Publié : lun. oct. 31, 2005 5:30 am
Papa me touche ?
Alors que sur toutes les tribunes on invite les victimes d'abus sexuels à dénoncer leur bourreau, voilà que la justice vient de faire un véritable pied de nez à quatre enfants de neuf, six, trois et deux ans de Lanaudière qui ont subi les sévices d'un père pédophile pendant plus d'un an et demi. Par manque de preuves, la plainte déposée contre l'agresseur a été rejetée au criminel.
"Mon histoire d'horreur a débuté en rentrant du travail un soir d'octobre 2004 quand j'ai découvert ma fille d'à peine deux ans recouverte de sperme. Je me suis rendue à l'hôpital en souhaitant qu'on me dise que j'étais folle, que ça ne se pouvait pas, parce que j'adorais mon mari et je ne croyais pas, et je ne voulais pas croire, qu'il puisse avoir fait ça. Toutefois, après l'examen, on m'a dit que ma petite avait été violée à plusieurs reprises", raconte la maman.
Immédiatement, une plainte a été déposée à la DPJ, la mère et les enfants se sont éloignés du présumé coupable. "De retour à la maison, mon fils de six ans a commencé à parler et à raconter les sévices que lui, son petit frère et sa petite s?ur subissaient depuis un an et demi. C'était l'horreur pour une mère", affirme cette dernière.
Selon l'évaluation des médecins, la petite aurait été agressée dès l'âge de 10 mois. "Mon fils s'était confié à un professeur en 2003, mais je ne l'avais pas cru et je m'en veux. Mon époux était un père modèle. Dans la région, nous passions pour la famille modèle, alors qu'à mon insu, il se passait tout autre chose sous mon propre toit. J'ai parfois eu des doutes que mon mari me trompait, mais jamais avec mes propres enfants."
Mentionnons que monsieur est le père biologique des deux plus jeunes et le beau-père des deux plus vieux.
Redonner vie
Depuis deux ans, la mère et les quatre enfants sont en mode survie. La maman se bat sur tous les fronts, tant pour que justice soit faite que pour redonner une enfance paisible à ses quatre petits amours. "Je me suis battue en Chambre de la jeunesse pour que monsieur n'ait pas de droit de visite, et les juges l'ont reconnu comme agresseur sexuel, mais dans deux ans, la DPJ stipule qu'il aura droit à des visites supervisées et j'en ai peur. Au criminel, notre plainte a été refusée par manque de preuves puisqu'il faut prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l'agresseur. Les témoignages des enfants sont peu crédibles puisqu'ils sont trop jeunes", explique la mère.
Aux dires de celle-ci, les quatre enfants ont de graves séquelles psychologiques : perte d'appétit, insomnie, cauchemars, peur irraisonnée des adultes, attachement excessif à la mère et perte de langage sont devenus le lot quotidien de cette famille ravagée. "Ma petite fille, âgée maintenant de trois ans, connaît ce qu'est une relation sexuelle complète, et ce n'est pas normal", affirme la mère.
Dans une impasse
"En thérapie, on leur a enseigné qu'il faudrait témoigner contre monsieur, qu'il avait fait du mal et qu'il fallait le punir pour ça, alors quand on leur a annoncé, aux enfants, qu'on ne pourrait pas aller en Cour, ils ont été défaits. Ils ne croient plus en la justice, et le message qu'on leur envoie est terrible. Si eux volent une gomme, ils seront punis, ils passeront la soirée dans leur chambre, alors que l'agresseur peut leur faire tout ce mal et s'en sortir indemne. Ça n'a pas de sens", s'insurge la mère. "On dit qu'un enfant agressé sur deux va devenir agresseur, et de cette façon-là, la société encourage ça. Et j'ai peur pour mes enfants, je ne veux pas en faire des meurtriers."
"J'ai beaucoup de rage. On dit souvent : "S'il touche à un cheveu de mes enfants, je vais le tuer", mais au fond, on n'a aucun pouvoir. Même la justice ne peut rien pour nous. Au Québec, une femme sur deux accuse son ex-conjoint d'agression sexuelle par vengeance, et moi, j'en paie le prix."
"Les enfants vont bien : ma fille ne pleure plus à l'épicerie quand un homme nous suit, et mon fils épileptique n'a pas refait de crise depuis que son père a quitté la maison. Ce sont de grandes victoires pour moi, mais rien n'est gagné. Leur enfance a été volée, et depuis deux ans, j'essaie de les faire renaître, de leur donner la vie une seconde fois. Je leur ai donné la vie sans penser qu'on la leur enlèverait."
Donner une voix aux enfants
La mère des victimes ainsi que sa tante, qui habite la région moulinoise, organisent une manifestation monstre au Palais de justice de Joliette le jeudi 27 octobre dès 8 h. "C'est pour nous une façon de nous rencontrer et d'ouvrir les yeux aux gens, mais surtout de faire entendre nos enfants, de leur donner une voix", mentionne la maman.
Date de mise en ligne : 25 octobre 2005
Alors que sur toutes les tribunes on invite les victimes d'abus sexuels à dénoncer leur bourreau, voilà que la justice vient de faire un véritable pied de nez à quatre enfants de neuf, six, trois et deux ans de Lanaudière qui ont subi les sévices d'un père pédophile pendant plus d'un an et demi. Par manque de preuves, la plainte déposée contre l'agresseur a été rejetée au criminel.
"Mon histoire d'horreur a débuté en rentrant du travail un soir d'octobre 2004 quand j'ai découvert ma fille d'à peine deux ans recouverte de sperme. Je me suis rendue à l'hôpital en souhaitant qu'on me dise que j'étais folle, que ça ne se pouvait pas, parce que j'adorais mon mari et je ne croyais pas, et je ne voulais pas croire, qu'il puisse avoir fait ça. Toutefois, après l'examen, on m'a dit que ma petite avait été violée à plusieurs reprises", raconte la maman.
Immédiatement, une plainte a été déposée à la DPJ, la mère et les enfants se sont éloignés du présumé coupable. "De retour à la maison, mon fils de six ans a commencé à parler et à raconter les sévices que lui, son petit frère et sa petite s?ur subissaient depuis un an et demi. C'était l'horreur pour une mère", affirme cette dernière.
Selon l'évaluation des médecins, la petite aurait été agressée dès l'âge de 10 mois. "Mon fils s'était confié à un professeur en 2003, mais je ne l'avais pas cru et je m'en veux. Mon époux était un père modèle. Dans la région, nous passions pour la famille modèle, alors qu'à mon insu, il se passait tout autre chose sous mon propre toit. J'ai parfois eu des doutes que mon mari me trompait, mais jamais avec mes propres enfants."
Mentionnons que monsieur est le père biologique des deux plus jeunes et le beau-père des deux plus vieux.
Redonner vie
Depuis deux ans, la mère et les quatre enfants sont en mode survie. La maman se bat sur tous les fronts, tant pour que justice soit faite que pour redonner une enfance paisible à ses quatre petits amours. "Je me suis battue en Chambre de la jeunesse pour que monsieur n'ait pas de droit de visite, et les juges l'ont reconnu comme agresseur sexuel, mais dans deux ans, la DPJ stipule qu'il aura droit à des visites supervisées et j'en ai peur. Au criminel, notre plainte a été refusée par manque de preuves puisqu'il faut prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l'agresseur. Les témoignages des enfants sont peu crédibles puisqu'ils sont trop jeunes", explique la mère.
Aux dires de celle-ci, les quatre enfants ont de graves séquelles psychologiques : perte d'appétit, insomnie, cauchemars, peur irraisonnée des adultes, attachement excessif à la mère et perte de langage sont devenus le lot quotidien de cette famille ravagée. "Ma petite fille, âgée maintenant de trois ans, connaît ce qu'est une relation sexuelle complète, et ce n'est pas normal", affirme la mère.
Dans une impasse
"En thérapie, on leur a enseigné qu'il faudrait témoigner contre monsieur, qu'il avait fait du mal et qu'il fallait le punir pour ça, alors quand on leur a annoncé, aux enfants, qu'on ne pourrait pas aller en Cour, ils ont été défaits. Ils ne croient plus en la justice, et le message qu'on leur envoie est terrible. Si eux volent une gomme, ils seront punis, ils passeront la soirée dans leur chambre, alors que l'agresseur peut leur faire tout ce mal et s'en sortir indemne. Ça n'a pas de sens", s'insurge la mère. "On dit qu'un enfant agressé sur deux va devenir agresseur, et de cette façon-là, la société encourage ça. Et j'ai peur pour mes enfants, je ne veux pas en faire des meurtriers."
"J'ai beaucoup de rage. On dit souvent : "S'il touche à un cheveu de mes enfants, je vais le tuer", mais au fond, on n'a aucun pouvoir. Même la justice ne peut rien pour nous. Au Québec, une femme sur deux accuse son ex-conjoint d'agression sexuelle par vengeance, et moi, j'en paie le prix."
"Les enfants vont bien : ma fille ne pleure plus à l'épicerie quand un homme nous suit, et mon fils épileptique n'a pas refait de crise depuis que son père a quitté la maison. Ce sont de grandes victoires pour moi, mais rien n'est gagné. Leur enfance a été volée, et depuis deux ans, j'essaie de les faire renaître, de leur donner la vie une seconde fois. Je leur ai donné la vie sans penser qu'on la leur enlèverait."
Donner une voix aux enfants
La mère des victimes ainsi que sa tante, qui habite la région moulinoise, organisent une manifestation monstre au Palais de justice de Joliette le jeudi 27 octobre dès 8 h. "C'est pour nous une façon de nous rencontrer et d'ouvrir les yeux aux gens, mais surtout de faire entendre nos enfants, de leur donner une voix", mentionne la maman.
Date de mise en ligne : 25 octobre 2005