Publié : lun. mars 27, 2006 3:37 am
DANS UNE ÉCOLE DE LASALLE
Des élèves vendent du chocolat pour acheter des pupitres
Louise Leduc
La Presse
«Madame, voudriez-vous acheter une tablette de chocolat? C'est pour mon école, on a besoin de chaises et de pupitres.» Si un petit voisin vous fait ce boniment, il ne joue pas les tiers-mondistes pour attirer votre pitié.
L'école des Rapides-de-Lachine, située à LaSalle, en est effectivement réduite à demander aux enfants de participer à une collecte de fonds pour l'achat du mobilier de l'école. «Tel qu'approuvé par le conseil d'établissement, l'argent recueilli servira à défrayer le coût des récompenses pour les élèves et l'achat de mobilier pour les classes, peut-on lire dans une lettre d'information envoyée aux parents le 21 mars. En effet, les pupitres et les chaises des élèves doivent absolument être remplacés.»
C'est Jean-Pierre Kneppert, père d'un élève de l'école, qui a attiré l'attention de La Presse sur cette situation: «On ne finance plus une activité pour les jeunes, mais l'achat de chaises et pupitres, car la commission scolaire n'en achète plus! écrit-il, indigné. Les budgets sont trop limités. Mais à quoi servent les taxes scolaires, les impôts?»
Andrée Marquis, directrice de l'école, a bien présenté une demande à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, mais les fonds qu'on lui a versés en début d'année ont permis de ne meubler en neuf qu'une seule classe.
L'idée de la vente de chocolat ne visait aucunement à faire un coup d'éclat pour sensibiliser la commission scolaire, assure-t-elle. «La décision s'est prise dans le feu de l'action. La plainte du parent nous pousse cependant à nous remettre en question. L'école a-t-elle voulu aller trop vite ou est-ce la commission scolaire qui ne donne pas assez de sous? En tout cas, on a fait avec ce qu'on avait, dans les meilleures intentions.»
Brigitte Gauvreau, coordonnatrice du bureau des communications de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, reconnaît que c'est la première fois qu'elle entend parler d'une vente de chocolat pour des besoins aussi fondamentaux que des pupitres et des chaises, mais ne s'étonne pas outre mesure. «ll est clair que les commissions scolaires ne reçoivent pas assez d'argent du ministère (de l'Éducation) pour répondre aux besoins des écoles. Alors elles en sont souvent réduites à se débrouiller avec les moyens du bord.»
«Il est certain que les budgets sont limités et que les commissions scolaires compriment le plus possible leurs dépenses d'entretien et de réparations, dit Denis Pouliot, porte-parole de la Fédération des commissions scolaires (FCSQ). Les grandes priorités sont les services aux élèves en difficulté, l'achat de livres pour la bibliothèque, d'ordinateurs, etc.»
Coïncidence, le gouvernement Charest a annoncé vendredi des subventions totalisant 8,7 millions à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Pas pour l'achat de mobilier, cependant, mais bien pour une nouvelle école primaire et l'agrandissement d'un centre de formation professionnelle, à Saint-Laurent.
Pour ce qui est des chaises et des pupitres, le ministère de l'Éducation n'a pas rappelé La Presse vendredi.
Mais qu'est-ce à dire? Qu'il est proche le jour où l'on entendra un enfant nous demander «Madame, m'achèteriez-vous du chocolat, c'est pour payer le toit de mon école, qui coule»? Mme Gauvreau, de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, s'esclaffe. «Tout peut arriver, mais ce n'est pas parce qu'on en rit que c'est drôle...»
L'éducation est le deuxième poste de dépenses en importance au Québec. Le budget total du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport atteint presque 13 milliards en 2006-2007.
Des élèves vendent du chocolat pour acheter des pupitres
Louise Leduc
La Presse
«Madame, voudriez-vous acheter une tablette de chocolat? C'est pour mon école, on a besoin de chaises et de pupitres.» Si un petit voisin vous fait ce boniment, il ne joue pas les tiers-mondistes pour attirer votre pitié.
L'école des Rapides-de-Lachine, située à LaSalle, en est effectivement réduite à demander aux enfants de participer à une collecte de fonds pour l'achat du mobilier de l'école. «Tel qu'approuvé par le conseil d'établissement, l'argent recueilli servira à défrayer le coût des récompenses pour les élèves et l'achat de mobilier pour les classes, peut-on lire dans une lettre d'information envoyée aux parents le 21 mars. En effet, les pupitres et les chaises des élèves doivent absolument être remplacés.»
C'est Jean-Pierre Kneppert, père d'un élève de l'école, qui a attiré l'attention de La Presse sur cette situation: «On ne finance plus une activité pour les jeunes, mais l'achat de chaises et pupitres, car la commission scolaire n'en achète plus! écrit-il, indigné. Les budgets sont trop limités. Mais à quoi servent les taxes scolaires, les impôts?»
Andrée Marquis, directrice de l'école, a bien présenté une demande à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, mais les fonds qu'on lui a versés en début d'année ont permis de ne meubler en neuf qu'une seule classe.
L'idée de la vente de chocolat ne visait aucunement à faire un coup d'éclat pour sensibiliser la commission scolaire, assure-t-elle. «La décision s'est prise dans le feu de l'action. La plainte du parent nous pousse cependant à nous remettre en question. L'école a-t-elle voulu aller trop vite ou est-ce la commission scolaire qui ne donne pas assez de sous? En tout cas, on a fait avec ce qu'on avait, dans les meilleures intentions.»
Brigitte Gauvreau, coordonnatrice du bureau des communications de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, reconnaît que c'est la première fois qu'elle entend parler d'une vente de chocolat pour des besoins aussi fondamentaux que des pupitres et des chaises, mais ne s'étonne pas outre mesure. «ll est clair que les commissions scolaires ne reçoivent pas assez d'argent du ministère (de l'Éducation) pour répondre aux besoins des écoles. Alors elles en sont souvent réduites à se débrouiller avec les moyens du bord.»
«Il est certain que les budgets sont limités et que les commissions scolaires compriment le plus possible leurs dépenses d'entretien et de réparations, dit Denis Pouliot, porte-parole de la Fédération des commissions scolaires (FCSQ). Les grandes priorités sont les services aux élèves en difficulté, l'achat de livres pour la bibliothèque, d'ordinateurs, etc.»
Coïncidence, le gouvernement Charest a annoncé vendredi des subventions totalisant 8,7 millions à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Pas pour l'achat de mobilier, cependant, mais bien pour une nouvelle école primaire et l'agrandissement d'un centre de formation professionnelle, à Saint-Laurent.
Pour ce qui est des chaises et des pupitres, le ministère de l'Éducation n'a pas rappelé La Presse vendredi.
Mais qu'est-ce à dire? Qu'il est proche le jour où l'on entendra un enfant nous demander «Madame, m'achèteriez-vous du chocolat, c'est pour payer le toit de mon école, qui coule»? Mme Gauvreau, de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, s'esclaffe. «Tout peut arriver, mais ce n'est pas parce qu'on en rit que c'est drôle...»
L'éducation est le deuxième poste de dépenses en importance au Québec. Le budget total du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport atteint presque 13 milliards en 2006-2007.