Publié : mar. sept. 19, 2006 2:05 am
Le mardi 19 septembre 2006
LES ÉCOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES ÉCOPENT À CAUSE DE LA BAISSE DE NATALITÉ
3000 postes d'enseignant disparaîtront en deux ans
Marie Allard
La Presse
La baisse de la natalité a commencé à faire des victimes. Plus de 3000 postes d'enseignant disparaîtront au cours des deux prochaines années, selon les prévisions du ministère de l'Éducation.
En juin, 58 enseignants permanents - surtout du primaire - ont été mis en disponibilité par la Commission scolaire de Montréal, qui n'avait plus besoin d'eux, faute d'élèves. Une trentaine d'entre eux ont dû quitter la métropole pour aller enseigner ailleurs, souvent en banlieue.
«C'est une nouvelle ère qui commence», a dit à La Presse Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires. Les pénuries de profs de maths, d'anglais et de sciences restent vives. Mais dans les autres matières, c'est la décroissance qui devient réalité.
Déjà, il y a 16 000 élèves de moins que l'an dernier dans les écoles primaires du Québec. D'ici cinq ans, ce sont 85 000 élèves qui manqueront dans le réseau, en raison du déclin des naissances.
«Pour l’instant, les surplus d’enseignants ne sont pas en grande quantité, mais ce sera un problème au cours des prochaines années», indique M. Tremblay.
La chute sera abrupte: dès l’an prochain, le réseau public francophone aura besoin de 1300 enseignants de moins au primaire, selon les prévisions du ministère de l’Éducation. En septembre 2008, encore 725 postes disparaîtront. Le secondaire sera aussi touché, avec une baisse de 530 enseignants en 2007, puis de 725 en 2008. Total: 3280 postes en moins.
Jusqu’à cette rentrée, Isabelle Filion, 28 ans, enseignait à l’école Saint-Arsène, dans la Petite-Patrie à Montréal. Permanente depuis quatre ans, elle avait acheté un condo à proximité et allait travailler en vélo. Elle ne se doutait pas qu’un collègue détenant plus d’ancienneté allait la déloger. Ni qu’il n’y aurait pas assez de départs à la retraite pour lui permettre de se replacer. «Le boom de retraites est passé», constate-t-elle.
Comme le veut sa convention collective, la jeune prof a été «offerte» aux commissions scolaires situées dans un rayon de 50 km. Elle avait 10 jours pour accepter une des propositions reçues ou perdre son travail. «J’ai dû décider où j’allais passer les 25 prochaines années», dit-elle.
Isabelle Filion enseigne maintenant à Sainte-Catherine, en Montérégie. Sa nouvelle école lui plaît, mais elle a dû acheter une voiture pour s’y rendre. «Il y a pénurie dans certaines matières, mais ce n’est plus le cas au primaire, constate-t-elle. Il faut le dire.»
Julie, une de ses collègues, a eu plus de chance: elle a retrouvé un poste à Montréal. «Malheureusement, il est encore possible qu’on me retire cet emploi s’il y a fermeture de classe», dit-elle. Il ne lui reste à espérer qu’il n’y a pas encore moins d’enfants que prévu à la CSDM.
Avec la permanence, «on garantit aux gens qu’ils auront du travail jusqu’à la retraite, mais dans un rayon de 50 km, dit M. Tremblay. Je comprends qu’à Montréal, avec le trafic, la réalité est différente, mais en région, c’est souvent le territoire d’une seule commission scolaire.» Craignant pour l’avenir, Québec a voulu faire tomber cette limite de 50 km lors des négociations de l’an dernier, sans succès.
Bien connu au Saguenay, sur la Côte-Nord ou dans les Hautes-Laurentides, le phénomène est nouveau à Montréal. L’an dernier, un seul professeur a été mis en disponibilité par la CSDM. «Cette année, il y en a eu 58, mais 19 ont été relocalisés dans la commission scolaire, indique Sylvain Arsenault, porte-parole de la CSDM.
Trente-trois sont allés ailleurs.» Les six derniers, dont une est en congé de maternité prolongé, doivent être fixés sur leur sort cette semaine. La quasi-totalité – soit 47 des 58 – enseignaient au préscolaire et au primaire.
En plus de la baisse de la natalité, la popularité croissante du privé et les déménagements doivent être pris en compte, selon Yves Parenteau, porte-parole de l’Alliance des professeurs de Montréal. «Les nouvelles maisons attirent les jeunes familles en banlieue», souligne-t-il. «Jusqu’à il y a trois ans, les enseignants accédaient rapidement à la permanence, poursuit M. Parenteau.
Aujourd’hui, ils peuvent être là depuis trois ou quatre ans et ne pas l’avoir encore. Malheureusement, ces gens n’ont pas choisi la bonne spécialité, ils ne sont pas professeurs d’éducation physique ou d’anglais, les secteurs en demande.»
LES ÉCOLES PRIMAIRES ET SECONDAIRES ÉCOPENT À CAUSE DE LA BAISSE DE NATALITÉ
3000 postes d'enseignant disparaîtront en deux ans
Marie Allard
La Presse
La baisse de la natalité a commencé à faire des victimes. Plus de 3000 postes d'enseignant disparaîtront au cours des deux prochaines années, selon les prévisions du ministère de l'Éducation.
En juin, 58 enseignants permanents - surtout du primaire - ont été mis en disponibilité par la Commission scolaire de Montréal, qui n'avait plus besoin d'eux, faute d'élèves. Une trentaine d'entre eux ont dû quitter la métropole pour aller enseigner ailleurs, souvent en banlieue.
«C'est une nouvelle ère qui commence», a dit à La Presse Bernard Tremblay, directeur des relations de travail à la Fédération des commissions scolaires. Les pénuries de profs de maths, d'anglais et de sciences restent vives. Mais dans les autres matières, c'est la décroissance qui devient réalité.
Déjà, il y a 16 000 élèves de moins que l'an dernier dans les écoles primaires du Québec. D'ici cinq ans, ce sont 85 000 élèves qui manqueront dans le réseau, en raison du déclin des naissances.
«Pour l’instant, les surplus d’enseignants ne sont pas en grande quantité, mais ce sera un problème au cours des prochaines années», indique M. Tremblay.
La chute sera abrupte: dès l’an prochain, le réseau public francophone aura besoin de 1300 enseignants de moins au primaire, selon les prévisions du ministère de l’Éducation. En septembre 2008, encore 725 postes disparaîtront. Le secondaire sera aussi touché, avec une baisse de 530 enseignants en 2007, puis de 725 en 2008. Total: 3280 postes en moins.
Jusqu’à cette rentrée, Isabelle Filion, 28 ans, enseignait à l’école Saint-Arsène, dans la Petite-Patrie à Montréal. Permanente depuis quatre ans, elle avait acheté un condo à proximité et allait travailler en vélo. Elle ne se doutait pas qu’un collègue détenant plus d’ancienneté allait la déloger. Ni qu’il n’y aurait pas assez de départs à la retraite pour lui permettre de se replacer. «Le boom de retraites est passé», constate-t-elle.
Comme le veut sa convention collective, la jeune prof a été «offerte» aux commissions scolaires situées dans un rayon de 50 km. Elle avait 10 jours pour accepter une des propositions reçues ou perdre son travail. «J’ai dû décider où j’allais passer les 25 prochaines années», dit-elle.
Isabelle Filion enseigne maintenant à Sainte-Catherine, en Montérégie. Sa nouvelle école lui plaît, mais elle a dû acheter une voiture pour s’y rendre. «Il y a pénurie dans certaines matières, mais ce n’est plus le cas au primaire, constate-t-elle. Il faut le dire.»
Julie, une de ses collègues, a eu plus de chance: elle a retrouvé un poste à Montréal. «Malheureusement, il est encore possible qu’on me retire cet emploi s’il y a fermeture de classe», dit-elle. Il ne lui reste à espérer qu’il n’y a pas encore moins d’enfants que prévu à la CSDM.
Avec la permanence, «on garantit aux gens qu’ils auront du travail jusqu’à la retraite, mais dans un rayon de 50 km, dit M. Tremblay. Je comprends qu’à Montréal, avec le trafic, la réalité est différente, mais en région, c’est souvent le territoire d’une seule commission scolaire.» Craignant pour l’avenir, Québec a voulu faire tomber cette limite de 50 km lors des négociations de l’an dernier, sans succès.
Bien connu au Saguenay, sur la Côte-Nord ou dans les Hautes-Laurentides, le phénomène est nouveau à Montréal. L’an dernier, un seul professeur a été mis en disponibilité par la CSDM. «Cette année, il y en a eu 58, mais 19 ont été relocalisés dans la commission scolaire, indique Sylvain Arsenault, porte-parole de la CSDM.
Trente-trois sont allés ailleurs.» Les six derniers, dont une est en congé de maternité prolongé, doivent être fixés sur leur sort cette semaine. La quasi-totalité – soit 47 des 58 – enseignaient au préscolaire et au primaire.
En plus de la baisse de la natalité, la popularité croissante du privé et les déménagements doivent être pris en compte, selon Yves Parenteau, porte-parole de l’Alliance des professeurs de Montréal. «Les nouvelles maisons attirent les jeunes familles en banlieue», souligne-t-il. «Jusqu’à il y a trois ans, les enseignants accédaient rapidement à la permanence, poursuit M. Parenteau.
Aujourd’hui, ils peuvent être là depuis trois ou quatre ans et ne pas l’avoir encore. Malheureusement, ces gens n’ont pas choisi la bonne spécialité, ils ne sont pas professeurs d’éducation physique ou d’anglais, les secteurs en demande.»