Publié : ven. sept. 08, 2006 3:42 am
POUR TENTER D'ENRAYER LA CRISE
Brigitte Dusseau
Agence France-Presse
Londres
Tony Blair a annoncé jeudi, sans précision de date, qu'il aurait quitté le pouvoir d'ici à un an, espérant ainsi calmer la guerre de succession déclenchée par son ministre des Finances Gordon Brown.
Alors que son mandat à Downing Street courait théoriquement jusqu'en 2010, M. Blair, en proie à une rébellion ouverte de certains membres de son parti, a annoncé après 48 heures de psychodrame que le Congrès annuel travailliste fin septembre serait «son dernier en tant que leader» du parti. Il a ainsi confirmé les déclarations de son entourage ces jours derniers, selon lesquelles il serait parti d'ici à un an.
Il s'est cependant refusé à détailler un calendrier, essayant de se garder une dernière marge de manoeuvre dans la gestion de son départ.
«Je ne vais pas avancer de date précise maintenant, je ne pense pas que cela soit bien. Je le ferai à une date ultérieure et je le ferai dans l'intérêt du pays et en fonction des circonstances», a déclaré M. Blair, qui a en outre présenté «des excuses au nom du Labour pour la semaine écoulée».
Il a immédiatement suscité la colère de certains partisans de Gordon Brown, qui veulent qu'il parte au plus vite de Downing Street, dans l'espoir de préserver leurs chances aux prochaines élections législatives en 2009 ou 2010.
Plus tôt dans la journée, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Jack Straw, avait jugé «raisonnable» un départ de M. Blair deux ans après les législatives de mai 2005, moment où M. Blair passera le cap des dix ans au pouvoir, début mai 2007.
Mais Downing Street a qualifié de pures conjectures certaines dates avancées dans les médias, fixant la démission de M. Blair en tant que dirigeant du parti travailliste au 4 mai ou encore au 31 mai, et son départ de Downing Street, après la nomination d'un nouveau leader, le 15 juin ou le 26 juillet.
Au Royaume-Uni, le chef du parti majoritaire est automatiquement premier ministre. Une fois qu'il aura démissionné de la présidence du parti travailliste, Tony Blair devra être remplacé, et son successeur à la tête des travaillistes, poste pour lequel Gordon Brown est pressenti, deviendra premier ministre jusqu'aux prochaines élections de 2009 ou 2010.
Jusqu'à présent, en dépit des pressions croissantes, Tony Blair, confirmé en mai 2005 pour un troisième mandat de cinq ans dont il avait lui-même affirmé qu'il serait le dernier, n'avait jamais voulu préciser quand il comptait partir. Il s'était contenté de répéter qu'il laisserait «amplement le temps» à son successeur pour «une transition ordonnée» avant la prochaine échéance électorale.
Mais la tempête de ces derniers jours dans son parti, au plus bas dans les sondages face à la résurgence des conservateurs, ne lui a pas laissé de choix.
Quinze députés lui avaient envoyé une lettre demandant son départ, et sept collaborateurs subalternes du gouvernement et un sous-secrétaire d'État avaient démissionné mercredi, en signe de protestation.
Désormais rassuré, Gordon Brown, qui attend depuis des années de succéder à Tony Blair, a affirmé qu'il soutiendrait sa décision, quelle qu'elle soit quant à la date de son départ, et mis en avant l'intérêt du pays à voir les deux hommes travailler ensemble ces prochains mois.
L'annonce de Tony Blair a, au moins temporairement, soulagé ceux de ses supporters qui dénoncent un parti «au bord du gouffre». Mais plusieurs députés ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne s'en contenteraient pas, insistant pour avoir une date précise.
Un député gallois, Paul Flynn, a même demandé jeudi soir que M. Blair s'en aille «avant Noël».
Car les brownistes ne veulent pas d'une passation de pouvoir durant l'été 2007: le Parlement en vacances, Gordon Brown serait ainsi privé de caisse de résonance pour ses premiers cent jours. Et un nouveau candidat à la tête du parti pourrait surgir d'ici là, venant contrarier ses plans d'enfin accéder à Downing Street.
Brigitte Dusseau
Agence France-Presse
Londres
Tony Blair a annoncé jeudi, sans précision de date, qu'il aurait quitté le pouvoir d'ici à un an, espérant ainsi calmer la guerre de succession déclenchée par son ministre des Finances Gordon Brown.
Alors que son mandat à Downing Street courait théoriquement jusqu'en 2010, M. Blair, en proie à une rébellion ouverte de certains membres de son parti, a annoncé après 48 heures de psychodrame que le Congrès annuel travailliste fin septembre serait «son dernier en tant que leader» du parti. Il a ainsi confirmé les déclarations de son entourage ces jours derniers, selon lesquelles il serait parti d'ici à un an.
Il s'est cependant refusé à détailler un calendrier, essayant de se garder une dernière marge de manoeuvre dans la gestion de son départ.
«Je ne vais pas avancer de date précise maintenant, je ne pense pas que cela soit bien. Je le ferai à une date ultérieure et je le ferai dans l'intérêt du pays et en fonction des circonstances», a déclaré M. Blair, qui a en outre présenté «des excuses au nom du Labour pour la semaine écoulée».
Il a immédiatement suscité la colère de certains partisans de Gordon Brown, qui veulent qu'il parte au plus vite de Downing Street, dans l'espoir de préserver leurs chances aux prochaines élections législatives en 2009 ou 2010.
Plus tôt dans la journée, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Jack Straw, avait jugé «raisonnable» un départ de M. Blair deux ans après les législatives de mai 2005, moment où M. Blair passera le cap des dix ans au pouvoir, début mai 2007.
Mais Downing Street a qualifié de pures conjectures certaines dates avancées dans les médias, fixant la démission de M. Blair en tant que dirigeant du parti travailliste au 4 mai ou encore au 31 mai, et son départ de Downing Street, après la nomination d'un nouveau leader, le 15 juin ou le 26 juillet.
Au Royaume-Uni, le chef du parti majoritaire est automatiquement premier ministre. Une fois qu'il aura démissionné de la présidence du parti travailliste, Tony Blair devra être remplacé, et son successeur à la tête des travaillistes, poste pour lequel Gordon Brown est pressenti, deviendra premier ministre jusqu'aux prochaines élections de 2009 ou 2010.
Jusqu'à présent, en dépit des pressions croissantes, Tony Blair, confirmé en mai 2005 pour un troisième mandat de cinq ans dont il avait lui-même affirmé qu'il serait le dernier, n'avait jamais voulu préciser quand il comptait partir. Il s'était contenté de répéter qu'il laisserait «amplement le temps» à son successeur pour «une transition ordonnée» avant la prochaine échéance électorale.
Mais la tempête de ces derniers jours dans son parti, au plus bas dans les sondages face à la résurgence des conservateurs, ne lui a pas laissé de choix.
Quinze députés lui avaient envoyé une lettre demandant son départ, et sept collaborateurs subalternes du gouvernement et un sous-secrétaire d'État avaient démissionné mercredi, en signe de protestation.
Désormais rassuré, Gordon Brown, qui attend depuis des années de succéder à Tony Blair, a affirmé qu'il soutiendrait sa décision, quelle qu'elle soit quant à la date de son départ, et mis en avant l'intérêt du pays à voir les deux hommes travailler ensemble ces prochains mois.
L'annonce de Tony Blair a, au moins temporairement, soulagé ceux de ses supporters qui dénoncent un parti «au bord du gouffre». Mais plusieurs députés ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne s'en contenteraient pas, insistant pour avoir une date précise.
Un député gallois, Paul Flynn, a même demandé jeudi soir que M. Blair s'en aille «avant Noël».
Car les brownistes ne veulent pas d'une passation de pouvoir durant l'été 2007: le Parlement en vacances, Gordon Brown serait ainsi privé de caisse de résonance pour ses premiers cent jours. Et un nouveau candidat à la tête du parti pourrait surgir d'ici là, venant contrarier ses plans d'enfin accéder à Downing Street.