Publié : dim. avr. 30, 2006 8:00 am
j'ai penser aux profs qui avait ici en lisant ce matin le journal la presse en particulier à toi beppo je vous met les articles
3000 JEUNES ONT QUITTÉ LE MÉTIER DEPUIS 5 ANS
Les enseignants décrochent aussi
Marie Allard
La Presse
Plus de 700 instituteurs sans permis ont été embauchés l'an dernier dans les écoles du Québec. Une des causes de la pénurie d'enseignants: 15 % d'entre eux décrochent au cours des cinq premières années de leur carrière, selon les donnés 2004 du ministère de l'Éducation, obtenues par La Presse. Parmi les jeunes enseignants à statut précaire, ce taux grimpe à 20 %.
« Il y a un malaise très, très important », dit Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, qui a mené une enquête sur l'insertion dans l'enseignement en 2005. Ses résultats sont éloquents: 51 % des enseignants ont envisagé de quitter le métier, dont 17 % à au moins trois reprises.
Plus de 20 % d'entre eux ont effectivement abandonné leur carrière avant d'y revenir. D'autres n'y sont pas revenus et on n'a pu les joindre pour l'étude.
L'ampleur de l'insatisfaction, des difficultés et du désir de démissionner l'ont étonnée. « C'est de plus en plus tôt dans la carrière qu'on envisage de quitter la profession, indique-t-elle. Le rythme est constant. » Entre 2000 et 2004, c'était en moyenne après 2,89 années de métier. Les trois facteurs principaux: la tâche trop lourde, les groupes difficiles et la précarité de l'emploi. « La détresse psychologique est aussi inquiétante: 41 % disent en avoir vécu, surtout dans les premières années », ajoute Mme Mukamurera, qui présentera ses résultats au congrès de l'ACFAS, à la mi-mai.
__________________
La qualité de l'enseignement menacée
Sans compter les retraites, 3000 enseignants ont quitté la profession depuis cinq ans, selon le ministère de l'Éducation. La majorité a démissionné, même s'il y a aussi eu quelques décès et congédiements. Ce taux est moins élevé qu'en 1990, alors que 25 % des jeunes enseignants avaient abandonné en cinq ans, souvent faute d'emploi. « Il y a aussi une baisse par rapport à 1999, alors que 17 % avaient décroché en cinq ans », fait valoir Marie-France Boulay, agente d'information au Ministère.
Comme les besoins ont crû, la situation reste alarmante. « Le problème de l'insertion dans l'enseignement est grave », a indiqué en 2004 le Conseil supérieur de l'éducation, pourtant reconnu pour ses positions mesurées. Encore aujourd'hui, un jeune enseignant ne peut espérer de contrat à temps plein avant trois ou quatre ans. Et la permanence ne lui est accessible qu'après trois contrats annuels à temps plein. L'entrée dans la profession n'est « pas de nature à favoriser le développement des compétences professionnelles du nouveau personnel enseignant et à assurer un enseignement de qualité pour les élèves », constate le Conseil.
Les nouveaux y goûtent...
Incroyable mais vrai, les postes les plus difficiles sont généralement donnés aux nouveaux enseignants, âgés d'à peine 22 ans. Plus ils ont de l'expérience, plus ils peuvent choisir des tâches faciles. Avant 1980, 74 % des enseignants commençaient avec un contrat à temps plein. Depuis 2000, 51 % débutent en faisant de la suppléance et 33 % avec un contrat à temps partiel à durée déterminée, selon Mme Mukamurera. « On constate un manque de soutien et peut-être aussi de solidarité », observe-t-elle.
Anne-Marie, prof d'anglais âgée de 25 ans, connaît la précarité depuis trois ans. Cette année, elle n'a que 64 % d'une tâche- pour un salaire d'environ 22 000 $- même si elle travaille dans quatre écoles publiques différentes. « Je change d'école tous les midis, je mange dans mon auto et j'ai près de 300 élèves, témoigne-t-elle. Quel fou accepterait de faire ce travail longtemps? »
Lamiel Brasseur, 30 ans, est partie après cinq ans comme institutrice dans une école privée. « Je n'étais pas encore tannée, mais j'avais peur de le devenir, dit-elle. L'enseignement est un métier extrêmement exigeant, sous-estimé et mal payé. On assure le développement et la sécurité de plus de 30 élèves et on est moins bien payé qu'un gars qui bouche les trous dans la rue. » Après avoir fait une MBA, la jeune femme a changé de carrière. « Je ne regrette rien, j'ai rencontré des enfants et des adultes extraordinaires, mais j'avais envie d'autres défis », dit-elle.
Le décrochage en chiffres
Depuis cinq ans, 3000 enseignants ont quitté la profession, sans compter les retraites.
- 15% de ceux qui ont commencé en 1999 n'enseignaient plus cinq ans plus tard (13% au primaire, 18% au secondaire).
- Parmi les enseignants à statut précaire, le décrochage atteint 20%.
Source : ministère de l'Éducation
Le désarroi
- 21 % des enseignants ont déjà abandonné la profession pendant un certain temps.
- 51 % ont envisagé de quitter la profession.
- 88 % se sont sentis insuffisamment préparés durant leur première année d'enseignement.
- C'est en raison de la lourdeur de la tâche (24 % des cas), de groupes difficiles (18 %) et de la précarité de l'emploi (16 %) qu'ils ont songé à quitter l'enseignement.
- Les jeunes commencent leur carrière en faisant de la suppléance (51 % des cas depuis 2000) ou avec un contrat à temps partiel (33 %).
- 40 % des nouveaux venus n'enseignent pas la matière qui correspond à leur diplôme durant leur première année d'enseignement.
- 67 % se sont parfois, ou souvent, sentis abandonnés à eux-mêmes durant les cinq premières années de leur carrière.
Source : Étude réalisée en 2004-2005 auprès de 642 enseignants québécois par Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke.
3000 JEUNES ONT QUITTÉ LE MÉTIER DEPUIS 5 ANS
Les enseignants décrochent aussi
Marie Allard
La Presse
Plus de 700 instituteurs sans permis ont été embauchés l'an dernier dans les écoles du Québec. Une des causes de la pénurie d'enseignants: 15 % d'entre eux décrochent au cours des cinq premières années de leur carrière, selon les donnés 2004 du ministère de l'Éducation, obtenues par La Presse. Parmi les jeunes enseignants à statut précaire, ce taux grimpe à 20 %.
« Il y a un malaise très, très important », dit Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, qui a mené une enquête sur l'insertion dans l'enseignement en 2005. Ses résultats sont éloquents: 51 % des enseignants ont envisagé de quitter le métier, dont 17 % à au moins trois reprises.
Plus de 20 % d'entre eux ont effectivement abandonné leur carrière avant d'y revenir. D'autres n'y sont pas revenus et on n'a pu les joindre pour l'étude.
L'ampleur de l'insatisfaction, des difficultés et du désir de démissionner l'ont étonnée. « C'est de plus en plus tôt dans la carrière qu'on envisage de quitter la profession, indique-t-elle. Le rythme est constant. » Entre 2000 et 2004, c'était en moyenne après 2,89 années de métier. Les trois facteurs principaux: la tâche trop lourde, les groupes difficiles et la précarité de l'emploi. « La détresse psychologique est aussi inquiétante: 41 % disent en avoir vécu, surtout dans les premières années », ajoute Mme Mukamurera, qui présentera ses résultats au congrès de l'ACFAS, à la mi-mai.
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La qualité de l'enseignement menacée
Sans compter les retraites, 3000 enseignants ont quitté la profession depuis cinq ans, selon le ministère de l'Éducation. La majorité a démissionné, même s'il y a aussi eu quelques décès et congédiements. Ce taux est moins élevé qu'en 1990, alors que 25 % des jeunes enseignants avaient abandonné en cinq ans, souvent faute d'emploi. « Il y a aussi une baisse par rapport à 1999, alors que 17 % avaient décroché en cinq ans », fait valoir Marie-France Boulay, agente d'information au Ministère.
Comme les besoins ont crû, la situation reste alarmante. « Le problème de l'insertion dans l'enseignement est grave », a indiqué en 2004 le Conseil supérieur de l'éducation, pourtant reconnu pour ses positions mesurées. Encore aujourd'hui, un jeune enseignant ne peut espérer de contrat à temps plein avant trois ou quatre ans. Et la permanence ne lui est accessible qu'après trois contrats annuels à temps plein. L'entrée dans la profession n'est « pas de nature à favoriser le développement des compétences professionnelles du nouveau personnel enseignant et à assurer un enseignement de qualité pour les élèves », constate le Conseil.
Les nouveaux y goûtent...
Incroyable mais vrai, les postes les plus difficiles sont généralement donnés aux nouveaux enseignants, âgés d'à peine 22 ans. Plus ils ont de l'expérience, plus ils peuvent choisir des tâches faciles. Avant 1980, 74 % des enseignants commençaient avec un contrat à temps plein. Depuis 2000, 51 % débutent en faisant de la suppléance et 33 % avec un contrat à temps partiel à durée déterminée, selon Mme Mukamurera. « On constate un manque de soutien et peut-être aussi de solidarité », observe-t-elle.
Anne-Marie, prof d'anglais âgée de 25 ans, connaît la précarité depuis trois ans. Cette année, elle n'a que 64 % d'une tâche- pour un salaire d'environ 22 000 $- même si elle travaille dans quatre écoles publiques différentes. « Je change d'école tous les midis, je mange dans mon auto et j'ai près de 300 élèves, témoigne-t-elle. Quel fou accepterait de faire ce travail longtemps? »
Lamiel Brasseur, 30 ans, est partie après cinq ans comme institutrice dans une école privée. « Je n'étais pas encore tannée, mais j'avais peur de le devenir, dit-elle. L'enseignement est un métier extrêmement exigeant, sous-estimé et mal payé. On assure le développement et la sécurité de plus de 30 élèves et on est moins bien payé qu'un gars qui bouche les trous dans la rue. » Après avoir fait une MBA, la jeune femme a changé de carrière. « Je ne regrette rien, j'ai rencontré des enfants et des adultes extraordinaires, mais j'avais envie d'autres défis », dit-elle.
Le décrochage en chiffres
Depuis cinq ans, 3000 enseignants ont quitté la profession, sans compter les retraites.
- 15% de ceux qui ont commencé en 1999 n'enseignaient plus cinq ans plus tard (13% au primaire, 18% au secondaire).
- Parmi les enseignants à statut précaire, le décrochage atteint 20%.
Source : ministère de l'Éducation
Le désarroi
- 21 % des enseignants ont déjà abandonné la profession pendant un certain temps.
- 51 % ont envisagé de quitter la profession.
- 88 % se sont sentis insuffisamment préparés durant leur première année d'enseignement.
- C'est en raison de la lourdeur de la tâche (24 % des cas), de groupes difficiles (18 %) et de la précarité de l'emploi (16 %) qu'ils ont songé à quitter l'enseignement.
- Les jeunes commencent leur carrière en faisant de la suppléance (51 % des cas depuis 2000) ou avec un contrat à temps partiel (33 %).
- 40 % des nouveaux venus n'enseignent pas la matière qui correspond à leur diplôme durant leur première année d'enseignement.
- 67 % se sont parfois, ou souvent, sentis abandonnés à eux-mêmes durant les cinq premières années de leur carrière.
Source : Étude réalisée en 2004-2005 auprès de 642 enseignants québécois par Joséphine Mukamurera, professeure à la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke.