Publié : jeu. avr. 06, 2006 3:59 am
Les jeunes continuent de subir l'intimidation dans la solitude
Marie-Andrée Chouinard
Édition du jeudi 6 avril 2006
Le tabou sur l'intimidation a beau être moins persistant qu'auparavant, les jeunes dans les écoles n'en vivent pas moins de petits drames qui les plongent dans de profondes détresses, a constaté Jeunesse J'écoute en compilant les appels à l'aide reçus en 2005. L'organisme, qui milite pour des actions concrètes, démontre dans un rapport dévoilé hier que l'absence de soutien aggrave le désespoir des victimes.
Parmi les milliers d'appels téléphoniques et de courriers électroniques acheminés à Jeunesse J'écoute à travers le Canada en 2005, 11 % portaient sur l'intimidation, cette forme d'abus de pouvoir dans le contexte d'une relation entre deux individus, l'un subissant les assauts de l'autre à travers les mots, les coups ou même l'indifférence. Souvent liée à l'école, l'intimidation se véhicule aussi désormais à travers Internet, ce qui ajoute une nouvelle dimension à ce phénomène de harcèlement.
«Peu importe ce que je fais, ils rient de moi», relate un jeune dans le rapport de recherche présenté hier par Jeunesse J'écoute, basé essentiellement sur les témoignages. «Ils se moquent de tout ce que je dis, alors j'ai arrêté complètement de parler à l'école, et ils se sont aussi moqués de moi pour ça... C'est comme si je n'existais pas. Par exemple, quand je fais un travail d'équipe, les élèves changent des choses et ils ne m'en parlent pas. Tout le monde le sait sauf moi ! C'est comme s'ils m'avaient complètement oublié... Pourquoi tout le monde me déteste ?»
Selon des données récemment dévoilées par Sécurité publique et Protection civile Canada, 42 % des garçons de la sixième à la huitième année à travers le pays relatent avoir déjà intimidé un pair alors que 23 % des filles du même âge avouent le même travers. Entre 4 et 10 % des filles de 11 à 15 ans expliquent avoir subi ce sort tristounet, contre 10 à 13 % des garçons de la même tranche d'âges.
Petits cris de désespoir, les noms choisis par les jeunes pour signer leurs envois anonymes sont on ne peut plus éloquents : «rejecteee», «whysoalone», «toute_seule», «intimidee» ou «lafilleendetresse» sont autant de signatures qui se passent de présentation. En 2005, 28 000 messages envoyés portaient sur l'intimidation, contre laquelle les jeunes se battent férocement sans toujours savoir où chercher de l'aide.
«Ce rapport démontre que les jeunes cherchent encore désespérément des solutions pour mettre fin à l'intimidation», conclut-on dans le document, qui pointe le fait que tant les parents que les enseignants auxquels les jeunes font appel ne peuvent pas vraiment les soutenir. L'organisation invite donc les écoles à prendre le taureau par les cornes et à discuter d'intimidation de plus d'une manière, notamment en élaborant un code de comportement interdisant l'intimidation sous toutes ses formes.
Les enseignants sont également invités à intervenir lors d'épisodes d'intimidation, de même que les témoins, des amis silencieux qui, dans 85 % des cas, assistent au drame qui se déroule sous leurs yeux sans savoir comment s'interposer.
Sans en faire un portrait statistique, Jeunesse J'écoute démontre à l'aide de témoignages poignants le fait que l'intimidation portée à un niveau extrême peut mener au suicide. «On m'intimide depuis que j'ai cinq ans et je suis à bout», raconte une jeune fille. «Je vais en finir avec tout ça en me tuant ce soir. J'ai déjà tout prévu. Je vais avaler trois bouteilles de Gravol et je n'aurai plus de problème. À moins que vous me donniez dix bonnes raisons de vivre, c'est ce que je vais faire. Je n'en peux plus.»
Marie-Andrée Chouinard
Édition du jeudi 6 avril 2006
Le tabou sur l'intimidation a beau être moins persistant qu'auparavant, les jeunes dans les écoles n'en vivent pas moins de petits drames qui les plongent dans de profondes détresses, a constaté Jeunesse J'écoute en compilant les appels à l'aide reçus en 2005. L'organisme, qui milite pour des actions concrètes, démontre dans un rapport dévoilé hier que l'absence de soutien aggrave le désespoir des victimes.
Parmi les milliers d'appels téléphoniques et de courriers électroniques acheminés à Jeunesse J'écoute à travers le Canada en 2005, 11 % portaient sur l'intimidation, cette forme d'abus de pouvoir dans le contexte d'une relation entre deux individus, l'un subissant les assauts de l'autre à travers les mots, les coups ou même l'indifférence. Souvent liée à l'école, l'intimidation se véhicule aussi désormais à travers Internet, ce qui ajoute une nouvelle dimension à ce phénomène de harcèlement.
«Peu importe ce que je fais, ils rient de moi», relate un jeune dans le rapport de recherche présenté hier par Jeunesse J'écoute, basé essentiellement sur les témoignages. «Ils se moquent de tout ce que je dis, alors j'ai arrêté complètement de parler à l'école, et ils se sont aussi moqués de moi pour ça... C'est comme si je n'existais pas. Par exemple, quand je fais un travail d'équipe, les élèves changent des choses et ils ne m'en parlent pas. Tout le monde le sait sauf moi ! C'est comme s'ils m'avaient complètement oublié... Pourquoi tout le monde me déteste ?»
Selon des données récemment dévoilées par Sécurité publique et Protection civile Canada, 42 % des garçons de la sixième à la huitième année à travers le pays relatent avoir déjà intimidé un pair alors que 23 % des filles du même âge avouent le même travers. Entre 4 et 10 % des filles de 11 à 15 ans expliquent avoir subi ce sort tristounet, contre 10 à 13 % des garçons de la même tranche d'âges.
Petits cris de désespoir, les noms choisis par les jeunes pour signer leurs envois anonymes sont on ne peut plus éloquents : «rejecteee», «whysoalone», «toute_seule», «intimidee» ou «lafilleendetresse» sont autant de signatures qui se passent de présentation. En 2005, 28 000 messages envoyés portaient sur l'intimidation, contre laquelle les jeunes se battent férocement sans toujours savoir où chercher de l'aide.
«Ce rapport démontre que les jeunes cherchent encore désespérément des solutions pour mettre fin à l'intimidation», conclut-on dans le document, qui pointe le fait que tant les parents que les enseignants auxquels les jeunes font appel ne peuvent pas vraiment les soutenir. L'organisation invite donc les écoles à prendre le taureau par les cornes et à discuter d'intimidation de plus d'une manière, notamment en élaborant un code de comportement interdisant l'intimidation sous toutes ses formes.
Les enseignants sont également invités à intervenir lors d'épisodes d'intimidation, de même que les témoins, des amis silencieux qui, dans 85 % des cas, assistent au drame qui se déroule sous leurs yeux sans savoir comment s'interposer.
Sans en faire un portrait statistique, Jeunesse J'écoute démontre à l'aide de témoignages poignants le fait que l'intimidation portée à un niveau extrême peut mener au suicide. «On m'intimide depuis que j'ai cinq ans et je suis à bout», raconte une jeune fille. «Je vais en finir avec tout ça en me tuant ce soir. J'ai déjà tout prévu. Je vais avaler trois bouteilles de Gravol et je n'aurai plus de problème. À moins que vous me donniez dix bonnes raisons de vivre, c'est ce que je vais faire. Je n'en peux plus.»