Publié : jeu. juin 01, 2006 4:00 am
Opérations
Listes d'attente: pire que jamais
Éric Yvan Lemay
Le Journal de Montréal
01/06/2006 06h04 - Mise à jour 01/06/2006 09h31
Même si on opère davantage, le nombre de personnes en attente continue d'augmenter à Montréal. Encore plus inquiétant, près de la moitié des personnes en attente sont opérées hors des délais médicaux recommandés.
Selon les plus récentes données de l'Agence de la santé, pas moins de 48 % des 24 298 personnes en attente d'une chirurgie d'un jour sont considérées comme hors délais. L'an dernier, à la même période, c'était 47 %.
Pourtant, le nombre de chirurgies est passé de 65 256 à 67 190 durant la même période. Au moins cinq hôpitaux ont même dépassé les volumes d'opération prévus !
Pour la chirurgie de la cataracte, le nombre de personnes en attente est de 5078, alors qu'il était de 4662 l'an dernier. Là aussi le nombre de chirurgie n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années..
En tout, c'est plus de 40 000 patients qui sont en attente d'une chirurgie, dont 17 000 au delà du délai médical recommadé de six mois.
Problème d'organisation
«Dans un monde idéal, le médecin devrait avertir son patient s'il prévoit que le délai pour l'opération va dépasser six mois et le référer dans un autre hôpital. On se retrouve avec certains médecins qui ont de très longues listes», convient le Dr Michel Marcil, directeur des affaires médicales et universitaires à l'Agence.
Selon lui, le problème de l'attente n'est pas seulement une question d'argent, mais aussi d'organisation. Ainsi, faute de lits et de personnel dans les étages pour s'occuper des patients après l'opération, on a diminué le nombre de chirurgies avec hospitalisation. Le nombre de personnes en attente a légèrement augmenté, passant de 8790 à 8936.
Les pires hôpitaux
L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont et l'hôpital Général juif sont parmi les pires avec respectivement 50 % et 53 % des patients en attente pour une chirurgie avec hospitalisation qui dépassent le délai de six mois. En ce qui concerne la chirurgie d'un jour, c'est l'hôpital St. Mary qui traîne de la patte avec 1365 patients en attente, dont 745 depuis plus de six mois.
L'hôpital de Lachine ne comptait que huit patients en attente d'une chirurgie d'un jour en mars, soit le meilleur score à Montréal.
Cette situation pourrait durer encore longtemps
La situation de l'attente risque de demeurer problématique encore de nombreuses années, selon le Conseil de protection des malades.
«Les gens s'en plaignent beaucoup. C'est rendu qu'il y a plus de gens en attente que de gens qui se font opérer», dit le président du Conseil, Paul G. Brunet, qui estime à 100 000 le nombre de patients en attente au Québec pour différents types d'interventions.
Selon lui, ce sont des recours collectifs devant les tribunaux qui guettent les hôpitaux s'ils ne parviennent pas à respecter les délais opératoires.
Il pointe du doigt les décisions prises dans les années 1990 de couper dans les facultés de médecine et d'infirmerie.
Certaines améliorations
Pour le Dr Michel Marcil, de l'Agence de la santé de Montréal, la situation s'est améliorée en chirurgie cardiaque, en oncologie, dans le traitement de la cataracte et des prothèses de genoux et de hanche.
Il reconnaît que certains hôpitaux ont besoin d'assistance. On a donc majoré les budgets des hôpitaux qui parviennent à dépasser le nombre d'opérations de l'année suivante.
Certains patients hors délais le sont par choix, notamment ceux qui préfèrent passer l'hiver dans le sud avant d'être opérés. D'autres tiennent mordicus à être opérés par «leur» médecin, même si sa liste d'attente est longue.
Listes d'attente: pire que jamais
Éric Yvan Lemay
Le Journal de Montréal
01/06/2006 06h04 - Mise à jour 01/06/2006 09h31
Même si on opère davantage, le nombre de personnes en attente continue d'augmenter à Montréal. Encore plus inquiétant, près de la moitié des personnes en attente sont opérées hors des délais médicaux recommandés.
Selon les plus récentes données de l'Agence de la santé, pas moins de 48 % des 24 298 personnes en attente d'une chirurgie d'un jour sont considérées comme hors délais. L'an dernier, à la même période, c'était 47 %.
Pourtant, le nombre de chirurgies est passé de 65 256 à 67 190 durant la même période. Au moins cinq hôpitaux ont même dépassé les volumes d'opération prévus !
Pour la chirurgie de la cataracte, le nombre de personnes en attente est de 5078, alors qu'il était de 4662 l'an dernier. Là aussi le nombre de chirurgie n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années..
En tout, c'est plus de 40 000 patients qui sont en attente d'une chirurgie, dont 17 000 au delà du délai médical recommadé de six mois.
Problème d'organisation
«Dans un monde idéal, le médecin devrait avertir son patient s'il prévoit que le délai pour l'opération va dépasser six mois et le référer dans un autre hôpital. On se retrouve avec certains médecins qui ont de très longues listes», convient le Dr Michel Marcil, directeur des affaires médicales et universitaires à l'Agence.
Selon lui, le problème de l'attente n'est pas seulement une question d'argent, mais aussi d'organisation. Ainsi, faute de lits et de personnel dans les étages pour s'occuper des patients après l'opération, on a diminué le nombre de chirurgies avec hospitalisation. Le nombre de personnes en attente a légèrement augmenté, passant de 8790 à 8936.
Les pires hôpitaux
L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont et l'hôpital Général juif sont parmi les pires avec respectivement 50 % et 53 % des patients en attente pour une chirurgie avec hospitalisation qui dépassent le délai de six mois. En ce qui concerne la chirurgie d'un jour, c'est l'hôpital St. Mary qui traîne de la patte avec 1365 patients en attente, dont 745 depuis plus de six mois.
L'hôpital de Lachine ne comptait que huit patients en attente d'une chirurgie d'un jour en mars, soit le meilleur score à Montréal.
Cette situation pourrait durer encore longtemps
La situation de l'attente risque de demeurer problématique encore de nombreuses années, selon le Conseil de protection des malades.
«Les gens s'en plaignent beaucoup. C'est rendu qu'il y a plus de gens en attente que de gens qui se font opérer», dit le président du Conseil, Paul G. Brunet, qui estime à 100 000 le nombre de patients en attente au Québec pour différents types d'interventions.
Selon lui, ce sont des recours collectifs devant les tribunaux qui guettent les hôpitaux s'ils ne parviennent pas à respecter les délais opératoires.
Il pointe du doigt les décisions prises dans les années 1990 de couper dans les facultés de médecine et d'infirmerie.
Certaines améliorations
Pour le Dr Michel Marcil, de l'Agence de la santé de Montréal, la situation s'est améliorée en chirurgie cardiaque, en oncologie, dans le traitement de la cataracte et des prothèses de genoux et de hanche.
Il reconnaît que certains hôpitaux ont besoin d'assistance. On a donc majoré les budgets des hôpitaux qui parviennent à dépasser le nombre d'opérations de l'année suivante.
Certains patients hors délais le sont par choix, notamment ceux qui préfèrent passer l'hiver dans le sud avant d'être opérés. D'autres tiennent mordicus à être opérés par «leur» médecin, même si sa liste d'attente est longue.