Publié : mar. juin 06, 2006 3:30 am
Québec haussera la taxe sur l'essence
Denis Lessard
06 juin 2006 - 06h38
Les Québécois ne profiteront pas longtemps à la pompe de la baisse de 1 % de la TPS annoncée par le gouvernement Harper et qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. Le gouvernement Charest compte occuper l'espace fiscal libéré par Ottawa pour financer les transports en commun.
Selon les informations réunies par La Presse au cours des derniers jours, le gouvernement Charest planche actuellement sur une politique de financement des sociétés de transport en commun destinée à mettre fin aux récriminations soutenues des grandes villes (Montréal en particulier), constamment aux prises avec des déficits d'exploitation de leurs réseaux.
Québec puiserait environ 1 cent de plus le litre- le chiffre précis reste à déterminer- dans les poches des automobilistes des grandes villes, qui font déjà face à une facture salée à la pompe.
Québec compte annoncer avant la fin de la session parlementaire (16 juin) cette politique de financement destinée aux neuf villes qui ont un réseau: Montréal, Laval, Longueuil, Québec, Lévis ainsi que Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay et Drummondville.
Québec paie déjà 75 %, voire 90 % des coûts d'immobilisation (achat et renouvellement d'équipement), mais la facture d'exploitation est depuis longtemps déficitaire.
Pour appuyer ses revendications, la Communauté métropolitaine de Montréal rendra public sous peu le résultat d'une vérification interne montrant que le métro et les trains de banlieue ont un lourd passif accumulé.
Pour le métro, on parle de 26 millions; d'une dizaine de millions pour les trains de banlieue. Mais Montréal souhaite gonfler cette facture.
Plus de 100 millions
Si Québec haussait ses droits sur l'essence de 1 cent par litre, cela générerait, dans la province, plus d'une centaine de millions par année, indique-t-on. La moitié irait à Montréal et sa grande région.
Québec impose déjà des droits de 15,2 cents sur chaque litre d'essence, et 1,5 cent supplémentaire pour les résidants de la Communauté métropolitaine de Montréal, pour le financement de l'Agence métropolitaine des transports, une ponction spéciale de 50 millions par année pour les automobilistes montréalais.
On repasse à la caisse
Ottawa impose des droits de 10 cents le litre, sur un prix avant taxes de 58 cents le litre. Bien sûr, les deux gouvernements repassent à la caisse en imposant la TPS et la TVQ sur le tout.
En baissant de 1 % sa TPS en juillet, Ottawa fera baisser le prix d'environ 0,85 cent le litre d'essence, indiquent les chiffres du ministère québécois des Finances, établis sur la base du prix d'un baril de brut de 2005.
« Pas de lien formel », soutient Audet
« La décision n'est pas prise, mais il n'y a pas de lien formel entre les deux (la baisse à Ottawa et la hausse à Québec) », a soutenu hier Michel Audet, le ministre des Finances, relancé par La Presse sur les informations qui circulent dans les officines du gouvernement.
S'il reconnaît facilement que le scénario est examiné, il reste convaincu qu'en agissant de la sorte, le gouvernement du Québec ne fera pas l'économie d'un débat politique.
« Il est clair pour tout le monde que le fédéral baisse la taxe, retourne de l'argent au contribuable », souligne-t-il.
En ce sens, Québec aura à expliquer sa décision même si au net, elle ne génère pas d'augmentation pour les automobilistes, résume-t-il, rappelant que le dossier relevait de son collègue aux Transports.
Réponses évasives
Selon son habitude, Michel Després s'est contenté de réponses évasives, prétendant même que le dossier n'était pas encore sorti de son ministère.
Il y a quelques jours, il disait toutefois espérer rendre publique cette politique avant l'été. « À temps pour qu'elle fasse partie du bilan de session du gouvernement », ont confié d'autres sources.
Montréal souhaitait le double de la hausse envisagée, « jusqu'à 2 cents le litre », afin de combler le déficit d'exploitation du métro et de ses trains de banlieue. À l'hôtel de ville, lundi, on n'avait pas renoncé à cette idée- Ottawa a annoncé une autre baisse de la TPS pour l'an prochain.
Québec ne se servira pas de la Société d'assurance automobile pour aller chercher davantage auprès des automobilistes- la SAAQ va déjà chercher 30 $ par automobiliste dans les neuf zones où il y a des transports en commun, une contribution versée totalement à Québec.
Un autre scénario
Des hausses de primes très importantes (prévisibles compte tenu du rapport qu'un comité d'experts devrait remettre à la mi-juin) priveront l'organisme de toute marge de manoeuvre.
Un autre scénario examiné pour aider à financer les transports en commun, une taxe sur le stationnement commercial à Montréal, semble aussi être resté sur le carreau.
Denis Lessard
06 juin 2006 - 06h38
Les Québécois ne profiteront pas longtemps à la pompe de la baisse de 1 % de la TPS annoncée par le gouvernement Harper et qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. Le gouvernement Charest compte occuper l'espace fiscal libéré par Ottawa pour financer les transports en commun.
Selon les informations réunies par La Presse au cours des derniers jours, le gouvernement Charest planche actuellement sur une politique de financement des sociétés de transport en commun destinée à mettre fin aux récriminations soutenues des grandes villes (Montréal en particulier), constamment aux prises avec des déficits d'exploitation de leurs réseaux.
Québec puiserait environ 1 cent de plus le litre- le chiffre précis reste à déterminer- dans les poches des automobilistes des grandes villes, qui font déjà face à une facture salée à la pompe.
Québec compte annoncer avant la fin de la session parlementaire (16 juin) cette politique de financement destinée aux neuf villes qui ont un réseau: Montréal, Laval, Longueuil, Québec, Lévis ainsi que Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay et Drummondville.
Québec paie déjà 75 %, voire 90 % des coûts d'immobilisation (achat et renouvellement d'équipement), mais la facture d'exploitation est depuis longtemps déficitaire.
Pour appuyer ses revendications, la Communauté métropolitaine de Montréal rendra public sous peu le résultat d'une vérification interne montrant que le métro et les trains de banlieue ont un lourd passif accumulé.
Pour le métro, on parle de 26 millions; d'une dizaine de millions pour les trains de banlieue. Mais Montréal souhaite gonfler cette facture.
Plus de 100 millions
Si Québec haussait ses droits sur l'essence de 1 cent par litre, cela générerait, dans la province, plus d'une centaine de millions par année, indique-t-on. La moitié irait à Montréal et sa grande région.
Québec impose déjà des droits de 15,2 cents sur chaque litre d'essence, et 1,5 cent supplémentaire pour les résidants de la Communauté métropolitaine de Montréal, pour le financement de l'Agence métropolitaine des transports, une ponction spéciale de 50 millions par année pour les automobilistes montréalais.
On repasse à la caisse
Ottawa impose des droits de 10 cents le litre, sur un prix avant taxes de 58 cents le litre. Bien sûr, les deux gouvernements repassent à la caisse en imposant la TPS et la TVQ sur le tout.
En baissant de 1 % sa TPS en juillet, Ottawa fera baisser le prix d'environ 0,85 cent le litre d'essence, indiquent les chiffres du ministère québécois des Finances, établis sur la base du prix d'un baril de brut de 2005.
« Pas de lien formel », soutient Audet
« La décision n'est pas prise, mais il n'y a pas de lien formel entre les deux (la baisse à Ottawa et la hausse à Québec) », a soutenu hier Michel Audet, le ministre des Finances, relancé par La Presse sur les informations qui circulent dans les officines du gouvernement.
S'il reconnaît facilement que le scénario est examiné, il reste convaincu qu'en agissant de la sorte, le gouvernement du Québec ne fera pas l'économie d'un débat politique.
« Il est clair pour tout le monde que le fédéral baisse la taxe, retourne de l'argent au contribuable », souligne-t-il.
En ce sens, Québec aura à expliquer sa décision même si au net, elle ne génère pas d'augmentation pour les automobilistes, résume-t-il, rappelant que le dossier relevait de son collègue aux Transports.
Réponses évasives
Selon son habitude, Michel Després s'est contenté de réponses évasives, prétendant même que le dossier n'était pas encore sorti de son ministère.
Il y a quelques jours, il disait toutefois espérer rendre publique cette politique avant l'été. « À temps pour qu'elle fasse partie du bilan de session du gouvernement », ont confié d'autres sources.
Montréal souhaitait le double de la hausse envisagée, « jusqu'à 2 cents le litre », afin de combler le déficit d'exploitation du métro et de ses trains de banlieue. À l'hôtel de ville, lundi, on n'avait pas renoncé à cette idée- Ottawa a annoncé une autre baisse de la TPS pour l'an prochain.
Québec ne se servira pas de la Société d'assurance automobile pour aller chercher davantage auprès des automobilistes- la SAAQ va déjà chercher 30 $ par automobiliste dans les neuf zones où il y a des transports en commun, une contribution versée totalement à Québec.
Un autre scénario
Des hausses de primes très importantes (prévisibles compte tenu du rapport qu'un comité d'experts devrait remettre à la mi-juin) priveront l'organisme de toute marge de manoeuvre.
Un autre scénario examiné pour aider à financer les transports en commun, une taxe sur le stationnement commercial à Montréal, semble aussi être resté sur le carreau.