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Les pires urgences sont à Montréal
Pascale Breton
La Presse
Les pires urgences se trouvent à Montréal. Plusieurs hôpitaux de la Montérégie et de l'Outaouais connaissent aussi des ratés. Nous avons voulu savoir pourquoi certains hôpitaux ont plus de difficultés que d'autres. Pourquoi et comment les urgences en Gaspésie et dans Chaudière-Appalaches sont les plus efficaces.
La situation s'est détériorée dans le tiers des urgences de la province depuis trois ans. Et tandis que Montréal a les urgences les moins performantes de la province, celles de la Gaspésie et de Chaudière-Appalaches sont les plus efficace
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C'est ce que révèle une enquête de La Presse et des six autres journaux du groupe Gesca, qui vous présentent aujourd'hui le premier palmarès des urgences du Québec.
Premier constat, les patients attendent encore trop longtemps sur les civières. La durée moyenne du séjour est de 15,9 heures dans les urgences du Québec. C'est quatre heures de trop, si l'on se fie aux objectifs fixés par le ministère de la Santé.
Dans les pires cas, les patients passent une journée entière aux urgences. À l'Hôtel-Dieu du CHUM, à Montréal, la durée moyenne du séjour est de 28,2 heures. À l'Hôtel-Dieu de Sorel, les patients restent 29,7 heures aux urgences.
C'est en région que les gens attendent le moins. À l'hôpital de Maniwaki, en Outaouais, la durée moyenne du séjour est de seulement 4,8 heures. À Gaspé et à Rimouski, l'attente est de huit heures.
En 2002, l'ancien ministre de la Santé, François Legault, avait publié un bulletin des hôpitaux. Le Ministère avait évalué l'efficacité des urgences en leur attribuant une note de A à E. Un seul critère avait été pris en compte, la durée moyenne de séjour aux urgences. C'était le seul classement public à avoir été fait à ce jour.
La Presse a refait l'exercice avec les données ministérielles de l'année 2004-2005, les plus récentes. En comparant la durée moyenne de séjour, on constate que la situation s'est détériorée dans le tiers des urgences de la province.
Mais afin de nuancer le palmarès, publié intégralement en page A4, La Presse s'est basée sur quatre critères d'évaluation recommandés par de multiples sources au sein du réseau de la santé. Outre la durée moyenne du séjour, nous avons donc tenu compte du pourcentage des séjours de 48 heures et plus aux urgences et, dans une moindre mesure, de la clientèle âgée qui se présente aux urgences et des patients qui sont hospitalisés à la suite de leur visite.
Des résultats inquiétants Globalement, les urgences sont encore en difficulté. À peine 13 hôpitaux ont fait des progrès suffisamment importants pour changer de catégorie: l'hôpital Fleury, à Montréal, est par exemple passé de la note E à la note B+.
En revanche, la situation s'est dégradée dans 40 hôpitaux, et 20 des 88 hôpitaux recensés récoltent une note variant de D+ à E+. Les urgences les plus chaotiques se trouvent à Montréal. L'hôpital du Lakeshore, dans l'Ouest-de-l'Île, et l'hôpital Notre-Dame du CHUM terminent en queue de peloton avec une note de E+. Plusieurs urgences de la Montérégie et de l'Outaouais ont aussi de piètres résultats.
En tête du palmarès, 10 hôpitaux obtiennent une note de A ou A-. Les urgences de la Gaspésie et de Chaudière-Appalaches sont premières de la classe. Le centre hospitalier Baie-des-Chaleurs, à Maria, l'Hôtel-Dieu de Gaspé, le centre hospitalier de l'Amiante et l'Hôtel-Dieu de Montmagny récoltent tous un A-.
Ces résultats démontrent que l'objectif fixé par le Ministère est encore loin d'être atteint. Dans quatre ans, la durée moyenne des séjours aux urgences ne devra pas dépasser 12 heures, peu importe l'hôpital, a indiqué à La Presse la directrice de l'accessibilité des services médicaux, la Dre Yolaine Galarneau.
En campagne électorale, le premier ministre Jean Charest avait pourtant promis de remettre le système de santé sur les rails, les urgences aussi. Le ministère de la Santé et des Services sociaux suit attentivement une trentaine d'urgences problématiques dans la province.
Un comité de coordination a été mis en place. Il aide les directions d'hôpital à devenir plus efficaces. Un exemple? Il faut libérer les lits rapidement. Sitôt qu'un patient reçoit son congé, une équipe vient nettoyer la chambre pour donner la place à un patient qui attend aux urgences.
Le défi est de taille. Les progrès sont lents. Le palmarès de La Presse le reflète bien. Il ne s'agit pas seulement de désengorger les urgences. Il faut changer tout un système, explique la directrice des services professionnels à l'hôpital du Lakeshore, la Dre Sylvie Douyon.
Le modèle est encore conçu pour soigner un patient de 30 ans qui fait une pneumonie et qui retourne chez lui une fois guéri. «Aujourd'hui, les patients sont de plus en plus âgés, ils vivent de plus en plus longtemps, mais pas nécessairement en bonne santé. Beaucoup d'entre eux ont des maladies chroniques. Notre modèle de santé n'est pas encore adapté. Nous sommes en train de faire un virage», indique la Dre Douyon en reconnaissant que le processus est long.
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