Publié : mer. mai 17, 2006 3:21 am
Une «danse à 10$» est de la prostitution, dit le juge
Jean-Pierre coupable
Jérôme Dussault
Le Journal de Montréal
17/05/2006 05h41
En déclarant hier Alain Jean-Pierre coupable de proxénétisme, le juge Jean-Pierre Boyer a statué que les danses-contact dans les bars de danseuses, communément appelées «danses à 10 $», constituent de la prostitution.
Jean-Pierre est ce policier du métro de Montréal qui séduisait de jeunes femmes, dont une mineure, pour les enrôler dans son écurie de danseuses nues.
Beau parleur, il faisait croire à chacune être en amour avec elle, exigeant en retour l'intégralité de ses gains. Il promettait de gérer les sommes colossales (voir autre texte) qu'elles généreraient pour les projets futurs, tels maison, autos ou encore prothèses mammaires pour madame.
Hier, le proxénète de 31 ans a été jugé coupable d'avoir ainsi amené deux jeunes femmes, dont une fugueuse de 16 ans, à se prostituer, en les faisant danser nues, et d'avoir vécu de leur travail entre mai 2001 et février 2003. Dans son jugement fort étoffé, l'honorable Jean-Pierre Boyer décrète que dès le jour où les victimes s'adonnaient à la danse-contact pour enrichir Jean-Pierre, ce dernier vivait des produits de la prostitution au sens de la loi.
Même sans relations sexuelles, fellations ou masturbation, quant un client touche directement les seins d'une danseuse et ses fesses par-dessus sa petite culotte, il y a offre de services sexuels contre rétribution, donc prostitution aux yeux du magistrat. Il n'y voit cependant pas là un geste illégal, appuyant sa position sur les enseignements des cours Suprême et d'Appel.
Le sexe plutôt que les hamburgers
Sa plus jeune victime, Jean-Pierre l'a approchée au métro Snowdon alors qu'il était en uniforme. Il lui offre alors une crème glacée, la présentant à son partenaire de travail comme sa future épouse. Il la relance ensuite avec une rose au Burger King où elle travaille. L'industrie du sexe est davantage lucrative que celle du hamburger, lui fait-il comprendre.
L'ado accepte pour demeurer son amoureuse. Elle est rassurée par les promesses du proxénète qui lui sert son habituelle sérénade de la protéger et d'être toujours là. Il lui procure un uniforme de travail rue Saint-Hubert et voilà sa carrière lancée.
Durant toute l'année 2002, elle s'est produite au Hilltop, à Vaudreuil, un bar à «gaffe» dans le jargon du milieu, un endroit où le personnel offre des extras telles la fellation à 80 $ et la relation sexuelle complète pour un cachet variant entre 160 et 200 $. La jeune femme remettra les quelque 1 000 $ gagnés chaque soir à Jean-Pierre.
Quant à la seconde victime, après avoir fait ses classes au Studio 300 à Laval et au Bar St-Pierre à Saint-Jérôme, elle a été promue au Whisky à GoGo de Toronto où elle pouvait gagner entre 1 000 et 2 000 $ par jour qu'elle remettait intégralement au pimp.
En 1999, la Cour suprême du Canada a décrété que les «danses à 10 $» dans des isoloirs ne constituent pas des actes indécents, les établissements les permettant ne pouvant donc être qualifiés de maison de débauche. Le juge Boyer ne remet nullement en question ce jugement.
Alain Jean-Pierre est passible d'un maximum de 14 ans d'emprisonnement.
La sentence sera rendue le 7 novembre
Jean-Pierre coupable
Jérôme Dussault
Le Journal de Montréal
17/05/2006 05h41
En déclarant hier Alain Jean-Pierre coupable de proxénétisme, le juge Jean-Pierre Boyer a statué que les danses-contact dans les bars de danseuses, communément appelées «danses à 10 $», constituent de la prostitution.
Jean-Pierre est ce policier du métro de Montréal qui séduisait de jeunes femmes, dont une mineure, pour les enrôler dans son écurie de danseuses nues.
Beau parleur, il faisait croire à chacune être en amour avec elle, exigeant en retour l'intégralité de ses gains. Il promettait de gérer les sommes colossales (voir autre texte) qu'elles généreraient pour les projets futurs, tels maison, autos ou encore prothèses mammaires pour madame.
Hier, le proxénète de 31 ans a été jugé coupable d'avoir ainsi amené deux jeunes femmes, dont une fugueuse de 16 ans, à se prostituer, en les faisant danser nues, et d'avoir vécu de leur travail entre mai 2001 et février 2003. Dans son jugement fort étoffé, l'honorable Jean-Pierre Boyer décrète que dès le jour où les victimes s'adonnaient à la danse-contact pour enrichir Jean-Pierre, ce dernier vivait des produits de la prostitution au sens de la loi.
Même sans relations sexuelles, fellations ou masturbation, quant un client touche directement les seins d'une danseuse et ses fesses par-dessus sa petite culotte, il y a offre de services sexuels contre rétribution, donc prostitution aux yeux du magistrat. Il n'y voit cependant pas là un geste illégal, appuyant sa position sur les enseignements des cours Suprême et d'Appel.
Le sexe plutôt que les hamburgers
Sa plus jeune victime, Jean-Pierre l'a approchée au métro Snowdon alors qu'il était en uniforme. Il lui offre alors une crème glacée, la présentant à son partenaire de travail comme sa future épouse. Il la relance ensuite avec une rose au Burger King où elle travaille. L'industrie du sexe est davantage lucrative que celle du hamburger, lui fait-il comprendre.
L'ado accepte pour demeurer son amoureuse. Elle est rassurée par les promesses du proxénète qui lui sert son habituelle sérénade de la protéger et d'être toujours là. Il lui procure un uniforme de travail rue Saint-Hubert et voilà sa carrière lancée.
Durant toute l'année 2002, elle s'est produite au Hilltop, à Vaudreuil, un bar à «gaffe» dans le jargon du milieu, un endroit où le personnel offre des extras telles la fellation à 80 $ et la relation sexuelle complète pour un cachet variant entre 160 et 200 $. La jeune femme remettra les quelque 1 000 $ gagnés chaque soir à Jean-Pierre.
Quant à la seconde victime, après avoir fait ses classes au Studio 300 à Laval et au Bar St-Pierre à Saint-Jérôme, elle a été promue au Whisky à GoGo de Toronto où elle pouvait gagner entre 1 000 et 2 000 $ par jour qu'elle remettait intégralement au pimp.
En 1999, la Cour suprême du Canada a décrété que les «danses à 10 $» dans des isoloirs ne constituent pas des actes indécents, les établissements les permettant ne pouvant donc être qualifiés de maison de débauche. Le juge Boyer ne remet nullement en question ce jugement.
Alain Jean-Pierre est passible d'un maximum de 14 ans d'emprisonnement.
La sentence sera rendue le 7 novembre