ans! Le pire là-dedans, c'est que comme la négligence c'est l'absence de quelque chose, ça ne paraît pas vraiment et c'est plus difficile à déceler...

http://www.telequebec.tv/violenceordina ... /index.asp

Publié : jeu. sept. 28, 2006 4:26 am
par Ti-radis
triste constat, autant chez les riches que chez les pauvres

Publié : jeu. sept. 28, 2006 6:37 am
par maire
J'en ai les larmes aux yeus juste à lire le résumé.
Je suis trop sensibles à tout ce qui entoure les enfants.


Publié : ven. sept. 29, 2006 3:00 am
par laoghaire_19
Pour travailler en chambre jeunesse je peux vous dire que ce n'est que trop vrai.  Sans entrer dans les détails je peux vous dire qu'on en avait quelques cas comme ça sur le rôle cette semaine.  Les parents et les enfants font vraiment pitié dans ce temps-là.  Ils ont souvent une bonne base d'éducation quand même dans certains cas, ils sont souvent polis et réservés.  Mais les parents dépensent leurs argents et énergie dans la drogue ou l'alcool et de là vient le manque de responsabilité et souvent les besoins de base (nourriture, soin corporel, etc) de l'enfant ne sont pas comblés adéquatement.

Il est de plus très vrai que il y a urgence pour aider ces personnes.  Effectivement lorsque quelqu'un veut avoir une évaluation en toxicomanie et entreprendre un suivi faut le prendre lorsqu'il est prêt et non le faire attendre pendant des semaines.  C'est complètement ridicule.  

Publié : ven. sept. 29, 2006 5:24 am
par tipet
On a eu un cas semblable dans mon village il y a quelques années...Le petit bonhomme, avait 5 ans, et il se levait le matin seul avec un cadran, faisait son déjeuner lui-même (quand il y pensait), s'habillait seul et partait attendre l'autobus, tout ça sans que sa maman se lève. Elle mettait des bouchons pour ne pas se faire déranger

Un jour, il a été à l'école en pyjama pauvre tit-chou, il avait oublié de s'habiller, c'est là que l'école a fait une plainte à la protection de la jeunesse. Il s'avère que ce petit homme était carrément laissé à lui-même, il passait ses grandes journée dehors, jamais habillé selon la saison...L'hiver, pas de tuque-foulard-mitaine et l'été il avait des cloches d'eau sur le corps, brûlé par le soleil parce qu'il n'avait jamais de crème solaire ect...

Bref, c'est bien triste ces histoires-là

Publié : ven. sept. 29, 2006 5:59 am
par brunetta
ça me choque de lire des choses comme ça, t'as qu'à pas faire d'enfant si tu ne veux pas t'en occuper

Publié : ven. sept. 29, 2006 7:22 am
par laoghaire_19
brunetta  a écritça me choque de lire des choses comme ça, t'as qu'à pas faire d'enfant si tu ne veux pas t'en occuper

Malheureusement ce n'Est pas aussi simple que cela.  Si ces personnes sont incapables de prendre leur responsabilité vis-à-vis leurs enfants ils ne sont pas plus responsable quand vient le temps de prendre des moyens de contraception.   La société ne peut les forcer à la prendre non plus.  Alors que faire?

Publié : ven. sept. 29, 2006 7:34 am
par brunetta
laoghaire_19  a écrit

Malheureusement ce n'Est pas aussi simple que cela.  Si ces personnes sont incapables de prendre leur responsabilité vis-à-vis leurs enfants ils ne sont pas plus responsable quand vient le temps de prendre des moyens de contraception.   La société ne peut les forcer à la prendre non plus.  Alors que faire?

je sais bien malheureusement

Publié : ven. sept. 29, 2006 10:34 am
par kolem
C'est un triste phénomène

Publié : sam. sept. 30, 2006 1:16 am
par minimel
citron que c'est triste cela. je suis meme pas capable de rester dans mon lit pour relaxer 2 min meme si ma plus vielle de 2 ans est dans le salon a écouté la tv, juste au cas ou elle ouvre la porte elle meme pis partir joué dans la rue.Dire que je connais des mamans qui reste couché et compte sur le autre pour se lever ect...pfff...bref,il y aura toujours des cas comme cela.