Publié : sam. mai 13, 2006 12:45 pm
SOINS DE LONGUE DURÉE À MTL
Fermeture prévue de 2200 lits d'ici trois ans et demi
André Noël
La Presse
L'Agence de la santé de Montréal a décidé de fermer d'ici trois ans et demi 2200 des 14 000 lits réservés aux soins de longue durée, et qui sont surtout occupés par des personnes âgées en perte d'autonomie, selon des documents obtenus par La Presse.
Il s'agit d'une réforme majeure, qui place l'accent sur les services à domicile et le développement de petits établissements privés ou communautaires. Les quelque 800 lits de soins de longue durée qui se trouvent dans les hôpitaux de soins généraux de Montréal, comme l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, vont disparaître. Quelque 1400 lits seront retirés des centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD).
Un nombre indéterminé de CHSLD vont fermer. D'autres seront rénovés. Actuellement, plusieurs personnes âgées qui ont besoin de seulement une ou deux heures de soins par jour vivent dans ces centres d'hébergement. Elles coûtent cher à l'État, soit 40 000 $ par année. À compter de 2010, les CHSLD de l'île de Montréal admettront seulement les cas les plus lourds, qui requièrent au moins trois heures de soins par jour.
« L'hébergement institutionnel (doit être) réservé aux personnes présentant un profil complexe », indique un des documents, intitulé Vision stratégique- Plan de mise en oeuvre 2005-2010 des services aux personnes âgées, et daté du 24 janvier. Parmi les mesures retenues: « Se départir des bâtiments jugés trop vétustes aux plans physique et fonctionnel. »
« Une portion des effectifs (c'est-à-dire une partie des employés et des infirmières) touchés par l'éventuelle fermeture de lits sera réaffectée au rehaussement des services... pour l'hébergement des usagers de plus de trois heures-soins, ajoute un autre document. Le replacement d'une partie de la main-d'oeuvre est aussi à prévoir. »
Les lits seront fermés au fur et à mesure que se développeront les services à domicile et les « ressources intermédiaires », sortes de petits établissements privés ou communautaires encadrés par le réseau public. Les lits y coûtent moins cher à l'État que les CHSLD, soit environ 25 000 $ par année, à quoi s'ajoute une contribution des usagers d'environ 10 000 $ par année.
L'Agence de la santé de Montréal- un organisme qui représente le ministère de la Santé- vient justement d'autoriser la création d'une " ressource intermédiaire " à LaSalle/Lachine, a indiqué Louis Côté, directeur de la planification à l'Agence. Un promoteur s'apprête à construire un bâtiment pouvant abriter 40 lits. Le centre de santé local, qui relève de l'Agence, s'engagera par contrat à lui fournir des services professionnels.
« Plusieurs projets semblables sont en gestation à Montréal, a dit M. Côté, au cours d'un entretien, hier. Ils sont proposés entre autres par des groupes qui exploitent déjà des CHSLD privés ou conventionnés (et qui fonctionnent sous contrat avec l'Agence). Le Mouvement Desjardins et le mouvement coopératif se sont aussi montrés intéressés. »
Actuellement, on compte seulement 350 lits en « ressource intermédiaire ». L'Agence veut les multiplier par cinq, pour porter leur nombre à 1700. Le gouvernement a adopté une loi interdisant leur syndicalisation, une mesure qui vient d'être dénoncée par le Bureau international du travail. Par ailleurs, les 12 centres de services sociaux reliés à l'Agence vont offrir des services à domicile à 53 000 personnes âgées plutôt que 43 000.
L'Agence économisera des millions de dollars en fermant des lits dans les CHSLD, mais elle en dépensera encore plus en offrant plus de services à domicile et de lits en « ressource intermédiaire ». Au total, les crédits consacrés aux soins aux personnes âgées dans l'île de Montréal augmenteront d'une cinquantaine de millions de dollars par année, sur un budget d'environ 1 milliard, a dit M. Côté. Une hausse qui suit celle de la population âgée.
Accueil froid
La réforme est accueillie froidement. « Oui, il faut développer les services à domicile et les différents types d'hébergement pour les personnes âgées, reconnaît Yves Vaillancourt, professeur à l'École de travail social à l'UQAM. Cela ne signifie pas qu'il faut diminuer le nombre de places en CHSLD, bien au contraire. »
Dans un rapport de recherche publié en novembre, M. Vaillancourt et ses collègues suggèrent d'augmenter de 2000 le nombre de places en CHSLD d'ici 2010 (au Québec): « Il faut tenir compte du fait que le CHSLD demeure, pour un nombre grandissant de personnes âgées en très lourde perte d'autonomie, une solution de dernier recours essentielle. Autrement, on risque d'engorger les autres ressources de logement et d'hébergement. »
« Dans bien des cas, ce seront les membres des familles qui devront s'occuper des personnes âgées souffrant d'une perte d'autonomie moyenne, lorsqu'elles ne seront plus admises en CHSLD, prévoit Jacques Fournier, rédacteur en chef de la revue des intervenants communautaires en CLSC. C'est aberrant de vouloir fermer autant de lits. »
Fermeture prévue de 2200 lits d'ici trois ans et demi
André Noël
La Presse
L'Agence de la santé de Montréal a décidé de fermer d'ici trois ans et demi 2200 des 14 000 lits réservés aux soins de longue durée, et qui sont surtout occupés par des personnes âgées en perte d'autonomie, selon des documents obtenus par La Presse.
Il s'agit d'une réforme majeure, qui place l'accent sur les services à domicile et le développement de petits établissements privés ou communautaires. Les quelque 800 lits de soins de longue durée qui se trouvent dans les hôpitaux de soins généraux de Montréal, comme l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, vont disparaître. Quelque 1400 lits seront retirés des centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD).
Un nombre indéterminé de CHSLD vont fermer. D'autres seront rénovés. Actuellement, plusieurs personnes âgées qui ont besoin de seulement une ou deux heures de soins par jour vivent dans ces centres d'hébergement. Elles coûtent cher à l'État, soit 40 000 $ par année. À compter de 2010, les CHSLD de l'île de Montréal admettront seulement les cas les plus lourds, qui requièrent au moins trois heures de soins par jour.
« L'hébergement institutionnel (doit être) réservé aux personnes présentant un profil complexe », indique un des documents, intitulé Vision stratégique- Plan de mise en oeuvre 2005-2010 des services aux personnes âgées, et daté du 24 janvier. Parmi les mesures retenues: « Se départir des bâtiments jugés trop vétustes aux plans physique et fonctionnel. »
« Une portion des effectifs (c'est-à-dire une partie des employés et des infirmières) touchés par l'éventuelle fermeture de lits sera réaffectée au rehaussement des services... pour l'hébergement des usagers de plus de trois heures-soins, ajoute un autre document. Le replacement d'une partie de la main-d'oeuvre est aussi à prévoir. »
Les lits seront fermés au fur et à mesure que se développeront les services à domicile et les « ressources intermédiaires », sortes de petits établissements privés ou communautaires encadrés par le réseau public. Les lits y coûtent moins cher à l'État que les CHSLD, soit environ 25 000 $ par année, à quoi s'ajoute une contribution des usagers d'environ 10 000 $ par année.
L'Agence de la santé de Montréal- un organisme qui représente le ministère de la Santé- vient justement d'autoriser la création d'une " ressource intermédiaire " à LaSalle/Lachine, a indiqué Louis Côté, directeur de la planification à l'Agence. Un promoteur s'apprête à construire un bâtiment pouvant abriter 40 lits. Le centre de santé local, qui relève de l'Agence, s'engagera par contrat à lui fournir des services professionnels.
« Plusieurs projets semblables sont en gestation à Montréal, a dit M. Côté, au cours d'un entretien, hier. Ils sont proposés entre autres par des groupes qui exploitent déjà des CHSLD privés ou conventionnés (et qui fonctionnent sous contrat avec l'Agence). Le Mouvement Desjardins et le mouvement coopératif se sont aussi montrés intéressés. »
Actuellement, on compte seulement 350 lits en « ressource intermédiaire ». L'Agence veut les multiplier par cinq, pour porter leur nombre à 1700. Le gouvernement a adopté une loi interdisant leur syndicalisation, une mesure qui vient d'être dénoncée par le Bureau international du travail. Par ailleurs, les 12 centres de services sociaux reliés à l'Agence vont offrir des services à domicile à 53 000 personnes âgées plutôt que 43 000.
L'Agence économisera des millions de dollars en fermant des lits dans les CHSLD, mais elle en dépensera encore plus en offrant plus de services à domicile et de lits en « ressource intermédiaire ». Au total, les crédits consacrés aux soins aux personnes âgées dans l'île de Montréal augmenteront d'une cinquantaine de millions de dollars par année, sur un budget d'environ 1 milliard, a dit M. Côté. Une hausse qui suit celle de la population âgée.
Accueil froid
La réforme est accueillie froidement. « Oui, il faut développer les services à domicile et les différents types d'hébergement pour les personnes âgées, reconnaît Yves Vaillancourt, professeur à l'École de travail social à l'UQAM. Cela ne signifie pas qu'il faut diminuer le nombre de places en CHSLD, bien au contraire. »
Dans un rapport de recherche publié en novembre, M. Vaillancourt et ses collègues suggèrent d'augmenter de 2000 le nombre de places en CHSLD d'ici 2010 (au Québec): « Il faut tenir compte du fait que le CHSLD demeure, pour un nombre grandissant de personnes âgées en très lourde perte d'autonomie, une solution de dernier recours essentielle. Autrement, on risque d'engorger les autres ressources de logement et d'hébergement. »
« Dans bien des cas, ce seront les membres des familles qui devront s'occuper des personnes âgées souffrant d'une perte d'autonomie moyenne, lorsqu'elles ne seront plus admises en CHSLD, prévoit Jacques Fournier, rédacteur en chef de la revue des intervenants communautaires en CLSC. C'est aberrant de vouloir fermer autant de lits. »