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Publié : lun. avr. 10, 2006 5:29 am
par tuberale
Je culpabilise, tu culpabilises, nous culpabilisons...

Silvia Galipeau

La Presse


Les raisons de s'en faire ne manquent pas. On travaille trop (ou pas assez), on ne s'occupe pas assez de ses vieux parents ni de ses enfants, on ne fait pas assez de bénévolat, de sport, de choix écologiques... Et que dire de notre alimentation, toujours à améliorer! Bref, il est souvent difficile de se sentir à la hauteur et de ne pas avoir l'impression de tout rater. En cette semaine pascale, retour sur un sentiment typiquement judéo-chrétien: la culpabilité.


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La culpabilité, un modèle québécois?


Marie-Christine Blais

La Presse


On définit la culpabilité, en psychologie, comme étant la «tendance à l'auto-analyse et l'autorécrimination» (Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement).

Cette auto-analyse, cette autorécrimination sont-elles des traits distinctifs de la société québécoise, comme le laissent entendre certains?

«Pas du tout, martèle l'anthropologue Serge Bouchard. Notre trait distinctif, c'est plutôt notre tendance à penser que nous sommes toujours plus ceci ou moins cela au Québec. Dans les faits, nous ressemblons à la majorité des sociétés qui se sont articulées autour du judéo-christianisme, une grande religion qui a joué la carte de la culpabilité. Mais ce n'est pas la religion qui a inventé le sentiment de culpabilité: l'être humain a une prédisposition à se demander Est-ce que j'ai bien fait? C'est le prix à payer pour avoir une conscience et une intelligence. Et c'est un sentiment universel. J'imagine que même les chasseurs-cueilleurs, il y a des siècles et des siècles, se demandaient Est-ce que j'ai bien fait de tuer cet animal alors que j'ai déjà des réserves de viande? Les loups et autres animaux ne se posent jamais la question.»

Si notre chasseur-cueilleur considérait qu'il avait eu tort, il recourait à un rituel d'expiation de sa faute. Les anthropologues ont recensé des milliers de rituels pour ce faire, et celui de la confession, donc de l'aveu par la parole, revient partout. Après la confession, il y avait expiation et réparation de la faute.

Le confessionnal de l'Église catholique a longtemps été le rituel par excellence pour décharger sa conscience et expier ses fautes. Mais aujourd'hui, les confessionnaux n'ont plus la cote.

«La télévision est devenue le lieu de confession publique, la place des aveux et donc de la responsabilité, de la conscience», fait remarquer Serge Bouchard en parlant des diverses émissions de psychologie et de téléréalité fondées sur les confidences.

«Ce qui m'étonne, ces temps-ci, c'est qu'à une émission comme Tout le monde en parle, par exemple, les artistes invités " s'avouent " croyants. Dans tous les cas, le principe demeure le même: une fois qu'on a avoué, ça fait du bien. Parce que c'est en se servant de ses failles et faiblesses, en tentant de les redresser, qu'on se construit effectivement une personnalité.»



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La culpabilité biblique

Marie-Christine Blais

La Presse


Au début était le Verbe... et la culpabilité? Après tout, ne répète-t-on pas que la notion de culpabilité trouve ses fondements dans la Bible, dans notre société judéo-chrétienne? Qu'en est-il du texte fondateur du christianisme? Allons-y voir de plus près.

Le mot «culpabilité» ne figure pratiquement pas dans la Bible, mais le mot «coupable», lui, oui. En fait, selon les versions consultées, «coupable» y apparaît une centaine de fois. Ainsi, dans la version de Louis Segond établie en 1910 d'après les originaux hébreux et grec (version choisie au hasard, en passant), «coupable» revient dans 107 versets.

Eh non, ce n'est pas dans le Nouveau Testament que le plus grand nombre d'occurrences survient. Les évangiles selon saint Matthieu et saint Marc l'utilisent à peine chacun une fois. Luc, lui, l'emploie trois fois... dont deux lorsqu'il cite Ponce Pilate s'écriant devant Jésus: «Je ne trouve rien de coupable en cet homme.»

Par contre, dans l'Ancien Testament, le terme apparaît plus fréquemment dans ce qu'on appelle le Pentateuque, qui aurait été dicté à Moïse par Dieu au pied du mont Sinaï. C'est dans les livres dits de L'Exode et du Lévitique que le mot «coupable» figure le plus souvent- 13 fois, plus exactement, dans le Lévitique. Et le mot «péché», alors? C'est une autre histoire, puisqu'on le relève pas moins de 2938 fois dans la Bible...

Source: Biblegateway.com





Qu'en pensez-vous?

Publié : jeu. avr. 13, 2006 10:29 am
par Azielle
Je ne crois pas que coupable soit un modèle québécois. Né pour un petit pain, oui cependant. Le Québec a un drôle de rapport envers l'argent. Dès qu'un québécois s'enrichit, ça devient louche. Mais la culpabilité est un modèle humain et non pas strictement québécois... mon avis!