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Publié : mar. oct. 18, 2005 4:57 am
par tuberale
Le 18 octobre 2005 - 10:28


Début du procès de Sadam Hussein

Presse Canadienne


Le procès de Saddam Hussein s'ouvre mercredi devant le Tribunal spécial irakien à Bagdad, qui doit juger l'ex-président irakien et sept anciens hauts responsables de son régime pour le massacre de Doujaïl, une ville chiite où près de 150 personnes furent tuées en 1982 après une tentative d'assassinat manquée contre le dictateur.

Cinq juges, dont l'identité est tenue secrète pour leur propre sécurité, jugeront l'ancien dictateur et ses sept co-accusés. S'ils sont reconnus coupables, ces derniers risquent la peine capitale, mais ils pourront faire appel auprès d'une autre chambre du tribunal. La première audience mercredi sera consacrée à la lecture des charges qui pèsent sur les accusés, avant que le tribunal ne s'attaque aux questions de procédure. Le procès sera sans doute alors ajourné, vraisemblablement pour plusieurs semaines.

Saddam Hussein fait l'objet de sept inculpations préliminaires pour les meurtres d'opposants politiques sur trois décennies, l'assassinat de religieux en 1974, le massacre de Doujaïl en 1982, le massacre de la tribu Barzani en 1983, le gazage de la ville kurde d'Halabja en 1988, l'invasion du Koweït en 1990 et la sanglante répression des soulèvements kurdes et chiites en 1991.

Les magistrats ont choisi de poursuivre d'abord Saddam Hussein dans un dossier présenté comme le plus simple et le plus rapide à monter. Les autres atrocités imputées à son régime, dont Saddam Hussein devrait devoir répondre, comme le gazage des Kurdes à Halabja en 1988 ou la répression des soulèvements kurdes et chiites en 1991, constituent des dossiers beaucoup plus lourds, en termes de victimes, de témoins et de documentation. À peine trois jours après le référendum sur le projet de Constitution irakienne, le procès de Saddam Hussein se veut un symbole, même si, plus de deux ans après la chute du régime, l'Irak reste la proie des violences perpétrées par des insurgés sunnites fidèles du régime et des combattants étrangers liés à des groupes terroristes.

Après 23 ans de règne, le régime de Saddam Hussein s'est effondré en avril 2003 quand les troupes américaines sont entrées dans Bagdad. L'ancien dictateur en fuite n'a été capturé que huit mois plus tard, le 13 décembre, par les soldats américains dans sa ville d'origine de Takrit, dans le nord du pays. Depuis, l'ex-président est détenu dans une installation américaine supposée se trouver à proximité, voire à l'intérieur, de l'aéroport international de Bagdad.

Le Tribunal spécial irakien qui jugera Saddam Hussein a été mis en place lors de l'occupation américaine de l'Irak, qui a officiellement pris fin en juin 2004. Si l'instance a depuis été approuvée par l'Assemblée nationale provisoire élue en janvier dernier, certains, au premier rang desquels les défenseurs de l'ex-raJis, mettent en cause sa légitimité. Human Rights Watch s'inquiétait ainsi la semaine dernière que le tribunal ne courre le risque de "violer les normes internationales pour des procès équitables". Certaines voix se sont élevées pour demander que l'ancien dictateur soit juger devant la Cour pénale internationale (CPI).

Le Premier ministre irakien Ibrahim al-Jaafari écartait lundi cette idée. "Pourquoi un homme qui a commis des crimes contre son propre peuple ne serait pas jugé par le même peuple". "Le système judiciaire irakien est juste", a-t-il affirmé. "Saddam n'est plus là et nous avançons alors que lui, il fait partie du passé", le chef du gouvernement devant la presse. "Son procès n'appartient pas seulement à une nation mais au monde entier. Les Irakiens voudraient voir que la justice est faite."

Mais le chef du gouvernement s'est néanmoins plaint lundi de la lenteur, injustifiable selon lui, du Tribunal spécial irakien, estimant que "tout citoyen irakien a le droit de demander pourquoi la préparation du dossier Doujaïl a été aussi longue". Ibrahim al-Jaafari, un chiite du parti Dawa qui a lui-même perdu cinq de ses proches parents, exécutés par le régime de Saddam Hussein dans les années 1980 et 90, a assuré qu'il essayait "d'oublier ce qui est arrivé à mon frère et à mes cousins". "Ce n'est jamais une question de vengeance", a-t-il dit, se défendant de toute interférence des autorités sur le tribunal.

L'ancien régime irakien avait imputé au Dawa la tentative d'assassinat contre Saddam Hussein lors d'une visite à Doujaïl, un fief du parti chiite. Sur les 17 membres présumés du parti qui avaient ouvert le feu sur l'escorte présidentielle, huit furent tués dans une fusillade avec les troupes d'élite de la Garde républicaine. Neuf autres prirent la fuite et se réfugièrent en Iran.

Publié : mer. oct. 19, 2005 3:01 am
par tuberale
IRAK

Saddam Hussein plaide non coupable

Agence France-Presse

Bagdad


Le président irakien déchu, Saddam Hussein, et ses sept co-accusés ont plaidé non coupable mercredi devant le tribunal qui les juge à Bagdad pour le massacre de 143 chiites en 1982.


«Je répète ce que j'ai dit, je ne suis pas coupable. Je suis innocent», a dit Saddam Hussein.

Ses sept co-accusés se sont levés tour à tour à la demande du président du tribunal en affirmant qu'ils «sont innocents».

Le président du tribunal, le Kurde Rizkar Mohammed Amin a auparavant lu l'acte d'accusation. Selon lui, les huit ex-dirigeants irakiens sont accusés «de meurtre, d'expulsion forcée, d'emprisonnement, de torture et de non respect des règles internationales».

Le magistrat les a également prévenus qu'ils étaient passibles de la peine de mort si leur culpabilité est prouvée. «Les accusés ont des responsabilités personnelles dans ce cas», a-t-il dit en référence au massacre de 143 chiites en 1982, ajoutant que conformément au code pénal, ces accusations sont «passibles de la peine de mort».

Saddam Hussein et ses sept co-accusés sont jugés pour «l'exécution de 143 citoyens, la séquestration de 399 familles, la destruction de leurs maisons et des terres» agricoles dans le village de Doujaïl, à 60 km au nord de Bagdad

Publié : jeu. oct. 20, 2005 2:29 am
par tuberale
La parodie légalisée
Serge Truffaut
Édition du jeudi 20 octobre 2005



Tout ce qui a trait à l'organisation du procès de Saddam Hussein permet d'avancer qu'une fois encore, la justice a été suppliciée. À l'évidence, la mise en scène de l'exercice amorcé hier a été conçue de manière à ce que ce tyran soit rapidement exécuté. Au lieu de respecter scrupuleusement les règles du droit, les maîtres d'oeuvre de ce chapitre de l'histoire ont opté pour une justice de «vainqueurs».


Dans le monde entier, on attendait -- et espérait probablement -- qu'un des dictateurs les plus sanguinaires du XXe siècle soit jugé pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité qu'il a commis sur une période s'étendant sur plus de 20 ans. Logiquement, voire naturellement, on avait la certitude que le gazage des Kurdes, le massacre de milliers de chiites ainsi que l'utilisation d'armes chimiques lors du conflit avec l'Iran seraient au coeur de l'instruction. Selon toute vraisemblance, ces drames seront au mieux évoqués mais non débattus.

Lorsqu'on suit à la trace les balises juridiques arrêtées et imposées, on ne peut que prédire l'exécution rapide de l'ex-dictateur pour un délit qui s'avère «mineur», si on ose dire, une fois comparé aux faits évoqués ci-dessus. En effet, le premier procès va porter sur l'extermination de 143 villageois commandée par Hussein en 1982. Compte tenu de la nature sanguinaire du régime qu'il avait mis en place, tout un chacun avait la certitude que le nombre de chefs d'accusation dont il devrait répondre se conjuguerait avec l'inflation. Au lieu de cela, on récolte la déflation : un seul chef d'accusation.

Coupable, sans l'ombre d'un doute, de ce méfait, Hussein sera condamné à mort. Il sera fusillé dans les 30 jours suivant la conclusion du procès car une directive émise lors de la préparation de celui-ci interdit à toute autorité irakienne, y compris le président, de commuer la peine. Tout a été pesé pour parvenir à ce but. On va le voir, le détail de l'opération -- ou, plus exactement, sa mécanique -- relève du théâtre de boulevard.



En tant que responsable de la débaassification du pays, Ahmed Chalabi a été chargé de l'organisation du procès. Comme responsable de la supervision, il a choisi son neveu, qui a nommé juge et procureurs. À noter qu'aucun d'eux n'est un juriste expérimenté. Pourquoi ? Lorsque Hussein était au pouvoir, les étudiants en droit étaient obligés d'être membres du parti Baas. Pour faire court, les hommes de loi actuels sont des novices qui ont été formés à la va-vite par l'administration Bush. D'ailleurs, ainsi que le détaillent ces jours-ci les grands médias américains, la Maison-Blanche a tout fait pour chorégraphier l'exercice.




Toujours est-il que le neveu choisit un juge qui, des semaines plus tard, signe un mandat d'arrestation à l'encontre du... neveu ! Ce dernier est soupçonné de meurtre. Que fait l'oncle ? Il démet le magistrat pour le remplacer par un autre à sa botte. Depuis le début de cette histoire, Ahmed Chalabi n'a pas cessé de manipuler, en usant d'intimidation, tous les acteurs du dossier dans le but notamment que des politiciens et des patrons étrangers ne soient pas inquiétés. Afin de ne pas enquiquiner ces chefs d'État qui avaient fourni avec enthousiasme des armes à Hussein lors de la guerre contre l'Iran et les dirigeants d'entreprises chimiques qui lui ont vendu ce qu'on devine, Chalabi et les siens ont cultivé la servilité au point d'interdire le témoignage d'étrangers.



Tout dans cette opération ne peut que susciter la colère. Pour les Irakiens, mais aussi pour le reste du monde, la nécessité était et demeure que le devoir de mémoire et tout l'effort pédagogique qu'il exige soient méticuleusement observés. Quel gâchis !





Publié : jeu. oct. 20, 2005 9:55 am
par tuberale
Enlèvement d'un avocat de Saddam Hussein

 La police irakienne a afirmé jeudi soir qu'un des avocats de Saddam Hussein, dont le procès s'était ouvert la veille, a été enlevé par des hommes armés. Il s'agit de l'avocat Saadoun Janabi.


Un avocat de la défense participant au procès de Saddam Hussein et de sept autres coaccusés a été enlevé par des individus armés à Bagdad, ont déclaré jeudi soir la police et des sources proches du ministère irakien de l'Intérieur.

"L'avocat Saadoun Janabi a été enlevé dans son bureau rue Aden, dans le quartier Chaab (dans le nord de la capitale) par des hommes armés ce soir", a déclaré une source de sécurité sous le couvert de l'anonymat. Selon elle, les kidnappeurs sont arrivés à bord de deux voitures au bureau de l'avocat qui travaille dans l'équipe de Me Khalil al-Doulaïmi, l'avocat de l'ancien président, et l'ont enlevé à 20h20 (19h20 à Paris). Une autre source de sécurité a confirmé cette information alors que Me Badie Ezzat Aref, l'avocat de l'ancien vice-Premier ministre Tarek Aziz, a confirmé que Me Janabi fait partie de l'équipe de défense du président déchu. Me Aref a dit "avoir été informé de l'enlèvement" de son confrère.


Publié : ven. oct. 21, 2005 3:20 am
par tuberale
Un avocat au procès de Saddam Hussein enlevé et tué[g]


Mehdi Lebouachera

Agence France-Presse


L'avocat d'un des co-accusés de Saddam Hussein a été tué par ses ravisseurs après son enlèvement jeudi à Bagdad, ce qui soulève la question de la protection des personnes impliquées dans le procès historique du président irakien déchu.


Le corps de l'avocat Saadoun Janabi tué d'une balle dans la tête, a été retrouvé derrière une mosquée du quartier Our de la capitale, jeudi soir à 21H30, une heure après son enlèvement par des hommes armés à son cabinet, a indiqué une source du ministère de la Défense.

Mais une source du ministère de l'Intérieur a donné une version différente, en indiquant que le corps avait été découvert vendredi avant la mi-journée.

L'avocat représentait Awad Ahmad al-Bandar, un ancien juge du tribunal révolutionnaire et adjoint du chef du cabinet de Saddam Hussein.

L'enlèvement de l'avocat a soulevé la colère de ses confrères, l'un d'eux, Me Badie Izzat Aref, qui défend l'ancien vice-Premier ministre Tarek Aziz, l'estimant «scandaleux».

«Si on n'arrive pas à protéger les avocats, comment vont-ils pouvoir défendre leurs clients et comment les témoins vont oser se présenter devant le tribunal ?», s'est interrogé Me Badie, assurant qu'il n'avait pas été «dissuadé de poursuivre (sa) mission» de défendre son client.


Tarek Aziz n'a pas comparu mercredi devant le Tribunal spécial irakien (TSI) avec Saddam Hussein et sept de ses anciens lieutenants pour répondre du massacre de près de 150 chiites tués après une attaque contre le convoi de l'ancien président dans la localité de Doujaïl, au nord de Bagdad, en 1982.

Jeudi soir, à 20H20 (17H20 GMT), des hommes armés ont enlevé Me Janabi à son cabinet, qui se trouve dans le quartier Chaab (nord de Bagdad), moins de 48 heures après la comparution de son client aux côtés de Saddam Hussein.

L'avocat de Saddam Hussein a mis en cause l'armée américaine pour le manque de protection des acteurs du procès. «L'Irak est sous la protection des troupes américaines et nous les tenons pour responsables. La Convention de Genève oblige la force occupante à défendre des citoyens du pays occupé», a affirmé M. Doulaïmi à la chaîne Al-Jazira.

«Cet enlèvement a pour but d'effrayer les avocats qui défendent les membres d'une direction légitime», a-t-il ajouté, soulignant que les menaces, «par mail, par téléphone ou directement», contre les avocats étaient «constantes».

Le tribunal, qui a ajourné le procès au 28 novembre, a décidé dans le même temps d'entendre un témoin clé dans les prochains jours.

Waddah Khalil al-Cheikh, qui était un haut responsable des services de renseignement de l'ancien régime au moment du massacre de Doujaïl, est atteint d'un cancer en phase terminale. Il est détenu dans le cadre d'une autre affaire impliquant des responsables de l'ancien régime.

Par ailleurs, Rory Carroll, journaliste du quotidien britannique The Guardian enlevé mercredi à Bagdad, se trouvait vendredi «en sécurité» à l'ambassade britannique à Bagdad, selon une source diplomatique.

Le journaliste, âgé de 33 ans et qui travaillait en Irak depuis neuf mois, a affirmé que ses ravisseurs étaient des chiites qui voulaient l'échanger contre des militants du chef radical chiite Moqtada Sadr.

«Ils étaient chiites», a-t-il dit dans une déclaration publiée sur le site internet de son journal. «A un moment, on m'a dit que je servirai de monnaie d'échange contre des gens de Sadr pris à Bassorah (sud de l'Irak, où opèrent les troupes britanniques, ndlr)», a-t-il précisé. «Ma crainte était que je sois vendu à des groupes sunnites ou islamistes», a-t-il poursuivi.

Rory Carroll, de nationalité irlandaise, avait été enlevé par des hommes armés après une interview avec une victime de Saddam Hussein à Sadr City, un quartier populaire et pauvre de Bagdad à majorité chiite.

Sur le front des violences, trois soldats irakiens ont été tués au nord de Bagdad, à Taji, par une attaque armée contre le bus qui les transportait.





Publié : ven. oct. 21, 2005 11:37 am
par Acrux
Intéressant ce dossier Tuberale, merci