Publié : lun. mai 08, 2006 8:25 am
Lise Payette
Mont Orford: friser le ridicule
Journal de Montréal
08/05/2006 14h09
Il s'est passé quelque chose de grave au Québec cette dernière fin de semaine. 500 délégués libéraux réunis en Congrès à Trois Rivières ont choisi de se ranger derrière leur chef qui leur proposait de respecter l'opinion de 18% de la population québécoise qui appuie la vente d'une partie du Mont Orford plutôt que de respecter le 82% qui s'y oppose. Jean Charest appelle ça une victoire...
Les quelques voix dissidentes qui se trouvaient sur place, celles des Mulcair, Paradis ou Dépôt ont été à peine entendues et ces messieurs ont été priés de plier bagage puisqu'ils ne pouvaient chanter en choeur les louanges du tout-puissant chef libéral. La dissidence n'a pas sa place quand le maître a parlé.
Un premier ministre irritant
Drôle de façon d'interpréter le rôle de Premier ministre selon Jean Charest. Comme si le pouvoir lui était monté à la tête.
Un Premier ministre, dans un pays comme le nôtre, ne dispose absolument pas d'un pouvoir absolu. Heureusement. Quoiqu'en pense son propre parti, un vote des membres libéraux dans un congrès ne peut pas tenir lieu d'une approbation de la population.
C'est connu qu'en politique, quand un projet a des irritants, il vaut mieux se pencher sur les irritants pour les faire disparaître que de tirer sur la fleur pour la faire pousser plus vite. Quand l'irritant est la façon d'agir du Premier ministre lui-même, c'est plus délicat.
Quand 65% des citoyens demandent le départ d'un Premier ministre, celui qui est visé par ce jugement populaire doit certainement en tenir compte et cesser d'agir comme s'il était le Roi Soleil.
Jean Charest a peut-être des ressemblances physiques avec Louis XIV, mais ça s'arrête là. Il n'est ni dans le bon pays, ni dans le bon siècle.
Le bras de fer
Sauf dans les républiques de bananes où quelques grosses têtes se conduisent en rois tout puissants, le modèle est assez peu populaire dans nos sociétés. Nous préférons nos leaders avec un peu plus d'humilité, un peu moins d'arrogance, mieux disposés à gérer les affaires communes pour le mieux être de la population en général et pas seulement pour quelques favoris.
Le Mont Orford est devenu un symbole. Celui de la direction que la majorité de la population souhaite prendre en ce qui concerne la protection de son territoire. Visiblement elle ne veut pas de condos au bas des pistes. Le Gouvernement a sous-estimé la réaction d'une population qui en a assez de se faire mentir en pleine face par des élus qui font un gros trip de pouvoir.
Le Gouvernement Charest avec Jean Charest à sa tête, fait fausse route. Son entêtement est devenu incompréhensible.
A moins de motivations que nous ne connaissons pas, pourquoi un Premier ministre fait-il autant d'efforts pour déplaire à 82% de sa population?
A moins que ce soit pour détourner l'attention... Pendant que la population s'organise autour du Mont Orford, le Roi Soleil lance sa politique de développement de l'énergie avec des projets de barrage pour des milliards de dollars visant à fabriquer de l'électricité surtout pour l'exportation aux Etats Unis.
En même temps, il accepte un strapontin à l'Unesco où les sièges seront toujours réservés pour le Canada et il annonce dans le même souffle qu'il pourrait envisager de signer le retour du Québec dans la Constitution rapatriée par Trudeau. Le Roi Soleil s'attaque à de gros morceaux.
On ferait bien de s'occuper de nos affaires avant de découvrir qu'il ne nous reste plus rien. Pendant que le Roi Soleil vit son histoire d'amour avec Stephen Harper, la population devrait surveiller ses biens. Histoire de ne pas se retrouver les culottes à terre.
Mont Orford: friser le ridicule
Journal de Montréal
08/05/2006 14h09
Il s'est passé quelque chose de grave au Québec cette dernière fin de semaine. 500 délégués libéraux réunis en Congrès à Trois Rivières ont choisi de se ranger derrière leur chef qui leur proposait de respecter l'opinion de 18% de la population québécoise qui appuie la vente d'une partie du Mont Orford plutôt que de respecter le 82% qui s'y oppose. Jean Charest appelle ça une victoire...
Les quelques voix dissidentes qui se trouvaient sur place, celles des Mulcair, Paradis ou Dépôt ont été à peine entendues et ces messieurs ont été priés de plier bagage puisqu'ils ne pouvaient chanter en choeur les louanges du tout-puissant chef libéral. La dissidence n'a pas sa place quand le maître a parlé.
Un premier ministre irritant
Drôle de façon d'interpréter le rôle de Premier ministre selon Jean Charest. Comme si le pouvoir lui était monté à la tête.
Un Premier ministre, dans un pays comme le nôtre, ne dispose absolument pas d'un pouvoir absolu. Heureusement. Quoiqu'en pense son propre parti, un vote des membres libéraux dans un congrès ne peut pas tenir lieu d'une approbation de la population.
C'est connu qu'en politique, quand un projet a des irritants, il vaut mieux se pencher sur les irritants pour les faire disparaître que de tirer sur la fleur pour la faire pousser plus vite. Quand l'irritant est la façon d'agir du Premier ministre lui-même, c'est plus délicat.
Quand 65% des citoyens demandent le départ d'un Premier ministre, celui qui est visé par ce jugement populaire doit certainement en tenir compte et cesser d'agir comme s'il était le Roi Soleil.
Jean Charest a peut-être des ressemblances physiques avec Louis XIV, mais ça s'arrête là. Il n'est ni dans le bon pays, ni dans le bon siècle.
Le bras de fer
Sauf dans les républiques de bananes où quelques grosses têtes se conduisent en rois tout puissants, le modèle est assez peu populaire dans nos sociétés. Nous préférons nos leaders avec un peu plus d'humilité, un peu moins d'arrogance, mieux disposés à gérer les affaires communes pour le mieux être de la population en général et pas seulement pour quelques favoris.
Le Mont Orford est devenu un symbole. Celui de la direction que la majorité de la population souhaite prendre en ce qui concerne la protection de son territoire. Visiblement elle ne veut pas de condos au bas des pistes. Le Gouvernement a sous-estimé la réaction d'une population qui en a assez de se faire mentir en pleine face par des élus qui font un gros trip de pouvoir.
Le Gouvernement Charest avec Jean Charest à sa tête, fait fausse route. Son entêtement est devenu incompréhensible.
A moins de motivations que nous ne connaissons pas, pourquoi un Premier ministre fait-il autant d'efforts pour déplaire à 82% de sa population?
A moins que ce soit pour détourner l'attention... Pendant que la population s'organise autour du Mont Orford, le Roi Soleil lance sa politique de développement de l'énergie avec des projets de barrage pour des milliards de dollars visant à fabriquer de l'électricité surtout pour l'exportation aux Etats Unis.
En même temps, il accepte un strapontin à l'Unesco où les sièges seront toujours réservés pour le Canada et il annonce dans le même souffle qu'il pourrait envisager de signer le retour du Québec dans la Constitution rapatriée par Trudeau. Le Roi Soleil s'attaque à de gros morceaux.
On ferait bien de s'occuper de nos affaires avant de découvrir qu'il ne nous reste plus rien. Pendant que le Roi Soleil vit son histoire d'amour avec Stephen Harper, la population devrait surveiller ses biens. Histoire de ne pas se retrouver les culottes à terre.