Publié : jeu. déc. 29, 2005 4:08 am
Recyclage: le temps presse
Montréal n'a pas atteint le tiers des 65 % fixés pour 2008
Jeanne Corriveau
Édition du jeudi 29 décembre 2005
Le taux de récupération des déchets progresse à pas de tortue à Montréal. Les plus récentes statistiques révèlent que seulement 19 % des matières résiduelles sont récupérées ou recyclées, alors que l'objectif fixé par Québec pour 2008 est de 65 %. Si la collecte sélective atteint des performances honorables dans certains arrondissements, comme ceux du Plateau-Mont-Royal, d'Outremont ou de Rosemont-Petite-Patrie, Montréal accuse toutefois une lacune qui risque de lui faire rater ses objectifs: l'absence d'un programme à grande échelle pour le compostage des résidus de table.
C’était jour de cueillette sélective des déchets hier à Montréal. Si la récupération du papier, du plastique, du verre et du métal donne d’assez bons résultats, c’est loin d’être le cas en ce qui concerne les matières putrescibles.
Jacques Nadeau
L'échéance de 2008 a beau approcher à grands pas, le responsable du développement durable au comité exécutif de la Ville, Alan DeSousa, s'accroche encore à l'espoir d'atteindre les objectifs de Québec.
Au cours des dernières années, Montréal a pourtant connu de bien maigres progrès en matière de recyclage et de récupération des déchets. Entre 2002 et 2004, la proportion de déchets qu'elle a réussi à détourner des sites d'enfouissement est passée de 16,8 % à 19,2 %. C'est ce que révèle le portrait 2004 de la gestion des matières résiduelles publié la semaine dernière.
Si le taux de valorisation des résidus domestiques dangereux (RDD) atteint 36 % et celui de la collecte sélective (papier, verre, plastique et métal), 34 %, la transformation des matières putrescibles, bien qu'en progression, accuse un sérieux retard avec un taux de récupération de 10 %, alors que l'objectif de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 est de 60 %. Le problème, c'est que seules les feuilles mortes et les sapins de Noël sont récupérés par la Ville, alors que les résidus de table ne sont valorisés que par les citoyens de bonne volonté qui se sont procuré un composteur domestique. Pour leur part, les objets encombrants et les matériaux secs résidentiels affichent un taux de récupération de 25 %. Quant aux textiles, seul un maigre 1 % est voué à une seconde vie, ce qui représente un écart de 49 % avec l'objectif gouvernemental.
En matière de collecte sélective, les arrondissements ne sont pas tous égaux. C'est le Plateau-Mont-Royal qui affiche la meilleure performance avec un taux de récupération de 54 %, à 6 % de l'objectif gouvernemental. Il est suivi de près par Outremont (53 %), Rosemont-Petite-Patrie (46 %), Ville-Marie (46 %), le Sud-Ouest (43 %), Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (42 %), Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (42 %) et Westmount (41 %). En queue de palmarès figurent Montréal-Nord (14 %) -- qui n'a adhéré au programme qu'après les fusions municipales de 2002 --, Saint-Laurent (18 %) et Saint-Léonard (19 %).
Alan DeSousa croit que le fait d'offrir la collecte sélective de façon systématique aux immeubles de neuf logements et plus devrait permettre à Montréal d'approcher ses objectifs. Mais de façon globale, la Ville et l'agglomération -- puisque c'est elle qui héritera de ce dossier en 2006 -- ont beaucoup de chemin à faire pour espérer respecter le taux de récupération de l'ensemble des matières résiduelles.
Le compostage des rebuts de table pose toujours problème et, faute de financement par Québec, la Ville n'a toujours pas implanté de programme à grande échelle alors qu'à Toronto, quelque 510 000 ménages ont accès à un tel service. À l'instar de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe 63 municipalités de la région, Montréal souhaite que le gouvernement du Québec impose aux industries la facture des emballages et des imprimés qu'ils génèrent, selon le principe du «pollueur-payeur», ce qui l'aiderait à mettre en place de nouveaux programmes sans devoir taxer davantage les contribuables. En mai dernier, la Ville avait estimé qu'il lui faudrait consacrer au moins 50 millions par année, qui s'ajouteraient aux 120 millions qu'elle dépense actuellement, pour appliquer le plan directeur de gestion des matières résiduelles qu'elle promet pour 2006.
La question épineuse des coûts associés à la gestion des déchets a d'ailleurs fait l'objet de discussions récentes entre la Ville et le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Thomas Mulcair. «Nos discussions ont été encourageantes. M. Mulcair a démontré une ouverture d'esprit par rapport aux inquiétudes des villes», a indiqué hier M. DeSousa, qui reconnaît toutefois que rien n'est acquis.
Même si le retard paraît impossible à surmonter pour l'échéance de 2008, d'autant plus que le compostage des résidus de table représentera une opération complexe, Alan DeSousa refuse de renoncer aux objectifs de Québec. «À l'heure actuelle, il n'y a pas de programme pour le compostage des résidus de table sur l'île de Montréal. Il y aura toute une organisation à mettre en place et beaucoup de sensibilisation à faire auprès des citoyens. Mais c'est sûr que, sans financement, l'atteinte des objectifs est compromise», indique-t-il.
Montréal entend présenter, au cours des prochains mois, son plan directeur de gestion des matières résiduelles, et la ville s'est associée à une équipe de l'École polytechnique pour définir les stratégies et les technologies à adopter pour améliorer sa performance. Il lui faudra toutefois obtenir la collaboration des représentants des 15 villes défusionnées qui siègent au nouveau conseil d'agglomération pour mettre son plan en application. Précisons que, selon le bilan de 2004, ce sont les arrondissements de Beaconsfield-Baie-d'Urfé, de Westmount, de Dorval-L'Île-Dorval et de Kirkland -- qui retrouveront leur autonomie en 2006 -- qui génèrent le plus de déchets par habitant.
La Ville n'envisage toutefois pas de faire payer aux contribuables la collecte de déchets selon le volume des sacs déposés en bordure des rues, une solution envisagée par Toronto pour inciter les citoyens à recycler davantage.
Montréal n'a pas atteint le tiers des 65 % fixés pour 2008
Jeanne Corriveau
Édition du jeudi 29 décembre 2005
Le taux de récupération des déchets progresse à pas de tortue à Montréal. Les plus récentes statistiques révèlent que seulement 19 % des matières résiduelles sont récupérées ou recyclées, alors que l'objectif fixé par Québec pour 2008 est de 65 %. Si la collecte sélective atteint des performances honorables dans certains arrondissements, comme ceux du Plateau-Mont-Royal, d'Outremont ou de Rosemont-Petite-Patrie, Montréal accuse toutefois une lacune qui risque de lui faire rater ses objectifs: l'absence d'un programme à grande échelle pour le compostage des résidus de table.
C’était jour de cueillette sélective des déchets hier à Montréal. Si la récupération du papier, du plastique, du verre et du métal donne d’assez bons résultats, c’est loin d’être le cas en ce qui concerne les matières putrescibles.
Jacques Nadeau
L'échéance de 2008 a beau approcher à grands pas, le responsable du développement durable au comité exécutif de la Ville, Alan DeSousa, s'accroche encore à l'espoir d'atteindre les objectifs de Québec.
Au cours des dernières années, Montréal a pourtant connu de bien maigres progrès en matière de recyclage et de récupération des déchets. Entre 2002 et 2004, la proportion de déchets qu'elle a réussi à détourner des sites d'enfouissement est passée de 16,8 % à 19,2 %. C'est ce que révèle le portrait 2004 de la gestion des matières résiduelles publié la semaine dernière.
Si le taux de valorisation des résidus domestiques dangereux (RDD) atteint 36 % et celui de la collecte sélective (papier, verre, plastique et métal), 34 %, la transformation des matières putrescibles, bien qu'en progression, accuse un sérieux retard avec un taux de récupération de 10 %, alors que l'objectif de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 est de 60 %. Le problème, c'est que seules les feuilles mortes et les sapins de Noël sont récupérés par la Ville, alors que les résidus de table ne sont valorisés que par les citoyens de bonne volonté qui se sont procuré un composteur domestique. Pour leur part, les objets encombrants et les matériaux secs résidentiels affichent un taux de récupération de 25 %. Quant aux textiles, seul un maigre 1 % est voué à une seconde vie, ce qui représente un écart de 49 % avec l'objectif gouvernemental.
En matière de collecte sélective, les arrondissements ne sont pas tous égaux. C'est le Plateau-Mont-Royal qui affiche la meilleure performance avec un taux de récupération de 54 %, à 6 % de l'objectif gouvernemental. Il est suivi de près par Outremont (53 %), Rosemont-Petite-Patrie (46 %), Ville-Marie (46 %), le Sud-Ouest (43 %), Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (42 %), Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (42 %) et Westmount (41 %). En queue de palmarès figurent Montréal-Nord (14 %) -- qui n'a adhéré au programme qu'après les fusions municipales de 2002 --, Saint-Laurent (18 %) et Saint-Léonard (19 %).
Alan DeSousa croit que le fait d'offrir la collecte sélective de façon systématique aux immeubles de neuf logements et plus devrait permettre à Montréal d'approcher ses objectifs. Mais de façon globale, la Ville et l'agglomération -- puisque c'est elle qui héritera de ce dossier en 2006 -- ont beaucoup de chemin à faire pour espérer respecter le taux de récupération de l'ensemble des matières résiduelles.
Le compostage des rebuts de table pose toujours problème et, faute de financement par Québec, la Ville n'a toujours pas implanté de programme à grande échelle alors qu'à Toronto, quelque 510 000 ménages ont accès à un tel service. À l'instar de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe 63 municipalités de la région, Montréal souhaite que le gouvernement du Québec impose aux industries la facture des emballages et des imprimés qu'ils génèrent, selon le principe du «pollueur-payeur», ce qui l'aiderait à mettre en place de nouveaux programmes sans devoir taxer davantage les contribuables. En mai dernier, la Ville avait estimé qu'il lui faudrait consacrer au moins 50 millions par année, qui s'ajouteraient aux 120 millions qu'elle dépense actuellement, pour appliquer le plan directeur de gestion des matières résiduelles qu'elle promet pour 2006.
La question épineuse des coûts associés à la gestion des déchets a d'ailleurs fait l'objet de discussions récentes entre la Ville et le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Thomas Mulcair. «Nos discussions ont été encourageantes. M. Mulcair a démontré une ouverture d'esprit par rapport aux inquiétudes des villes», a indiqué hier M. DeSousa, qui reconnaît toutefois que rien n'est acquis.
Même si le retard paraît impossible à surmonter pour l'échéance de 2008, d'autant plus que le compostage des résidus de table représentera une opération complexe, Alan DeSousa refuse de renoncer aux objectifs de Québec. «À l'heure actuelle, il n'y a pas de programme pour le compostage des résidus de table sur l'île de Montréal. Il y aura toute une organisation à mettre en place et beaucoup de sensibilisation à faire auprès des citoyens. Mais c'est sûr que, sans financement, l'atteinte des objectifs est compromise», indique-t-il.
Montréal entend présenter, au cours des prochains mois, son plan directeur de gestion des matières résiduelles, et la ville s'est associée à une équipe de l'École polytechnique pour définir les stratégies et les technologies à adopter pour améliorer sa performance. Il lui faudra toutefois obtenir la collaboration des représentants des 15 villes défusionnées qui siègent au nouveau conseil d'agglomération pour mettre son plan en application. Précisons que, selon le bilan de 2004, ce sont les arrondissements de Beaconsfield-Baie-d'Urfé, de Westmount, de Dorval-L'Île-Dorval et de Kirkland -- qui retrouveront leur autonomie en 2006 -- qui génèrent le plus de déchets par habitant.
La Ville n'envisage toutefois pas de faire payer aux contribuables la collecte de déchets selon le volume des sacs déposés en bordure des rues, une solution envisagée par Toronto pour inciter les citoyens à recycler davantage.