Publié : lun. sept. 25, 2006 6:05 am
simonac
Daniel Renaud
Le Journal de Montréal
25/09/2006 07h00 - Mise à jour 25/09/2006 12h00
La justice n'est pas toujours très sévère sur la Couronne nord de Montréal, où tous les condamnés purgeant leur peine la fin de semaine qui se présentent au Centre de détention de Saint-Jérôme sont renvoyés chez eux, faute de place.
«Ça fait au moins trois ans que c'est de même», explique un employé de la prison qui a requis l'anonymat.
Selon notre source, le Centre de détention de Saint-Jérôme reçoit, chaque samedi, une quinzaine de condamnés qui purgent leur peine la fin de semaine (peines discontinues).
Après s'être enregistrés le samedi matin, ils sont tous retournés chez eux, parce que la prison est pleine.
«On les garde seulement la première fin de semaine. Après, c'est fini», ajoute l'employé. Pourtant, un condamné devrait avoir purgé le sixième de sa peine avant d'être éligible à une permission d'absence temporaire.
Des prisonniers en retard
«On en a déjà eu un qui avait pogné 30 fins de semaine, et il en a juste fait une», confie notre source.
«Des fois, on a des récidivistes de l'alcool au volant qui viennent à la prison en auto, ils signent et ils sentent l'alcool à 100 milles à la ronde», ajoute-t-il.
Il semble aussi que régulièrement, des condamnés qui se présentent à la prison pour s'enregistrer arrivent en retard, brisant ainsi leurs conditions. Mais même s'ils devraient être gardés, ils sont retournés chez eux.
«Ça nous frustre», lance l'employé.
Un centre toujours plein
La prison de Saint-Jérôme, qui peut accueillir 388 détenus, a reçu en moyenne 375 prisonniers par jour en 2005-2006, selon le ministère de la Sécurité publique.
Mais selon un mémoire déposé au printemps par le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, qui cite des chiffres de 2004, la prison est surpeuplée, dans une proportion de 114 %.
«La Centre de Saint-Jérôme est toujours plein, particulièrement la fin de semaine, parce qu'il absorbe la surpopulation de la prison d'Amos», explique Michel Hubert, président du Syndicat.
Au ministère de la Sécurité publique, un porte-parole, Réal Roussy, a refusé d'aborder la question de la surpopulation dans les prisons et refusé de dire combien de condamnés purgeant leur peine la fin de semaine se présentent chaque week-end à Saint-Jérôme et sont retournés sur-le-champ.
«Il pourrait y avoir trois détenus dans une prison, et il y aurait des absences temporaires quand même», nous a-t-il répondu, étonnamment. «Des permissions d'absence temporaire, il y en a toujours eu, il y en aura toujours», a-t-il dit, en précisant que la décision relevait du directeur de la prison.
Mais à la prison de Saint-Jérôme, l'adjointe du directeur, Anne-Marie Guénette, nous a renvoyé... à M. Roussy.
Ce qu'ils ont dit...
«Encore une fois, on a l'exemple qu'on aide plus les agresseurs que les victimes.»
- Pierre-Hugues Boisvenu, président de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues
«La victime est laissée pour compte là-dedans. La plaie ne se cicatrise pas.»
- Jean-Claude Hébert, criminaliste
«Un mode de fonctionnement aberrant et stupide.»
- Michel Hubert, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec
«Les peines discontinues, ce n'est pas pris au sérieux.»
- Yves Thériault, auteur du livre Tout le monde dehors!
«Un système qui offre aux victimes le spectacle de l'impunité des gens qui les ont agressées ne remplit pas sa fonction fondamentale.»
- Jean-Paul Brodeur, criminologue
Daniel Renaud
Le Journal de Montréal
25/09/2006 07h00 - Mise à jour 25/09/2006 12h00
La justice n'est pas toujours très sévère sur la Couronne nord de Montréal, où tous les condamnés purgeant leur peine la fin de semaine qui se présentent au Centre de détention de Saint-Jérôme sont renvoyés chez eux, faute de place.
«Ça fait au moins trois ans que c'est de même», explique un employé de la prison qui a requis l'anonymat.
Selon notre source, le Centre de détention de Saint-Jérôme reçoit, chaque samedi, une quinzaine de condamnés qui purgent leur peine la fin de semaine (peines discontinues).
Après s'être enregistrés le samedi matin, ils sont tous retournés chez eux, parce que la prison est pleine.
«On les garde seulement la première fin de semaine. Après, c'est fini», ajoute l'employé. Pourtant, un condamné devrait avoir purgé le sixième de sa peine avant d'être éligible à une permission d'absence temporaire.
Des prisonniers en retard
«On en a déjà eu un qui avait pogné 30 fins de semaine, et il en a juste fait une», confie notre source.
«Des fois, on a des récidivistes de l'alcool au volant qui viennent à la prison en auto, ils signent et ils sentent l'alcool à 100 milles à la ronde», ajoute-t-il.
Il semble aussi que régulièrement, des condamnés qui se présentent à la prison pour s'enregistrer arrivent en retard, brisant ainsi leurs conditions. Mais même s'ils devraient être gardés, ils sont retournés chez eux.
«Ça nous frustre», lance l'employé.
Un centre toujours plein
La prison de Saint-Jérôme, qui peut accueillir 388 détenus, a reçu en moyenne 375 prisonniers par jour en 2005-2006, selon le ministère de la Sécurité publique.
Mais selon un mémoire déposé au printemps par le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, qui cite des chiffres de 2004, la prison est surpeuplée, dans une proportion de 114 %.
«La Centre de Saint-Jérôme est toujours plein, particulièrement la fin de semaine, parce qu'il absorbe la surpopulation de la prison d'Amos», explique Michel Hubert, président du Syndicat.
Au ministère de la Sécurité publique, un porte-parole, Réal Roussy, a refusé d'aborder la question de la surpopulation dans les prisons et refusé de dire combien de condamnés purgeant leur peine la fin de semaine se présentent chaque week-end à Saint-Jérôme et sont retournés sur-le-champ.
«Il pourrait y avoir trois détenus dans une prison, et il y aurait des absences temporaires quand même», nous a-t-il répondu, étonnamment. «Des permissions d'absence temporaire, il y en a toujours eu, il y en aura toujours», a-t-il dit, en précisant que la décision relevait du directeur de la prison.
Mais à la prison de Saint-Jérôme, l'adjointe du directeur, Anne-Marie Guénette, nous a renvoyé... à M. Roussy.
Ce qu'ils ont dit...
«Encore une fois, on a l'exemple qu'on aide plus les agresseurs que les victimes.»
- Pierre-Hugues Boisvenu, président de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues
«La victime est laissée pour compte là-dedans. La plaie ne se cicatrise pas.»
- Jean-Claude Hébert, criminaliste
«Un mode de fonctionnement aberrant et stupide.»
- Michel Hubert, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec
«Les peines discontinues, ce n'est pas pris au sérieux.»
- Yves Thériault, auteur du livre Tout le monde dehors!
«Un système qui offre aux victimes le spectacle de l'impunité des gens qui les ont agressées ne remplit pas sa fonction fondamentale.»
- Jean-Paul Brodeur, criminologue