Publié : lun. oct. 10, 2005 11:56 pm
Audacieuses: une revue qui s'attaque aux stéréotypes féminins
Encarté dans Châtelaine, ce numéro unique est une initiative du Réseau québécois d'action pour la santé des femmes
Clairandrée Cauchy
Édition du mardi 11 octobre 2005
Mots clés : Québec (province), Média, Femme, audacieuses
Vous en avez assez des photos retouchées de mannequins de 17 ans dans les magazines, des publicités culpabilisantes de régimes amaigrissants, des annonces où une fille parfaite s'extasie en buvant une bière? Vous ne trouverez rien de tout cela dans le magazine Audacieuses, encarté ce mois-ci dans la revue Châtelaine.
Après le cri du coeur lancé par les comédiennes Nathalie Gascon et Sylvie Léonard contre le modèle unique de beauté véhiculé dans la société, le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASQ) a voulu passer plus concrètement à l'action en publiant la revue Audacieuses.
Ce numéro unique, tiré à 50 000 exemplaires, ose parler du plaisir de manger et des aléas des régimes alimentaires tout en critiquant les chirurgies esthétiques et les standards de beauté inaccessibles, auxquels 95 % des femmes ne correspondent pas.
«On veut éveiller les femmes à ce que les médias reflètent comme image corporelle de la femme, qui a un effet désastreux sur l'estime de soi», explique la présidente du RQASQ, Lina Vaillancourt.
Riches, voire chargées, en information, les 52 pages sont truffées de capsules invitant à une série de petits gestes concrets, tantôt en dénonçant les publicités sexistes auprès des entreprises, tantôt en portant plainte auprès du propriétaire d'une boutique de vêtements qui n'offre que des tailles de 12 ans et moins, tantôt en aidant à organiser une séance d'information sur l'image corporelle à l'école secondaire du quartier.
«Madame Tout-le-monde qui habite le rang 5 à Saint-Zénon n'a pas accès à des groupes de femmes dans sa paroisse, elle est un peu isolée. Cet outil se retrouvera partout où elle va, au salon de coiffure, chez l'esthéticienne, dans la salle d'attente du médecin», poursuit Mme Vaillancourt, qui espère bien que des lectrices prendront contact avec les diverses ressources énumérées dans le magazine pour passer à l'action.
Pas très «vendeur»
La rédactrice en chef de Châtelaine, Lise Ravary, n'a pas hésité longtemps avant d'accepter qu'Audacieuses soit encarté dans son magazine, même si elle s'attend à recevoir l'appel de certains annonceurs. «Les textes vont au-delà des stéréotypes du genre "tous les magazines sont méchants" ou "aucune crème ne fonctionne". Je n'aime pas le ton moralisateur, je pense que les femmes peuvent faire leurs choix. Cela prend cependant un discours pour faire contrepoids au discours publicitaire», explique Mme Ravary en soulignant que son magazine a fait son petit bout de chemin en décidant, il y a trois ans, de s'engager à ne plus retoucher les photos et à ne pas employer de mannequins de moins de 25 ans.
Mme Ravary reconnaît néanmoins que ce discours n'est pas toujours vendeur auprès de son lectorat. En mars dernier, Châtelaine a traité du corps et de l'estime de soi : «Nous avons demandé à des lectrices qui n'ont pas des corps de mannequin de poser en bobettes. C'était très touchant. Nous étions très fières de ce numéro. Mais il s'est très mal vendu !», raconte Mme Ravary, convaincue que ce contenu méritait tout de même d'être publié.
www.ledevoir.com --Message edité par pucinette le 2005-10-11 05:57:48--
Encarté dans Châtelaine, ce numéro unique est une initiative du Réseau québécois d'action pour la santé des femmes
Clairandrée Cauchy
Édition du mardi 11 octobre 2005
Mots clés : Québec (province), Média, Femme, audacieuses
Vous en avez assez des photos retouchées de mannequins de 17 ans dans les magazines, des publicités culpabilisantes de régimes amaigrissants, des annonces où une fille parfaite s'extasie en buvant une bière? Vous ne trouverez rien de tout cela dans le magazine Audacieuses, encarté ce mois-ci dans la revue Châtelaine.
Après le cri du coeur lancé par les comédiennes Nathalie Gascon et Sylvie Léonard contre le modèle unique de beauté véhiculé dans la société, le Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASQ) a voulu passer plus concrètement à l'action en publiant la revue Audacieuses.
Ce numéro unique, tiré à 50 000 exemplaires, ose parler du plaisir de manger et des aléas des régimes alimentaires tout en critiquant les chirurgies esthétiques et les standards de beauté inaccessibles, auxquels 95 % des femmes ne correspondent pas.
«On veut éveiller les femmes à ce que les médias reflètent comme image corporelle de la femme, qui a un effet désastreux sur l'estime de soi», explique la présidente du RQASQ, Lina Vaillancourt.
Riches, voire chargées, en information, les 52 pages sont truffées de capsules invitant à une série de petits gestes concrets, tantôt en dénonçant les publicités sexistes auprès des entreprises, tantôt en portant plainte auprès du propriétaire d'une boutique de vêtements qui n'offre que des tailles de 12 ans et moins, tantôt en aidant à organiser une séance d'information sur l'image corporelle à l'école secondaire du quartier.
«Madame Tout-le-monde qui habite le rang 5 à Saint-Zénon n'a pas accès à des groupes de femmes dans sa paroisse, elle est un peu isolée. Cet outil se retrouvera partout où elle va, au salon de coiffure, chez l'esthéticienne, dans la salle d'attente du médecin», poursuit Mme Vaillancourt, qui espère bien que des lectrices prendront contact avec les diverses ressources énumérées dans le magazine pour passer à l'action.
Pas très «vendeur»
La rédactrice en chef de Châtelaine, Lise Ravary, n'a pas hésité longtemps avant d'accepter qu'Audacieuses soit encarté dans son magazine, même si elle s'attend à recevoir l'appel de certains annonceurs. «Les textes vont au-delà des stéréotypes du genre "tous les magazines sont méchants" ou "aucune crème ne fonctionne". Je n'aime pas le ton moralisateur, je pense que les femmes peuvent faire leurs choix. Cela prend cependant un discours pour faire contrepoids au discours publicitaire», explique Mme Ravary en soulignant que son magazine a fait son petit bout de chemin en décidant, il y a trois ans, de s'engager à ne plus retoucher les photos et à ne pas employer de mannequins de moins de 25 ans.
Mme Ravary reconnaît néanmoins que ce discours n'est pas toujours vendeur auprès de son lectorat. En mars dernier, Châtelaine a traité du corps et de l'estime de soi : «Nous avons demandé à des lectrices qui n'ont pas des corps de mannequin de poser en bobettes. C'était très touchant. Nous étions très fières de ce numéro. Mais il s'est très mal vendu !», raconte Mme Ravary, convaincue que ce contenu méritait tout de même d'être publié.
www.ledevoir.com --Message edité par pucinette le 2005-10-11 05:57:48--