Publié : mer. févr. 22, 2006 2:50 am
Un autre grand rêve à Mirabel
L'aérogare sera au coeur d'un parc thématique de 350 millions
Gérard Bérubé
Édition du mercredi 22 février 2006
Si certains rêvaient encore au jour où les infrastructures aéroportuaires de Mirabel retrouveraient leur clientèle de passagers, ils devront se résoudre à l'idée que le point de saturation à Dorval-Trudeau ne sera pas atteint avant 35 ans. D'ici là, Aéroports de Montréal (ADM) propose de s'en remettre plutôt à Rêveport, un parc thématique nécessitant un investissement total de 350 millions réparti en trois phases. Inutilisées depuis 2004, les installations de Montréal-Mirabel changent donc de vocation. Un consortium européen a annoncé hier vouloir transformer le tout en un centre récréotouristique quatre saisons de 100 000 m2 axé sur les thèmes de l'eau et de l'espace, avec l'espoir d'attirer au moins 700 000 visiteurs la première année.
Cet éléphant blanc de 500 millions (en dollars de 1975) était inutilisé depuis 2004, soit depuis le transfert du dernier vol nolisé vers l'aéroport de Dorval. Mais l'on prend soin de préciser que le territoire a conservé et conserve toujours sa vocation aéroportuaire, avec ses pistes, sa spécialisation tout cargo, l'usine de Bombardier et le contrat d'entretien des F-18. «L'aéroport demeure. C'est le terminal qui change de vocation», a précisé Jim Cherry, p.-d.g. d'ADM.
Le projet de parc thématique du consortium européen annoncé hier vise l'aérogare, l'aéroquai, les stationnements, l'hôtel et les bureaux administratifs. «Nos démarches ont porté fruits. Nous avons trouvé un partenaire rentable, très intéressant et financièrement solide pour redévelopper ces anciennes installations passagers», a souligné le président de l'entreprise ayant pour mandat de gérer les deux sites aéroportuaires de Montréal. Les frais associés aux installations de Mirabel atteignaient les quatre millions par année. «Nous réduisons nos coûts de gestion et nous obtenons un loyer pour ces installations», a ajouté M. Cherry, qui n'a pas voulu dévoiler le montant du loyer. «C'est privé.»
Donc, adieu à un éventuel retour des vols passagers à Mirabel ? «On ne peut corriger cette erreur commise il y a 30 ans de partager le trafic passagers entre Dorval et Mirabel. Nous avions cependant déjà dit qu'une journée, il pourrait être nécessaire de retourner à Mirabel. Or le point de saturation à Dorval n'est pas attendu avant 35 ans», a répondu Jim Cherry. D'ailleurs, le protocole d'entente annoncé hier prévoit que le consortium européen signera un bail d'une durée initiale de 25 ans avec deux options de renouvellement d'une durée de cinq ans chacune.
Ce consortium est formé de la société française I-Parks Creative Industries, spécialisée dans la conception, la promotion, le financement et la gestion de parcs urbains à caractère récréotouristique, et d'Oger International, «l'une des premières sociétés d'ingénierie de la construction au monde», peut-on lire dans la documentation de presse. La première phase du projet, baptisé Rêveport (traduit de l'anglais AeroDream), prévoit un investissement évalué à 100 millions, financé par des fonds privés et institutionnels. Au total, les trois phases prévoient des investissements de 350 millions, a souligné Gilles Assouline, président d'I-Parks.
Des capitaux 100 % privés, a-t-il affirmé. «Nous n'en avons pas besoin mais nous allons éventuellement invité la communauté financière québécoise à y prendre part, si elle veut y participer. Au même titre que nous allons consulter afin de nous assurer de bien répondre aux attentes de la population. On parle d'un projet à géométrie grandissante. Les trois phases sont fermes, représentant plutôt une nomenclature de travaux suivant un certain ordre. Le tout pouvant être adapté aux attentes et accélérer selon l'appétit.»
Le multiplexe récréatif intérieur projeté s'articule autour des thèmes de l'eau et de l'espace. Cet emplacement de 100 000 m2 doit abriter «quatre ou cinq dômes géodésiques dotés d'écrans sphériques [qui] projetteront le visiteur dans des mondes insolites et sur des planètes lointaines, un aquarium géant, une plage intérieure [...], un centre de remise en forme, comprenant spa, hammam, sauna et balnéothérapie, et des salles de cinéma dernier cri. On y retrouvera également une galerie commerciale, des jeux d'arcades, une discothèque/karaoké aquatique avec laser/vidéo, des restaurants gastronomiques, des bars d'ambiance et des brasseries avec vue sur la plage et l'aquarium. Mais aussi un musée, un hall d'exposition interactif, un studio de télévision et un jardin d'enfants avec garderie», énumère-t-on dans le communiqué.
Les études de marketing sont complétées. «Nous en sommes aux études d'affinement», a précisé M. Assouline. Selon l'échéancier retenu, les travaux de réfection de l'hôtel débuteraient d'ici juin pour se terminer à l'automne. Les travaux de transformation de l'aérogare commenceraient également en automne, en vue d'une ouverture progressive au public à compter de la fin de 2007.
Scepticisme
Le consortium vise quatre zones ou quatre grands segments. On pense au bassin de population de la zone Montréal-Mirabel, puis à celui des villes de Québec et des métropoles américaines telles New York, ensuite à la population internationale et, enfin, à une segmentation ciblée. «Pensons à des séminaires scolaires, par exemple, pour meubler les périodes creuses», a résumé M. Assouline.
Toutefois les analystes et experts consultés hier ont, dans l'ensemble, réagi avec scepticisme à l'annonce, en pointant en direction de cet autre vaste complexe récréotouristique en gestation, appelé Lac-Mirabel, à quelques kilomètres seulement du site aéroportuaire. Après tout, on a beau conclure à la complémentarité chez les promoteurs, on fait tout de même appel au même bassin de population, qui dispose d'un budget discrétionnaire inélastique.
«ADM avait une idée semblable. Nos désirs se sont rencontrés. ADM voulait reconvertir ses installations, nous, nous recherchions des infrastructures existantes, afin de minimiser les risques.» Ces «coûts réduits d'implantation», viennent abaisser le seuil de rentabilité. Gilles Assouline parle d'un seuil minimal de 700 000 entrées la première année sur un site qui, à terme, pourra accueillir des millions de visiteurs sans qu'il y ait bousculade. Il a soutenu que, lors de l'ouverture d'autres centres, érigés à des endroits moins bien situés et structurés qu'à Mirabel, «nous avons atteint aisément 1,2 million d'entrées la première année», tout en chiffrant à 1,8 million par année le nombre de voyageurs faisant le trajet Montréal-Laurentides.
L'aérogare sera au coeur d'un parc thématique de 350 millions
Gérard Bérubé
Édition du mercredi 22 février 2006
Si certains rêvaient encore au jour où les infrastructures aéroportuaires de Mirabel retrouveraient leur clientèle de passagers, ils devront se résoudre à l'idée que le point de saturation à Dorval-Trudeau ne sera pas atteint avant 35 ans. D'ici là, Aéroports de Montréal (ADM) propose de s'en remettre plutôt à Rêveport, un parc thématique nécessitant un investissement total de 350 millions réparti en trois phases. Inutilisées depuis 2004, les installations de Montréal-Mirabel changent donc de vocation. Un consortium européen a annoncé hier vouloir transformer le tout en un centre récréotouristique quatre saisons de 100 000 m2 axé sur les thèmes de l'eau et de l'espace, avec l'espoir d'attirer au moins 700 000 visiteurs la première année.
Cet éléphant blanc de 500 millions (en dollars de 1975) était inutilisé depuis 2004, soit depuis le transfert du dernier vol nolisé vers l'aéroport de Dorval. Mais l'on prend soin de préciser que le territoire a conservé et conserve toujours sa vocation aéroportuaire, avec ses pistes, sa spécialisation tout cargo, l'usine de Bombardier et le contrat d'entretien des F-18. «L'aéroport demeure. C'est le terminal qui change de vocation», a précisé Jim Cherry, p.-d.g. d'ADM.
Le projet de parc thématique du consortium européen annoncé hier vise l'aérogare, l'aéroquai, les stationnements, l'hôtel et les bureaux administratifs. «Nos démarches ont porté fruits. Nous avons trouvé un partenaire rentable, très intéressant et financièrement solide pour redévelopper ces anciennes installations passagers», a souligné le président de l'entreprise ayant pour mandat de gérer les deux sites aéroportuaires de Montréal. Les frais associés aux installations de Mirabel atteignaient les quatre millions par année. «Nous réduisons nos coûts de gestion et nous obtenons un loyer pour ces installations», a ajouté M. Cherry, qui n'a pas voulu dévoiler le montant du loyer. «C'est privé.»
Donc, adieu à un éventuel retour des vols passagers à Mirabel ? «On ne peut corriger cette erreur commise il y a 30 ans de partager le trafic passagers entre Dorval et Mirabel. Nous avions cependant déjà dit qu'une journée, il pourrait être nécessaire de retourner à Mirabel. Or le point de saturation à Dorval n'est pas attendu avant 35 ans», a répondu Jim Cherry. D'ailleurs, le protocole d'entente annoncé hier prévoit que le consortium européen signera un bail d'une durée initiale de 25 ans avec deux options de renouvellement d'une durée de cinq ans chacune.
Ce consortium est formé de la société française I-Parks Creative Industries, spécialisée dans la conception, la promotion, le financement et la gestion de parcs urbains à caractère récréotouristique, et d'Oger International, «l'une des premières sociétés d'ingénierie de la construction au monde», peut-on lire dans la documentation de presse. La première phase du projet, baptisé Rêveport (traduit de l'anglais AeroDream), prévoit un investissement évalué à 100 millions, financé par des fonds privés et institutionnels. Au total, les trois phases prévoient des investissements de 350 millions, a souligné Gilles Assouline, président d'I-Parks.
Des capitaux 100 % privés, a-t-il affirmé. «Nous n'en avons pas besoin mais nous allons éventuellement invité la communauté financière québécoise à y prendre part, si elle veut y participer. Au même titre que nous allons consulter afin de nous assurer de bien répondre aux attentes de la population. On parle d'un projet à géométrie grandissante. Les trois phases sont fermes, représentant plutôt une nomenclature de travaux suivant un certain ordre. Le tout pouvant être adapté aux attentes et accélérer selon l'appétit.»
Le multiplexe récréatif intérieur projeté s'articule autour des thèmes de l'eau et de l'espace. Cet emplacement de 100 000 m2 doit abriter «quatre ou cinq dômes géodésiques dotés d'écrans sphériques [qui] projetteront le visiteur dans des mondes insolites et sur des planètes lointaines, un aquarium géant, une plage intérieure [...], un centre de remise en forme, comprenant spa, hammam, sauna et balnéothérapie, et des salles de cinéma dernier cri. On y retrouvera également une galerie commerciale, des jeux d'arcades, une discothèque/karaoké aquatique avec laser/vidéo, des restaurants gastronomiques, des bars d'ambiance et des brasseries avec vue sur la plage et l'aquarium. Mais aussi un musée, un hall d'exposition interactif, un studio de télévision et un jardin d'enfants avec garderie», énumère-t-on dans le communiqué.
Les études de marketing sont complétées. «Nous en sommes aux études d'affinement», a précisé M. Assouline. Selon l'échéancier retenu, les travaux de réfection de l'hôtel débuteraient d'ici juin pour se terminer à l'automne. Les travaux de transformation de l'aérogare commenceraient également en automne, en vue d'une ouverture progressive au public à compter de la fin de 2007.
Scepticisme
Le consortium vise quatre zones ou quatre grands segments. On pense au bassin de population de la zone Montréal-Mirabel, puis à celui des villes de Québec et des métropoles américaines telles New York, ensuite à la population internationale et, enfin, à une segmentation ciblée. «Pensons à des séminaires scolaires, par exemple, pour meubler les périodes creuses», a résumé M. Assouline.
Toutefois les analystes et experts consultés hier ont, dans l'ensemble, réagi avec scepticisme à l'annonce, en pointant en direction de cet autre vaste complexe récréotouristique en gestation, appelé Lac-Mirabel, à quelques kilomètres seulement du site aéroportuaire. Après tout, on a beau conclure à la complémentarité chez les promoteurs, on fait tout de même appel au même bassin de population, qui dispose d'un budget discrétionnaire inélastique.
«ADM avait une idée semblable. Nos désirs se sont rencontrés. ADM voulait reconvertir ses installations, nous, nous recherchions des infrastructures existantes, afin de minimiser les risques.» Ces «coûts réduits d'implantation», viennent abaisser le seuil de rentabilité. Gilles Assouline parle d'un seuil minimal de 700 000 entrées la première année sur un site qui, à terme, pourra accueillir des millions de visiteurs sans qu'il y ait bousculade. Il a soutenu que, lors de l'ouverture d'autres centres, érigés à des endroits moins bien situés et structurés qu'à Mirabel, «nous avons atteint aisément 1,2 million d'entrées la première année», tout en chiffrant à 1,8 million par année le nombre de voyageurs faisant le trajet Montréal-Laurentides.