Publié : mar. mai 09, 2006 2:38 am
LES FUTURS PROFS ONT DES LACUNES EN MATHS
La moitié a échoué au test d'entrée de l'UdeM
Marie Allard
La Presse
Les piètres connaissances en mathématiques des futurs profs causent de l'inquiétude. À l'Université de Montréal, la moitié des étudiants admis au baccalauréat en enseignement primaire échouent au test d'entrée en maths.
À l'Université du Québec à Rimouski, 75 % des étudiants échouent et à l'Université du Québec en Outaouais, 15 %. Ces examens portent sur des notions enseignées au primaire et au début du secondaire, visiblement oubliées par les enseignants en herbe.
Les lacunes en français des futurs profs font souvent la manchette, mais «personne ne s'interroge sur leurs compétences en mathématiques, dit Jean-Pierre Charland, vice-doyen à la faculté des sciences de l'éducation de l'UdeM. Au primaire, les maths comptent pourtant pour beaucoup dans une tâche d'enseignant.»
À l'UdeM, 350 étudiants- en enseignement préscolaire et primaire, en adaptation scolaire et en français langue seconde- passent ce test chaque année. Plus de la moitié (180) le coulent, si bien qu'ils doivent s'inscrire à un cours de mise à niveau, que la majorité réussit. «Des gens n'arrivent toutefois pas à se tirer d'affaire et abandonnent ou sont exclus», précise M. Charland.
Il n'y a pas de test d'entrée à l'Université Laval, mais les futurs profs doivent y suivre deux cours de maths en plus des trois cours de didactique des maths. De 30 à 40 étudiants sur 270 ratent le premier cours, qui porte sur l'arithmétique.
«Ceux qui échouent peuvent le reprendre deux fois, dit Hélène Ziarko, directrice du baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire. Malheureusement, il y a eu quelques étudiants qu'on a dû ensuite exclure.»
Il faut dire «qu'un gros pourcentage des étudiants admis» ont fait un cours collégial en sciences humaines sans maths, souligne Mme Ziarko. «Au secondaire, ils semblent avoir développé une allergie aux mathématiques, si bien qu'ils s'empressent de ne pas en faire au cégep, observe-t-elle. On dirait qu'ils découvrent en arrivant ici qu'ils devront enseigner les maths.» Quelques échecs sont également dus aux termes employés, qui peuvent être inconnus des étudiants étrangers, ajoute Yves Melanson, porte-parole de l'Université du Québec en Outaouais (UQO).
À l'automne, 127 étudiants en sciences de l'éducation de l'UQO ont passé le test diagnostique en maths. Seulement 15 % d'entre eux ne l'ont pas réussi (il ne s'agit pas du même test qu'à l'UdeM ou à Rimouski). L'expérience est jugée à ce point concluante qu'à la prochaine rentrée, même les étudiants en arts plastiques et en univers social au secondaire- jusque-là épargnés- devront se soumettre à l'épreuve.
Les étudiants se rattrapent par la suite
À Rimouski, jusqu'à 95 % des étudiants ont échoué au test en 2003 et 2004; la moyenne n'était que de 42 %. L'examen y est particulièrement difficile, puisque l'UQAR fixe la note de passage à 75 %.
«Il vise à évaluer la connaissance et la compréhension que l'étudiant possède des savoirs mathématiques préalables à sa formation à l'enseignement afin, le cas échéant, de compenser ses lacunes», explique Elisabeth Haghebaert, coordonnatrice du Centre d'aide à la réussite de l'UQAR.
Cette année, le quart des étudiants rimouskois l'ont réussi. Les autres n'ont pas à s'inquiéter outre mesure: après deux ans d'études universitaires, seuls 4,8 % échouent toujours. Ce miracle est possible grâce aux nombreuses mesures mises en place pour aider les étudiants: ateliers portant spécifiquement sur leurs lacunes, cours de connaissances en mathématiques, aide par les pairs, etc.
Compte tenu des besoins des commissions scolaires- criants en matière de professeurs de maths- l'UQAR souhaite voir les universités québécoises unir leurs forces. Un test de maths standardisé pourrait être utilisé partout, comme c'est le cas en français. À l'heure actuelle, seules trois des huit universités francophones imposent un test de maths.
«C'est normal qu'il y ait une période de rodage et de réticence au changement, mais on observe très vite une différence d'attitude (chez les étudiants), souligne Mme Haghebaert. Quand les étudiants ont à coeur de bien faire, il faut leur en donner les moyens, quitte à les pousser un peu au départ.»
Lire aussi :
Les questions posées aux futurs profs de primaire
Pas besoin de maths pour décrocher son DES
Superflues, les maths du collégial
http://www.cyberpresse.ca/article/20060 ... ACTUALITES
La moitié a échoué au test d'entrée de l'UdeM
Marie Allard
La Presse
Les piètres connaissances en mathématiques des futurs profs causent de l'inquiétude. À l'Université de Montréal, la moitié des étudiants admis au baccalauréat en enseignement primaire échouent au test d'entrée en maths.
À l'Université du Québec à Rimouski, 75 % des étudiants échouent et à l'Université du Québec en Outaouais, 15 %. Ces examens portent sur des notions enseignées au primaire et au début du secondaire, visiblement oubliées par les enseignants en herbe.
Les lacunes en français des futurs profs font souvent la manchette, mais «personne ne s'interroge sur leurs compétences en mathématiques, dit Jean-Pierre Charland, vice-doyen à la faculté des sciences de l'éducation de l'UdeM. Au primaire, les maths comptent pourtant pour beaucoup dans une tâche d'enseignant.»
À l'UdeM, 350 étudiants- en enseignement préscolaire et primaire, en adaptation scolaire et en français langue seconde- passent ce test chaque année. Plus de la moitié (180) le coulent, si bien qu'ils doivent s'inscrire à un cours de mise à niveau, que la majorité réussit. «Des gens n'arrivent toutefois pas à se tirer d'affaire et abandonnent ou sont exclus», précise M. Charland.
Il n'y a pas de test d'entrée à l'Université Laval, mais les futurs profs doivent y suivre deux cours de maths en plus des trois cours de didactique des maths. De 30 à 40 étudiants sur 270 ratent le premier cours, qui porte sur l'arithmétique.
«Ceux qui échouent peuvent le reprendre deux fois, dit Hélène Ziarko, directrice du baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire. Malheureusement, il y a eu quelques étudiants qu'on a dû ensuite exclure.»
Il faut dire «qu'un gros pourcentage des étudiants admis» ont fait un cours collégial en sciences humaines sans maths, souligne Mme Ziarko. «Au secondaire, ils semblent avoir développé une allergie aux mathématiques, si bien qu'ils s'empressent de ne pas en faire au cégep, observe-t-elle. On dirait qu'ils découvrent en arrivant ici qu'ils devront enseigner les maths.» Quelques échecs sont également dus aux termes employés, qui peuvent être inconnus des étudiants étrangers, ajoute Yves Melanson, porte-parole de l'Université du Québec en Outaouais (UQO).
À l'automne, 127 étudiants en sciences de l'éducation de l'UQO ont passé le test diagnostique en maths. Seulement 15 % d'entre eux ne l'ont pas réussi (il ne s'agit pas du même test qu'à l'UdeM ou à Rimouski). L'expérience est jugée à ce point concluante qu'à la prochaine rentrée, même les étudiants en arts plastiques et en univers social au secondaire- jusque-là épargnés- devront se soumettre à l'épreuve.
Les étudiants se rattrapent par la suite
À Rimouski, jusqu'à 95 % des étudiants ont échoué au test en 2003 et 2004; la moyenne n'était que de 42 %. L'examen y est particulièrement difficile, puisque l'UQAR fixe la note de passage à 75 %.
«Il vise à évaluer la connaissance et la compréhension que l'étudiant possède des savoirs mathématiques préalables à sa formation à l'enseignement afin, le cas échéant, de compenser ses lacunes», explique Elisabeth Haghebaert, coordonnatrice du Centre d'aide à la réussite de l'UQAR.
Cette année, le quart des étudiants rimouskois l'ont réussi. Les autres n'ont pas à s'inquiéter outre mesure: après deux ans d'études universitaires, seuls 4,8 % échouent toujours. Ce miracle est possible grâce aux nombreuses mesures mises en place pour aider les étudiants: ateliers portant spécifiquement sur leurs lacunes, cours de connaissances en mathématiques, aide par les pairs, etc.
Compte tenu des besoins des commissions scolaires- criants en matière de professeurs de maths- l'UQAR souhaite voir les universités québécoises unir leurs forces. Un test de maths standardisé pourrait être utilisé partout, comme c'est le cas en français. À l'heure actuelle, seules trois des huit universités francophones imposent un test de maths.
«C'est normal qu'il y ait une période de rodage et de réticence au changement, mais on observe très vite une différence d'attitude (chez les étudiants), souligne Mme Haghebaert. Quand les étudiants ont à coeur de bien faire, il faut leur en donner les moyens, quitte à les pousser un peu au départ.»
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Pas besoin de maths pour décrocher son DES
Superflues, les maths du collégial
http://www.cyberpresse.ca/article/20060 ... ACTUALITES