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Publié : sam. mars 25, 2006 4:30 am
par tuberale
«IL NE FAISAIT QUE SON TRAVAIL», S'INDIGNE LE PÈRE DE FRÉDÉRICK LAVOIE


Le collaborateur de La Presse incarcéré à Minsk

Marc Thibodeau

La Presse


Les forces de sécurité du régime autoritaire d'Alexandre Loukachenko ont emporté hier les partisans de l'opposition qui manifestaient depuis une semaine sur la place d'Octobre, à Minsk. Dans le processus, ils ont appréhendé un journaliste pigiste québécois de 22 ans, qui a rapidement été condamné à 15 jours de détention. Frédérick Lavoie, collaborateur de La Presse et du Quotidien de Saguenay, avait décidé de passer la nuit sur la place pour produire un reportage.

Il a été arrêté vers 3h avec des centaines d'autres personnes, rassemblées en quelques minutes par des policiers vêtus de noir.

Il a été transféré en autobus vers une prison de la capitale avant d'être jugé et condamné dans un simulacre de procès, que sa famille a dénoncé. Près de 300 opposants au régime, qui protestent contre le scrutin présidentiel de dimanche dernier, ont écopé de peines similaires.

«Ils ne peuvent pas lui faire cela. Il ne faisait que son travail. C'est épouvantable», a indiqué Réjean Lavoie, le père du jeune homme, joint par téléphone à Saguenay.

Le frère du journaliste, Jérémi Lavoie, qui réside à Montréal, a alerté les autorités canadiennes tôt hier matin après avoir reçu un message-texte de Minsk. «Lorsque j'ai vu aux nouvelles qu'une opération policière était en cours sur la place d'Octobre, je lui ai immédiatement transmis un message par téléphone. Il m'a dit qu'il avait été arrêté mais qu'il était correct. Je n'ai plus été capable de communiquer avec lui par la suite», a-t-il relaté.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada, alerté, a entrepris de retracer le jeune homme par l'entremise du consulat britannique à Minsk, qui représente les intérêts du pays en Biélorussie, un pays mené d'une main de fer depuis 1994 par Alexandre Loukachenko.

Ce n'est finalement qu'en fin de journée, près de 20 heures après son arrestation, qu'une représentante du consulat a pu rencontrer le journaliste. «J'ai pu lui parler brièvement au téléphone de l'attachée consulaire. Il a eu le temps de me dire que ça allait, mais les agents ont interrompu la communication», a expliqué Jérémi Lavoie.

Frédérick Lavoie aurait indiqué à l'occasion de cette rencontre, d'une durée de 15 minutes, qu'il n'avait pas été battu par les forces de sécurité. Il aurait été accusé d'avoir participé à un attroupement illégal et d'avoir exprimé de l'hostilité envers le président, une allégation «ridicule» aux yeux de son frère.

Les autorités biélorusses auraient aussi évoqué pour justifier son emprisonnement le fait qu'il n'avait pas d'accréditation de journaliste. Dans le blogue qu'il tenait sur Le Quotidien, le journaliste expliquait il y a quelques jours que le fait d'être entré au pays comme touriste lui permettait d'échapper à l'attention des autorités biélorusses.

«Si je suis arrêté, je pourrais peut-être avoir des ennuis, ce qui veut dire probablement être jeté hors du pays ou, au pis-aller, passer quelques jours en prison», soulignait-il ensuite, en abordant les désavantages.

La famille ne sait pas ce que compte faire le régime après que le jeune homme aura purgé sa peine. «J'imagine qu'ils vont l'expulser. Il a demandé à être expulsé immédiatement mais ils ne veulent rien entendre», a indiqué Jérémi Lavoie.

Le sort du journaliste québécois n'est pas exceptionnel. Selon Reporters sans frontières (RSF), 22 journalistes provenant d'une demi-douzaine de pays ont été arrêtés en Biélorussie depuis une semaine. Selon l'Agence France-Presse, un journaliste polonais a été passé à tabac par les autorités hier.

«Ces arrestations sont destinées à faire taire la contestation et à instaurer un climat de terreur dans le pays. Les journalistes indépendants doivent être immédiatement libérés», a déclaré l'organisation de défense de la liberté de presse, qui s'inquiète des conditions de détention.

«Les cellules sont surpeuplées, sans chauffage, et le manque d'hygiène est flagrant. Des planches en bois, sans drap, servent de lit, et un trou a été creusé dans le sol en guise de toilettes», note RSF.

Selon Jérémi Lavoie, l'attachée consulaire a remis de la nourriture à son frère, qui n'avait rien mangé depuis le début de la journée. «Les autorités ne lui donnent strictement rien. L'attachée doit revenir le voir dans les prochains jours pour lui apporter plus de nourriture et une couverture», souligne-t-il.

Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Pamela Greenwell, a indiqué que le Canada continuerait, par l'entremise du consulat britannique, d'offrir son soutien au journaliste. Elle a précisé qu'il recevrait une liste de noms d'avocats susceptibles de l'aider.

Le père du journaliste presse le gouvernement d'en faire plus. Réjean Lavoie a indiqué hier qu'il avait appelé au bureau du député saguenéen Jean-Pierre Blackburn, afin de faire en sorte que le bureau du premier ministre Stephen Harper soit rapidement mis au courant de la situation. La famille dit avoir eu l'assurance que le dirigeant canadien interviendrait personnellement auprès des autorités biélorusses, chose qui n'a pu être confirmé hier auprès de son cabinet.

«On ne peut pas laisser les choses comme elles sont à l'heure actuelle», déplore M. Lavoie

Publié : sam. mars 25, 2006 9:11 am
par Ti-radis
 

pas facile le journalisme en pays totalitaires

Publié : dim. mars 26, 2006 4:43 am
par jumbo

Pour moi, il y a des pays où ils devraient avoir interdiction d'y aller pour tous visiteurs et même journalistes.
Où ceux qui désirent absolument y aller, ils y vont à leurs risques et périls.

Publié : jeu. mars 30, 2006 3:55 am
par Nikki
Jumbo  a écrit
Pour moi, il y a des pays où ils devraient avoir interdiction d'y aller pour tous visiteurs et même journalistes.
Où ceux qui désirent absolument y aller, ils y vont à leurs risques et périls.

Je te dirais que c'est pas mal ça à l'heure actuelle.  C'est un métier extrèmement risqué que celui de journaliste.  Ceux en Irak doivent en savoir quelque chose.