Publié : mar. juil. 04, 2006 4:11 am
Des milliers de chiens et chats abandonnés
Hugo Meunier
La Presse
La scène est déchirante. Elle se passe hier à la succursale montréalaise de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA).
Un adolescent tire énergiquement sur une laisse au bout de laquelle un chien résiste. L'animal, magnifique golden retriever, gémit et freine avec ses pattes arrière pour ne pas aller rejoindre les autres chiens abandonnés, qui partagent une cage étroite dans une pièce nauséabonde. Puis, dans un geste désespéré, le chien se laisse tomber sur le côté sur la rampe menant à sa prison.
Comme chaque année, la période de déménagement rime avec l'abandon de milliers de chats et chiens dans la province.
Entre 30 et 50 nouveaux animaux arrivent chaque jour à la succursale montréalaise de la SPCA. «Le refuge est plein à craquer», a indiqué hier Louis Babin, assistant directeur des opérations.
Et il faut avoir le coeur solide pour déambuler entre les murs de l'organisme, rue Jean-Talon.
Le plus dur, c'est entendre tous ces chiens se lamenter bruyamment et agiter la queue servilement au passage de chaque visiteur.
Même vision pathétique dans l'autre pièce, celle-là remplie de chats qui miaulent. D'autres dorment pour fuir momentanément leur captivité.
«La plupart de nos interventions concernent des chats abandonnés dans des appartements, ou d'autres qui reviennent à la porte du logement déserté par leur maître», a expliqué M. Babin.
Capitale du chat errant
À un point tel que Montréal fait même figure de capitale nord-américaine du chat errant.
Patrouilleur pour l'organisme, Danny Bujold en voit de toutes les couleurs. «J'ai récupéré trois chiens abandonnés dans une cage sans eau et sans nourriture. Ils étaient très maigres, mais vivants», a dit le jeune homme.
Au milieu de la succursale, fréquentée hier, la famille Guérard «magasinait» un animal de compagnie. Un premier chien. «Ça fait longtemps qu'on en parle, mais on savait que c'était la bonne période», a souligné Sylvain Labonté.
À ses pieds, se trouvait un mignon petit schnauzer d'un an nommé Méo. «On va d'abord marcher un peu dehors avec lui, pour voir si on va "tomber en amour" avec lui», a expliqué Sylvain.
En tout cas, les enfants Guérard, en train de flatter le chien, semblaient déjà avoir adopté Méo.
À l'autre bout du comptoir, Nathalie Brisebois venait pour sa part déposer un chiot. «Je l'ai trouvé dans ma cour pendant que je faisais des rénovations», a souligné la jeune femme. «Il a eu peur au début, mais je lui ai donné un peu d'eau», a ajouté Mme Brisebois, qui n'est pas en mesure d'adopter elle-même l'animal.
Peu importe le motif, les personnes qui abandonnent leurs animaux au comptoir doivent d'abord se justifier.
Une jeune femme venue porter son chat semblait d'ailleurs déchirée, voire un peu honteuse, de son geste. Les yeux mouillés, une cage vide dans la main, elle n'était ensuite aucunement intéressée à expliquer les raisons de cet abandon à La Presse.
Porte-parole de la Société québécoise pour la défense des animaux (SQDA), Patricia Tulasne lance un appel à la responsabilisation. «On espère que les gens vont trouver une solution avant le 1er juillet.» Elle invite les gens à confier leurs animaux à des refuges spécialisés, «parce plus de la moitié des animaux qui se retrouvent à la SPCA ou au Berger blanc sont euthanasiés», a souligné Mme Tulasne.
Quant à la famille Guérard, elle est finalement repartie avec le petit Méo, qui pourrait bien s'attendre à être rebaptisé prochainement.
ADOPTER À LA SPCA
Chat : 124$ (incluant la stérilisation, le premier vaccin et un sac de nourriture)
Chien: 180 $ (incluant les mêmes soins et articles que pour le chat)
Source: SPCA
Hugo Meunier
La Presse
La scène est déchirante. Elle se passe hier à la succursale montréalaise de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA).
Un adolescent tire énergiquement sur une laisse au bout de laquelle un chien résiste. L'animal, magnifique golden retriever, gémit et freine avec ses pattes arrière pour ne pas aller rejoindre les autres chiens abandonnés, qui partagent une cage étroite dans une pièce nauséabonde. Puis, dans un geste désespéré, le chien se laisse tomber sur le côté sur la rampe menant à sa prison.
Comme chaque année, la période de déménagement rime avec l'abandon de milliers de chats et chiens dans la province.
Entre 30 et 50 nouveaux animaux arrivent chaque jour à la succursale montréalaise de la SPCA. «Le refuge est plein à craquer», a indiqué hier Louis Babin, assistant directeur des opérations.
Et il faut avoir le coeur solide pour déambuler entre les murs de l'organisme, rue Jean-Talon.
Le plus dur, c'est entendre tous ces chiens se lamenter bruyamment et agiter la queue servilement au passage de chaque visiteur.
Même vision pathétique dans l'autre pièce, celle-là remplie de chats qui miaulent. D'autres dorment pour fuir momentanément leur captivité.
«La plupart de nos interventions concernent des chats abandonnés dans des appartements, ou d'autres qui reviennent à la porte du logement déserté par leur maître», a expliqué M. Babin.
Capitale du chat errant
À un point tel que Montréal fait même figure de capitale nord-américaine du chat errant.
Patrouilleur pour l'organisme, Danny Bujold en voit de toutes les couleurs. «J'ai récupéré trois chiens abandonnés dans une cage sans eau et sans nourriture. Ils étaient très maigres, mais vivants», a dit le jeune homme.
Au milieu de la succursale, fréquentée hier, la famille Guérard «magasinait» un animal de compagnie. Un premier chien. «Ça fait longtemps qu'on en parle, mais on savait que c'était la bonne période», a souligné Sylvain Labonté.
À ses pieds, se trouvait un mignon petit schnauzer d'un an nommé Méo. «On va d'abord marcher un peu dehors avec lui, pour voir si on va "tomber en amour" avec lui», a expliqué Sylvain.
En tout cas, les enfants Guérard, en train de flatter le chien, semblaient déjà avoir adopté Méo.
À l'autre bout du comptoir, Nathalie Brisebois venait pour sa part déposer un chiot. «Je l'ai trouvé dans ma cour pendant que je faisais des rénovations», a souligné la jeune femme. «Il a eu peur au début, mais je lui ai donné un peu d'eau», a ajouté Mme Brisebois, qui n'est pas en mesure d'adopter elle-même l'animal.
Peu importe le motif, les personnes qui abandonnent leurs animaux au comptoir doivent d'abord se justifier.
Une jeune femme venue porter son chat semblait d'ailleurs déchirée, voire un peu honteuse, de son geste. Les yeux mouillés, une cage vide dans la main, elle n'était ensuite aucunement intéressée à expliquer les raisons de cet abandon à La Presse.
Porte-parole de la Société québécoise pour la défense des animaux (SQDA), Patricia Tulasne lance un appel à la responsabilisation. «On espère que les gens vont trouver une solution avant le 1er juillet.» Elle invite les gens à confier leurs animaux à des refuges spécialisés, «parce plus de la moitié des animaux qui se retrouvent à la SPCA ou au Berger blanc sont euthanasiés», a souligné Mme Tulasne.
Quant à la famille Guérard, elle est finalement repartie avec le petit Méo, qui pourrait bien s'attendre à être rebaptisé prochainement.
ADOPTER À LA SPCA
Chat : 124$ (incluant la stérilisation, le premier vaccin et un sac de nourriture)
Chien: 180 $ (incluant les mêmes soins et articles que pour le chat)
Source: SPCA