Publié : ven. nov. 04, 2005 2:21 pm
Pas d'arme à la maison? C'est l'amende ou la prison!
À première vue, Kennesaw (Géorgie) n'est pas très différente des autres villes américaines: écoles, grandes surfaces, banques, garages, églises, antiquaires, golf et...magasins d'armes à feu. Les rues s'étirent sur 96 kilomètres pour une superficie de 7 kilomètres carrés, et une immense autoroute coupe la ville en deux. Ici, personne ne pense à se déplacer à pied. S'il n'y avait pas d'automobiles, les rues seraient désertes, et Kennesaw aurait l'allure d'une ville fantôme. En fait, elle ne se distingue vraiment des autres villes que sur un point: c'est la seule municipalité des États-Unis qui peut se vanter d'avoir une loi obligeant ses citoyens à posséder une arme à feu chargée...et en bon état de fonctionnement!
Ce n'est pas une blague: tout contrevenant à la loi est passible de 200$ d'amende ou de deux mois de prison! Pour les policiers de la ville, cette loi semble être une véritable bénédiction, car depuis qu'elle a été adoptée (en 1982), les crimes ont chutés de 70%, et les agressions armées, de 74%. Nombre de vols à main armée: zéro! La nouvelle concernant la mise en vigueur de cette loi s'est répandue comme une traînée de... poudre, et il paraîtrait que les criminels ont rapidement pris l'habitude de faire un détour pour éviter d'avoir à affronter les citoyens armés de Kennesaw. C'est ce que prétendait J.O.Stephenson, le maire d'antan exterminateur de son état (il s'était donné pour mission de débarrasser la société de la vermine sous toute ses formes!), et c'est ce que pense encore aujourd'hui le chef de police de la ville, Timothy A.Callahan.
Comment est née cette idée farfelue?
Le sergent Matt C.Maloney m'a expliqué avec fierté que l'adoption de la "Gun Law" de Kennesaw avait un double but: protester symboliquement contre un nouveau règlement instauré à Morton Grove (Illinois) selon lequel toute possession d'arme dans les limites de la ville devenait strictement interdite et, en second lieu, lutter contre la criminalité.
Tout les résidants de Kennesaw auxquels j'ai parlé se sont dits en faveur de cette loi en raison des effets dissuasifs qu'elle aurait sur les criminels. À l'hôtel de ville, on m'a appris qu'il y a 23 ans la population était de 5 308 personnes. Aujourd'hui, on dénombre 26 000 résidants, et la ville, m'a-t-on affirmé, est toujours aussi sécuritaire!
"Kennesaw est devenue la ville la plus sûre du pays, dit le sergent Maloney. Chez nous, il n'y a plus de cambriolages, et la violence est inexistante!"
Que se passe-t-il si un citoyen refuse d'obtempérer?
"La loi, c'est la loi, et tout le monde y est soumis, affirme le sergent. Les délinquants -ceux qui refusent de se munir d'une arme- sont passibles d'une amende de 200$ ou de 60 jours de prison."
Pour prendre les citoyens en flagrant délit, ne faut-il pas nécessairement visiter leur demeure?
"Oui, c'est très juste. Mais somme on n'est pas en Russie, on ne le fait pas systématiquement. Et puis, on a de bonnes raisons de croire que tout le monde a son arme à la maison. Je connais même beaucoup de citoyens qui en ont plus d'une!"
Pourtant, dans un pays qui se vante de respecter la liberté d'autrui, rien ne peut être obligatoire à 100%. N'y a-t-il pas des exceptions?
"Notre loi a prévu trois exceptions: les personnes physiquement incapables de manier une arme, les déficients mentaux et les objecteurs de conscience. Mais je n'en connais aucun..."
À vous entendre, il n'y a pas de violence conjugale à Kennesaw. Pourtant, c'est souvent dans ce genre de ville qu'on en rencontre.
"Il faut croire que le fait d'avoir une arme chargée à la maison calme les esprits. Par ailleurs, aucun accident impliquant des enfants n'est survenu. J'ai moi-même deux enfants à la maison, et ils connaissent l'endroit où mes armes sont rangées. En cas de besoin, ils sauraient parfaitement s'en servir, car je leur ai fait suivre un entraînement."
Il ne quitte ses armes que...pour prendre son bain
Aux États-Unis, les données relatives aux armes à feu sont consternantes. On en a recensé 192 millions pour une population de 260 millions d'habitans, et l'homicide demeure la cause de mortalité la plus importante chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans -ce qui représente 20% des décès. Selon l'association Hand Gun Control, 14 enfants meurent chaque jour des suites d'un homicide, d'un suicide ou d'un accident impliquant une arme. Pourtant, ces chiffres n'impressionnent pas Dent Myers, mieux connu à Kennesaw sous le nom de Wildman (l'homme sauvage). Ce célèbre personnage est sans doute le plus grand défenseur de la loi sur les armes à feu. Il enseigne avec application le maniement des armes et offre même des séances d'entraînement (gratuites) aux intéressés dans un bosquet qui jouxte sa propriété. Wildman, qui pourrait passer pour le sosie de Buffalo Bill, vend des livres, des antiquités, de la brocante, des reliques de la guerre de Sécession ainsi que des armes neuves et usagées. L'homme ne se déplace jamais sans son Magnum 357 et son Bulldog 44. La rumeur veut qu'il ne les quitte que pour... prendre son bain.
Décidément, les américains sont...désarmants
"On prétend que les armes à feu jouent un rôle dans 40% des homicides, m'a dit Wildman, mais on oublie de dire que 86% des meurtriers sont ivres lorsqu'ils tuent. À ce compte-là, il faudrait fermer toutes les distilleries et les brasseries." Selon cet homme (qu'il vaut mieux ne pas provoquer), toutes les statistiques que l'on nous sert sont trompeuses car, si elles révèlent combien d'armes ont été utilisées pour perpétrer des crimes, elles ne disent jamais, croit-il, combien de crimes ont pu être évités grâce aux armes!
Soit dit en passant, à Kennesaw, je n'ai pas rencontré un seul Noir. Pourtant, cette ville est située tout près d'Atlanta. Ici, c'est le Deep South, le royaume du Ku Klux Klan, à qui la loi de Kennesaw ne déplaît pas. Bien au contraire. Lorsque j'ai rencontré David Craig, le Grand Dragon de la société secrète KKK, il m'a dit d'un ton haineux: "Grâce à cette loi, nous pouvons vivre en sécurité chez nous. Nous n'avons plus peur d'être attaqués, volés ou violés par les dirty niggers, qui sont de vrais sauvages. Ceux-ci ne viennent plus ici pour commettre leurs crimes parce qu'ils savent que nous avons des armes et que nous n'hésiterons pas à nous en servir."
Désarmant!
Par Alain Stanké
--Message edité par tipet le 2005-11-04 19:26:32--
À première vue, Kennesaw (Géorgie) n'est pas très différente des autres villes américaines: écoles, grandes surfaces, banques, garages, églises, antiquaires, golf et...magasins d'armes à feu. Les rues s'étirent sur 96 kilomètres pour une superficie de 7 kilomètres carrés, et une immense autoroute coupe la ville en deux. Ici, personne ne pense à se déplacer à pied. S'il n'y avait pas d'automobiles, les rues seraient désertes, et Kennesaw aurait l'allure d'une ville fantôme. En fait, elle ne se distingue vraiment des autres villes que sur un point: c'est la seule municipalité des États-Unis qui peut se vanter d'avoir une loi obligeant ses citoyens à posséder une arme à feu chargée...et en bon état de fonctionnement!
Ce n'est pas une blague: tout contrevenant à la loi est passible de 200$ d'amende ou de deux mois de prison! Pour les policiers de la ville, cette loi semble être une véritable bénédiction, car depuis qu'elle a été adoptée (en 1982), les crimes ont chutés de 70%, et les agressions armées, de 74%. Nombre de vols à main armée: zéro! La nouvelle concernant la mise en vigueur de cette loi s'est répandue comme une traînée de... poudre, et il paraîtrait que les criminels ont rapidement pris l'habitude de faire un détour pour éviter d'avoir à affronter les citoyens armés de Kennesaw. C'est ce que prétendait J.O.Stephenson, le maire d'antan exterminateur de son état (il s'était donné pour mission de débarrasser la société de la vermine sous toute ses formes!), et c'est ce que pense encore aujourd'hui le chef de police de la ville, Timothy A.Callahan.
Comment est née cette idée farfelue?
Le sergent Matt C.Maloney m'a expliqué avec fierté que l'adoption de la "Gun Law" de Kennesaw avait un double but: protester symboliquement contre un nouveau règlement instauré à Morton Grove (Illinois) selon lequel toute possession d'arme dans les limites de la ville devenait strictement interdite et, en second lieu, lutter contre la criminalité.
Tout les résidants de Kennesaw auxquels j'ai parlé se sont dits en faveur de cette loi en raison des effets dissuasifs qu'elle aurait sur les criminels. À l'hôtel de ville, on m'a appris qu'il y a 23 ans la population était de 5 308 personnes. Aujourd'hui, on dénombre 26 000 résidants, et la ville, m'a-t-on affirmé, est toujours aussi sécuritaire!
"Kennesaw est devenue la ville la plus sûre du pays, dit le sergent Maloney. Chez nous, il n'y a plus de cambriolages, et la violence est inexistante!"
Que se passe-t-il si un citoyen refuse d'obtempérer?
"La loi, c'est la loi, et tout le monde y est soumis, affirme le sergent. Les délinquants -ceux qui refusent de se munir d'une arme- sont passibles d'une amende de 200$ ou de 60 jours de prison."
Pour prendre les citoyens en flagrant délit, ne faut-il pas nécessairement visiter leur demeure?
"Oui, c'est très juste. Mais somme on n'est pas en Russie, on ne le fait pas systématiquement. Et puis, on a de bonnes raisons de croire que tout le monde a son arme à la maison. Je connais même beaucoup de citoyens qui en ont plus d'une!"
Pourtant, dans un pays qui se vante de respecter la liberté d'autrui, rien ne peut être obligatoire à 100%. N'y a-t-il pas des exceptions?
"Notre loi a prévu trois exceptions: les personnes physiquement incapables de manier une arme, les déficients mentaux et les objecteurs de conscience. Mais je n'en connais aucun..."
À vous entendre, il n'y a pas de violence conjugale à Kennesaw. Pourtant, c'est souvent dans ce genre de ville qu'on en rencontre.
"Il faut croire que le fait d'avoir une arme chargée à la maison calme les esprits. Par ailleurs, aucun accident impliquant des enfants n'est survenu. J'ai moi-même deux enfants à la maison, et ils connaissent l'endroit où mes armes sont rangées. En cas de besoin, ils sauraient parfaitement s'en servir, car je leur ai fait suivre un entraînement."
Il ne quitte ses armes que...pour prendre son bain
Aux États-Unis, les données relatives aux armes à feu sont consternantes. On en a recensé 192 millions pour une population de 260 millions d'habitans, et l'homicide demeure la cause de mortalité la plus importante chez les jeunes âgés de 10 à 24 ans -ce qui représente 20% des décès. Selon l'association Hand Gun Control, 14 enfants meurent chaque jour des suites d'un homicide, d'un suicide ou d'un accident impliquant une arme. Pourtant, ces chiffres n'impressionnent pas Dent Myers, mieux connu à Kennesaw sous le nom de Wildman (l'homme sauvage). Ce célèbre personnage est sans doute le plus grand défenseur de la loi sur les armes à feu. Il enseigne avec application le maniement des armes et offre même des séances d'entraînement (gratuites) aux intéressés dans un bosquet qui jouxte sa propriété. Wildman, qui pourrait passer pour le sosie de Buffalo Bill, vend des livres, des antiquités, de la brocante, des reliques de la guerre de Sécession ainsi que des armes neuves et usagées. L'homme ne se déplace jamais sans son Magnum 357 et son Bulldog 44. La rumeur veut qu'il ne les quitte que pour... prendre son bain.
Décidément, les américains sont...désarmants
"On prétend que les armes à feu jouent un rôle dans 40% des homicides, m'a dit Wildman, mais on oublie de dire que 86% des meurtriers sont ivres lorsqu'ils tuent. À ce compte-là, il faudrait fermer toutes les distilleries et les brasseries." Selon cet homme (qu'il vaut mieux ne pas provoquer), toutes les statistiques que l'on nous sert sont trompeuses car, si elles révèlent combien d'armes ont été utilisées pour perpétrer des crimes, elles ne disent jamais, croit-il, combien de crimes ont pu être évités grâce aux armes!
Soit dit en passant, à Kennesaw, je n'ai pas rencontré un seul Noir. Pourtant, cette ville est située tout près d'Atlanta. Ici, c'est le Deep South, le royaume du Ku Klux Klan, à qui la loi de Kennesaw ne déplaît pas. Bien au contraire. Lorsque j'ai rencontré David Craig, le Grand Dragon de la société secrète KKK, il m'a dit d'un ton haineux: "Grâce à cette loi, nous pouvons vivre en sécurité chez nous. Nous n'avons plus peur d'être attaqués, volés ou violés par les dirty niggers, qui sont de vrais sauvages. Ceux-ci ne viennent plus ici pour commettre leurs crimes parce qu'ils savent que nous avons des armes et que nous n'hésiterons pas à nous en servir."
Désarmant!
Par Alain Stanké
--Message edité par tipet le 2005-11-04 19:26:32--